PokerListings et le spécialiste des Microstakes Nathan "BlackRain79" Williams se sont associés pour vous proposer une série d'articles stratégiques exclusive pour vous aider à battre les parties de poker à micro-enjeux.
Après nos deux premiers volets sur le jeu pré-flop (que vous pouvez retrouver ici), place aujourd'hui à l'étape suivante : la stratégie du jeu après le flop.
par Paul Verheij
Comme vous l'avez donc maintenant appris lors des deux épisodes précédents, les microstakes requièrent une approche plus académique du jeu. Et cela est vrai aussi pour le jeu post-flop.
Comme pour le jeu pré-flop, nous allons également commencer par voir quels sont nos objectifs, puis voir comment nous pouvons accomplir ces objectifs.
Un rappel : à un niveau de micro-stakes, tout est affaire de rentabiliser vos bonnes mains.
La bonne nouvelle est qu'il y a (toujours) beaucoup de joueurs faibles en micro-enjeux.
Vous devez être capable de coucher des mains dans des situations où vous pouvez seulement gagner un petit pot, ou dans le pire des cas si les choses tournent mal, d'en perdre un gros.
Devenir un joueur profitable en micro-enjeux n'est PAS du fait d'exploiter absolument tous les avantages possibles, surtout les petits. Au lieu de ça vous devez vous focaliser sur le fait de développer un plan de jeu solide et rentable, suffisamment bon pour battre les microstakes SEULEMENT.
Ce que vous ne devriez pas faire
La bonne nouvelle c'est qu'il y a beaucoup de joueurs faibles en micro-stakes.
Si vous ne faites que rentabliser les situations les plus profitables (qui arrivent fréquemment), vous aurez un bon win rate (taux de gains), une variance faible, et pourrez monter les limites (si vous le voulez) plus rapidement.
La plupart des joueurs en micro-enjeux font cependant l'exact contraire. Au lieu de cibler les joueurs faibles et les opportunités à valeur conséquente, ils se focalisent sur les petits avantages contre les autres joueurs décents.
Ils essaient aussi de réaliser des coups plus avancés contre les joueurs faibles, tels que semi-bluffs, purs bluffs, ou "héro calls", tous des moves qui conduisent à une plus grande variance (volativité), un win rate plus bas, et de la frustration.
NE SOYEZ PAS l'un des joueurs qui sont victimes de ce piège.
Ce que vous devriez faire
Plutôt que d'être frustré par le fait d'utiliser une stratégie de poker avancée qui n'est pas optimale contre la plupart des adversaires en micro-stakes, choisissez une autre route :
Concentrez-vous sur les situations là où l'argent est vraiment gagné !
BlackRain79 a fait un travail remarquable en l'expliquant dans son e-book Crushing the Microstakes. Sa lecture reste naturellement recommandée, et pour aller avec (ou pour les non-anglophones), nous vous proposons quelques marches à suivre générales pour développer une stratégie post-flop décente dans ces parties à micro-enjeux.
Si vous jouez un gros pot, ayez une grosse main.
Gros Pot, Grosse Main, petit pot, petite main
Pour obtenir de la valeur des joueurs faibles, nous devons savoir quelles mains peuvent remplir cet office.
Tout peut être résumé en une phrase : jouez des gros pots avec de grosses mains, et les petits pots avec de petites mains. C'est d'ailleurs le principe derrière lequel s'articule aussi ce qu'on appelle le contrôle du pot.
C'est en tout cas en ligne avec notre objectif du début de cet article : rentabiliser les bonnes mains et coucher les mains dans des situations où vous ne pouvez gagner qu'un petit pot ou en perdre un gros.
Que sont les petites et les grosses mains ?
Cela peut sonner facile, mais la réponse à la question est : "cela dépend."
Une main telles que top paire, top kicker, est une main médiocre face à un joueur décent. Ce joueur ne vous paiera normalement pas sur 3 tours avec une main plus faible.
En revanche vous pouvez perdre un gros pot si vous investissez gros avec cette main contre ce type d'adversaire.
Un bleu VA justement miser tout son tapis avec une main du genre top paire faible kicker, faisant de votre top paire top kicker une "grosse" main face à ce type d'adversaires.
La première distinction que nous devons donc faire avant de pouvoir classifier une main comme grosse ou petite est de savoir à qui nous avons affaire.
A nouveau BlackRain79 a aussi bien dépeint les types d'adversaires auxquels vous serez confronté, et comment vous devriez jouer face à eux.
Mais étant donné que nous voulons ici garder les choses simples, nous allons juste faire une distinction entre un joueur faible et un joueur décent.
Recherchez des signes révélateurs de joueur faible.
Comment reconnaître un joueur faible en micro-stakes?
Ces joueurs doivent être votre cible, car c'est d'eux que vous pouvez gagner le plus d'argent.
Les joueurs faibles vont vous payer avec des mains plus faibles, et étant donné que les mises de rentabilisation (value-bet) sont la clé pour battre les micro-stakes, vous voulez justement des adversaires prêts à vous payer avec de moins bonnes mains.
Mais comment reconnaître ce type de joueurs ?
Première chose, il est important de regarder les abattages (showdown).
Ils vons fourniront le plus d'information, et surtout une information utile.
Se repasser les mains que vous avez jouées contre vos adversaires vous donnera beaucoup d'information sur eux.
Si vous trouvez un joueur qui paie 3 tours de mises par exemple, avec seulement la top paire ou même moins, il y a des chances pour qu'il s'agisse d'un joueur faible qui vous paiera régulièrement avec quelque chose en mains de moins bien que vous.
Lorsque vous êtes attentif aux abattages, vous pouvez aussi voir quels types de mains vos adversaires jouent et depuis quelle(s) position(s). Si vous voyez quelqu'un relancer avec des mains telles que A-7s ou K-Jo UTG (Under the gun - en premier de parole), vous pouvez estimer son éventail des futures mains et déjà savoir qu'il ne possède pas un éventail UTG serré comme la plupart des joueurs décents.
Ce joueur n'est aussi probablement pas conscient de son désavantage au niveau de la position.
Autres informations que vous devriez rechercher :
- Le nombre de mains que quelqu'un joue et si un joueur relance la plupart de ses mains ou s'il est plutôt du genre passif et suit beaucoup. Un joueur qui joue beaucoup de mains mais qui n'en relance que peu (voire pas du tout) est souvent un joueur faible.
- Si vous utilisez un HUD (Heads-Up Display) vous pouvez aussi voir s'il y a un écart entre les taux de VPIP (argent volontairement mis dans le pot) et de PFR (relances pré-flop). Les joueurs faibles affichent généralement un gros fossé entre ces deux indicateurs, tandis que chez les bons joueurs cet écart est plus mince.
- Lorsque vous utilisez un HUD, vous devriez aussi regarder à quelle fréquence un joueur se couche face aux 3-bets (sur-relances), face aux mises de continuation au flop, etc. Si un joueur ne se couche pas souvent, alors il a de bonnes chances de payer avec des mains faibles.
Votre but est de repérer ces types de joueurs. Aussi si vous êtes nouveau à la table, assurez-vous d'observer attentivement vos adversaires, pour pouvoir les classifier aussi vite que possible.
Observez attentivement les autres joueurs.
Comment repérer un bon joueur
Tous les autres joueurs qui ne tombent pas dans la catégorie "joueurs faibles", nous pourrons les considérer comme "joueurs décents".
Cela ne veut pas automatiquement dire que vous avez affaire à un joueur excellent (souvent ce ne sera pas le cas). Mais contre ce groupe, vous devriez être bien plus prudent au moment de miser pour rentabiliser.
Face à ce groupe de joueurs, notre but est de jouer une stratégie décente et de s'impliquer seulement dans les gros pots quand nous avons vraiment une grosse main.
Si ce n'est pas le cas, nous jouerons plus classique, afin de suivre une route à plus faible variance.
Comme nous n'avons dit, le focus est mis sur les joueurs faibles, mais lorsque vous jouez une stratégie décente et sans fioritures, il y a aussi de bonnes chances que vous en profitiez face aux autres joueurs.
Classifier les grosses mains et les petites mains
Maintenant que nous avons fait une distinction entre les différents types d'adversaires, il est bien plus facile de classifier une main et de la définir comme "grosse" ou "faible".
Nous allons décrire ci-dessous différents types de mains et quel devrait être votre objectif avec celles-ci.
Souvenez-vous : Il s'agit ici seulement d'indications générales sachant qu'aucune situation ne ressemble à une autre au poker. Vous devriez toujours analyser la texture du tableau, et s'il se connecte avec l'éventail de mains possibles de votre adversaire, votre propre éventail perçu par lui/eux, etc.
Pour nos conseils ci-après, nous considérons que les quintes et couleurs ne sont pas possibles. De manière logique, vous devriez procéder avec encore plus de prudence si c'est le cas.
Cette marche à suivre de base devrait en tous les cas vous aider à juger si vous avez une grosse ou une petite main, et comment vous allez vouloir procéder.
Mains sans paire / Poubelle
Ce groupe de mains est facile à jouer : jetez-les simplement si votre mise de continuation échoue à remporter le pot tout de suite.
Mains avec une paire
Au niveau des paires nous pouvons faire une distinction entre top paire, paire intermédiaire, et en-dessous. Le kicker peut aussi jouer un rôle important.
Une paire signifie quelque chose de bien différent selon les joueurs.
Vous pouvez facilement abandonner les paires intermédiaires et en-dessous, à l'exception d'un continuation-bet pour gagner le pot (nous reviendrons plus tard sur les mises de continuation).
Lorsque vous floppez la top paire, vous avez toujours une petite main. Autant face aux joueurs décents que face aux joueurs faibles, vous devrez procéder avec précaution.
Avec top paire top kicker, nous pouvons faire une distinction selon les adversaires. A nouveau, vous ne voudrez pas jouer un gros pot avec une telle main face à un bon joueur. Mais contre un joueur faible, vous devriez définitivement value-bet encore plus.
Il vous faut toujours réalisez que bien qu'une main telle que TPTK (top paire top kicker) augmente en valeur face à une joueur faible, ces mains ne sont pas celles qui rapportent le plus d'argent.
Over-paires (paires au-dessus)
Une overpair semble jolie au premier coup d'oeil, mais vous devez vous demander si un joueur décent accepterait de vous payer sur 3 tours de mises, avec une main plus faible que votre paire supérieure au flop.
Si vous pensez qu'il ne le ferait pas (et un joueur réellement bon ne le fera en effet généralement pas), cela veut dire que vous n'allez pas vouloir jouer un réel gros pot contre ce type d'adversaire.
Face à un joueur faible cela peut par contre être une main très rentable. Admettons que vous ayez une paire de rois (K-K) sur un flop Q-8-5, et que le joueur faible ait une main telle que A-Q. Les chances sont bonnes pour qu'il vous paie 3 rues avec.
Evidemment vous devez évaluer votre overpair. Une overpair telle que 9-9 sur un tableau 8-5-2 est différente que celle de l'exemple que nous venons juste de voir.
Deux paires
Face à des joueurs décents, vous devriez appréhender cette main de la même manière qu'une overpair. Vous voulez rentabiliser, mais sans faire exploser le pot, et ce que celui-ci vous explose dans les doigts.
Face à un joueur faible, cette main est une main qui fait de l'argent, et vous devriez value-bet autant que vous pouvez. Ce type d'adversaires vous paiera avec de nombreuses mains plus faibles.
Brelans (avec 2 cartes du tapis)
Bien qu'un brelan soit une main forte, lorsqu'il est constitué avec deux cartes du tableau, il n'est pas vraiment dissimulé et vous devriez plus précautionneux face à un joueur décent.
Dans ce cas précis votre kicker joue un rôle important. Vous n'avez pas envie d'enrichir votre adversaire avec T-9 sur un flop 9-9-2 juste parce que celui-ci a un meilleur kicker.
Comme pour la double paire, vous allez naturellement vouloir rentabiliser, mais sans faire exploser les enchères à moins que vous ne soyez concaincu que vous ayez la meilleure main.
Les couleurs et les quintes peuvent bien sûr être très rentables.
Contre des joueurs faibles vous n'avez pas besoin de vous faire autant de souci à propos de vctre kicker sachant que les joueurs plus faibles vous paieront avec des mains plus faibles telles que des overpairs, de plus petites paires, etc.
Les joueurs faibles n'aiment pas être bluffés, et penseront souvent que vous bluffez.
Brelans (avec une paire en mains)
Avec une telle main vous ne devriez pas faire de distinction entre vos adversaires. Ne pensez qu'à la rentabiliser en pressant le citron jusqu'à la dernière goutte.
Bien sûr il vous faut jeter un oeil à la texture du tableau au cas où des quintes et couleurs soient possibles. Mais s'il n'y a aucun danger en ce sens, alors essayez juste d'engager un maximum de jetons au milieu.
Quintes
Contre des joueurs décents, cette main a le potentiel pour vous faire gagner de l'argent, aussi longtemps que vous avez les nuts (le jeu max, soit la quinte la plus haute possible).
Si vous avez la quinte basse (avec 4 cartes pour la quinte sur le tableau), vous devriez faire plus attention sachant qu'un bon joueur ne va pas vous payer avec une main plus faible, vu que la quinte est évidente.
Les quintes de haute qualité restent cependant rentables et vous devriez essayer d'en obtenir le plus de valeur possible.
Face aux joueurs faibles, vous n'avez pas aurant à vous soucier de cette considération étant donné qu'ils vous paieront avec des mains telles que deux paires. L'exception reste quand il y a 4 cartes de la quinte sur le tapis et que vous avez la quinte basse.
Couleurs
Contre de bons joueurs, seules les couleurs max seront des mains vraiment rentables. Une couleur non-max est également suffisamment bonne pour value-bet, mais soyez bien plus prudent avec ces mains, spécialement lorsqu'il y a déjà 4 cartes de la couleur sur le tapis.
Face aux mauvais joueurs ces mains sont en général des mains qui vous feront gagner de l'argent, étant donné qu'ils penseront souvent que vous buffez, et qu'ils vous paieront donc avec des mains plus faibles.
L'exception encore une fois est lorsqu'il y a 4 cartes de la couleur sur le tapis et que vous n'avez pas la couleur max possible. Dans ce cas vous devriez avancer avec précaution.
Mains monstres (Full house et supérieur)
Bon, ces mains parlent d'elles-mêmes. Face à vos deux types d'adversaires, vous devriez essayer de rentabiliser autant que possible.
Il s'agit ici définitivement des mains qui vous feront gagner de l'argent, alors traitez-les comme telles.
Tirages
Portez grande attention à vos tirages.
C'est une catégorie un peu spéciale. La plupart du temps votre main n'a même pas de petite paire, mais elle a le potentiel pour devenir une grosse main.
Contre un joueur décent, vous pouvez jouer les tirages un peu plus agressivement si vous pensez si vous pensez que vous avez de la fold equity (espérance de faire coucher votre adversaire).
Face à ce type de joueurs vous pouvez gagner la main de deux manières : toucher votre tirage, ou si votre adversaire se couche. Ceci étant vous devez toujours être conscient de la force de votre tirage, comme mentionné précédemment pour les quintes et les couleurs.
Contre des joueurs faibles, vous devriez faire attention avec ces mains lorsque vous n'avez pas de paire pour accompagner le tirage. Les mauvais joueurs ont du mal à trouver l'option "fold" à la table, aussi un semi-bluff n'est pas aussi puissant.
Ce move repose partiellement sur l'espérance de faire coucher vos adversaires, quelque chose que vous n'avez donc pas contre ces adversaires. Contre des joueurs faibles vous devriez donc jouer la main plus passivement.
Suivez au lieu de relancer lorsque vous avez les bonnes cotes pour le faire.
Maintenant que nous avons disséqué les différents types de mains et vu si ces mains devaient être vues comme des mains pour gros ou petit pots, dans la 4ème et dernière partie nous apprendrons comment planifier vos mains en avance.
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Post-flop : Prenez l'initiative et établissez votre Plan
Si vous vous souvenez, dans notre guide du pré-flop nous avions souligné le fait qu'avoir la position et l'initiative permettaient de rendre vos décisions plus faciles sur les rues suivantes.
Lorsque vous êtes en position, vous aurez plus de contrôle sur le pot. Lorsque votre adversaire checke par exemple, vous avez la possibilité de checker en retour, ce qui clôt l'action pour ce tour.
Vous aurez aussi l'énorme avantage d'avoir l'information pour vous, comme nous l'avons déjà décrit. Lorsque vous êtes hors de position, vous avez moins de contrôle sur le pot. Votre adversaire peut toujours miser (si vous checkez), ou relancer (si vous misez).
L'importance de l'initiative
La deuxième chose pour laquelle nous avons prêché dans notre guide pré-flop, est l'importance d'avoir l'initiative.
La plupart du temps, les joueurs vont checker avant le joueur qui a pris l'initiative lorsqu'ils sont hors position - ou ils suivront au lieu de relancer lorsqu'en position.
Cela est particulièrement utile pour la planification de vos mains à l'avance, comme nous allons en parler.
Prendre l'initiative vous permet de poser certaines fondations.
Cela vous donne la possibilité de checker derrière si vous voulez garder le pot sous contrôle, ou de miser plus petit en sachant que votre adversaire ne relancera pas souvent une fois que vous avez pris l'initiative.
Planifiez votre main à l'avance
Si vous avez fait tout ce que nous avons décrit jusqu'ici dans notre guide pré-flop et post-flop combiné, alors vous êtes en mesure de comprendre à la fois le type d'adversaire auquel vous faites face, et si vous avez envie de jouer un gros pot ou un pot petit ou moyen.
A présent il est temps de passer à la vitesse supérieure concernant votre planification de jeu. Faire ceci vous aidera à faire moins d'erreurs et à éviter les décisions difficiles.
Imaginez des "lignes de mises" qui accomplissent vos objectifs
Si vous savez déjà que vous voulez jouer un gros pot, vous devriez maintenant réfléchir à des mises qui doivent vous faire accomplir cet objectif.
Pour une description détaillée des "lignes de mises" dans différents scénarios et contre différents adversaires, à nouveau vous pouvez vous référer à l'e-book de BlackRain (en anglais) : https://www.blackrain79.com/p/book.html
Mais comme notre but n'est pas non plus d'être aussi long qu'un livre ici, voici quelques lignes directrices générales :
Lignes de mises en position :
Grosse main en position :
Lorsque vous avez une grosse main et voulez jouer pour l'intégralité des tapis, il est évident que vous allez vouloir miser / relancer sur chaque rue (tour de mise).
Main décente en position :
Lorsque vous avez une main décente mais que vous ne voulez pas jouer pour les tapis entiers / voulez garder le pot sous contrôle, vous savez déjà que vous voudrez checker en retour sur une rue pour atteindre ce but.
Réfléchissez sur quelle carte vous allez vouloir checker. Une ligne directrice courante est de miser au flop, et de checker derrière à la turn.
Lorsque vous voulez jouer pour les tapis, vous devez miser, miser, et miser.
Souvent votre adversaire paiera une mise à la river avec ce schéma, étant donné que votre check à la turn indique une faiblesse à votre main.
Checker derrière votre adversaire à la turn peut également conduire votre adversaire à miser à la river en bluff avec un éventail de mains avec lesquelles il n'aurait pas payé à la river.
Une autre option est de checker le flop. Checker le flop peut résulter en votre adversaire suivre avec des mains plus faibles à la turn et à la river, étant donné qu'il pourrait penser que vous n'avez pas réellement une main forte.
Lignes de mises hors position
Grosse main hors position :
Lorsque vous avez une grosse main et que vous voulez jouer pour les stacks entiers, vous devriez penser à un plan de mises qui vous aidera à atteindre votre but.
Vous pourriez penser à un check/raise pour rapidement construire le pot. Si vous pensez que votre adversaire ne misera pas, vous pourriez alors vouloir miser vous-même à chaque tour.
Main décente hors position :
Lorsque vous avez une main décente mais que vous ne voulez pas jouer pour les stacks entiers et/ou que vous voulez garder le pot sous contrôle, vous devez réfléchir à la situation de manière approfondie.
Vous devez être conscient que vous êtes handicapé. Votre adversaire a l'option de relancer et vous faire sortir de votre zone de confort. Egalement, checker pour contrôler le pot peut être vu comme un signe de faiblesse.
Si votre adversaire mise, vous devez décider si vous voulez passer en mode check/call avec en tête l'idée de faire face à d'autres mises dans le cas d'un adversaire agressif.
Particulièrement lorsque vous êtes hors de position (mais également en position), vous devez prendre en considération plusieurs choses à propos du choix des lignes de mises ; principalement le style de votre adversaire et la taille de vos mises.
Prendre en considération le style de jeu de votre adversaire
Au moment de prévoir la meilleure ligne de mises, vous devez prendre en compte le style de jeu de votre adversaire.
Et cela va un peu plus loin que la distinction "joueur faible" ou "joueur décent".
Un joueur faible par exemple, peut suivre sur trois rues avec une main plus faible, mais ne misera pas lui-même avec cette même main.
En lieu et place de seulement faire une distinction entre joueur faible et joueur décent, vous devez aussi faire la distinction entre joueur passif et joueur agressif.
Si votre adversaire est passif, il est plus facile de contrôler la taille du pot.
Adversaires passifs
Lorsque vous avez affaire à un joueur passif, vous pouvez garder contrôle sur le pot plus facilement.
Vous savez en effet que lorsque vous choisissez de checker, les chances sont grandes pour que ce type d'adversaire checke également en retour, à moins qu'il ait vraiment une bonne main.
Même chose lorsque vous êtes en position. Les chances sont grandes pour que votre adversaire passif ne mise pas lui-même mais suive plutôt vos mises.
Cela rend la planification de la main plus facile, puisque vous êtes à même de contrôler la taille du pot.
Comme vous pouvez l'imaginer, le scénario idéal serait de tout le temps jouer contre des joueurs faibles et passifs étant donné que vous pouvez facilement contrôler le pot et rentabiliser vos grosses mains.
Malheureusement ce ne sera pas toujours aussi simple.
Adversaires agressifs
Les joueurs agressifs vont prendre plus d'initiatives, ce qui vous placera dans des situations plus difficiles.
Lorsque ces joueurs reniflent de la faiblesse, ils essaient de s'approprier le pot. Lorsque vous êtes en position et que vous avez l'initiative, cela ne vous causera pas énormément de soucis, étant donné que vous pouvez décider de checker en retour pour contrôler le pot.
C'est différent lorsque vous êtes hors de position.
Lorsque vous checkez pour du pot control, ce type d'adversaire vous mettra souvent la pression en misant. Et avec un adversaire très agressif, vous savez déjà qu'il misera également lors du ou des tours d'après.
Dans ce cas, le contrôle du pot tombe souvent à l'eau, et vous devez ainsi voir avec quels types de mains vous voulez procéder.
Il est cependant évident que planifier une main contre ce type d'adversaires, particulièrement lorsque hors de position, peut être un travail difficile.
La taille des mises fait une grosse différence.
De la bonne taille des mises en parties à micro-enjeux
Au moment de réfléchir à la meilleure ligne de mises, il est également important de prendre en considération votre "bet sizing" (calibrage des mises).
Une mise se situant entre la moitié et la totalité du pot est considérée comme normale. Mais la question est à quel moment devez-vous miser à la hauteur du pot, à moitié, ou au trois-quarts ?
Un exemple : vous relancez UTG à 4 BB, et êtes suivi par la grosse blinde.
Vous avez tous les deux démarré avec un stack de 100 BB. Arrondissons à 8 BB au flop pour rendre l'exemple plus facile.
- Si vous misez une moitié du pot (et êtes suivi) sur chaque rue, le pot sera de 64 BB à la river. Vous aurez chacun 68 BB restantes.
- Si vous misez les 3/4 du pot (et êtes suivi) sur chaque rue, le pot sera de 124 BB à la river. Vous aurez chacun 38 BB restantes.
- Si vous misez l'intégralité du pot (et êtes suivi) sur chaque rue, le pot sera de 201 BB à la river. Vous serez tous les deux all-in à ce stade.
Vous voyez la différence ? Il est important de réaliser que les mises lors des derniers tours seront plus importantes puisque le pot est généralement de plus en plus gros.
Tandis qu'une mise des 3/4 du pots n'est que de 6 BB au flop, elle sera de 37 BB à la river.
Comme vous pouvez le voir, la taille des mises aura un énorme impact sur la grosseur finale du pot.
Si votre objectif est de jouer pour les tapis, alors il est évident que miser trois fois la moitié du pot ne fera pas le boulot. A l'inverse, lorsque vous ne voulez pas faire exploser le pot, envoyer des mises de la taille du pot pourrait ne pas être une bonne idée.
En regard du calibrage des mises, on retrouve différents opinions. Certains soutiennent que vous devriez toujours utiliser la même taille de mises, quelle que soit votre main. Une autre stratégie est de miser plus gros lorsque le pot comporte des tirages, pour protection, et de miser plus petit au cas où le tableau est "sec" (sans tirage).
Le raisonnement derrière cela est que l'autre joueur peut vous lire facilement lorsque vous misez toujours gros avec une grosse main, et petit avec une main médiocre ou une poubelle.
Bien que le raisonnement soit définitivement vrai aux hautes limites, la question reste posée de savoir si les joueurs y prêtent vraiment attention en micro-stakes. Les joueurs que nous ciblons (les joueurs faibles) ne prêteront pas souvent attention à la taille de vos mises.
Aussi, aux micro-enjeux la question n'est pas de savoir comment équilibrer vos mises (gardez ça pour de plus hauts enjeux), mais plutôt de savoir combien votre adversaire est prêt à payer.
Imaginez, lorsque vous avez une grosse main et que vous vous voulez jouer un gros pot, et que vous savez pour sûr que votre adversaire paiera une mise du double du pot, pourquoi ne le feriez-vous pas ?!
Les micro-stakes ne sont pas une affaire d'équilibrage, comme vous l'avez déjà appris auparavant. Il s'agit d'obtenir le maximum de valeur des adversaires adéquats dans les bonnes situations, et vous ne pouvez le faire dans ces situations que lorsque vous misez gros.
Conclusion à propos de la planification des mains
Tout commence par un jeu solide pré-flop.
En planifiant une main à l'avance et en réfléchissant à la grandeur du pot que vous voulez jouer, à la meilleure ligne de mises, au types d'adversaires et à la taille de vos mises, vous aurez définitivement meilleur temps après le flop.
Il n'y aura pas beaucoup de surprises non plus étant donné que vous aurez déjà pensé à la plupart des situations.
Vous ferez également moins d'erreurs, sachant que vous aurez un plan établi à l'avance, et que si la situation se développe différemment, vous ne serez pas pris au dépourvu à jouer une main pour un gros pot que vous ne vouliez pas.
Encore une fois, les fondations pour un jeu post-flop plus facile, se trouvent dans un jeu solide pré-flop.
Mises de Continuations
Bien que nous ayons déjà parlé des derniers tours, il y a un sujet qui mérite d'être discuté séparément : c'est le fameux continuation bet du flop.
En raison de notre stratégie pré-flop, la plupart du temps nous aurons la position et l'initiative. Mais cela ne veut pas dire que nous toucherons toujours notre flop.
En fait, le plus souvent nous NE TOUCHERONS PAS de bonne main au flop. La bonne nouvelle cependant : votre adversaire non plus !
Vous avez déjà appris qu'il faut laisser tomber les mains telles que des mains sans paire (poubelles), ou d'essayer de voir un abattage peu cher avec des mains faites faibles.
Donc logiquement vous abandonneriez ce type de mains au flop en checkant et vous couchant face à une mise.
Il y a une exception, et c'est lorsque vous êtes l'agresseur pré-flop.
Lorsque nous touchons une main avec laquelle nous voulons gagner des jetons, nous le faisons que value-bet (miser pour rentabiliser), sujet dont nous avons déjà parlé au moment de planifier la main.
Aussi, dans ce cas où nous parlons de c-bet, nous voulons seulement parler de c-bet en bluff, soit une mise de continuation avec un seul but : faire coucher sa main à votre adversaire.
Prenez bien la mesure de vos décisions de c-bet ou non.
Avant que nous discutions de quand vous devriez c-bet ou pas, regardons à quelle fréquence nous avons besoin de voir notre adversaire se coucher selon différentes tailles de mises.
- Si vous misez la moitié du pot, votre C-bet est rentable 33% du temps.
- Si vous misez 75% du pot, votre C-bet est rentable 43% du temps.
- Si vous misez 50% du pot, votre C-bet est rentable 50% du temps.
Comme vous pouvez le voir, même avec une mise de la taille du pot, cette mise sera rentable si votre adversaire se couche la moitié du temps. Maintenant la vraie question est : pourquoi miseriez-vous la taille du pot si une plus petite mise ferait le travail ?
Un c-bet courant est de 2/3 de la taille du pot, qui doit fonctionner plus de 39% du temps pour être rentable. Maintenant si vous pensez qu'une mise de la moitié du pot fera aussi le boulot, il n'y a aucune utilisé à miser plus.
Etant donné que ce c-bet n'a qu'une vocation de bluff, vous devez choisir les bonnes situations pour qu'il trouve un bon taux de réussite.
Pour aller plus loin à propos des bonnes situations pour faire un c-bet mais également celles qui ne sont pas idéales, vous pouvez lire cet autres article ici en lien à propos du c-bet pour les débutants : "Quand et comment faire un continuation bet".
Souvenez-vous, si vos continuation-bet sont payés et que votre main ne s'améliore pas à la turn, alors vous devriez abandonner votre main et le coup. Ne tombez pas dans le piège de bluffer en micro-stakes.
3 Conseils essentiels pour les Microstakes
Vous avez maintenant déjà appris que battre les micro-stakes est toute affaire de gagner le plus possible contre les adversaires adéquats, et dans les bonnes situations.
Le revers de la médaille est que vous devrez aussi limiter vos pertes.
La bonne nouvelle est que limiter vos pertes est plutôt simple lorsque vous mettez votre ego de côté et où il doit être : à la porte.
Suivez les conseils ci-dessous et vous ne ferez pas les mêmes erreurs que de nombreux autres joueurs font.
1. Soyez très prudent quand vous êtes relancé !
Soyez prudent quand vous êtes relancé.
En général, en micro-enjeux une relance signifie beaucoup de force. La plupart des joueurs sont passifs, aussi lorsqu'ils se réveillent soudain afin de relancer votre mise, le plus souvent cela veut dire qu'ils ont une main max ou quasi.
Cela est particulièrement vrai pour les relances à la turn et à la river. Celles-ci sont presque toujours faites avec des mains max. Alors ne laissez pas votre ego rentrer dans la balance, et couchez-vous purement et simplement !
Une relance au flop veut aussi généralement dire de la force. Vous devriez donc là aussi vouc coucher, particulièrement lorsque vous êtes hors de position et sans une bonne main. Attendez de meilleures situations.
Les chances sont fortes pour que vous rencontriez plus de mises lors des derniers tours, et vous ne voudrez pas jouer un gros pot avec top paire - top kicker ou moins. Même en position, il n'y a pas de honte à choisir la route la plus sûre et à vous coucher.
2. Ne bluffez pas !
Pourquoi ? Parce que le joueur moyen des micro-stakes suivra bien trop souvent, ce qui ne causera pas seulement beaucoup de variance, mais également beaucoup de frustration (c'est toujours le cas lorsque vous trouvez des adversaires qui payent "alors qu'ils ne devraient pas").
Votre but est d'obtenir un maximum de valeur lorsque vous avez une grosse main, pas de bluffer des adversaires qui ne savent pas ce qu'est le bouton fold.
La seule exception peut être une mise de continuation, mais comme nous l'avons vu, vous devriez choisir les bonnes situations (ainsi que les bonnes hauteurs de mises) pour ça.
3. Utilisez la sélection de tables pour trouver les joueurs les plus faibles !
Il est bien connu que le joueur moyen pouvant être trouvé en micro-stakes est meilleur a comparé d'il y a quelques années. Bien que ce soit effectivement certainement le cas, vous ne devriez pas penser que les parties micro-stakes se sont soudainement remplies de joueurs décents, parce que ce n'est pas le cas.
La seule différence est que la table entière était auparavant remplie de fish, tandis qu'aujourd'hui vous aurez 3-5 joueurs faibles seulement à votre table.
Les joueurs de bas niveau sont toujours un peu partout aux parties de micro-stakes. C'est à vous de les trouver.
Il devrait être clair que cela reste plus que suffisant pour réussir à enregistrer un bon taux de gains, en utilisant la stratégie précédemment décrite.
Pour vous rendre la tâche plus facile, vous pouvez aussi utiliser la sélection de table. Lorsque vous voyez une table avec un VPIP moyen de 30% ou supérieur, les chances sont bonnes pour que vous soyez en présence d'une table juteuse.
(VPIP = Voluntary Put In Pot, indicateur montrant la fréquence à laquelle un ou des joueurs ont volontairement mis de l'argent dans le pot. C'est aussi l'une des stats les plus fréquemment utilisées dans les logiciels dit trackers)
Quasiment toutes les salles de poker en ligne proposent l'option de choisir ces tables ou au moins de voir cette statistique dans le lobby.
Un autre moyen d'utiliser les cotes en votre faveur est d'utiliser une liste et d'écrite les pseudos des joueurs faibles que vous pouvez rencontrer. Là aussi quasiment toutes les salles de poker en ligne proposent l'option de chercher un joueur en particulier.
Et les joueurs de bas niveau des micro-stakes ne pensent pas à chercher ni à utiliser la fonctionnalité "se cacher des recherches".
Pour conclure sur le jeu en micro-enjeux
Avec ce grande guide en 4 parties, notre but était de vous donner une meilleure compréhension de pourquoi les micro-stakes diffèrent des autres limites et enjeux, et de vous donner les clés pour que vous puissiez vous y adapter.
Nous espérons que cela aura pu vous être utile et que vous en retirerez tous les fruits !
Tous les volets de cette série :
- Comment battre les Microstakes : Le jeu pré-flop, parties 1 et 2
- Comment battre les Microstakes : Le jeu post-flop, parties 1 et 2