Première partie de notre série d'articles de stratégie sur les parties à micro-enjeux par le spécialiste en la matière, Nathan Williams alias BlackRain79. Dans ce premier épisode, nous commençons à aborder le jeu pré-flop dans ces parties.
Battre le poker en micro-stakes demande pour commencer une stratégie solide comme le roc avant le flop. Jouer les bonnes mains avant le flop résultera en des décisions plus faciles à prendre lors des tours suivants.
Dans cet article sur le jeu pré-flop en deux parties, nous allons justement vous expliquer comment construire ces solides fondations.
par Paul Verheij
Laissez votre ego et votre fantaisie à la porte
Avant que nous commencions avec la marche à suivre pré-flop, il est important d'envisager exactement quels sont vos objectifs, et comment y parvenir.
Les micro-stakes sont affaire de rentabliser vos bonnes mains, et de coucher vos mains dans des situations où vous ne pouvez au mieux que gagner un petit pot, et au pire en perdre un gros.
Cela peut sembler facile. Et la bonne nouvelle est que c'est le cas à partir du moment où vous suivez quelques règles et que vous laissez votre ego et votre créativité de côté.
Les micro-enjeux ne sont pas des limites où vous allez vouloir essayer d'être plus malin que vos adversaires. Ce sont des parties où il s'agit de trouver les situations profitables (EV+), qui sont souvent à l'opposé.
Votre but n'est donc pas de surjouer et de vouloir dominer vos adversaires, mais de retirer le maximum des adversaires adéquats. Et plutôt que de rechercher chaque situation EV+, vous pouvez même ne choisir que les situations qui offrent le plus de valeur.
Prenez l'initiative, Ayez la position
La bonne nouvelle est que les micro-stakes offrent le luxe d'un grand nombre de joueurs mauvais, et donc par extension beaucoup de situations profitables.
Pourquoi essayer d'exploiter de petits avantages (conduisant à une plus grande variance), quand vous pouvez attendre des situations très rentables qui se présenteront souvent, et conduisant à un meilleur win-rate (ratio de gains) et une plus faible variance ?
Pour cela, les fondations de notre jeu pré-flop commencent par :
- Prendre l'initiative
- Etre en position
Avant de démarrer avec les règles de base sur la sélection des mains, parlons d'abord de ce que doivent être vos principaux objectifs.
Prendre l'initiative
Le poker n'est pas seulement affaire d'avoir la meilleure main à l'abattage. En réalité le joueur qui a la meilleure main ne remporte pas toujours l'argent.
Le plus souvent, deux joueurs ne vont pas toucher une grosse main, et dans ce cas vous pourriez vous demander qui va remporter le pot.
Celui qui mise. Souvent l'autre joueur qui n'a pas non plus une bonne main, se couchera face à une marque d'agressivité et donc de force.
C'est pourquoi prendre l'initiative - ce qui veut dire que vous êtes celui qui mise ou relance au lieu de suivre (payer), plus passif - est essentiel.
En misant pré-flop vous montrez de la force, et au cas où un autre joueur suive, il y a toujours une bonne chance pour que vous puissiez gagner le pot lors d'un tour suivant, en misant à nouveau.
Le plus gros avantage à retirer en prenant l'initiative, est que vous pouvez gagner le pot de deux manières différentes :
- En ayant la meilleure main à l'abattage.
- En faisant coucher votre adversaire.
Faire coucher votre adversaire est plus facile à dire qu'à faire. Lorsque celui-ci a une main raisonnable, il ne va probablement pas se coucher. Et c'est encore plus vrai à très bas enjeux comme les micro-stakes.
Comment savoir si votre adversaire possède une main raisonnable ? Eh bien vous ne le saurez jamais vraiment pour sûr, comme pour beaucoup d'autres choses au poker vous voulez les cotes en votre faveur.
Prenons un exemple simple dans lequel votre adversaire doit parler en premier. Première hypothèse, il mise. Deuxième hypothèse, il checke. Dans lequel des deux cas a t-il probablement une main raisonnable ?
Dans la situation 1 bien entendu, et cela est particulièrement vrai en micro-stakes, où miser veut souvent dire de la force, et checker de la faiblesse.
Dans cet exemple vous avez peut-être déjà reconnu l'autre facteur important : votre adversaire doit être celui qui parle en premier.
Jouer en position
Le plus gros avantage de "jouer en position" (soit être le dernier à parler, ou tout du moins après vos adversaires), est que vous êtes celui qui a en sa possession le plus d'informations avant d'avoir à agir.
Jouer à des niveaux de micro-enjeux est souvent très direct, ce qui veut dire que ce que vous voyez ressemble souvent à la vérité. Checkez signifie faiblesse et mise signifie force.
Il y a bien sûr des exceptions à la règle, mais les exceptions ne sont pas de là d'où vient l'argent.
La puissance de l'Initiative et de la Position
Comme cela a été dit, le joueur avec la meilleure main ne gagne pas toujours l'argent. Au poker votre but est seulement d'avoir les cotes en votre faveur.
En prenant l'initiative et en ayant la position, vous vous donnez le maximum de chances de remporter le pot, pas seulement en vous reposant sur la force de votre main, mais aussi en vous donnant la possibilité de gagner ce pot même si vous ne touchez pas une bonne main.
Ne pas toucher sa main est très courant, que ce soit pour vous ou pour vos adversaires. Aussi en suivant ces deux règles, vous vouez placez dans la position de gagner beaucoup de ce que l'on appelle "l'argent mort".
En plus de cet argent mort, vous rendrez également votre jeu après le flop beaucoup plus facile. Et le post-flop est là où le vrai argent (les gros pots) est gagné ou perdu.
Pour débuter avec la Sélection des mains
Maintenant que vous connaissez les facteurs les plus importants pour réussir dans les parties en micro-stakes, il est temps de souligner quelques autres facteurs importants dans l'optique de la sélection de mains pré-flop.
La plupart de ce que suit peut être retrouvé plus en détails dans l'e-book Crushing the Microstakes de BlackRain79 (https://www.blackrain79.com/p/book.html).
Ceci étant on notera qu'une stratégie pré-flop générale est globalement toujours valable à micro-enjeux.
Voici quelques points simples à garder en tête :
1. Relancez pour gagner l'initiative
Relancez toujours quand vous entrez dans le coup en premier. Lorsque vous n'êtes pas le premier joueur à entrer dans le pot, sur-relancez (3-bet) la plupart du temps quand vous décidez de rentrer.
2. Essayez de jouer des mains en position post-flop
Sachez toujours à quelle distance vous vous trouvez par rapport au bouton (la meilleure position au poker doit-on le rappeler). Votre proximité avec le bouton déterminera si vous aurez la position après le flop.
3. La force de la main est importante
Lorsque vous n'avez pas la position, ou qu'il y ait de bonnes chances pour que vous ne l'ayez pas (si vous êtes par exemple en début ou milieu de parole), vous aurez besoin de vous appuyer un peu plus sur la force de votre main.
4. Les chances pour que quelqu'un d'autre ait une grosse main
Nous savons que nous pouvons plus facilement gagner le pot lorsque nous sommes en position, mais nous devons aussi considérer les cotes et les chances que quelqu'un d'autre ait une grosse main.
Lorsqu'il n'y a pas beaucoup de joueurs derrière vous, la chance pour que quelqu'un ait une bonne main est assez faible si l'on compare à lorsque vous êtes en début de parole. Plus il y a de joueurs derrière vous, et plus il y a en effet de chances pour que quelqu'un d'autre ait une bonne main. C'est mathématique.
5. Variez votre éventail de jeu
Un autre facteur, bien qu'il soit moins important aux parties à micro-enjeux, est la variété de votre jeu.
En imaginant que vous ne jouez que des mains telles que AA et KK, même les joueurs les moins compétents vont vite le remarquer, et se coucheront ou joueront contre vous comme si vous aviez votre cartes imprimées sur le front.
C'est pourquoi nous parlons d'élargir son éventail de mains, ou tout au moins de le varier, avec des mains qui restent suffisamment bonnes pour être jouées, mais qui laissent vos adversaires dans l'incertitude sur ce que vous avez vraiment.
Jouez serré, élargissez en vous rapprochant du Bouton
Début et milieu de parole
Que vous ne deviez pas jouer de nombreuses mains depuis une position de début ou de milieu de parole devrait sembler clair. Il y a en effet beaucoup de joueurs à parler après vous, aussi les chances pour que quelqu'un ait une grosse main sont fortes.
Et puis bien sûr vous n'aurez pas la position après le flop. Vous devrez alors plus compter sur la force de votre main, du coup vous ne jouerez que le top de votre éventail dans ces positions.
Hijack (deux sièges avant le bouton)
Bien que le hijack reste une position de milieu de parole, elle est un peu "entre les deux". Seul le cut-off (une place avant le bouton), le bouton et les blindes ont encore à jouer. Aussi les chances pour qu'une grosse main s'y trouve ne sont pas si importantes.
Après le flop, seuls le cut-off et le bouton auront la position sur vous si vous jouez une main dans cette position.
Cela ne veut pas dire que vous pouvez jouer des mains faibles, mais considérablement plus de mains a comparé des positions de début de parole, et de milieu de parole MP1 et MP2.
Cut-off et bouton
Les positions du cut-off et du bouton sont les positions qui vous feront réellement gagner de l'argent au poker, et particulièrement le bouton.
Les chances sont faibles pour que quelqu'un après vous se réveille avec une grosse main. Et avec le bouton vous aurez toujours la position et serez le dernier à parler après le fop.
Cela veut-il dire que vous pouvez jouer toutes les mains de cette position ? Non, mais en gros trois fois plus qu'en position de début de parole.
Il y a une petite différence entre l'éventail de mains avec lequel vous devriez ouvrir depuis le cut-off et le bouton.
En étant au cut-off il y a toujours une chance pour que le bouton entre aussi dans le pot, ce qui veut dire que vous n'aurez pas la position durant cette main.
Tableau de Sélection des Mains en Micro-stakes
Maintenant que vous connaissez la marché à suivre globale à propos de la sélection des mains selon votre position, il est temps de déterminer exactement quelles mains vous devriez jouer depuis chaque position.
Pour cette partie nous allons entièrement reprendre ce que l'on peut trouver dans Crushing the Microstakes, étant donné que le livre explique tout ça parfaitement.
Il est également important de comprendre qu'il s'agit juste de recommandations. Vous n'avez pas à jouer toutes ces mains si vous n'êtes pas à l'aise avec.
Aussi, rappelez-vous : l'argent que vous n'avez pas perdu est aussi de l'argent gagné...
Premier à entrer dans le pot (si personne n'est entré dans le coup avant vous)
Early position (UTG/UTG+1 and UTG +2):
• 22+ (22 et paires au-dessus, dans ce cas : 22, 33, 44, 55, 66, 77, 88, 99, TT, JJ, QQ, KK et AA)
• AQs+ (AQ assortis et au-dessus, dans ce cas AK assortis)
• AQo+ (AQ dépareillés et au-dessus, dans ce cas AK dépareillés)
MP1 & MP2 :
• 22+,
• AJs+, KQs
• AJo+, KQo
HJ (Hi-jack) :
• 22+
• A8s+, KJs+, QJs, 78s+
• ATo+, KJo+, QJo+
CO (Cut-off) :
• 22+
• A2s+, K8s+, Q9s+, J8s+, 56s+, 57s+
• A2o+, K8o+, Q9o+, J8o+
BTN (Bouton) :
• 22+
• A2s+, K2s+, Q7s+, J8s+, 56s+, 57s+, 47s+
• A2o+, K2o+, Q7o+, J8o+, T8o+
SB (Petite blinde) :
• 22+
• A9s+, KJs+, QJs, 78s
• A9o+, KJo+, QJo
BB (Grosse blinde) :
• 22+
• A9s+, KJs+, QJs, 78s
• A9o+, KJo+, Qjo
Taille de la mise quand premier à rentrer
La relance standard est de 4x la grosse blinde depuis n'importe quelle position. Seulement lorsque vous êtes en fin de parole (CO et BTN), vous pouvez relancer de 3x la grosse blinde.
Jeu lorsqu'il y a des limpeurs (suiveurs)
Le même éventail est de vigueur lorsqu'il y a des payeurs face à vous. Qu'il y ait des limpeurs avant vous ne veut pas dire que vous devriez faire pareil (limper) derrière. Il est toujours mieux de relancer pour prendre l'initiative.
Le seul ajustement que vous devriez faire est de ne pas jouer le plus bas de votre éventail de mains. La raison à celà est que les chances sont hautes pour que le ou les limpeurs suivent quand même votre relance pré-flop.
Taille de la relance lorsqu'il y a des limpeurs
Lorsqu'il y a des limpeurs et que vous êtes en position, vous devriez relancer de 4x la grosse blinde, en ajoutant 1x la grosse blinde limpeur.
Lorsqu'il y a des limpeurs et que vous êtes hors de position, vous devriez relancer de 4x la grosse blinde + 1x la grosse blinde par limpeur, mais également ajouter une autre grosse blinde étant donné que vous avez le désavantage de jouer hors de position.
Quand quelqu'un d'autre relance en premier
Dans ce cas vous avez trois options : sur-relancer (3-bet), suivre, ou vous coucher.
Avant que nous discutions de ces différentes options, souvenez-vous de l'importance d'avoir l'initiative. Vous allez donc plus souvent vouloir sur-relancer ou vous coucher que de simplement suivre, sachant que juste payer est un jeu passif qui redonne l'avantage à vos adversaires.
Il existe cependant des situations où suivre est la meilleure option.
Dans la deuxième partie de notre Guide pour les Micro-stakes (toujours consacrée au pré-flop pour le moment), nous irons au devant de ces exceptions, et nous irons également plus en profondeur sur le fait de savoir quand, comment, et de combien sur-relancer.
---
Le pré-flop en micro-enjeux : Quelques exceptions
En combinant les meilleures connaissances à propos de la stratégie poker pour les micro-stakes, les concepts approfondis du spécialiste Nathan "BlackRain79" Williams à travers son livre, et vos questions que vous pouvez poser, notre série est l'outil idéal pour apprendre comment battre le poker aux plus bas enjeux.
Dans notre première partie consacrée au pré-flop, nous nous en sommes arrêtés alors que nous discutions des exceptions à la relance en réponse à une relance avant vous.
Lorsque quelqu'un relance en premier pré-flop, vous avez 3 options : sur-relancer (3-bet), suivre (payer) ou vous coucher.
Ils vous faut généralement bien plus souvent relancer ou vous coucher que simplement suivre, mais il y a des situations où payer est la meilleure option.
Comme BlackRain79 l'explique parfaitement dans son livre Crushing the Microstakes (www.blackrain79.com/p/book.html), trois exceptions particulières sont importantes :
Lorsque vous avez une paire en mains et que vous voulez "set-miner" (tendre un piège en tentant d'aller chercher votre brelan).
Les brelans permettent de gagner beaucoup d'argent en micro-stakes, mais sur-relancer avec des petites paires ou paires intermédiaires n'est souvent pas idéal, étant donné qu'il sera difficile de payer un 4-bet (une relance de votre sur-relance), et que nous ne toucherons pas assez souvent le flop lorsque nous seront payés.
Lorsque vous avez une assez bonne main pour payer, mais qui perdra de la valeur en cas de sur-relance.
Bien que vous sur-relancerez souvent avec des mains telles que A-K ou J-J, il y a des situations où ce n'est pas le jeu optimal.
Prenez par exemple un nit (joueur excessivement serré) qui ouvre en début de parole. Son éventail de mains est si fort qu'il couchera toutes ses mains contre lesquelles nous voudrions jouer en cas de 3-bet, et qu'il continuera avec ses mains où nous ne serons pas favoris.
Lorsque vous avez une main spéculative et qu'un "bleu" est entré dans le coup.
Premièrement, dans cette situation il y a un impératif avant d'imaginer ne serait-ce que suivre : vous devez avoir la position.
Jouer contre un débutant peut être très lucratif avec des mains telles que des connecteurs assortis, des as sur tirage couleur, ou des mains "broadway", mais vous devrez chercher à garder le pot petit et à jouer en position.
Dans presque toutes les autres situations, il faudrait toujours opter pour une sur-relance ou vous coucher.
Avant de prendre cette décision, vous devriez d'abord prendre en compte plusieurs paramètres.
1. La position du relanceur
La première chose à faire est de noter la position du relanceur initial.
Il est important de faire une estimation de l'éventail de votre adversaire. En général une relance depuis le début de parole veut dire plus de force comparée à une relance de fin de parole. Réfléchissez simplement à votre jeu à vous pour facilement le comprendre.
En général vous devriez jouer plus serré face à un relanceur de début de parole, que face à un relanceur de fin de parole.
2. Quel est le style de jeu du relanceur ?
En dehors de la position, nous pouvons aussi jeter un oeil aux statistiques du relanceur initial - où lorsque vous ne jouez pas avec un HUD, à l'image du relanceur.
Il est évident que nous devons donner plus de crédit pour un éventail fort à un joueur serré qui relance en début de parole, qu'à un fish qui joue presque toutes les mains.
Pour profiler et cibler votre adversaire, vous devriez essayer de répondre à ces questions :
- Quel est son éventail probable d'ouverture ?
- Se couche t-il souvent face à une sur-relance ?
- Quel serait son éventail pour effectuer un 4-bet (sur-sur-relance) ?
- Se couche t-il souvent face à un continuation bet ?
- Est-il agressif post-flop ?
3. Aurez-vous la position après le flop ?
Comme vous l'avez désormais appris, jouer en position offre de multiples avantages tels qu'agir en dernier à chaque tour de mises, être capable de mettre la pression sur votre adversaire, et d'avoir plus de facilité pour extraire de la valeur de votre main. Il est ainsi important de savoir si vous serez en bonne position après le flop ou non.
En considérant les facteurs sus-mentionnés, vous pouvez maintenant estimer l'éventail de votre adversaire, et votre situation post-flop.
Ne sur-relancez que pour rentabiliser !
Il s'agit d'un point critique très spécifique aux micro-stakes, sur lequel BlackRain insiste très clairement dans son livre.
Il n'y a aucune utilité à s'embringuer dans des 3-bet fantaisistes : le seul effet sera de vous mettre dans des situations autant problématiques que non-nécessaires.
Oui, aux plus hautes limites vous devriez équilibrer vos éventails de 3-bet et de 4-bet, mais ce n'est pas le cas en micro-stakes.
Une sur-relance devrait toujours y être faite pour rentabiliser votre main (en extraire de la valeur). Si ce n'est pas le but, alors vous coucher est presque toujours la meilleure option.
Note : A propos de la sur-relance pour rentabilisation, vous devriez utiliser Pokerstove pour avoir une idée de quelles mains avec lesquelles vous pouvez le faire face à votre adversaire. Rentrez son éventail (range) dans Pokerstove et voyez l'équité de votre main face à l'éventail de votre adversaire. Faites cela plusieurs fois et vous aurez une meilleure idée de votre équité face à différents éventails.
Exemple avec une relance UTG de la part d'un nit. Utilisez PokerStove et vous verrez que seuls AA et KK valent le coup pour une sur-relance. Revoyez les exceptions pour suivre et vous verrez pourquoi sur-relancer avec une main telle que AK n'est pas judicieux face à cet éventail. D'un autre côté AK serait une bonne main pour un 3-bet face à un joueur large qui relance depuis le bouton, et ce serait la même chose si vous aviez JJ dans cette situation.
En général vous pouvez toujours sur-relancer pour la valeur avec le top de votre éventail, ce qui veut dire des mains telles que QQ+ et AK.
Jouabilité dans le cas d'un 3-bet (sur-relance)
En plus de votre équité face à l'éventail de votre adversaire, vous devriez aussi regarder la jouabilité de votre main. L'idéal reste évidemment d'être en position puisque vous auriez le contrôle.
En étant hors position face à un joueur agressif qui paye souvent vos sur-relances et qui joue de manière agressive après le flop, sur-relancer avec une main comme J-J pourrait ne pas être une bonne idée, étant donné que vous ne vous sentirez pas confortable à jouer cette main post-flop.
Rappelez-vous, la phase pré-flop est le moment où construire les fondations pour votre jeu post-flop, aussi essayez toujours de réfléchir à la suite, selon la jouabilité de votre main en relation avec votre position et le type d'adversaire.
Si vous pensez que vous allez au devant d'une situation à problème, alors il pourrait être mieux de suivre en lieu et place d'une relance, vous garderiez ainsi le pot petit. Parfois il vaut même mieux coucher une main si vous ne vous sentez pas à l'aise avec aucune des deux autres solutions.
Faut-il vraiment envisager les 3-bet "légers" ?
Sur-relancer sans avoir une main forte est ce qu'on appelle le "3-bet light". A de plus hauts enjeux, il s'agit de quelque chose qui devrait être dans votre arsenal. Mais ce n'est pas le cas en micro-stakes.
Souvenez-vous : Si vous ne sur-relancez que dans le but de rentabiliser en micro-stakes, vous faites ce qu'il faut.
Il y a cependant des situations où le 3-bet light peut être profitable. Mais il y a aussi des impératifs :
- Vous devez être en position.
- Votre adversaire doit souvent se coucher face à une sur-relance, et souvent se coucher face à une mise de continuation.
Lorsque vous sur-relancez léger, vous vous appuyez principalement sur la "fold equity", l'espérance de faire coucher votre adversaire. Aussi pour maximiser cette espérance, la situation doit respecter les requis ci-dessus.
Ne vous amusez pas à faire trop de fantaisies en sur-relançant léger en micro-stakes. Le 3-bet light peut être un bon atout, mais seulement si vous le faites à propos. Auquel cas vous pouvez envisager de varier votre éventail de sur-relances.
Avec quelles mains peut-on sur-relancer light (léger) ?
En plus des requis que nous venons de voir, vous pouvez aussi sur-relancer léger avec des mains qui ne vous poseront pas de problèmes après le flop.
Imaginons que vous sur-relancez léger avec une main comme A-4 assortis, et que le flop vienne avec A-7-10. Vous faites une mise de continuation, et votre adversaire relance.
C'est une situation compliquée pour de nombreux débutants, puisque l'on a ici la top paire dans un pot relativement important. Bien qu'il s'agisse d'un fold évident, si vous avez du mal à coucher cette main, alors vous ne devriez même pas la jouer.
Même chose pour des mains facilement dominées dans des pots sur-relancés telles que K-J, A-10, etc.
Si vous avez aussi du mal à coucher ces mains, vous serez peut-être plus à l'aise en relançant avec des connecteurs assortis (exemple : 9-8, 8-7 ou 7-6 de la même couleur). Avec ce type de mains, vous ne touchez pas souvent le flop et il est bien plus facile de se coucher si vous rencontrez une agression de vos adversaires.
Un autre avantage est que lorsque vous touchez le flop, vous allez souvent gagner un gros pot étant donné que votre adversaire aura du mal à vous mettre sur ces types de mains.
Si vous n'avez pas de problème à coucher vos mains après le flop si vous faites face à de l'agressivité, vous pouvez aussi sur-relancer léger avec des mains telles que des cartes hautes, des as avec une carte assortie, et des connecteurs assortis donc.
Vous pouvez aussi logiquement compter les petites et moyennes paires dans cette catégorie, mais ce sont des mains à exceptions où vous pouvez éventuellement payer une relance.
Taille de la relance en cas de 3-bet
Dans ce cas, nous regardons d'abord si vous avez la position ou non.
Lorsque vous avez la position, vous devriez relancer de 3 fois la relance originelle, et lorsque vous êtes hors position, vous devriez relancer 4 fois cette relance originelle.
Lorsque vos adversaires sur-relancent
Si vous avez ouvert en relançant et que votre adversaire sur-relance, la marche à suivre est alors assez basique en micro-stakes. Dans la plupart des cas, se coucher sera la meilleure option.
Premièrement, vous n'avez pas l'initiative au cas où vous payeriez, du coup vous jouez ensuite qu'en mode "je touche ou je me couche". La plupart du temps vous ne toucherez pas un bon flop, et vous vous coucherez au flop donc.
Même si vous touchez, cela ne veut pas dire que vous serez payé. Votre adversaire ne va pas automatiquement investir tout son tapis.
Souvent il se couchera face à une agression lorsqu'il n'aura rien, et ces moments ne pourront donc aider à compenser toutes les petites pertes de 10-12 grosses blindes.
Souvent vous jouerez aussi hors position, ce qui est donc un réel handicap comme vous l'avez appris. Vous jouez en fait dans le noir pendant que votre adversaire possède toute l'information.
A côté de cela il est difficile de rentabiliser lorsque vous touchez le flop mais que vous êtes hors position.
Dans le cas de mains telles que AA et KK, ce sera un 4-bet/all-in assez facile.
Les mains avec lesquelles vous pourriez suivre un 3-bet sont dépendantes de la situation et du joueur. Par exemple cela coule de sens que vous pouvez suivre avec plus de mains face à un sur-relanceur large qui joue également passivement après le flop, que face à un sur-relanceur serré qui joue agressif après le flop.
Vous devriez par conséquent prendre la position en considération, les tendances et statistiques de votre adversaire, mais aussi la jouabilité de la main. Vous pouvez être devant l'éventail de votre adversaire, mais qu'est-ce que cela vaut quand vous êtes hors position avec une main telle que 8-8 sur un flop A-J-6 ?
Aussi dans ce cas il est important d'anticiper, et en cas de doute vous pouvez vous coucher. Rappelez-vous, les opportunités se présentent souvent en micro-stakes, aussi pourquoi vouloir exploiter de faibles avantages avec le danger de se retrouver dans des situations problématiques ?
Au-delà de la sur-relance
Taille de la relance en cas de 4-bet
Lorsque votre adversaire sur-relance et que vous voulez 4-bet, vous devriez relancer son 3-bet de 2,5 ou 3 fois. Optez pour le haut de la fourchette si vous pensez que votre adversaire va donner de l'action.
Lorsque votre adversaire 4-bet
Lorsque votre adversaire sur-sur-relance après votre 3-bet, alors n'allez plus loin (à tapis) qu'avec AA et KK. La seule exception serait de ne pas y aller avec KK face à un nit (joueur ultra-serré) qui ne sur-sur-relancerait all-in qu'avec AA.
Vous pourriez penser que QQ est également une main candidate face à certains adversaires, mais n'oubliez pas que vous n'aurez que 53% d'équité face à un éventail de 4-bet large tel que TT et +, AQ asortis et +, AK dépareillés.
Lorsque cet éventail est même plus restreint (souvent le cas), votre équité chute encore plus. Oui il y a des situations où un call pourrait être correct en se basant sur la cote et l'équité du pot. Mais cela ne vaut toujours pas le coup en micro-stakes où vous pouvez simplement attendre de meilleures situations plus avantageuses plutôt que de choisir la route conduisant à une grosse variance.
Taille de relance de 5-bet / tapis
Lorsque votre adversaire 4-bet et que vous voulez monter encore les enchères, si vous avez AA ou KK, alors allez simplement à tapis.
Conclusion sur le Pré-flop en Micro-stakes
Jouer un poker de base et sans fioritures n'est peut-être pas le plus amusant, mais ça marche.
Jouer des parties aux niveaux des micro-enjeux est quelque chose de totalement différent en comparaison de plus hauts enjeux. Votre stratégie doit du coup l'être aussi.
Jouer un poker basique et abandonner beaucoup de situations EV+ peut sembler guère amusant, mais vous ne jouez pas ici pour booster votre ego. Votre but est d'obtenir un haut win rate (taux ou ratio de gains), de limiter la variance, et de monter de limites aussi vite que possible.
Vous avez besoin d'une stratégie pour remplir ces objectifs.
Dans cet article nous avons décrit une stratégie pré-flop décente pour les micro-enjeux. Bien sûr tous les pots ne vont pas se décider pré-flop, mais grâce à un jeu décent à ce stade, vous construisez en même temps de bonnes fondations pour avoir des décisions plus faciles à prendre lors des tours suivants.
Les paramètres les plus importants à prendre en considération pour le jeu pré-flop sont :
- La position
- Avoir l'initiative
- La force de votre main
- Sa jouabilité
- L'évaluation de votre (vos) adversaire(s)
En tenant compte de tous ces facteurs avant de décider de jouer une main et/ou de comment procéder, vous prendrez de bien meilleures décisions a comparé de la plupart de vos adversaires des microstakes.
Et c'est justement là le but du poker : avoir l'avantage sur vos adversaires !
Les autres volets de cette série :
- Comment battre les Microstakes : Le jeu pré-flop (parties 1 et 2)
- Comment battre les Microstakes : Le jeu post-flop (parties 3 et 4)
excellent article
j’attends la suite avec impatience
zoe