Alors comme ça vous avez floppé un monstre. Jusque là c'était facile. Comment allez-vous maintenant manœuvrer pour être payé ?
Les grosses mains méritent des gros pots. Mais quel est le meilleur moyen pour mettre tout votre stack dans le pot ?
Construire un gros pot peut sembler facile en théorie, mais en réalité il y a pas mal à faire. L'un des premiers concepts que vous apprenez lorsque vous démarrez le poker, est d'ailleurs celui des mains à gros pots et de celles à petits pots.
Ce qui dicte le fait qu'une main soit une main à gros pot ou petit pot, dépend des circonstances.
Commencez par miser petit
Généralement, les mains à petits pots sont des mains telles qu'une paire. Les mains à gros pots sont les couleurs, les quintes, les brelans et full, soit des mains avec lesquelles vous allez envisager de risquer tout votre tapis dans l'espoir de remporter celui de votre adversaire.
La raison pour laquelle construire de gros pots est plus difficile qu'il n'y paraît, est parce que votre adversaire va bien évidemment tenter de protéger son stack.
Tout comme vous, il essaie de faire de son mieux pour ne mettre son argent que lorsqu'il pense être en bonne posture. Ne vous attendez pas à ce qu'il vous abandonne ses jetons sans combattre.
Jouer au poker ne se traduit pas comme ça (ou en tout cas plus comme ça). Vous devez piéger votre adversaire et lui faire penser que sa main est meilleure que la vôtre, ce qui n'est jamais une mince affaire.
Lorsque vous touchez votre grosse main, votre but final est d'aller à tapis, vu qu'il s'agit du seul moyen de prendre celui d'en face.
Le souci, c'est que vous ne pouvez simplement pas le faire tout de suite. Personne ne vous paiera si vous y allez de 200€ dans un pot de 6€.
Les pots démarrent bas, et vous devez graduellement les faire grossir, pour qu'au moment où la river sera distribuée, celui-ci soit suffisamment important pour que votre mise finale soit pour le reste de votre tapis, de manière naturelle.
Misez, misez, misez. A chaque tour !
La manière la plus basique de construire un pot est simplement de miser, miser, et miser. Misez sur les 3 "rues", au flop, à la turn et à la river.
En poker No Limit, les mises sont toujours faites en lien avec la taille du pot. Ce qui veut dire qu'à chaque nouvelle rue, le pot grossit de façon exponentielle. Alors qu'il pouvait être petit au flop, il peut se retrouver massif à la river.
Jetons un œil à un exemple.
No-Limit à 1€/2€, stacks effectifs de 200€. Vous relancez à 9€ au bouton avec A♥ K♠, et la grosse blind suit. Le flop est le suivant : Q♠ J♠ T♥.
La grosse blind checke et vous misez 15€ dans 19€. Votre adversaire suit une nouvelle fois. La turn amène un 2♥ et la grosse blind checke encore. Vous misez maintenant 45€ dans un pot de 49€, que votre adversaire paie à nouveau.
La river est le 6♠ et votre adversaire checke. Il y a maintenant 139€ dans le pot et vous avez encore 131€ en jetons devant vous. Vous pouvez donc maintenant partir à tapis sur la river sans devoir faire un "overbet" (mise supérieure au pot) pour cela.
Cette méthode de mise-mise-mise fonctionne particulièrement bien contre les types de joueurs les plus faibles, les calling stations.
Cela peut aussi être efficace si vous avez une très mauvaise image à la table, par exemple si vous avez récemment été pris en bluff ou avez perdu quelques gros pots (vos adversaires pourraient ainsi avoir de bonnes raisons de croire que vous persistez ou que vous êtes en tilt).
Le check-raise
Un autre moyen de construire rapidement un pot, est d'utiliser le check-raise.
Comme vous le savez probablement, le check-raise est l'action de checker pour laisser votre adversaire miser, avant de lui revenir dessus par une relance.
Le check-raise est efficace pour faire grossir les pots car il vous permet en quelque sorte d'obtenir deux tours de mises en un seul (votre adversaire mise, vous relancez). Cela vous permet de plus de faire gonfler les pots plus rapidement.
Le check-raise n'est cependant pas exempt de défauts. Une telle action est une démonstration de force et peut chasser votre adversaire de la main, au mieux le faire se méfier.
Enfin, quand vous checkez, votre adversaire peut décider d'en faire de même, ce qui fait passer à côté d'un tour de mises entier.
Tant entraîner votre adversaire à se coucher qu'éliminer un tour de mises, sont contre-productifs dans l'objectif de construire un gros pot. Vous avez pleinement besoin des 3 tours pour former un pot suffisamment gros pour voir un stack de 100 grosses blinds aller à tapis.
En perdant l'un des trois, vous allez rarement pouvoir partir all-in sans avoir à faire d'overbet. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles slow-player (sous jouer) n'est pas efficace quand il s'agit de faire grossir un pot.
Vous feriez ainsi mieux de vous en tenir à check-raiser seulement quand vous savez que votre adversaire sera enclin à miser. De cette façon vous minimisez le risque de perdre un tour de mises lorsque votre adversaire checkera.
Si vous finissez par voir que vos adversaires se couchent trop souvent devant vos check-raises, vous aurez à équilibrer un peu mieux vos éventails de mains. Commencez alors de temps en temps à check-raiser avec des mains de type top paire ou fort tirage.
Car si vous ne check-raisez que vos monstres, vos adversaires comprendront vite et s'en iront en un instant quand vous les battez.
L'overbet (mise au-delà du pot)
Une autre stratégie pour construire le pot est de sur-miser. C'est une tactique qui peut s'avérer très efficace contre certains types d'adversaires.
De nombreux joueurs croient encore qu'aujourd'hui un joueur qui « overbet » le pot est toujours en bluff. Vous pouvez tourner cela à votre avantage et punir ce type de joueur avec de gros overbets.
Dans un sens leur pensée est légitime : « Si vous avez une si bonne main, alors pourquoi mises-tu autant ? Si tu avais une si bonne main, tu miserais moins en espérant que je te paie. »
Tom "durrrr" Dwan est un joueur qui fait régulièrement des overbets aux moments opportuns.
C'est un joueurs très dangereux car il équilibre et varie très bien son jeu. Il laisse toujours ses adversaires se demander ce que cet overbet peut bien vouloir dire. Car il peut tout autant signifier un monstre que totalement rien.
Si vous laissez votre adversaire dans l'expectative, et l'amenez à trop souvent réfléchir, il finira par se tromper plus souvent que l'inverse. Alors commencez à ajouter le value bet en overbet (mise de valorisation en sur-misant) à votre arsenal.
Faire votre main n'est que la moitié du chemin
Essayer de voir quel est le meilleur moyen pour construire un gros pot est un bon problème à avoir car cela veut dire que vous avez une main avec laquelle vous êtes prêt à aller jusqu'au bout.
En fin de compte, ce sera à vous de décider quelle ligne à adopter est la meilleure pour la situation donnée. La bonne décision, comme pour tout au poker, dépend de nombreux facteurs ... votre image, l'éventail de jeu de vos adversaires, le rythme de la table, etc.
Il n'y a pas de manière toute faire de jouer une main, et une tactique sera peut-être la meilleure contre un adversaire quand elle sera complètement contre-productive contre un autre.
C'est à vous de prêter attention à vos adversaires et d'utiliser à votre avantage toutes les informations que vous avez pour trouver la meilleure ligne de conduite avec vos grosses mains.
Dans votre exemple, la river ne vous inquiète pas plus que cela?
J’ai pu observer un nombre assez important de fois, un joueur check-raiser sa flush rentrée river, surtout si la dynamique de l’agresseur était de “miser, miser, et miser…”.