Qu’est ce qui fait que certaines régions de France jouent plus aux jeux d’argent que d’autres ?
Si l’on se penche sur l’analyse de l’étude de l’Observatoire des Jeux publiée le 20 septembre dernier effectuée par le sociologue Jean-Pierre Martignoni, les nombreux facteurs qui expliquent cette répartition du jeu dans l’Hexagone deviennent tout à fait logiques.
Tout d’abord, il y a le rôle de la superstition. Comme il semblerait que insulaires soient plus superstitieux que leurs compatriotes du continent, ils ont plus tendance à tenter leur chance aux jeux d’argent : En 2014, les habitants de la Corse ont misé chacun environ 963 € (paris sportifs, Loto, Amigo, paris hippiques ou poker), soit plus que dans les DOM-TOM (617 €), deux fois plus que la moyenne nationale (494 €) et 3,5 fois plus que dans la Creuse (275 €).
Ensuite, il y a le climat : Lorsqu’il fait beau, on a plus envie de mettre le nez dehors que lorsqu’il pleut : la différence entre les Côtes d’Armor ou le Centre et la région PACA est flagrante… Souvent une après-midi à la terrasse d’un resto ou d’un bistrot avec des amis peut inciter à jouer au PMU, au Loto, aux jeux à gratter, voire à une petite partie de Zoom poker ou un Spin & go ou Expresso sur sa tablette …
Puis il faut compter avec le facteur géographique. Selon les régions, le nombre de points d’accès aux jeux varie beaucoup : ainsi on compte plus de bureaux de la FDJ dans les grandes villes que dans les zones plus rurales, comme par exemple en Auvergne. Par contre, si les mises dans les régions frontalières sont moins élevées, Jean-Pierre Martignoni note que c’est peut-être parce que les frontaliers jouent aussi à l’étranger.
On constate aussi que le facteur économique est prépondérant : Les habitudes d’épargne varient beaucoup d’un département à l’autre.
Le sociologue remarque que « Moins on épargne de l’argent, plus on joue. Et plus on épargne, moins on joue. » C’est sûr que les Auvergnats réputés économes (voire pingres ?), jouent moins que les Corses (qui épargnent le moins et jouent le plus). De même, « Moins on est économe, plus on a tendance aussi à vouloir exhiber son argent liquide… » Et notre expert se pose même la question s’il n’y aurait pas un lien entre l'argent liquide, le jeu et les économies parallèles de l’île de Beauté.
Enfin, il y a les facteurs sociologiques : Les catégories professionnelles et les origines. Selon une étude de l'Ipsos, les ouvriers représentent 15 % des joueurs réguliers en France. Or ceux-ci habitent majoritairement dans les zones fortement urbanisées, d’où une tendance au jeu plus forte observée dans les grandes villes comme Paris, Marseille ou Lille. Quant aux origines, on note effectivement que les asiatiques jouent beaucoup à l’Amigo et que les immigrés tentent plus facilement et plus souvent leur chance aux jeux d’argent.
Sans doute que certaines catégories socio-professionnelles se rendent plus compte que d’autres que la France n’est depuis longtemps plus cet Eldorado tant convoité, et tentent de joindre les deux bouts par tous les moyens…
Remarquons quand même que pour le Loto, on joue dans toute la France, quelle que soit son origine, ses revenus ou ses croyances. Parce que qu’après tout, le rêve de gagner gros et les chances de gagner appartiennent à tous !