Doyle Brunson alias Texas Dolly est une véritable légende du poker, et peut-être même LA légende. Après 10 bracelets des World Series of Poker et une longue carrière, il a fini par annoncer sa retraite en 2018.
Né le 10 août 1933 durant la crise à Longworth au Texas, l'homme qui allait plus tard être connu sous le nom de « Texas Dolly » n'était qu'un simple fermier de plus dans un village de 100 habitants. Tôt, Brunson se trouva un créneau dans l'athlétisme. Après une victoire dans le Championnat d'état du Texas de la course du mile, et sa place trouvée dans l'équipe de basket all-state, Brunson reçut des offres pour un cursus sportif de la part de plusieurs lycées à travers les Etats-Unis. Il choisit en fin de compte l'Université d'Hardin-Simmons d'Abilene parce qu'elle ne se situait qu'à 60 kilomètres de chez lui.
Il y étudia l'enseignement et fut même drafté par les Lakers de Minneapolis en NBA. Mais une blessure au genou - toujours persistante à ce jour - mis sur la touche la carrière professionnelle d'athlète de Brunson ; il finit alors ses études et fut diplômé de l'université avec un MBA en enseignement administratif.
Entre-temps, Brunson aida à payer son cursus en jouant des parties de poker dans les lycées autour du Texas. Selon ses dires, Brunson apprit rapidement le jeu et utilisa ses compétences d'observation pour y faire de l'argent.
Après son diplôme universitaire, Brunson trouva un job (le seul de sa vie), vendeur de matériel de bureau. Son premier salaire sembla si dérisoire a comparé de ses gains de poker, que l'homme démissionna bien rapidement pour devenir joueur professionnel. Ce qui voulait aussi dire, passer dans la clandestinité.
Dans ces parties hors-la-loi, Brunson devait lutter avec la police, les tricheurs et les voleurs ; on tira un jour sur le joueur à côté de lui, tué sur le coup ; il s'est lui-même retrouvé nez à nez avec le canon d'un pistolet lors d'une autre de ses partie de poker.
En 1960, Brunson rencontra Louise, la femme avec laquelle il allait finalement se marier après plusieurs années passées à la convaincre qu'il serait bien de se marier avec un joueur professionnel. Tôt après leur mariage, une tumeur cancéreuse de la gorge fut diagnostiquée à Brunson et le pronostic était pessimiste : les docteurs lui donnaient plusieurs mois à vivre au vu de la tumeur grossissant rapidement jusqu'à son cerveau.
Toujours joueur, en dernier ressort Brunson choisit de tenter une opération risquée. Un succès qui le voyait finalement libéré du cancer.
Une nouvelle qui ne pouvait venir à un meilleur moment pour Louise, enceinte de leur premier enfant. Et Brunson dut retourner sur la voie du poker pour commencer à gagner de l'argent pour sa famille. La famille grandit rapidement avec l'arrivée de deux filles, Doyla et Pamela, et le fil Todd, aujourd'hui joueur de poker pro bien connu.
Brunson continua à faire vivre sa couvée en jouant et gagnant sur le circuit poker, où il finit par rencontrer son mentor Johnny Moss ainsi que ses futurs partenaires Amarillo Slim Preston et Sailor Roberts. Les hommes firent le tour du Texas, gagnant gros et se faisant une réputation de joueurs à hauts enjeux pratiquement imbattables.
Le trio finit cependant par se séparer après avoir perdu leur bankroll à six chiffres à Las Vegas, mais Brunson n'avait lui pas perdu son amour du poker.
Après en avoir fini avec le Texas, Brunson emmena sa femme et leurs quatre enfants à Las Vegas, là où le poker était légal.
En 1976 il gagnait son premier titre des World Series of Poker, qu'il enchaîna avec un second en 1977. Ces deux championnats ont inscrit pour toujours dans l'histoire la main 10-2 comme la « Doyle Brunson hand », car il les remporta tous deux avec un full, des dix par les deux.
Brunson posa à nouveau son empreinte sur le monde du poker en 1978, en rédigeant le livre Super/System, considéré comme le guide définitif du poker. Depuis il a également édité Super/System 2, un livre de mémoires, et un livre à propos des meilleures mains qu'il n'ait jamais connu.
En 2005 il gagna son dixième bracelet WSOP, un record qu'il partage avec Johnny Chan, tous deux devancés par Phil Hellmuth d'une unité.
Consolidant toujours plus sa place dans l'histoire du poker, une épreuve du World Poker Tour porte également son nom. Le Doyle Brunson North American Championship est le Main Event du Five Diamond World Poker Classic au Bellagio, où Doyle est souvent vu jouer dans les plus grosses parties de cash game alentours. Ce championnat est le deuxième plus gros tournoi en termes de droit d'entrée sur le circuit WPT avec son buy-in de 15 000 $, seulement devancé par le WPT Championship à 25 000 $.
Le succès aux tables et un statut de légende vivante n'ont pas empêché Brunson d'étendre également ses horizons. Il possède un site de jeu en ligne, DoylesRoom, qui fit les gros titres en 2006 lorsque la Securities and Exchange Commission américaine annonça qu'elle allait mener une enquête sur ses opérations.
Ses années dorées sont passées et Brunson a fini par annoncer sa retraite en 2018. Passé d'humbles débuts à un statut de l'une des forces les plus influentes du poker, Brunson l'explique très bien lorsqu'il dit « Un homme avec de l'argent n'est rien face à un homme en mission. »
Divers et anecdotes
* Auteur de Super/System, souvent appelé la bible du poker
* A à son actif plus de 6 millions de $ en gains de tournois
* Détient 10 bracelets en or des WSOP, chiffre partagé avec Johnny Chan
* Remporta ses deux premières épreuves des World Series of Poker avec la main 10-2
* Etant jeune, a été drafté pour jouer avec les Minneapolis Lakers, une ancienne équipe de basket de la NBA
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La légende Doyle Brunson dans la danse des WSOPE
(28/09/09)
Le premier jour du Main Event des World Series Europe présenté par Betfair a attiré ce week-end certains des meilleurs joueurs du monde, dont l'une des ses plus grandes légendes vivantes.
A l'âge de 76 ans, Doyle Brunson aura vu le poker grandir, depuis les salles de poker illégales au Texas, jusqu'au phénomène mondial qu'il est devenu aujourd'hui.
Mais selon le premier double vainqueur du Main Event des WSOP, le jeu en lui-même n'est pas tellement différent de ce qu'il était.
« Dans les grandes lignes rien n'a changé » répond-il à PokerListings. « Ce que les gens ne comprennent pas est que ce sont les joueurs contre qui vous jouez qui dictent la façon dont vous devez le faire.
J'ai prêché l'agressivité et tous ces différents moves stratégiques, et rien ne marche plus à cause des jeunes pousses d'Internet, c'est ce qu'il font. Du coup, ça fait bien longtemps que j'ai changé mon jeu. Vous devez modifier ce que vous faites de la manière où cela se montrera avantageux en regard de la situation.
Le poker c'est une affaire de gens, je l'ai toujours dit. Ce n'est pas une affaire de cartes, tout est à propos des gens.
Bien qu'il se fasse un point d'honneur à jouer des tournois des WSOP tout autant à Las Vegas qu'à Londres, Brunson voyage aujourd'hui moins que le pro moyen, et l'homme pense d'ailleurs que le "grignotage" de tournois en tournois a pris de trop grosses proportions.
« Je pense qu'il y a trop de tournois. Il y a un tournoi quelque part chaque semaine. Je pense qu'un tournoi doit être quelque chose de spécial, un évènement spécial dans la vie des gens, pas la même chose que la semaine d'avant.
Je pense qu'il ne devrait y avoir que quelques tournois majeurs. Bien sûr je suis partie prenante vu que je suis un joueur de cash games, avec les tournois qui y ont fait du mal. »
Lorsqu'il rentre chez lui à Las Vegas, Brunson peut toujours être aperçu jouer des sessions marathon dans les plus grosses parties d'argent du monde au Bellagio, et il clame d'ailleurs que le poker le fait rester jeune.
« Je pense que je serais probablement mort si je ne jouais pas pour le poker. Le poker me donne de l'énergie. Et je dirais d'ailleurs que c'est vraiment dommage que mon esprit jeune soit prisonnier de ce vieux corps. Jusqu'à l'année dernière je n'ai même presque pas réalisé que je vieillissais.
Le jeu permet d'avoir encore de l'adrénaline, cela fait circuler le sang. Et puis j'ai toujours gardé mon esprit affuté, à lire ou à jouer au poker, à faire quelque chose.
Je suis heureux d'avoir de bons gênes. Dans ma famille tout le monde a dépassé les 90 ans, alors j'espère suivre le même chemin. »
En ayant disputé es premiers WSOP en 1970, Brunson reste toujours stupéfait de voir l'ampleur qu'a prise le jeu et le fait qu'il se trouve aujourd'hui à jouer pour un bracelet des World Series en Grande-Bretagne.
« Personne n'aurait pu prévoir ça, quels que soient vos dons de voyance. Benny Binion (le fondateur des WSOP) m'a dit qu'une fois, probablement à la fin des années 70, « Tu sais, nous pourrions avoir 100 joueurs un jour dans ce tournoi. » Aujourd'hui nous en avons 8500 ou quelque chose comme ça...
Personne n'a su et personne ne sait jusqu'où tout ça va aller. »
S'il y a une chose que Brunson sait, c'est que si il y a un bracelet des World Series en jeu, il prendra toujours son siège à la table. « Je serai là tant qu'on ne m'aura pas mis la tête dans la boue. »
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Doyle Brunson : « Ce sont peut-être mes derniers WSOP »
(27/06/12)
40 ans de participation aux WSOP, 10 bracelets. Voilà le CV de Doyle Brunson. Mais à 78 ans, l'une des légendes vivantes du poker pense disputer ces derniers WSOP cette année.
« Ce seront probablement mes tout derniers WSOP. Ça dure trop longtemps », nous a t-il confié à Las Vegas. « J'aime bien jouer 7 ou 8 heures, et je peux jouer un peu plus longtemps, mais aux WSOP les journées sont beaucoup trop longues pour moi. »
Double champion du monde en 1976 et 1977, Brunson joue depuis quelques années de moins en moins de tournois aux WSOP, préférant se réserver pour des parties d'argent à hauts enjeux.
Texas Dolly participait ces derniers jours au Players' Championship à 50 000 $ des WSOP 2012, face à d'autres légendes comme Phil Hellmuth et Phil Ivey, que beaucoup considèrent comme le meilleur joueur du monde.
L'esprit toujours aiguisé, Brunson se voit bien jouer au poker encore longtemps, mais plus aux World Series.
« J'ai toujours su que le poker serait toute ma vie, du moment que le mental et le physique suivent. J'ai de la chance, mes ancêtres ont vécu bien et longtemps », explique-t-il.
40 ans de souvenirs aux WSOP
Doyle Brunson faisait partie des sept joueurs qui avaient désigné Johnny Moss vainqueur lors des tout premiers WSOP en 1970.
L'homme au chapeau de cow-boy se confronte régulièrement aux meilleurs depuis plus de 40 ans, et est sans aucun doute le meilleur témoin de l'histoire du poker. En bref, Doyle Brunson est LE monstre sacré du poker, un statut justifié.
Mais pour sa part Doyle dit ne pas se préoccuper de son héritage.
« Ces histoires d'héritage ne m'intéressent pas. L'important c'est la vie et les vivants. Quand un mec meurt, les gens devraient juste dire : « C'était un mec bien. Bon, on mange quoi ce soir ? » », ajoute-t-il en riant.
Que cela l'intéresse ou pas, l'héritage que Doyle Brunson laissera au monde du poker sera énorme, que ce soit en tant que joueur, ambassadeur du poker, ou auteur de Super/System, la bible du poker. Mais si tout cela l'importe peu, ce n'est pas le cas de ses 40 ans de souvenirs.
« J'ai mes souvenirs. Pas juste ceux de cette année, ceux de mes 40 ans de WSOP », dit-il, « Le jeu est entre les mains de la nouvelle génération maintenant. Il y a tellement de jeune joueurs que je ne connais pas, tellement de très bons joueurs... Mais les meilleurs, ceux qui seront toujours là dans 20 ans, ce sont les Phil Hellmuths, les Phil Iveys, les Daniel Negreanus et les Erik Seidels. »
« Je suis particulièrement impressionné par ce que fait Phil Hellmuth, parce qu'on a tendance à ne pas le considérer comme un joueur très polyvalent. Alors même si Phil Ivey est manifestement l'un des meilleurs joueurs de tous les temps, Hellmuth a prouvé qu'il peut tout jouer, et il se donne tellement à fond pendant les tournois qu'il faut le saluer. »
En remportant son dixième bracelet en 2006, Hellmuth avait rejoint Brunson et Johnny Chan au classement. Depuis le "Poker Brat" a remporté deux bracelets supplémentaires et a terminé deuxième à trois reprises en 2011. Et si Brunson a beaucoup d'estime pour des joueurs comme Hellmuth ou Ivey, il est également attentif à ne pas sous-estimer ses autres adversaires, une leçon apprise en 40 ans de poker au plus haut niveau.
« Je ne sous-estime personne qui paye et s'installe à la table. Beaucoup de joueurs le font, mais pas moi. J'ai beaucoup de défauts, mais pas celui-ci. » La sagesse des champions.
Brunson aura finalement terminé sa carrière en 2018 (voir plus bas).
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Brunson arrive aux WSOP, et lance les paris
(01/07/13)
Malgré les rumeurs qui faisaient état de l'impasse de Doyle Brunson sur les WSOP 2013, la légende du poker a bel et bien pris son siège dans le Players Championship à 50.000$ ce dimanche.
Il y a quelques semaines, Brunson tweetait en effet qu'il ne se sentait plus capable de passer de longues heures à la table de poker, et qu'il ne comptait pas participer à ces World Series, préférant lorgner du côté de parties de cash games lucratives.
Mais apparemment l'homme de 79 ans en a encore assez dans le ventre au moins pour le Players Championship à 50.000$. Et il était même tout sourire au moment du début des hostilités sur le coup des 17h heure locale.
Mais Brunson ne va pas seulement jouer ce tournoi pour le tournoi en lui-même. Indécrottable joueur, il a également parié gros sur sa participation et ce test ultime pour tout joueur de poker. Pas forcément une mauvaise idée lorsque l'on sait que Brunson était parvenu en table finale de cet event en 2006.
Voici quelques-uns de ses tweets :
"C'est parti pour le 50k. J'ai tellement de paris que j'ai la tête qui tourne. Ces jeunes pensent évidemment que je ne peux pas rivaliser. #onverracaCHIPREESE"
"28 paris au total. Pas aussi haut que ça y paraît. Total de 800k. Ca semble beaucoup, mais les paris sont sur une place payée, la table finale, et la victoire. #beaucoupdactionpourunfoucommemoi"
"Si je perds (et j'ai plus de chances de perdre) je perdrai entre 80 et 140K. Mais sije gagne, je pourrais gagner jusqu'à 800K maximum. J'espère au moins rentrer dans l'argent. #gloups"
Brunson est l'un des derniers dinosaures du circuit, témoin des premières parties illégales dans les arrière-salles, que lui, Amarillo Slim et Sailor Roberts écumaient à travers l'Amérique.
Il est aussi toujours l'un des joueurs les plus décorés, avec 10 bracelets WSOP à son palmarès, à égalité avec Johnny Chan. Seul Phil Hellmuth et ses 13 bracelets est devant
Et voici quelques photos de l'homme au chapeau le plus célèbre en action dans cet Event 55 :
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Mise à jour 11 juin 2018 : Doyle Brunson a finalement poursuivi l'aventure un peu plus, puisqu'il n'a fini par annoncer ses derniers WSOP qu'en juin 2018, via un tweet.
« Je prévois de prendre ma retraite après cet été. Ma femme n'est pas en très bonne santé, et je prévois maintenant de rester auprès d'elle jusqu'à la fin de sa vie ou de la mienne. » Doyle a rencontré sa femme Louise en 1959, avec qui il s'est marié en 1962.
Doyle aura reçu une énorme ovation à la sortie de son dernier tournoi des WSOP, terminé sur une belle performance et même une table finale (6è de l'Event 23 des WSOP 2018).