Se conduire de manière honorable et sportive lorsqu’on joue pour des centaines de milliers de dollars en table finale d’un grand tournoi peut parfois payer.
Voici donc comment Hossein Ensan s’est montré d’un fair-play irréprochable pendant la finale de l’EPT Prague en décembre 2015, et comment cela a payé quasi instantanément.
En décembre dernier, le joueur allemand Hossein Ensan a remporté l’EPT Prague et, fait rare, joueurs et médias étaient tous d’accord pour dire qu’il était l’un des vainqueurs les plus méritants de l’EPT.
À 52 ans, Ensan a non seulement très bien joué, mais il a aussi fait preuve d’une mentalité exemplaire.
Trois tables finales de l’EPT en moins de deux ans
Né en Iran, Hossein Ensan s’est installé en Allemagne il y a de nombreuses années, et ne s’est lancé dans le poker qu’il y a quelques années.
En 2014, il a atteint la table finale de l’EPT Barcelone (puis terminé 3è), et en 2015 celle de l’EPT Malte (6è). Une performance qu’il a donc renouvelé à Prague, soit sa troisième table finalement en un an et demi. En remportant cette fois ce tournoi, il a empoché plus de 750 000 €. La cerise sur le gâteau.
Tout au long de la table finale, Hossein Ensan a fait preuve de grande sportivité, s’est montré très sociable, et s’il y avait un trophée du fair-play en poker, il l’aurait remporté pour cette main :
Un bluff qui dégénère
Table finale, heads-up, Ensan contre Gleb Tremzin. Tremzin avait légèrement plus de jetons lorsque les deux joueurs sont dans un coup au pot assez moyen, mais destiné à grossir énormément. Le tableau :
A ♥️ 10 ♣️ 5 ♦ 2 ♥️ 6 ♥️
1,5 million de jetons sur la table, et Ensan n’avait qu’une petite paire Q♥ 5♠. Il prit la décision de bluffer et poussa 400 000 jetons vers le centre de la table.
Tremzin, lui, n’avait rien, avec 8♠ 4♦ en main. Il décida de bluffer aussi et relança à 2,3 millions.
Après une brève réflexion, Ensan décidé de contre-bluffer, avançant encore plus de jetons.
Mais Gleb Tremzin ne s’est pas rendu compte qu’Ensan avait relancé. Il l’avait simplement vu ajouter des jetons, présuma qu’il avait suivi et dit « Good call » (bien joué). Le croupier et Ensan comprirent tous les deux « I call » (je suis) et toutes les cartes furent retournées.
Confusion
Ensan était totalement confus. Tremzin venait-il de suivre sa relance avec un 8 ? Il comprit doucement que le Tchèque avait mal compris la situation.
C’était évident, aucun joueur ne suivrait intentionnellement une telle relance avec cette main, mais techniquement, Tremzin avait suivi, intentionnellement ou non.
Mais le joueur allemand décida que cela n’était pas fair-play, que son adversaire ne voulait pas miser d’argent. Il a donc décidé de convaincre le croupier et les officiels que Tremzin ne devait pas payer l’argent. Un sourire aux lèvres, il a simplement demandé à son adversaire de ne plus bluffer. Quant à Tremzin, il était heureux de ne pas avoir à sacrifier une grande partie de ses jetons sur une incompréhension.
Moins de cinq minutes plus tard, le fair-play de Hossein Ensan était récompensé. C’est sans doute le karma.
Vous pouvez revoir cette main et ses conséquences ci-dessous (à partir de 40:20) :