Quel est le point commun entre Dietmar “Didi” Hamann, Max Kruse, Gerard Piqué, Keith Gillespie, John Hartson ou Paul Merson ?
Les amateurs de foot auront trouvé tout de suite : ce sont tous des footballeurs professionnels internationaux.
C’est exact !
Mais saviez-vous qu’ils ont aussi une certaine tendance (voire une tendance certaine) à jouer aux jeux d’argent, parfois plus que de raison ?
Joueurs dans d’autres domaines !
Alors que les footballeurs professionnels évoluant en Angleterre ne sont pas autorisés à parier sur les matchs de foot pour réduire les risques de triche/trucage de matchs, cela ne les empêche visiblement pas de devenir accros au jeu… dans d’autres sports.
Ainsi, le Britannique John Hartson fréquente assidûment les « joueurs anonymes » et il affirme qu’il continuera jusqu’à l’âge de 70 ans (il en a 41).
Le joueur d’Arsenal Paul Merson a révélé dans son autobiographie avoir eu « envie de se casser les doigts pour ne plus pouvoir téléphoner aux bookmakers » et Keith Gillespie, un ancien du Manchester United, aurait perdu plus de 7 M£ dans des paris compulsifs à 100 000 £ par jour !
Bien sûr, la nationalité britannique n’est pas une cause d’addiction, et de nombreux footballeurs du monde entier sont concernés. L’Allemand Dietmar Hamann par exemple, a perdu de grosses sommes en pariant sur des matchs de croquet, l’Espagnol Gerard Piqué joue régulièrement au poker (il participe régulièrement à l’EPT Barcelone, sans doute avec l’aval de son club... et de sa femme Shakira). Quant à Max Kruse (Allemagne) il a été condamné à une amende par son coach pour avoir oublié près de 71 000 € de gains au poker à l’arrière d’un taxi !
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Un comportement destructeur qui interpelle
Ces habitudes de jeu sont suffisamment autodestructrices pour avoir attiré l’attention du professeur Robert Rogers de l’Ecole de Psychologie de l’université de Bangor au Pays de Galles ainsi que celle des chercheurs des universités de Londres et d’Oxford.
Grâce aux interviews directes de onze footballeurs concernés et volontaires (toujours actifs ou pas), les scientifiques ont pu mieux cerner leur vécu, les causes du développement de ces problèmes de jeu et leur impact sur leur carrière et leur vie de famille.
Quelques éléments communs
Plusieurs causes potentielles ressortent en effet de ces échanges : tout d’abord une propension à jouer aux jeux d’argent plus élevée lorsque le sportif est blessé.
Un autre déclencheur semble être soit la mise à l’écart de l’équipe du joueur soit le prêt du joueur à un autre club ce qui l’éloigne de sa famille et de ses amis.
Mais d’un autre côté, il semble aussi que le jeu d’argent serve parfois d’exutoire face aux fortes pressions qui existent dans les milieux sportifs pro. Pour faire simple, Rogers pense que le sportif remplace l’excitation de sa présence sur le terrain par l’excitation provoquée par le jeu d’argent ! Et que ce qui n’est au départ qu’un loisir bascule facilement vers une addiction lorsque les joueurs sont vulnérables psychologiquement.
Pas facile de s’en sortir…
Certains d’entre eux ont eu le courage de reconnaître leur problème et de demander une aide extérieure ; d’autres ont pu compter sur leur famille attentive qui les a soutenus pour combattre leurs démons.
Mais d’autres encore ont continué à s’enfoncer…
Il faut dire que l’omniprésence des paris sportifs dans le monde du foot et le refus des joueurs concernés de reconnaitre la réalité de l’addiction (déni), n’arrangent pas les choses. Quant au problème des jeunes joueurs qui se mettent la pression pour se fondre dans la masse des anciens et se faire adopter dans un club, il n’est pas nouveau. Sauf qu’avant il était plus question de consommation d’alcool que de jeux d’argent.
Un rôle clé à jouer par les différents acteurs du monde du foot
Rogers est également persuadé que les clubs de foot ont une part de responsabilité parce qu’ils ne portent pas d’attention particulière à ces joueurs blessés, déracinés ou mis sur la touche, alors qu’ils sont fragiles psychologiquement.
Au contraire, ils devraient se montrer plus compréhensifs et plus les soutenir dans ces périodes de vulnérabilité. Enfin, il faudrait que l’addiction aux jeux d’argent dans le monde du foot soit reconnue comme un véritable problème, afin qu’elle bénéficie de toute l’attention des autorités compétentes… ce qui n’est pas le cas pour le moment malheureusement.
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Le footballeur Max Kruse refuse d’arrêter le poker (et le Nutella)
Malgré une amende et un blâme à l’automne dernier, l’attaquant de Wolfsburg refuse d’arrêter de jouer au poker... et de manger du Nutella.
(13/06/16 - par Matthew Showell)
Kruse est actuellement à Las Vegas pour participer aux World Series of Poker où il vient de passer tout près de sa deuxième table finale dans l'épreuve numéro 13 de Razz à 1 500$ (11è / 461), avant d’enchaîner sur le 2-7 Championship à 10 000$.
Kruse a commencé à avoir des problèmes au mois d’octobre, lorsqu’il a remporté 60 000 £ aux World Series of Poker Europe à Berlin et a oublié son prix à l’arrière d’un taxi.
Kruse a signalé l’incident à la police, mais l’argent n’a (évidemment) jamais été retrouvé.
Son club de football de Wolfsburg a alors infligé à Kruse une amende de 20 000 £, et un peu plus tard on a appris grâce à la BBC que le joueur allemand refusait également d’abandonner sa passion... pour le Nutella.
Kruse n’a manifestement toujours pas abandonné le poker, mais au moins il n’y avait pas de Nutella à cette table. Nous lui avons donc demandé s’il avait réussi à arrêter.
« Évidemment que non », nous a répondu Kruse. « Pourquoi je ferais ça ? J’aime le Nutella, et je vais continuer à être heureux en en mangeant. »
Son fils vivant en Floride, Kruse fait donc souvent l’aller-retour aux États-Unis et a déjà participé aux World Series of Poker.
Il a notamment terminé troisième d’un tournoi de 2-7 Draw en 2014, et atteint une place payée dans le PLO Championship à 10 000 $ en 2015.
Cette année il ajoute donc déjà une troisième place payée à son palmarès.
« J’adore jouer au poker », explique Kruse. « C’est une compétition contre les autres. Comme sur le terrain. »
Une grande différence entre le poker et les jeux d’argent
Étant en vacances, Kruse estime que sa participation aux WSOP ne devrait pas poser problème à son équipe, même si son club précédent lui avait déjà interdit de jouer au poker.
« J’ai quelques vacances. La saison dernière ne s’est pas très bien passée pour nous, donc j’apprécie de m’amuser en ce moment. Dans quatre semaines, on reprend et je ferai de nouveau de mon mieux », affirme-t-il.
Un cas qui n’est pas isolé, puisque dans les sports professionnels américains les joueurs ne sont souvent pas autorisés à participer à des jeux d’argent. Mais Kruse estime que le poker est très différent.
« Le poker n’a rien à voir avec le blackjack ou la roulette. Ce n’est pas une question de chance si on retrouve toujours les mêmes joueurs au meilleur niveau.
La stratégie est très importante au poker, et on en apprend beaucoup sur les gens. Au blackjack ou la roulette, il n’est question que de chance.
Alors que se préparer à une partie de poker, c’est comme se préparer pour un match de football. »
Kruse participait à nouveau à un gros tournoi des WSOP avec de nombreux pros, le 2-7 Draw Championship à 10 000 $ (event 16). Mais il n'aura pas fait partie des joueurs payés cette fois.
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