Depuis l'apparition des parties de poker high-stakes, de riches hommes d'affaires y ont vu une chance de se confronter aux meilleurs joueurs du monde. Avec ces derniers pour essayer de mieux les dépouiller.
Ces parties profitent donc indéniablement aux joueurs professionnels, alors pourquoi ces hommes d'affaires, qui sont parmi les plus riches et les plus intelligents du monde, continuent-ils de se lancer dans le poker high-stakes ?
Des parties légendaires entre Andy Beal, le banquier texan, et la « Corporation » aux parties où Guy Laliberté perd des millions, ces amateurs fortunés ne peuvent résister à l'envie de se confronter aux tout meilleurs joueurs du monde.
Un million de dollars ? « Pas grand chose » pour Paul Newey
Paul Newey, homme d'affaires britannique, a participé aux plus grands tournois du monde, de Macao à Las Vegas. Il n'a pas beaucoup hésité avant de payer 1 million de dollars pour participer en 2012 au plus gros tournoi de l'histoire aux WSOP.
Newey est le fondateur de l'entreprise de consolidation de dette Ocean Finance, qu'il a ensuite vendue. On estime sa fortune à près de 220 millions de livres.
« J'imagine qu'un million de dollars n'est une somme anodine pour personne, mais pour être honnête, ça ne représente pas grand chose pour moi. » a-t-il confié à PokerListings lors du High Roller à 25.000$ du PCA ce mois-ci.
« Cela ne me fait rien de mettre autant dans un buy-in. Plus le buy-in est élevé, plus tu dois te prouver à toi-même que ça en valait la peine. Et puis le fait de jouer contre les meilleurs rend les choses encore plus excitantes. »
En janvier 2013, Newey s'y reprenait à deux fois lors du Super High Roller à 100.000$, et terminait finalement tout proche des places payées lors du Main Event du PCA.
« Cela ne fait que deux ans et demi que je joue au poker, donc je n'ai pas encore assez d'expérience, c'est clair. »
Et selon lui, la meilleure façon d'acquérir cette expérience, c'est de jouer contre les meilleurs joueurs du monde :
« Je crois que je progresse. Ça va prendre du temps, mais je crois que l'argent que j'ai investi a servi à quelque chose. »
Une phrase qui pouvait surprendre étant donné que Newey avait dépensé plus de 1,3 million de dollars en buy-in et que, d'après sa page sur Hendon Mob, ses gains ne s’élevaient alors qu'à... 4.400$.
(Il s'est bien rattrapé depuis comme vous pouvez le constater, dépassant les 5 millions de gains).
Esfandiari relève le défi et gagne gros
Antonio Esfandiari, est celui qui avait remporté le plus gros chèque de l'histoire du poker à l'été 2012 en remportant le Big One for One Drop et les 18,3 millions de dollars qui allaient avec.
Newey était l'un des amateurs qui avaient payé de leur poche le buy-in à 7 chiffres, et c'est uniquement grâce à la présence de joueurs comme eux qu'Esfandiari a décidé d'y participer.
« Pour moi c'était crucial qu'il y ait des amateurs qui participent à un tournoi comme le Big One for One Drop, je ne vois pas l'intérêt de payer un buy-in à un million de dollars si c'est pour jouer contre des pros, » déclarait Esfandiari à PokerListings.
« Mais il ne faut pas les sous-estimer. Ces mecs-là ont réussi à devenir très riches, et ils sont souvent bien meilleurs qu'on ne le dit. »
David Einhorn par exemple, spécialiste des fonds d'investissement, avait terminé 3ème du Big One for One Drop. Quant au milliardaire canadien Guy Laliberté, à qui on doit l'idée du Big One for One Drop, il a terminé 5ème pour 1,8 millions de dollars.
Et si Esfandiari concède volontiers qu'il y a effectivement beaucoup de chances pour que les amateurs sortent perdants de ce genre de parties, il n'y a par contre aucune garantie que les professionnels s'imposeront.
« Ces gens-là sont parfaitement conscients de la part de chance qui entre en jeu au poker, alors si l'argent n'est qu'un détail pour eux, pourquoi pas défier les meilleurs, en effet », ajoute Esfandiari en conclusion.