Olivier Busquet fait depuis longtemps partie des meilleurs joueurs de heads-up du monde.
Commentateur apprécié à la fois sur le WPT et aux WSOP, il a prouvé aux auditeurs anglophones que ses analyses étaient toujours fines et pertinentes.
Après avoir attendu longtemps avant d'enfin remporter un titre majeur, il a fini par décrocher une grande victoire lors du Super High Roller de l'EPT Barcelone, en battant son ami de longue date Dan Colman en finale.
Il a ensuite enchaîné avec une victoire lors du High Roller à 2000 £ de l'UKIPT au mois d'octobre, ce qui fait de 2014 sa meilleure année. Malgré quelques polémiques.
PokerListings a pu rencontrer Olivier Busquet à l'EPT Prague avant les fêtes et évoquer avec lui son récent voyage au Honduras et au Salvador, et un certain livre de poker qui lui a permis d'apprendre des choses.
Olivier, on t'a vu lire un livre de poker pendant le Main Event. Tu étudies toujours le poker ?
Pas vraiment. C'est plutôt une exception, parce que plusieurs très bon joueurs m'ont recommandé ce livre, Ike Haxton notamment.
C'est "Expert Heads-Up No-Limit Hold'Em" de Will Tipton. Je pense que c'est un ancien joueur qui a fini par faire un doctorat d'économie.
C'est un livre extrêmement théorique et très mathématique. Il m'impressionne beaucoup parce qu'il permet de comprendre la mécanique des heads-up en général. En tout cas j'y ai beaucoup appris.
Sur Twitter, tu as évoqué un récent voyage en Amérique Centrale avec Dan Colman, dans le cadre de la Fondation One Drop. Tu es très impliqué dans le projet One Drop ?
Je n'en fais pas vraiment activement partie. La seule raison pour laquelle j'ai fait ce voyage, c'est parce que je suis très proche de Dan Colman et qu'il a remporté le One Drop.
Le vainqueur est invité et peut emmener avec lui des amis. Dan nous a proposé, à ma femme et moi. Jack Effel était aussi avec nous, parce que les WSOP sont très impliquées dans One Drop.
J'aimerais bien m'impliquer un peu plus mais ils ne veulent pas de bénévoles. Ils préfèrent avoir des spécialistes. Tout ce que je peux faire c'est participer à leurs tournois.
Vous êtes allés au Salvador et au Honduras. Pourquoi ces deux pays ?
Au départ, nous devions nous rendre au Burkina Faso et au Mali, mais malheureusement entre Ebola et le coup d'état au Burkina, le voyage était un peu trop risqué.
Je pense que Dan n'était pas tout à fait prêt à aller en Afrique de toutes façons, mais ma femme et moi voulions vraiment y aller.
Surtout qu'ils parlent français là-bas, donc j'aurais pu communiquer avec les gens.
En Amérique centrale, tout était en espagnol, donc ma femme était en charge de la communication. Sa mère est dominicaine. Elle a fait du très bon boulot.
Qu'est-ce que vous avez fait là-bas ?
Le voyage était extrêmement bien organisé par One Drop : on avait un convoi et des gardes du corps.
Nous avons passé deux jours au Honduras, et deux jours au Salvador. Nous étions complètement en sécurité et nous avons pu rencontrer les partenaires sur place qui nous ont présentés leurs projets.
Ensuite, nous avons rendu visite à des familles. Elles avaient accès à l'eau, mais elle n'était pas toujours potable. L'objectif est qu'ils aient accès à plus de filtres.
Certains de ces filtres sont tout simples, il suffit par exemple de mettre l'eau dans un seau plein de copeaux de céramique qui absorbent les bactéries.
Mais le travail de One Drop ne se limite pas à l'eau. Ils travaillent à rendre ces communautés autonomes. Ils ne proposent pas de micro-crédits, mais en facilitent l'obtention.
Antonio Esfandiari avait choisi Jeff Gross pour l'accompagner. Pourquoi Dan Colman t'a-t-il choisi ?
Nous sommes très proches, Dan est comme mon frère. Nous nous sommes rencontrés il y a 4 ou 5 ans, sur Internet.
A cette époque le règlement du tchat était différent sur Full Tilt Poker, on pouvait discuter même si on n'était qu'un spectateur. Je participais à un Sit-and-Go Heads-Up à 1000$ et Dan a engagé la conversation. Il a dit des choses à la foi très marrantes et très intelligentes sur le poker.
On a longtemps discuté sur Internet, puis on a fini par se rencontrer pour aller plus loin.
Je suis devenu son mentor, je l'ai même sponsorisé. Le jour où j'ai commencé à le sponsoriser, il a démissionné de son boulot de plongeur. Nous sommes devenus très proches et nous avons décidé de ne plus jouer l'un contre l'autre.
Beaucoup de joueurs aiment jouer contre leurs proches, mais ni Dan, ni moi ne sommes comme ça. Les heads-up peuvent vite devenir très personnels et nous voulons à tout prix éviter de nous faire du mal.
Et puis Dan est aussi devenu ami avec ma femme, comme nous sommes toujours ensemble. Donc comme je l'ai dit, c'est comme s'il faisait partie de ma famille.
Il vient d'être élu Joueur de l'Année 2014. Comment se passe le coaching ?
Il y a deux ans, il a commencé à faire des Sit-and-Go Heads-up au plus haut niveau.
Puis il a déménagé au Brésil, où il a gagné énormément d'argent. À partir de là, il était lancé. Et il y a deux ans, lui aussi a commencé à m'apprendre des choses.
D. O.