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John Juanda – Portrait et Interview du plus zen des joueurs poker

John Juanda est titulaire d'un MBA (Master of Business Administration) à l'Université de Seattle, mais son apprentissage le plus utile a plutôt eu lieu durant les week-end, lorsqu'il apprenait le poker dans les casinos les plus proches.

« S'il y a une star du poker souvent oubliée et sous-estimée aujourd'hui, c'est assurément John Juanda » a pu dire Daniel Negreanu sur Internet en 2010. « John a pourtant sans doute été le joueur de tournoi le plus prolifique au monde sur ces cinq dernières années. »

« Sa régularité est sans égal. Si vous deviez choisir un gars qui fera la table finale d'un tournoi, votre meilleur pari serait John Juanda, haut la main. Je lis souvent les forums sur Internet et je remarque pourtant que le nom de John est rarement mentionné parmi la liste des plus grands. »

Les résultats de Juanda parlent pourtant pour lui et prouvent qu'il a sa place parmi ceux-ci. Il a déjà amassé près de 24 millions de $ en gains de tournois de poker depuis son entrée sur le circuit professionnel à la fin des années 90, faisant de lui l'un des plus jeunes, et l'un des plus gros gagnants sur le circuit poker.
Il se classe en 2018 au 9ème rang sur la liste des joueurs les plus prolifiques de l'histoire.

Des billes au Top 10 des plus gros gagnants

Bien que Juanda n'aura pas appris le poker avant ses années d'université, ses premiers contacts avec le jeu remontent à plus loin, à son enfance en Indonésie.

Juanda est né le 8 juillet 1971, à Medan, Sumatra du Nord, et est l'aîné de quatre enfants. Il passe une bonne partie de son enfance à vivre avec ses grands-parents pendant que ses parents travaillaient à lancer une affaire dans une autre ville.

Etre éloigné de ses parents ne l'empêche pourtant pas d'être exposé aux vices de son père. Ce dernier aimait en effet boire et jouer, ce qui n'a jamais été un bon mélange. Et en guise du traditionnel « fais ce que je dis, pas ce que je fais », il ne cessait de dire à John de ne pas jouer.

John ne tint apparemment pas compte de ce conseil, puisqu'il commence à jouer aux billes pour de l'argent à l'école primaire. Le jeu n'occupait cependant pas une grande place dans sa vie en grandissant. John était au contraire un enfant droit, bien élevé et apprécié, parti sur les bases d'une scolarité prometteuse.

En tant qu'aîné, John était chouchouté. Il n'en pris pas la grosse tête pour autant, de par son éducation reçue et ses responsabilités envers la famille en tant que tel. Ce qui le conduisit aux Etats-Unis pour son cursus universitaire.

C'est sur un vol vers les USA pour y commencer ces études en Oklahoma en 1990, qu'il goûta au poker pour la première fois, grâce à un ami qui lui apprit à jouer. Bien que parlant très peu anglais, au moment de poser le pied sur le sol américain, John connaissait déjà ce jeu des plus chevillé avec l'histoire du pays.

Ce n'est qu'après avoir bouclé son diplôme de premier cycle en marketing et management dans l'état de l'Oklahoma et être parti à Seattle pour travailler sur son MBA, que John s'impliqua plus dans le poker.

John occupe divers jobs pour payer ses études. Il travailla notamment pour une société de bourse et dans la vente... de Bibles. Bien qu'auto proclamé bouddhiste de toujours, Juanda aura même été récompensé pour ses ventes de Bibles !

Au cours de ses week-ends à Seattle, John se rend dans les casinos locaux pour jouer au poker. Il y aiguise son jeu et remarque vite qu'il pouvait faire de l'argent en jouant.
« Je passais 12 heures à jouer au poker, puis je rentrais à la maison dormir, et j'étais déjà impatient de me lever pour jouer à nouveau le lendemain. »

Après qu'il eut réussi son MBA en 1996, il était devenu clair pour John que le poker allait être son prochain plan de carrière. Et avec l'argent glané en jouant les week-end, sa vie de joueur professionnel à plein temps pouvait être lancée.

John continue alors à travailler son jeu dans les casinos et salles de cartes de la côte ouest, s'installant finalement près de Los Angeles en Californie pour trouver les parties aux plus hauts enjeux.

Juanda ne trouve le courage d'entrer dans son premier tournoi majeur qu'en 1999. S'il rentrait régulièrement dans l'argent des tournois à faibles buy-in, cette fois il s'agissait d'une épreuve des World Series of Poker, le Limit Hold'em à 1 500 $.

Il s'y classe 9ème sur 609 joueurs, et enchaîne avec une 7ème place dans l'épreuve de Limit Hold'em à 3 000 $ la semaine suivante. Avec une table finale composée de Josh Arieh, Humberto Brenes, Howard Lederer et "Captain" Tom Franklin, cette épreuve à 3 000 $ afficha au grand jour que Juanda était destiné à l'excellence.

Si ce n'était pas encore suffisant, les quelques années suivantes rendirent l'affaire claire comme de l'eau de roche. En 2000 il revient aux WSOP et prend la 10ème place dans l'épreuve de Limit Hold'em à 3 000 $. En 2001 il revient encore pour finir 3ème dans le Seven-Card Stud Hi-Lo Split Eight-or-Better et 7ème à nouveau dans le Limit Hold'em à 3 000 $.

Bracelets WSOP et titre EPT

Entre temps Juanda continue de disputer certaines épreuves à plus faibles buy-in, sautant sur l'occasion de quelques tournois à 1 000 $ ici ou là. Puis en 2002 il frappe un grand coup, en rentrant dans l'argent de cinq tournois des WSOP, dans cinq variantes différentes, dont trois furent des tables finales et le dernier son premier gain d'un bracelet.

Moins de deux semaines plus tard, il enchaîne par une deuxième place au World Poker Tour Five Diamond World Poker Classic du 31 mai., avec 278 240 $, son plus gros gain à l'époque. Et ce n'était même que le début d'une série de tables finales qui allait durer jusqu'à la fin de l'année.

Deux bracelets de plus vinrent s'ajouter en 2003 parmi ses six places payées dans ces Series. Et la liste s'allongea encore et encore après cela, avec place payée sur place payée réussies dans tournoi sur tournoi. Parmi les faits d'arme de John on retrouve une victoire dans le Professional Poker Tour en 2004, et une autre dans le Crown Australian Poker Championships Speed Poker Million Dollar Challenge à 100 000 $ en 2006.

L'une des rares lignes à manquer à son palmarès est une victoire dans le World Poker Tour. Il s'en approche de près deux fois en 2006, atteignant la table finale du WPT Championship ainsi que celle des North American Poker Championships.

Aussi longtemps que sa carrière se poursuit, l'argent continue d'affluer pour Juanda. L'année 2008 aura pour peuve encore une fois été faste pour lui, avec une victoire des plus notables et un bracelet dans le Main Event à 10 000 £ des WSOP Europe (pour son plus gros gain à ce jour, plus d'1,5 million de $), et une seconde place dans le High-Roller Event à 20 000 £ de ces mêmes Series.

2009 demanderez-vous ? 5 nouvelles places payées, que des tables finale ! (ou presque, si l'on écarte celle acquise dans les WSOPE).
2010 ? John remet le couvert et enregistre 5 nouvelles places payées (décidément), dont à nouveau 4 tables finales. La performance est d'autant plus remarquable que celles-ci ne sont autres que celles du Players' Championship à 50 000 $ (4ème pour 436 865 $), et des Championnats du Monde à 10 000 $ de 7-Stud Hi-Lo et de No-Limit 2-7 draw Lowball.
Et comme si cela ne suffisait pas, John a refait un come-back fracassant dans la capitale anglaise, en étant à deux doigts de remporter l'EPT de Londres. Il ne s'y incline qu'en heads-up face à l'écossais David Vamplew, pour un gain de 545 000 £, soit quelques 852 868 $.

Depuis son palmarès est venu s'étoffer comme jamais, avec 10 places payées WSOP et surtout un cinquième bracelet WSOP en 2011, dans un tournoi de deuce-to-seven championship.
Après une première table finale à l'EPT Barcelone en 2012 (8è), il remporte enfin le titre en 2015 devant 1693 joueurs, pour un peu plus d'1 million d'euros. Un peu plus tard il finit 2è du High Roller des WSOP Europe à Cannes, pour 600 000 € de plus.
C'est d'ailleurs dans ces tournois à hauts enjeux qu'il aura continué d'impressionner (et d'accumuler les gros chèques). On notera sa 5è place dans un Super High Roller du Macau High Stakes Challenge pour plus d'1,6 million de dollars, et surtout son gain le plus faramineux, 2,8 millions de dollars pour sa victoire en 2017 dans le Main Event des Triton Super High Roller Series à Macao.

Un incroyable habitué des tables finales

A ce jour, prendre le pari sur le fait que Juanda fera la table finale dans un tournoi, est définitivement une bonne idée. Mais alors quel est le secret de son succès ?

Plusieurs facteurs ont gardé sur la route du succès ce gentleman considéré comme l'un des joueurs les plus sympathiques du circuit.
Son comportement amical et posé à la table de poker peut d'ailleurs faire croire aux gens qu'il est là comme un enfant en plein rêve. Il s'agit pourtant juste d'une façon de conserver son self-control,  développée à travers le bouddhisme.

« Je fais de mon mieux pour gagner, mais je respecte tous mes adversaires, et lorsque je perds je ne m'énerve pas. » dit-il dans un article de l'Université de Seattle. « L'un des enseignements du bouddhisme est d'avoir le sens de l'équilibre. J'éprouve de la satisfaction à donner de mon mieux, sans avoir de trop hautes attentes. »

Cette philosophie aide définitivement Juanda à garder la tête froide par rapport à l'argent, surtout en traitant le poker professionnel comme un business. Et en ayant toujours gardé un œil attentif sur son argent, John a toujours été un joueur gagnant depuis ses débuts.

Raisonnable jusqu'au bout des ongles, l'homme est également suffisamment responsable pour investir quelque argent de ses gains et en mettre de côté pour le futur.

Une autre clé de son succès peut paraître bizarre : le fait que John parlait très peu anglais lorsqu'il arriva pour la première fois aux Etats-Unis. Lorsque quelqu'un lui parlait et qu'il ne pouvait donc comprendre ce que cette personne lui disait, John se cantonnait à regarder son langage corporel et ses expressions faciales, pour en déduire ensuite ce qu'il devait.

En dépits de ses capacités, ce n'est pas son propre intérêt pour le jeu qui a poussé Juanda à continuer dans la voie du poker ; c'est son succès qui l'a gardé intéressé.

A un moment Juanda pensait même quitter cet univers pour retourner à l'école et devenir docteur, et ainsi prendre soin des enfants des pays du Tiers-monde. Mais le boom du poker a rendu le jeu trop lucratif pour qu'il le quitte maintenant.

Tandis qu'il continue à engranger l'argent, en en mettant de côté pour l'école de médecine et en en investissant d'autre, John a déjà prouvé son altruisme en d'autres occasions, comme lorsqu'il a pris sa jeune sœur sous son aile pour l'aider à entrer l'Université aux Etats-Unis.

Divers et anecdotes

* 5 fois vainqueur de bracelet WSOP (dont un WSOPE).
* Détenteur d'un MBA de l'Université de Seattle.
* Ancien vendeur de Bibles récompensé pour ses résultats.

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John Juanda : "Macao devient complètement fou"

(31/08/12)

Juanda Barca 2012

Avec 12 millions de dollars gagnés dans sa carrière et un nom que tout le monde connaît John Juanda n'a plus rien à prouver.

Et pourtant, à chaque fois qu'on jette un coup d’œil au chipcount d'un grand tournoi, l'Américain d'origine indonésienne est bel et bien là, prêt à atteindre une nouvelle table finale.

On se souvient de ses 5 récentes bonnes performances lors des WSOP et tout dernièrement d'une 8ème place (sur 1082 joueurs) à l'EPT de Barcelone. Et ce ne sont que les dernières lignes d'un des CV les plus impressionnants du poker mondial.

Juanda nous a accordé un peu de temps lors de cet EPT Barcelone, histoire de parler de sa joie de pouvoir participer à l'EPT, de son possible contrat avec le nouveau Full Tilt Poker, du fait qu'il n'aime pas jouer à Vegas, de sa nouvelle vie à Tokyo et de la folie des parties à Macao.

PokerListings.com : En 2008, tu remportais le Main Event des WSOPE. Il est temps de remporter un autre gros tournoi européen, non ?

J'essaye, en tout cas. Les tournois de l'EPT sont vraiment parmi mes préférés. On s'occupe bien des joueurs.

Avant, je ne pouvais pas y participer à cause de mon contrat avec Full Tilt. Ils trouvaient toujours des raisons plus ridicules les unes que les autres pour que nous n'y participions pas.

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"A l'époque Full tilt trouvait toujours de bonnes raisons pour nous empêcher de jouer les EPT."
 

Full Tilt fera son retour en novembre. Serais-tu prêt à les représenter à nouveau ?

Tout dépendra des conditions.

J'aimais bien jouer sur Full Tilt, j'adore le programme, il est esthétique, les parties se jouaient à un très bon rythme et les limites me convenaient bien.

Tu as tout récemment emménagé à Tokyo, pourquoi ?

J'ai toujours apprécié la gastronomie et l'hospitalité japonaise. J'y ai aussi quelques amis. Tokyo est une ville géniale.

Du coup, au lieu d'y aller dix fois par an, je me suis dit qu'il valait mieux y vivre.

Tokyo va donc devenir ton QG à partir de maintenant ?

Pour l'instant, oui. Après, on ne sait jamais. J'ai passé la moitié de ma vie à vivre avec une valise à la main, alors qui sait ?

Qu'en est-il du poker ? Macao a-t-il définitivement pris le dessus sur Vegas ?

Je n'ai jamais beaucoup joué à Vegas. Ça me plaît pas trop. Par rapport à Macao, les joueurs se comportent vraiment différemment.

Quand tu vas loin dans un tournoi, tu peux perdre beaucoup d'argent en une seule main. À Vegas, quand ça arrive, les joueurs réagissent comme des gamins capricieux, voire des animaux. Ça s'énerve contre le croupier, ça commence à se battre. Les rares fois où j'y ai joué, j'ai vu des gens se battre quasiment tous les jours.

Ce n'est pas comme ça à Macao ?

Pas du tout. Alors que les parties sont bien plus élevées qu'à Vegas et que les joueurs gagnent et perdent donc beaucoup plus d'argent. Mais ils se conduisent quand même comme des gentlemen.

Pour moi il n'y a pas photo, je préfère Macao. Et puis maintenant c'est plus proche de là où j'habite.

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"Parfois je sens que les parties deviennent trop hautes pour moi. Mais je joue quand même, je suis un fou."
 

Tu parles des mises plus élevées à Macao. Dans quelles proportions ?

Une partie normale se joue à 10000/20000 dollars hong-kongais, ce qui fait à peu près 1300/2600 dollars américains. Plus les mises initiales. Et puis il y a presque toujours un straddle (double-blind volontaire du joueur positionné après la grosse blinde NDLR), parfois même deux ou trois.

Il y a des mecs vraiment très riches qui jouent là-bas. Selon qui joue, ça peut monter encore plus haut.

Et que donnerait une partie moyenne à Vegas ?

Une partie normale en Limit serait 3000/6000 ou 4000/8000, et en No Limit ils jouent en général en 500/1000, voire en 1000/2000, mais avec un plafond de 100000$. Du coup, pas possible de perdre plus de 100000$ en une seule main.

À Macao, il peut y avoir 100000$ dans le pot rien qu'après les straddles.

Et à Macao, pas de plafond.

Pas de plafond à Macao, en effet. Parfois les parties sont trop élevées, même pour moi. Mais je joue quand même. Je suis un fou.

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John Juanda : "Lederer doit encore des excuses"

(08/10/12 - par Fred Guillemot)

John Juanda

2ème du High Roller à 50.000€ des WSOPE de Cannes, John Juanda a bien voulu nous répondre sur Full Tilt Poker et la fameuse récente interview vidéo d'Howard Lederer.


John, on te sent particulièrement enthousiaste à jouer ce toiurnoi. Les tournois High Roller sont-il tes préférés ?

Oui, c'est vrai. J'aime beaucoup les High Rollers parce qu'en général ils ne durent pas aussi longtemps que les autres. Par exemple ici aux WSOPE, le Main Event dure 6 jours, et à Vegas 8, alors que les High Rollers durent généralement deux jours. Même si celui-ci est un peu plus long et dure 3 jours.

Et puis il faut dire qu'il y a aussi moins de joueurs en High Rollers, donc ce sont des tournois qui sont plus faciles, ou en tout cas le paraissent.

Est-ce que du coup les autres tournois, ceux qui ont un buy-in inférieur, t'intéressent moins ?

Ca dépend du tournoi.
Je joue au poker depuis une quinzaine d'années maintenant. Quand j'étais jeune, tout ce que je voulais c'était jouer tout le temps. Mais maintenant je suis un peu plus regardant. Je ne peux pas jouer tous les tournois, alors j'en choisis quelques uns, principalement pour des raisons d'emploi du temps.

Du coup c'est vrai que je me retrouve souvent à jouer les tournois avec de gros prizepools, ou ceux qui ont lieu dans des endroits sympas, comme ici à Cannes, à Barcelone ou en Australie par exemple. Je vais dans des endroits que j'aime.

Alors bien sûr, si moins d'endroits avaient des tournois à 5000$, j'irais quand même, mais globalement je préfère les tournois qui ont un plus gros prizepool, et en général lorsque le buy-in est important, le prizepool aussi.

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"Quand j'étais jeune, je voulais tout jouer."
 

Mais il y a des exceptions comme les tournois de HORSE ou le buy-in est moins important mais où il y a quand même beaucoup d'argent à gagner. Ce sont aussi des tournois passionnants.

C'est pour cela que tu t'es rapproché de Macao, parce qu'il y a plus de cash games ?

J'habite le plus souvent au Japon maintenant. C'est vrai que ce n'est pas loin, alors dès que j'ai envie de jouer, je peux sauter dans un avion et aller jouer à Macao.

Tu as effectué deux rebuys dans ce tournoi, ce qui finalement t'a réussi.

Ca ne m'a pas tant réussi que ça au début, je me suis fait sortir rapidement... Peut-être que j'aurais dû me coucher sur une des mains, mais je n'en suis même pas sûr. David Benefield avait un brelan, ou en tout cas ça en avait l'air, donc je devais jouer.

L'autre main a été assez intéressante. J'ai suivi, et puis Richard Yong a mis le mauvais jeton. Quand on joue à Macao, l'ambiance est très détendue, et quand tu mets le mauvais jeton les gens te laissent le reprendre, personne ne s'occupe du "string bet". Mais ici c'est différent. Richard voulait miser 1000 mais à mis 10000 à la place, puis j'ai relancé. Il s'est rendu compte qu'il s'était trompé, mais il avait une bonne main et il s'est dit que j'étais peut-être en train d'essayer de l'embobiner vu que je savais qu'il s'était trompé, donc il est allé à tapis. J'avais les As mais j'ai perdu quand même. Donc j'ai dû faire un autre rebuy.

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"Toute cette histoire de Full Tilt a mis beaucoup de gens dans l'embarras."
 

Normalement, ça aurait dû être mon dernier, parce que j'ai eu du mal à trouver de l'argent ici. Le truc, c'est que quelques-uns des gars de Macao et moi, on s'est constitué une cagnotte, l'équivalent de 6 ou 7 buy-ins. Mais j'en avais déjà utilisé deux, donc je me sentais mal, je ne voulais pas utiliser tout leur argent, ni dépenser autant sur un seul tournoi.

Tu as donc quand même des limites, tu ne t'autorises à dépenser qu'une certaine somme sur un seul tournoi.

Oui. Disons que ce n'est pas très intelligent de dépenser 300.000 dollars en rebuy alors qu'il faudrait terminer 3ème pour rentrer dans ses frais. Mais heureusement ce dernier rebuy a bien marché et je suis toujours là. (John a finalement terminé 2ème du tournoi, pour un gain de 600.000€ NDLR)

Parlons un peu de Full Tilt maintenant. Qu'as-tu à dire sur les récents développements et notamment les "Lederer files", la fameuse longue interview d'Howard Lederer ?

Ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'Howard avait ses raisons de faire cette interview, donc il allait évidemment dire des choses qui jouent en sa faveur. Mais personellement je pense qu'il aurait dû prendre ses responsabilités au lieu de montrer tout le monde du doigt. C'était lui le boss chez Full Tilt, il a été le patron de Ray Bitar, c'est à lui que Ray Bitar devait rendre des comptes. Et même ensuite, il était encore membre du comité de direction.

Beaucoup de gens ont essayé de le mettre en garde contre Ray Bitar, dès le début, mais il n'a voulu écouter personne, il faisait trop confiance à Bitar.

Je ne pense pas qu'Howard soit foncièrement mauvais, mais il n'a pas fait confiance aux bonnes personnes, et peut-être qu'il aurait dû écouter les gens qui lui disaient par exemple de faire un peu attention à ce que faisait Ray Bitar. Voilà ce que j'en pense.

Tu es en colère ?

Très ! Toute cette histoire a mis beaucoup de gens dans l'embarras, à commencer par moi et tous les gens qui travaillaient avec Full Tilt.

Ces 15 derniers mois, je ne sais pas où était Howard, mais on ne l'a vu nulle part. C'est nous qui avons dû affronter le regard des gens au quotidien. Lui, personne n'est venu le voir en réclamant son argent. Les gens sont venus me voir, voir Erik Seidel, voir Gus Hansen. Ils sont venus nous voir et ils nous ont demandé où était leur argent. Donc oui, je trouve qu'il n'a pas vraiment pris ça en compte.

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John en heads-up du High Roller à 50k€ face au futur vainqueur, Mike Watson.
 

C'est sympa de sa part de s'être excusé auprès des joueurs, mais je pense qu'il doit des excuses à beaucoup d'autres gens. A beaucoup de gens qui travaillaient chez Full Tilt notamment. Beaucoup ont perdu leur emploi, et d'autres ont été dans l'incertitude la plus complète pendant 15 mois, ils ne savaient pas s'ils allaient conserver leur emploi. Je pense que ça ne lui a pas effleuré l'esprit.

Donc il aurait pu faire mieux...

Il aurait dû reconnaître sa culpabilité et mieux s'excuser au lieu d'accuser tout le monde.

Feras-tu partie du nouveau Full Tilt ?

Ca ne dépend pas de moi. C'est une entreprise que j'adore et dans laquelle j'ai été très impliqué pendant très longtemps. J'y ai passé de très bons moment et j'en garde d'excellents souvenirs, comme lorsque nous sommes allés en Allemagne deux ou trois ans d'affilée, tourner les publicités. Et puis j'y ai rencontré de très bons amis. Donc oui, cette partie-là me manque.

Mais la salle est entre de bonnes mains maintenant. Je suis sûr que PokerStars va diriger ça d'une bien meilleure manière et permettra à Full Tilt de se développer encore. En tout cas je leur souhaite beaucoup de réussite.

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John Juanda : « Je ne suis pas encore sûr de revenir dans le poker »

(02/09/15 - par Dirk Oetzmann)

John Juanda EPT Barcelone Interview
Une année de prop bets, on parie ?

John Juanda était l'un des plus grands noms et l'un des visages les plus célèbres du poker durant le pic du boom du poker. Disparu des tables de poker depuis un an, il a frappé un énorme coup pour son comeback, en remportant l'EPT de Barcelone, le premier de sa longue carrière.

L'Indonésien faisait ainsi partie de la prestigieuse équipe Full Tilt, il jouait dans les plus grosses parties de poker et les plus gros tournois de la planète. On le voyait constamment à la télé.

Et puis il a disparu des radars du poker en Amérique du Nord, pour aller vivre sa vie entre le Japon et Macao.

Cela fait maintenant quatre ans que Juanda a quitté Las Vegas pour le pays du soleil levant. Plus étonnant, cela faisait un an (depuis le dernier EPT Barcelone en 2014) qu'il n'avait plus touché une carte.

Comment et pourquoi a t-il pu rester éloigné du jeu pendant si longtemps ?

Grâce et à cause des "prop bets", ces paris en tous genres que les joueurs de poker font entre eux.
Oui vous avez bien lu.

Nous avons rencontré John Juanda à Barcelone quelques jours avant son sacre, pour qu'il nous parle notamment un peu plus de cette lubie, et de son avenir.


Où vis-tu aujourd'hui John ?

Je vis toujours à Tokyo.

Est-ce que tu passes toujours beaucoup de temps à Macao ?

Non, plus du tout. Je n'ai pas joué au poker de l'année. Le Main Event de cet EPT Barcelone est seulement mon deuxième tournoi cette année, et le premier était le Super High Roller (remporté par Sylvain Loosli NDLR) il y a quelques jours.

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"On mise des sommes incroyables sur tout et n'importe quoi."

On a pu aussi remarquer que tu as manqué les WSOP. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Ce qu'il s'est passé est que j'ai fait quelques paris avec un bon ami à moi.

Je ne sais pas comment ça a commencé ; on a été dîner et avons bu quelques verres, et puis nous avons commencé à nous défier l'un l'autre.

On a fini par miser des sommes insensées sur des trucs vraiment fous. Par exemple il a parié que je ne pourrais pas faire 20 tractions - et je veux dire des tractions digne des Marines - , et il m'a donné six mois pour m'entraîner.

Nous avons aussi parié sur courir 5 kilomètres. Et voici quelque chose d'intéressant : Il a parié qu'il serait plus rapide à sauter 50 mètres à cloche-pied que moi à courir 100 mètres normalement.

Il m'a lancé le défi à sa fête de Noël, sous l'angle d'une "course de perdant", mais j'y ai réfléchi et je ne pouvais pas croire qu'il serait plus rapide.

Oui on aurait pensé aussi que tu étais le clair favori.

Pas vraiment.

On a fait un autre pari fou, à propos de celui de nous deux ferait le mieux dans un test de langue en Japonais.
En gros j'ai passé 8 mois et demi chaque jour à étudier et m'entraîner.

Mais maintenant nous avons terminé tous nos paris, et j'ai recommencé un peu à jouer au poker.

Veux-tu dire que tu as perdu tous ces paris ?

Non, j'en ai gagné la plupart.

As-tu été en difficulté dans la course ?

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"Je ne suis pas prêt de quitter Tokyo."

Non. Je l'ai doublé et j'ai gagné. Mais c'était proche.
J'ai aussi réussi les tractions, j'en ai fait 22.

Ca fait 4 ans que je vis au Japon maintenant et je n'avais jamais appris la langue, mais grâce à ce pari j'ai été dans les bonnes dispositions et j'ai appris le japonais. Donc ça a vraiment été une bonne année.

Peut-être que tu étais juste fatigué du poker et que tu avais besoin d'une pause ?

Ca faisait partie des raisons. Quand je vivais à Vegas ou Los Angeles, tout était à côté et facile, mais à Tokyo c'est horriblement difficile.

J'aime venir à Barcelone ou Monte-Carlo par exemple, mais il n'y a pas de vols directs et donc le voyage est très long.

J'étais prêt à faire une pause. Je ne suis pas encore sûr de si je suis de retour dans le poker pour le moment. Je vais simplement voir comment je me sens.

Est-ce que l'époque où tu étais tout le temps à la télé te manque ?

Jouer à la télé ne me manque pas, mais les cash games en Australie et à Macao avec les joueurs chinois oui.

Tu nous as dit une fois que tu jouais à Macao même si les enjeux étaient trop hauts.

(rires) C'est devenu vraiment fou là-bas. Les enjeux sont environ 8 à 10 fois plus haut que quand je jouais.

Ma bankroll poker n'est plus si grosse, donc il me faudrait vendre des parts si je voulais prendre part à ces parties.

Quel est ton avenir alors ?

J'adore vivre à Tokyo, donc ce n'est pas près de changer.

A court terme il se peut que j'aille à Londres depuis ici à Barcelone, sachant qu'il pourrait y avoir une grosse partie d'argent.

Et puis dans un futur proche je vais à Manille, qui est le nouveau point chaud pour les cash games. Je pense que c'est là-bas à présent qu'il faudra être pour ces parties.


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