Joe Marchal a aujourd'hui 52 ans, et faisait partie de l'équipe olympique américaine de judo aux J.O. de 1988. D'après lui, il n'avait plus ressenti ce frisson particulier de la compétition... jusqu'à ce qu'il prenne place à une table de poker.
Marchal a grandi dans le Midwest et a commencé très tôt à jouer aux cartes. Il a ensuite poursuivi ses études au Japon, avant de mener de front une carrière de judoka et dans la finance. Marchal dit avoir fait partie des premiers étrangers à travailler à la Bourse de Tokyo.
Aujourd'hui à la retraite, il vit sur l'île de Guam avec sa famille et s'est lancé dans le poker.
A l'occasion des WSOP 2013, PokerListings.com a pu le rencontrer.
« C'est la compétition, il n'y a que ça de vrai » clame t-il avec enthousiasme. « Je n'étais jamais arrivé à retrouver ce sentiment que j'avais quand j'étais sur le tatami aux championnats du monde ou aux JO. Ce sentiment que quelque chose de grand est en train de se passer. Je ne l'avais pas ressenti depuis les JO, mais grâce au poker, j'ai pu y goûter à nouveau. »
Pas très étonnant quand on sait que la première fois que Marchal s'est essayé au Texas Hold'Em, il a remporté plus de 200.000$.
Cela ne fait que quelques années que Marchal a commencé à participer à des tournois, mais il a déjà réalisé quelques belles performances, dont une 191ème place lors du Main Event des WSOP 2012.
Peux-tu nous parler un peu de toi et nous expliquer comment tu es venu au poker ?
J'ai grandi dans le Wisconsin, mais je suis né à Traverse City, dans le Michigan. Mes parents jouaient beaucoup au bridge, ils gagnaient beaucoup de tournois.
Et quand on baigne dans les jeux de cartes, on parle forcément aussi de poker. Mon grand-père m'a appris les règles du poker quand j'avais à peine 5 ans. Je n'exagère même pas, on jouait au 3-card draw, au 5-card draw, au 7-card stud.
C'était les années 60, donc j'ai vraiment grandi avec les cartes dans les mains. Mon père m'a aussi appris à jouer aux échecs, j'ai disputé quelques compétitions.
Puis, en 1980, quand j'avais 20 ans et que je vivais au centre Olympique, nous sommes venus à Las Vegas pour une compétition de judo. J'en ai profité pour participer à un tournoi de 7-card stud. Il devait y avoir une centaine de joueurs, et j'ai gagné.
C'était dans les années 80 et à l'époque personne ne se donnait la peine de vérifier ton âge à l'inscription, par contre au moment de te payer... Donc je n'ai jamais pu récupérer l'argent que j'avais gagné.
Et le poker était encore méconnu à l'époque, donc il y avait du beau monde dans ce tournoi. Doyle Brunson et toute sa clique était là.
Bien que tu n'aies pas pu récupérer ton argent, est-ce que c'est cette victoire qui t'a rendu accro au poker ?
Disons qu'à l'époque je vivais au centre d'entraînement où je me préparais pour les JO de 1984 et 1988 et que je faisais beaucoup d'allers-retours vers le Japon pour travailler. D'ailleurs je suis le deuxième étranger à avoir travaillé à la bourse de Tokyo. J'ai d'ailleurs fait mes études supérieures au Japon.
Donc je ne jouais pas au poker à l'époque, mais mon travail de trader m'a permis d'acquérir les qualités nécessaires pour devenir un bon joueur de poker.
Quelques années plus tard, on m'a fait venir du Japon pour que j'assiste aux sélections pour les JO 2008. C'était de nouveau à Vegas. J'y suis allé avec mon père, et alors qu'on se baladait dans un casino, il m'a suggéré de jouer un peu au poker.
Je n'avais plus joué depuis les années 80, du coup quand je suis arrivé là-bas et que j'ai demandé où je pouvais jouer au Stud, ils m'ont ri au nez. Ils m'ont dit que si je voulais du Stud, il faudrait que j'aille ailleurs parce que eux n'avaient que du Hold'em à me proposer.
J'ai observé le jeu un moment, on m'a expliqué les règles, et j'ai très rapidement compris qu'il y avait énormément de choses à faire en No-Limit si on savait gérer le risque.
Donc vers 22h, je me suis assis à une table pour jouer en 5$/10$. J'ai joué toute la nuit, et au matin j'avais gagné 202.000$.
Je sais que c'était la chance du débutant, mais ça m'a conquis.
C'était donc en 2008. Qu'est-ce que tu as fait depuis ?
Il y a quelques années, ma femme et moi avons décidé de déménager à Guam. C'est un excellent endroit pour vivre en famille.
Ma femme est japonaise et Guam est très proche du Japon. C'est aussi une bonne base pour aller jouer au poker.
J'ai dit à ma femme que je voulais me mettre au poker, à plein-temps ou pas, je ne le savais pas encore, mais je voulais essayer. Elle a accepté et j'ai donc commencé à aller jouer des tournois un peu partout : à Manille, en Corée, en Australie, etc.
En gros, j'ai pris ma retraite pour jouer au poker, et me voilà aujourd'hui aux WSOP pour jouer autant d'events que possible.
Ma famille va me rejoindre d'ici quelques semaines, ce sera la première fois qu'ils viennent vraiment aux États-Unis, j'ai hâte.
Vu ton parcours, tu es manifestement un compétiteur. Est-ce que c'est la compétition ou l'argent qui t'attire dans le poker ?
C'est la compétition, il n'y a que ça de vrai. Je n'étais jamais arrivé à retrouver ce sentiment que j'avais quand j'étais sur le tatami aux championnats du monde ou aux JO. Ce sentiment que quelque chose de grand est en train de se passer. Je ne l'avais pas ressenti depuis les JO, mais grâce au poker, j'ai pu y goûter à nouveau.
C'est ça la compétition. Les joueurs de poker ne ressemblent peut-être pas à des athlètes, mais ils n'en sont pourtant pas loin.
Je sais que je ne suis pas encore au niveau, mais je sais aussi que si je travaille dur je pourrai y arriver, c'est pour ça que je suis là. Je ne me serais pas inscrit au Main Event si je ne pensais pas avoir une chance.
Le poker est un vrai défi pour moi, j'aime vraiment ça. Je veux de la compétition.
(pour la petite histoire, Joe n'a malheureusement pas réussi à rentrer dans l'argent du Main Event cette année).