Les deux plus gros défis des photographes poker sont la gestion de la lumière... et la multiplication des amateurs qui s'autoproclament « photographes ». Certains de ces photographes spécialisés ont accepté de nous répondre et nous parlent de leur métier.
Il semble évident que la lumière est un élément clé lorsqu'on parle de photographie. Trouver les bons réglages afin d'avoir une luminosité adéquate et appropriée à la photo est un des critères essentiels pour réussir une photo de qualité.
C'est d'autant plus délicat dans un contexte comme celui du poker. En effet, lors des tournois de poker, l'éclairage est rarement idéal : il y a souvent trop ou pas assez de lumière. Alen Ivanov, photographe poker, insiste sur ce point.
Autre qualité nécessaire des photographes poker : l'endurance. Il faut en effet être prêt à travailler pendant de longues heures : 8 à 12 heures par jour pendant une semaine. Pour Ivanov, le photographe poker doit avant tout être un passionné de poker.
Neil Stoddart, photographe officiel de PokerStars, est bien d'accord : « On travaille en moyenne 12 à 16 heures par jour, et sur un tournoi qui dure 5 jours, ça commence à faire. »
Il évoque également la partie technique de son travail : « Dans les casinos, la lumière est souvent très basse et les flashs sont en général interdits, pour ne pas distraire les joueurs. Réussir à prendre de belles photos avec une bonne exposition est un vrai défi. Mon conseil à ceux qui voudraient se lancer dans la photographie poker serait d'acheter l'objectif le plus rapide possible et d'apprendre à ne pas trembler. »
Outre le défi technique, les photographes professionnels doivent également faire face à « l'invasion » des photographes amateurs.
Joe Giron, photographe à Las Vegas, nous en dit plus : « Le problème c'est qu'il y a énormément de photographes amateurs qui se prennent pour des professionnels alors qu'ils n'ont aucune idée de la vraie valeur de la photographie. Ils dévalorisent notre métier. »
Il ajoute : « Ils font ça gratuitement, ce qui rend les choses difficiles pour les professionnels comme moi. J'ai plus de 30 ans d'expérience dans le métier, c'est quelque chose qui doit être reconnu par les clients et rémunéré à sa juste valeur. Malheureusement, ces amateurs ne sont pas conscients de la valeur de leur travail et le font gratuitement. Souvent, ils sont un peu comme les groupies qui suivent les groupes de musique et veulent à tout prix avoir une place dans le poker. »
Mais tout n'est pas noir, et Giron évoque également les avantages du métier de photographe poker : « Ce qui est bien, c'est que tu voyages partout dans le monde, c'est très exotique. Les tournois sont souvent organisés dans des villes très intéressantes. »
Le casino comme décor
La plupart des casinos interdisent les appareils photo, ce qui veut dire que les photographes poker doivent se perfectionner directement en tournoi vu qu'ils ne peuvent pas accéder aux salles de poker en dehors de ces moments-là.
Heureusement, il y a parfois des exceptions et certains casinos organisent des shootings : Alin Ivanov par exemple a pu organiser une séance photo avec Kara Scott au casino de Prague.
Récemment, au Chili, le photographe Sabastiàn Mateluna a pour sa part réalisé une exposition de 10 photos sur le thème « Historias de casino ».
Esther Amores
Franҫois-Xavier Thiébaud : « Le poker est un cadeau pour tous les photographes »
Le photographe français François-Xavier Thiébaud vient de publier une série de photos de poker prises au cours des trois dernières éditions de l’EPT Berlin.
(publié le 28 août 2014)
Ses photos ne sont plus disponibles en version imprimée, mais vous pouvez toujours les commander sur sa galerie GALLMO :
www.gallmo.com/56_francois-xavier-thiebaud
Ces rééditions limitées sont précieuses pour tous ceux qui travaillent ou s’impliquent de quelque manière que ce soit dans le poker.
S’il y a une chose à dire sur Thiébaud, c’est qu’il a l’habitude de se battre pour avoir un peu de place et un peu de temps. En tant que photographe pour divers magazines et journaux, il sait bien qu’il faut trouver cette demi-seconde parfaite ou la lumière et la composition s’alignent.
Et lorsqu’on trouve cet instant parfait, il faut souvent se battre avec d’autres photographes pour être le mieux placé.
“Comparé à ça, travailler dans un tournoi de poker c’est plutôt calme et relaxant”
A 36 ans, le Français sait de quoi il parle. De 2010 à 2012, il suivait l’European Poker Tour à Berlin.
Ces trois ans de travail ont donné naissance à un livre, “Pokerfaces”, une collection de 108 pages de magnifiques photos en noir et blanc.
L’EPT a marqué un tournant dans la carrière de Thiébaud : “Avant cela, je ne connaissais le poker que comme un passe-temps entre amis. En arrivant à l’EPT, j’ai eu l’impression de découvrir un monde parallèle. J’ai été surpris de l’atmosphère extrêmement professionnelle du tournoi. L’ambiance est exceptionnelle et il y a énormément de gens intéressants. C’est un travail qui demande beaucoup de concentration mais qui est aussi très excitant.”
Alors à quoi ressemble une journée normale à l’EPT pour Thiébaud ? Réponse : 1500 clichés, dont une centaine passent le premier volet de sélection.
Le résultat de ce travail, c’est une collection de clichés représentant le succès aussi bien que l’échec, ainsi que la ténacité qui font l’essence du poker. On est surtout frappé par l’émotion que transmettent ces clichés. Peu de joueurs pourront voire ces photos d’As sans ressentir un influx d’émotion.
“Ce qui m’a le plus étonné, c’est que ce jeu est censé être le plus contrôlé, le plus stoïque et le plus froid mais qu’il génère de telles expression faciales.”
C’est peu dire que les joueurs internationaux ont inspiré Thiébaud. Cependant, ce n’est pas dans l’extraordinaire mais dans l’ordinaire que le poker se révèle vraiment, dans ces photos qui révèlent les bases du poker.
Les exceptions, comme la croix porte-bonheur/protège-cartes, sont rares. Par contre, la photo du heads-up entre Ben Wilinofsky et Max Heinzelmann en 2011 incarne totalement le poker.
Si vous aimeriez une des photos de François-Xavier Thiébaud pour votre salon ou votre bureau, vous pouvez donc les acheter sur son site (voir plus haut).
Ce sont aussi de parfaits cadeaux à faire aux amateurs de poker.
GALLMO est une galerie virtuelle qui accueille de nombreux grands photographes comme Franz Kovacs (Photographe de l’année BBC Wildlife 2008) ou Leonardo Tommasin (Vogue Italie, Cosmopolitan, Secret Cinema).
L’artiste : François-Xavier Thiébaud
15 janvier 1978, Besançon
François-Xavier Thiébaud est tombé amoureux de la photographie à 14 ans, fasciné par des artistes tels que Jean-Loup Sieff, Henri Cartier-Bresson, Irving Penn et les photographes Magnum.
A 16 ans, il commence à suivre des cours de photographie, avant de devoir abandonner (temporairement) sa passion pour des raisons financières.
Il se remet à la photo en 2003, le numérique ayant rendu la photographie beaucoup plus abordable.
Aujourd’hui, il travaille pour plusieurs agences et magazines, parmi lesquels Vogue, Gala et bien d’autres.
Thiébaud a également étudié la photo à l’Imago Fotokunst de Mathias Richter.
En 2010, il ouvre son propre studio pour se concentrer sur la photographie de mode et la publicité, en plus de son amour pour les photos en noir et blanc.
François-Xavier Thiébaud est également président de l’association franco-allemande de photographie (www.dfvf.de/fx.html).
Son livre “Pokerfaces” a été publié avec le soutien du Casino de Berlin.
Entièrement d’accord.
Je rajouterais qu’il n’y a que les photographes sérieux qui s’inquiètent de la lumière dans de telles conditions, les amateurs imaginent tout pouvoir photographier avec le flash du boitier, si on peut appeler cela un flash.
Pour ce qui est des tournois eux-mêmes, le rythme doit vraiment être dur. Chaque photographe espère tomber sur le joueur qui aura fait banco et éclate de joie ou celui qui aura tout perdu et faisant une tête de zombie.
La photo impossible, à mon sens, c’est celle d’un joueur et des valeurs de ses cartes, à moins de faire une mise en scène, ce qui est de facto impossible en tournoi.
Un objectif rapide…oui…mais il faut rajouter le trépied indispensable. Heureusement, les joueurs sont plutôt inerte et placide, et non en mouvement tels des sprinters en athlétisme, ce qui permet des poses pas trop rapides en vitesse, et donc une amélioration de la qualité de l’image.