Après des années d'atermoiements, le Japon, par l’intermédiaire de son Premier Ministre Shinzo Abe a fait un pas vers la légalisation des casinos et ce malgré les fortes inquiétudes de la population et de l’opposition.
44 % des sondés sont contre et seuls 12 % y sont favorables, par peur de l'addiction et du blanchiment d'argent par le crime organisé.
Le 15 décembre dernier, suite à une prolongation de 3 jours de la session parlementaire, le texte a été approuvé définitivement par la Diète, constituée de la Chambre Basse (équivalent de l’Assemblée Nationale) et de la Chambre Haute (équivalent du Sénat).
Cette loi ouvre donc la porte à l’installation de « complexes de loisirs » qui accueilleront, en plus des machines à sous, roulettes, tapis verts et tables de poker, des hôtels, des centres de conférences et des arcades commerciales.
Elle ne légalise donc pas formellement les casinos ni le poker mais impose au gouvernement de définir rapidement un cadre réglementaire pour ces installations, le nombre de licences accordées, leur fiscalité et surtout les règles d'accès pour les joueurs japonais. Car dans la troisième économie mondiale, le jeu d’argent est interdit par le code pénal depuis 1907, seuls les paris sportifs et la loterie nationale peuvent être pratiqués.
Les premières ouvertures pas avant 2023 ?
Alors pourquoi des opérateurs comme MGM Resorts International, Caesars Entertainment, Wynn Resorts ou Las Vegas Sands (prêt à investir 10 Md$) se mettent-ils déjà sur les rangs, alors que si tout va bien, les premières licences pourraient être attribuée en 2019 et les premiers établissements ouvrir leurs portes en 2023 ?
La réponse, c’est un analyste d'Union Gaming qui la donne : « c'est tout simplement la prochaine et peut-être la dernière grande opportunité d'ouvrir ce genre de complexes intégrés en Asie. »
En fait, sous une apparence très disciplinée, les Japonais sont très joueurs (5,3 millions de personnes, soit 5 % de la population, sont dépendants aux jeux). Ils jouent notamment au pachinko (jeu local ressemblant à un billard électronique) auquel ils consacrent en moyenne 2,5 % de leurs revenus et qui dégagent un chiffre d’affaires annuel de 18,9 billions de yens soit l'équivalent de 155 Md€ (chiffres 2013). D’où peut-être l’instauration de restrictions d’accès à ces salles de jeux pour les Japonais eux-mêmes. Et l’on comprend mieux aussi pourquoi le Japon est vu comme le dernier Eldorado par les géants américains du jeu…
Néanmoins, il ne faut sans doute pas jeter la pierre à Shinzo Abe, car les estimations indiquent que « une douzaine de casinos pourraient générer, près de 16 Md€ de revenus par an ». Des revenus non négligeables donc pour l’économie du pays, pour le gouvernement, et un moyen de continuer à dynamiser l’activité touristique locale qui devrait exploser avec les Jeux olympiques de Tokyo en 2020.
Après Macao et Singapour, Tokyo deviendra-t-elle donc la troisième Las Vegas asiatique ?