Le poker est souvent considéré comme un jeu passionnant et même comme un véritable sport. Mais savez-vous qu'il est aussi une muse qui a inspiré de nombreux artistes ?
Dans l'histoire de l'art, le poker et les jeux d'argent en général sont davantage représentés sous l'angle de la débauche et du vice. Mais ces dernières années, la situation commence à évoluer. Si les artistes continuent à questionner le rapport jeu/tromperie/argent/corruption, d'autres se concentrent sur la beauté du jeu ou sur la dimension esthétique des cartes à jouer, des jetons et du tapis vert.
Voici quelques exemples de la façon dont les artistes interprètent et représentent le poker :
La sculpture
Certains artistes utilisent les cartes comme matériau pour construire leurs œuvres. C'est notamment le cas d'Abel Zachary et de son Poker Faces créé en 2009 (zacharyabel.com/sculpture/pokerfaces.html). Sa spécialité : la création de sculptures « mathématiques » c'est-à-dire construites autour de figures géométriques. Et pour vous permettre d'apprécier au maximum la beauté des maths, il vous explique sur son site web comment découper les cartes pour construire votre propre Poker Faces. A vos ciseaux !
L'artiste chinois Liu Jianhua semble quant à lui s'interroger sur la façon dont les jeux d'argent influencent (corrompent) nos cités contemporaines puisqu'il a imaginé une ville en porcelaine entièrement composée de jetons (www.wikilinks.fr/sculpture-sur-porcelaine).
Peinture et dessin
A l'exception de Cézanne, c'est surtout le côté sulfureux du poker qui est mis en avant par les peintres. A ce sujet, vous pouvez d'ailleurs consulter notre dossier : Le poker, source d'inspiration dans la peinture.
Pour les dessinateurs, l'approche du poker est nettement plus contrastée.
En 2010, le lancement du dessin animé, The Micros, n'est pas passé inaperçu. Non seulement il s'agissait d'une série entièrement consacrée au poker, mais en prime le sujet était traité de façon positive et (presque) réaliste. Dans le même genre, en 2013, High Society est créé pour se moquer (gentiment) quant à lui des joueurs professionnels et de l'univers très codifié des tournois de poker.
Mais le poker ne perd pas pour autant totalement son côté subversif. Jean-Christophe Derrien, Simon Van Liemt et Bertrand Denoulet ont notamment mis en lumière l'univers tout en contraste des jeux d'argent dans la série « Poker » : le héros doit devenir un champion de poker s'il veut parvenir à affronter les membres du « Cercle », un groupe mystérieux qui est à l'origine de l'assassinat de ses parents.
La littérature (dont la poésie et la dramaturgie)
Qui dit littérature dit poker ! Le jeu de cartes est un personnage récurrent des romans noirs, policiers, d'espionnage...
Même les plus grands auteurs s'en sont inspiré. A commencer par le chouchou des auteurs contemporains américains, Paul Auster. Dans « La musique du hasard » (également adapté au cinéma), il imagine le parcours de Nashe et de Pozzi, un professionnel du poker, qui vont affronter le temps d'une partie deux excentriques millionnaires américains. Mais rien ne se déroule comme prévu...
D'autres auteurs n'hésitent pas à aller plus loin dans la noirceur. C'est d'ailleurs une caractéristique de la représentation du poker dans les romans (quelle que soit l'époque). Le jeu est utilisé pour révéler les fêlures des personnages, la faiblesse de l'âme humaine ou la violence d'un milieu.
Dans « No Limit », Tom Verdier plonge ainsi le lecteur dans les affres de la dépendance au jeu au travers de son jeune personnage, un étudiant qui découvre le Hold'em No Limit lors d'une soirée et qui ne pourra plus s'en passer.
Dans un autre registre, Nolan Dalla et Peter Alson créent une ambiance à la Scorsese dans leur roman/biographie « Joueur-Né : Stu Ungar, le plus grand joueur de poker du monde ». Stu Ungar travaille pour la mafia et débarque à Las Vegas à 21 ans à peine. Très vite, il gagne son premier million de dollars. Trois fois champion du monde de poker, il meurt à 44 ans en 1998 complètement ruiné et accro aux drogues dures.
Le théâtre
« J'aime le théâtre parce que c'est une partie de poker. On ne sait jamais si l'on gagnera. » Françoise Sagan
Si le jeu de cartes si cher à Patrick Bruel a été jusqu'à donner son nom à une compagnie, la Compagnie Coup de Poker, il sert habituellement de prétexte à des vaudevilles franchement hilarants : « Strip Poker », « Poker Menteur »...
Il joue aussi le rôle d'un véritable détonateur qui fait exploser les faux-semblants dans l'excellente pièce « Cuisine et Dépendances » d'Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri.
Mais dans l'ensemble, le poker est encore trop peu utilisé au théâtre.
Le cinéma
Le 7ème art a beaucoup contribué à l'imaginaire populaire autour du poker. On a vu les joueurs dans les westerns attablés dans un saloon, la fièvre autour du tapis vert dans les casinos de Las Vegas ou de Macao, les parties enfumées entre amis...
Le poker ne se contente pas de figurer en arrière-plan, il a aussi souvent un des rôles principaux dans d'excellents longs-métrages.
Citons notamment:
- Le Kid de Cincinnati avec Steve McQueen
- A big hand for the little lady avec Henry Fonda
- L'Arnaque avec Robert Redford et Paul Newman
- California Split avec George Segal
- Marverick avec Mel Gibson et Jodie Foster
- Les joueurs (Rounders) avec Matt Damon
- Casino Royale avec Daniel Craig
- Lucky You avec Eric Bana et Drew Barrymore
- The Grand avec Woody Harrelson
- La Tueuse avec Adrienne Pauly
- Players avec Ben Affleck et Justin Timberlake
- ...
La photographie
Contrairement aux autres disciplines artistiques, la photographie a développé un regard essentiellement axé sur l'esthétique du poker.
Pourtant, les qualités artistiques indéniables des clichés des photographes contemporains peuvent trouver un retentissement même en dehors des cercles de jeux.
Prenons le cas par exemple de trois photographes français.
Il y a d'abord François-Xavier Thiebaud. Sa série en noir et blanc sur l'univers de poker, disponible à la vente chez Gallmo, est particulièrement réussie.
Avec un style bien à lui, Jules Pochy est parvenu dans son ouvrage « Made in Poker » a partager l'ambiance inimitable des tournois de poker. Il cherche avant tout à faire ressentir une émotion, la netteté du cliché lui paraissant plutôt secondaire. Ce photographe professionnel sait de quoi il parle : il est le co-fondateur du site MadeInPoker avec son ami d'enfance Fabrice Soulier.
Enfin, Hugues Fournaise (http://hugues.fournaise.free.fr/Bienvenue.htm) réalise des portraits de joueurs saisissants d'intensité, la plupart du temps en noir et blanc. Les regards sont expressifs, les visages marqués par l'émotion du moment.