Le poker est-il : (a) un jeu stressant ; (b) un jeu que les gens pratiquent pour se détendre ; (c) les deux ?
Je prends la réponse (c). La vôtre peut être différente.
Pourquoi ?
De quoi va dépendre votre réponse ?
De votre façon d'appréhender le jeu, de l'importance de vos mises et de vos propres raisons pour vous asseoir et jouer à cette table.
Pour la plupart des gens, c'est un loisir. Ils jouent à la maison entre amis, vont de temps en temps faire un tour au casino du coin, ou allument l'ordinateur pour faire quelques parties en ligne.
Les mises sont en général basses, donc s'ils perdent ce n'est jamais grand chose, qui s'en rendrait compte ? Et s'ils gagnent, c'est tant mieux.
Par contre, augmentez les mises, ajoutez deux cuillerées d’ego démesuré, remuez bien, et vous verrez que tout change.
Perdre quelques dizaines de dollars contre un pote, c'est une chose. C'en est une autre d'être coincé dans une partie sans merci de No-Limit 10$/25$ au milieu d'une bande de gars munis de lunettes de mouches, sweats à capuche et regards maléfiques.
Du genre qu'on dirait qu'ils sortent d'une audition pour un remake de Les Joueurs.
Ce genre de situations produisent-elles du stress ? Bien sûr.
Cela peut-il affecter votre façon de jouer ? Absolument.
Quels effets peut avoir le stress sur votre jeu ?
Le stress affecte le corps, le cerveau et sa capacité à prendre des décisions.
L'une des principales sources de stress est la frustration, que vous ressentez quand : (a) vos objectifs sont compromis (vos trois derniers bluffs n'ont pas marché) ; (b) vous êtes dans une situation de pression constante (ça fait 5 fois qu'on relance votre c-bet) ; (c) vous n'arrivez pas à avancer (vous avez encore raté un tirage).
Et voilà, votre organisme part en vrille : poussée d'adrénaline, votre température corporelle joue aux montagnes russes, ... Ajoutez à cela un peu d'hypertension et toute capacité à raisonner disparaît.
Au poker, il est évident qu'enchaîner les mauvais résultats est agaçant et frustrant.
Mais sont-ils forcément sources de stress ? Engendrent-ils toujours ces changements physiologiques qui affectent votre façon de jouer ?
Le fait de planter une dizaine de tirages à la suite ferait monter la pression artérielle de beaucoup d'entre nous, mais pas de tous.
Certains trouvent ça vaguement énervant, à peu près autant que le bourdonnement d'une mouche. Oui, ils sont stressés, mais cela produit chez eux différentes manifestations émotionnelles.
Quelle est votre expérience émotionnelle ?
Dans le cadre d'une enquête effectuée il y a quelques années, on a administré à des étudiants une dose d'adrénaline en leur disant qu'il s'agissait d'un médicament pour booster leur capacité mémorielle, puis on leur a demandé d'attendre qu'elle fasse effet.
La moitié ont dû attendre dans une salle avec un mec plutôt marrant qui leur racontait des blagues, des anecdotes et faisait l'idiot, pendant que les autres attendaient avec un prof sinistre et déprimant.
Lorsqu'on les a ensuite interrogés, les étudiants du premier groupe ont déclaré que l'expérience avait été géniale, qu'ils avaient adoré.
Ceux du second groupe, en revanche, ont trouvé cela déprimant, désagréable, et ont même parlé d'effets secondaires déplaisants.
Même produit, mêmes effets physiologiques, expériences émotionnelles différentes.
Le bluff de sang froid : tension extrême ou zen attitude ?
Il y a quelque chose à retenir de tout ça.
Rappelez-vous la dernière fois que vous avez tenté un bluff pour un gros pot. Le cœur qui bat à 5000 à la seconde, la gorge serrée en attendant que votre adversaire se couche.
Pour certains c'est un moment zen, pour d'autres la pire des tortures psychologiques.
En général, on voit la différence à la réaction du bluffeur après que l'autre joueur a foldé.
Ceux qui n'ont pas de problème pour gérer leur stress se contentent de récupérer le pot, rien de plus.
Quant aux autres, il n'est pas rare de les voir réagir plus explicitement, qu'ils lâchent un soupir de soulagement, secouent la tête ou même se mettent à rire.
Ça, ce sont des gens qui ressentent le stress de manière plus intense que les autres.
La prise de risque est inhérente au jeu
Le jeu, de par sa nature, implique une prise de risque.
Le risque engendre du stress, que nous gérons tous de manière différente. Certains ont appris à le réguler de manière à ce qu'il n'ait qu'un impact minime sur leur organisme et que leur raisonnement ne s'en ressente pas.
Parmi ceux-là, on retrouve les véritables pros qui ont une très longue carrière et quelques très bons joueurs amateurs.
D'autres n'arriveront jamais à passer au-dessus de leur stress. On les retrouve quasi-exclusivement dans les parties à bas enjeux.
Et puis d'autres encore ne peuvent pas résister à ce rush d'adrénaline. Ils deviennent les Icare du poker, esclaves de leur addiction, s'envolent bien haut pour mieux retomber et disparaître du circuit.
Pas moyen d'éviter le stress, alors apprenez à le contrôler
Impossible d'éviter complètement le stress lorsqu'on joue au poker. Ce ne serait d'ailleurs pas souhaitable.
Ce qu'il faut c'est apprendre à l'identifier, le dompter, et arriver à le maintenir à un niveau raisonnable.
Le meilleur moyen d'arriver à cela est de rester dans ce qu'on appelle en psychologie sa « zone de confort ». Même les meilleurs le font.
Il y a quelques années de cela, Andy Beal, un milliardaire de Dallas, avait lancé un défi aux meilleurs joueurs du circuit, les invitant à jouer contre lui en heads-up pour des sommes astronomiques.
Beal et ses poches pleines de billets avaient un but bien précis : forcer les pros à justement sortir de leur zone de confort.
Pour contrer la tactique de Beal, les pros ont combiné leurs fonds, répartissant ainsi entre eux à la fois le stress et l'engagement financier.
Au final, ils ont réussi (enfin, surtout Phil Ivey) à renvoyer Beal au Texas plus léger de quelques millions.
Et au cas où de telles anecdotes vous fassent perdre le fil, je vous réserve une autre surprise : l'argent n'est pas le nerf de la guerre.
Bill Gates, une des rares personnes au monde qui aient les poches encore plus remplies que Beal, est un habitué du poker.
Gates pourrait participer aux plus grosses parties du monde sans que cela ait le moindre impact sur son compte en banque. Il est financièrement immunisé contre quoi qu'il puisse arriver.
Et pourtant il est bien connu à Seattle pour ne prendre part qu'à des parties à 10$/20$. Simplement parce qu'il ne se sent pas à l'aise au-delà.
Je doute qu'il soit conscient des mécanismes psychologiques derrière tout ça, mais il a complètement raison.
Il a trouvé sa zone de confort. Ce qui lui permet de rester en contrôle de son stress.
Ses décisions ne seront pas affectées et son jeu s'épanouira. Bien sûr, Bill joue pour se détendre.
Les conseils pratiques ?
- Savoir comment vous appréhendez la frustration et sa conséquence directe, le stress. Vous affectent-ils facilement ? Un petit peu de stress suffit-il à vous renverser comme un château de cartes ? Si oui, contentez-vous de jouer à un niveau moindre où la pression sera moins importante. Et si non, n'hésitez pas à passer au niveau supérieur en même temps que votre maîtrise du jeu augmente.
- Découvrez votre zone de confort, là où vous vous sentez bien, et ne laissez personne vous forcer à en sortir.
- Attention à ne pas devenir un de ces junkies de l'adrénaline. Profitez-en si vous en êtes victime, mais n'en soyez pas sans-cesse en quête. Vous vous en porterez mieux sur le long terme.
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Se pencher sur les effets physiologiques et psychologiques de la frustration et du stress, en particulier lorsque tout ne tourne pas au mieux à la table de poker, est la première étape..
Dans la première partie de cet article, nous nous sommes ainsi d'abord focalisés sur les différentes réactions au stress et sur quelques astuces simples pour essayer d'arriver à le gérer.
Ici, j'aimerais m'attarder un peu sur le phénomène du stress en lui-même, les émotions qui l'accompagnent, et analyser plus en détails ce qui se passe dans votre corps et votre tête lorsque vous êtes assis à la table de poker.
Oui, je sais ce que vous pensez, je recommence à jouer au prof. Je peux pas m'en empêcher. Mais ne partez pas si vite, vous pourrez peut-être en retirer quelque chose.
Pour commencer, deux points clés :
1. Le stress n'est pas forcément une mauvaise chose, ce n'est qu'une émotion comme une autre.
2. La même quantité de stress peut provoquer des émotions très différentes.
Bon, je sais, pour l'instant tout ça reste très énigmatique, mais ne vous précipitez pas pour cliquer sur « précédent ».
En fait, ce n'est pas si compliqué, et cela devrait vous permettre de développer de nouvelles stratégies pour mieux comprendre votre jeu ou pourquoi vous êtes meilleurs que vos adversaires dans certains contextes et pas d'autres.
Le stress n'est pas forcément une mauvaise chose, juste une émotion comme les autres
Comme je l'ai déjà fait remarquer, il est scientifiquement prouvé qu'un trop haut niveau de stress en continu n'est pas bon pour la santé. Les choses sont quand même un peu plus compliquées que cela.
Par moments, le stress s'avère être un excellent facteur de motivation. S'il est assez élevé, il peut pousser les gens à accomplir des choses qui paraissent inimaginables dans un contexte « ordinaire ».
Ainsi, on a vu des parents forcer des portes de voitures en flammes pour secourir leurs enfants et se rendre compte uniquement plus tard qu'ils avaient fait ça avec une jambe cassée.
Dans ces moments de forte pression émotionnelle, on peut arriver à faire des choses incroyables.
D'un autre côté, que penseriez-vous d'un neurochirurgien qui serait dans cet état là ?
Non, effectivement. Je veux quelqu'un d'euphorique pour sortir mon gamin d'une voiture qui brûle. Mais s'il est sur la table d'opérations, je préfère que cette personne soit calme et stoïque.
Et vice-versa, avoir le calme d'un chirurgien ne s'avère pas très utile en cas d'incendie en plein milieu de la route.
Pour que ce soit bien clair, imaginez que c'est le petit du chirurgien qui est dans la voiture.
Adoptez l'approche de Boucles d'Or
En psychologie, on appelle cela les « interactions ».
La façon dont le stress vous affecte dépend de (ou « interagit » avec) différents facteurs, par exemple la tâche que vous avez à accomplir.
Cela fait plus d'un siècle que l'on connaît l'interaction entre le stress et la difficulté de la tâche. On appelle cela la loi de Yerkes-Dodson, d'après les deux psychologues qui s'y sont penchés.
Un conseil ? Bien sûr. Agissez comme Boucles d'Or.
Comme l'héroïne du conte, vous devez arriver à ce que tout soit « juste comme il faut » : pas trop chaud, pas trop froid, pas trop mou, pas trop dur.
Si vous êtes toujours à fond, euphorique, constamment shooté à l'adrénaline, votre raisonnement sera bon à jeter.
À l'inverse, si vous êtes assis là sans aucune énergie ni motivation, il vous manquera l'agressivité nécessaire au poker.
Premier corollaire :
Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi des bons joueurs à 5$/10$ se plaignent parfois de ne pas arriver à gagner lorsqu'ils jouent en 1$/2$ ?
C'est probablement parce que leur niveau de stress est trop bas. Ils n'ont pas assez de pression. Ils s'en fichent.
Oh bien sûr vous les entendrez se plaindre des "one-outers", des victoires pas méritées ou de bluffs qui n'ont pas pris. Mais la réalité c'est qu'ils ne se sentent pas assez impliqués. Ce sont des chirurgiens devant un incendie.
Second corollaire :
Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi des bons joueurs à 5$/10$ se ramassent quand ils essayent de passer en 10$/25$ ?
Trop de stress. Trop de pression. Ils sont trop impliqués.
Oh bien sûr vous les entendrez se plaindre des gars qui relancent avec 4-3 ou de la chance qu'ont eu leurs adversaires, mais foncièrement, ils savent à quoi s'en tenir à ce niveau de jeu.
Le problème c'est que la pression émotionnelle est trop forte. Comme des secouristes en train de faire de la chirurgie.
Chose assez fascinante, il peut très bien s'agir du même joueur dans les deux cas.
Il connaît toujours aussi bien le jeu, peut toujours prendre de bonnes décisions. Si vous le lui demandiez, il vous expliquerait les changements tactiques qu'il doit faire. Mais malheureusement il n'y arrive pas. Il a perdu Boucles d'Or.
La même quantité de stress peut engendrer des émotions très différentes
Vous vous souvenez de cette expérience dont on a parlé dans la première partie de l'article ?
Si non, une petite piqûre de rappel. On a administré à des étudiants une dose de ce qu'ils pensaient être un nouveau médicament pour améliorer leur capacités mémorielles. En réalité (malheureusement un tel médicament n'existe pas), c'était de l'adrénaline.
Certains ont ensuite attendu dans une pièce en compagnie d'un mec drôle, qui racontait des blagues, organisait des jeux et s'éclatait, pendant que les autres attendait avec quelqu'un de mauvaise humeur, déprimé, et qui passait son temps à se plaindre.
Plus tard, ceux qui étaient avec l'amuseur de service étaient de super humeur et n'ont constaté aucun effet secondaire.
Les autres étaient déprimés, stressés, et ont déclaré avoir subi tout un tas d'effets secondaires.
Même substance, même dose, même physiologie. Environnements différents, interprétations différentes.
Petite leçon pour les junkies du poker
Il y a une leçon à tirer de tout ça, simple mais trop souvent sous-estimée.
La façon dont vous appréhendez vos émotions est aussi importante que les émotions elles-mêmes.
Imaginez que vous avez parcouru la moitié de la planète pour jouer contre plus d'un millier de joueurs pour remporter le gros lot d'un million de dollars, ou que vous effectuez votre pèlerinage à Vegas pour les WSOP, ou que vous avez été invité dans ce club new-yorkais underground où "Teddy KGB" vous attend en marcel.
Moi ? Je suis passé par tout ça, et à chaque fois avec un degré d'émotions intense.
Parfois je me sens euphorique, excité, j'ai tellement envie de jouer que je peux presque en sentir le goût.
Et puis d'autres fois je suis un peu moins optimiste, tendu, avec presque un sentiment de peur et cette petite voix dans ma tête qui me murmure « T'es pas à ta place, idiot ».
Je suis prêt à parier une pile de petits jetons rouges que tous autant que vous êtes vous vous en sortez mieux quand vous arrivez à transformer cette hyper-émotion en énergie positive.
N'oubliez pas Boucles d'Or
Conseil : la prochaine fois que vous et vos jetons vous retrouvez face à une bande de pros redoutables ou qu'il y a trois « bracelets » à votre table, pensez à Boucles d'Or.
Pas d'anxiété ou de peur, la poussée d'adrénaline n'est pas une pulsion de mort.
C'est de l'excitation, vous êtes au taquet, concentré et aussi précis que n'importe quel chirurgien.
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Conseils de pros : Jared Tendler explique comment gérer le stress
Votre cerveau vous fait défaut durant les grosses mains ? Pourl l'expert en psychologie du poker Jared Tendler ce n'est que de l'anxiété, que vous pouvez exploiter à votre avantage.
par Lee Davy
Hier soir, j'ai participé à un petit tournoi rebuy à 10£ dans le petit pub de mon quartier. J'ai regardé d'un œil amusé, et un brin gêné, mon ami effectuer 21 rebuys.
De la malchance ? Un bad beat (ou 21) ? Non. Il avait juste pété un câble.
C'est l'un des plus gros problèmes des joueurs amateurs, et cela vous coûtera probablement beaucoup plus d'argent que n'importe laquelle de vos faiblesses techniques.
J'ai donc décidé de demander au plus grand spécialiste du tilt de nous aider : l'auteur de The Mental Game of Poker et The Mental Game of Poker 2, Jared Tendler.
(voir aussi : Jared Tendler à propos du jeu optimal et du flow)
A propos de la Variance
« Beaucoup de joueurs qui se lancent dans le poker savent déjà ce que c'est de perdre, que ce soit en sport, aux échecs ou autre, » nous dit Tendler.
« Le jeu y est plus équitable. Au poker, il faut accepter qu'il y a une autre entité, en plus de vous et de vos adversaires, qui influe sur les résultats.
« On peut appeler ça la réussite, mais au poker on parlera plutôt de variance. La variance, c'est ce faux-rebond qui déviera un tir magnifique au football, par exemple.
C'est comme s'il y avait quelqu'un de complètement fou, sans aucune notion de la réalité, qui influençait les résultats. Et si vous ne faites pas l'effort de comprendre la variance, c'est vous qui en deviendrez fou. »
Maintenant qu'on sait à peu près ce qu'est la variance, comment faire pour mieux la gérer et éviter qu'elle n'influence les résultats plus que ce n'est déjà le cas ?
« Pour les débutants, la meilleure chose à faire pour gérer la variance est d'essayer de voir à quels moments elle a eu le plus d'influence, à quels moments ils étaient favoris mais ont perdu. »
Archiver et analyser
On dit souvent qu'on ne peut pas gérer ce qu'on ne peut pas mesurer. Alors si vous voulez franchir un palier, vous seriez bien avisé de commencer à garder une trace des mains que vous jouez et à les analyser.
« Concentrez-vous sur les fois où vous aviez un avantage qui a été neutralisé par des facteurs indépendants de vous et de vos adversaires » explique Tendler.
« C'est particulièrement facile à voir lorsque vous êtes all-in. Si vous êtes en meilleure position au moment d'aller au tapis mais que vous perdez, alors il ne s'agit que de la variance.
Ensuite, vous pouvez essayer de voir la situation inverse. Combien de fois étiez-vous en mauvaise position mais avez-vous gagné ? »
On a donc bien compris qu'on n'a aucun contrôle sur la variance et qu'elle est complètement indépendante de notre niveau de jeu. Mais alors, que faire pour identifier mes points faibles et les travailler ?
« Les joueurs aiment utiliser 'l'EV all-in' (Expected Value) pour déterminer s'il sont plutôt chanceux ou malchanceux. Mais ce n'est qu'un point de départ. Beaucoup de joueurs, même très expérimentés, ont tendance à trop s'appuyer sur cette donnée en particulier. Ils en font un pur indice de chance et ils ont tort. »
Apprendre à perdre
« La plupart des gens détestent perdre, mais en tant que joueur de poker, autant vous y habituer, parce que ça va arriver souvent.
Il faut accepter la défaite, ce qui ne veut pas dire l'accepter sans en tirer de leçons. Il ne faut pas être trop passif.
Analysez votre partie, essayez de voir si vous avez pris les meilleures décisions, et apprenez à concentrer votre énergie sur la prise de décisions plutôt que sur la valeur absolue de vos résultats. Les résultats peuvent être trompeurs car la chance y tient une place conséquente. »
Et les gains ?
« Les gains sont bien évidemment importants, il ne s'agit pas de ne pas les prendre en compte. Simplement, il ne faut pas que ce soit la seule mesure de votre succès (ou non).
Ce que je vous conseille, c'est d'analyser toutes les mains qui vous ont semblé compliquées ou pas très claires. En ligne, si vous mettez plus de 10-15 secondes à prendre une décision, vous aurez besoin d'analyser cette main à posteriori. Il y a forcément quelque chose à en apprendre.
Même si vous avez pris la bonne décision, l'analyse ne peut que vous servir. »
Gérer le stress
« Il est également essentiel que les débutants apprennent à gérer leur stress » poursuit Tendler.
« On n'en parle encore pas assez, en partie parce que ça arrange beaucoup de monde que les joueurs aient du mal à gérer cela.
Par exemple, quand vous avez l'impression que votre cerveau est vide et que vous n'arrivez plus à réfléchir, il est important d'être conscient que c'est une question de stress. »
Une fois qu'on sait identifier le stress, comment mieux l'appréhender et éviter qu'il n'influence trop notre jeu ?
« Tout dépend de ce qui cause ce stress. La peur de l'échec ? De faire des erreurs ? D'avoir l'air bête ? Faites un travail d'introspection, soyez honnête avec vous-même. Si vous avez conscience de vous-même, vous pourrez essayer de progresser.
L'avantage des débutants, c'est qu'en général leur stress est minime. C'est pour ça qu'il faut justement s'y attaquer à ce moment-là, avant qu'il ne prenne trop d'ampleur. Cela permettra d'éviter beaucoup de problèmes à long terme et d'avoir un progrès plus linéaire, sans trop d'aléas.
Attention tout de même à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Le stress et l'excitation sont deux faces d'une même pièce, donc une petite dose de stress peut également servir de motivation à bien jouer.
Dans le sport de haut niveau, il est évident que ce mélange de stress, de nervosité, d'excitation et d'adrénaline permet de se dépasser et est un élément essentiel des meilleures performances.
Le stress n'est donc pas négatif, tant qu'il reste à un niveau raisonnable. Il faut simplement être honnête avec soi-même, ignorer le problème ne pourra que faire empirer la situation. Ignorer un problème ne l'a jamais fait disparaître. Beaucoup de mes clients viennent me voir parce qu'ils ont complètement bloqué leurs problèmes et qu'ils finissent par leur exploser au visage.
Ils ne sont pas conscients que le fait de bloquer toutes ces petites anxiétés finit par créer d'énormes problèmes à long terme. »
La conscience de soi, c'est la clé ?
« Absolument » déclare Tendler. « Ayez la pleine conscience de ce que vous ressentez, sachez pourquoi vous faites ce que vous faites. N'arrêtez jamais de réfléchir.
Je pense que c'est un des domaines dans lesquels mon livre peut être très utile aux débutants, il peut leur permettre de devenir conscients d'eux-mêmes.
Ils ont ainsi un aperçu de problèmes auxquels ils n'ont même pas encore été confrontés, et qu'ils pourront peut-être même éviter.
En tant que débutant, il peut également être intéressant de vous pencher sur vos expériences passées : sports, relations humaines, travail, etc. Le stress a-t-il joué un rôle important dans votre vie ?
Si vous avez déjà eu des problèmes avec le stress par le passé, il est fort probable que ceux-ci resurgissent dans le poker si vous n'avez rien fait pour les régler. »
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ASMR : 3 vidéos de techniques de relaxation pour le poker
Voix basse , bruits légers, tapotements et murmures... Pour se relaxer et trouver la paix intérieure : voilà ce qui se passe quand le poker est mixé avec la technique d'ASMR.
par Francesco Esposito
Nous avons déjà évoqué les techniques d'ASMR et comment elles sont utilisées au poker.
Pour ceux qui l'ignorent, l'Autonomous Sensory Meridian Response (en français : réponse automatique des méridiens sensoriels) est une technique de relaxation guidée essentiellement basée sur une série de sons légers et de chuchotements. Ceux-ci sont censés créer les conditions optimales pour pouvoir dissoudre toutes les tensions. Parfois, on utilise aussi des sensations tactiles.
A ce stade, une question se pose : comment le poker, qui est un jeu basé sur la tension et sur l'adrénaline, peut se servir des techniques d'ASMR ?
En fait, il suffit de faire un tour sur le net pour trouver des dizaines de vidéos relatives à l'ASMR et au poker, dont les principales caractéristiques sont : la caméra fixe, les protagonistes qui parlent lentement et à voix très basse, les sons et les effets acoustiques clairs et distincts, et enfin des jetons et des cartes à jouer.
Les jetons et les murmures
Dans la vidéo The Sounds of Poker par « Eddie ASMR », on peut voir un garçon tenter d'expliquer les règles du jeu à partir d'un set de poker.
Contrairement à sa voix basse et plate, d'autres types de bruits ont été accentué à dessein, en particulier celui des jetons.
Et la vidéo se poursuit pendant plus d'une heure.
La vidéo suivante où l'on voit interagir Jon Corrina Rachel et Joy Scola est produite par Psychetruth, une société qui s'intéresse aux bénéfices de la psychologie sur le corps et sur l'alimentation.
Contrairement à d'autres vidéos d'ASMR dans lesquelles il n'y a qu'une seule personne (et parfois même aucune) en face de la caméra, ici nous retrouvons un échange entre deux filles, où l'une essaie d'apprendre à l'autre à jouer au poker.
Les amateurs de Texas Hold'em peuvent cependant tourner le dos à un tutoriel de ce genre, non seulement à cause de sa lenteur, mais aussi et surtout parce que malgré le titre de la vidéo, nos deux présentatrices se délectent en réalité du Blackjack.
La chaîne « ASMRrequests » est certainement beaucoup plus populaire avec ses millions de vues sur Youtube. La belle Ally y produit des vidéos d'ASMR essentiellement à la demande de ses suiveurs.
Ici la youtubeuse utilise des effets floutés avec la caméra, des murmures, et des bruits divers via les jetons et même... des cartes de poker géantes.
L'ASMR peut-il être utile pour les joueurs de poker ?
Il devient vite évident que ces tutoriels vidéo n'ont quasiment rien à voir avec le poker. Mais il est indéniable qu'ils peuvent vous aider à vous relaxer, d'autant que les bénéfices de l'ASMR ont été démontrés par plusieurs études.
Regarder ces vidéos peut ainsi être utile autant pour les joueurs en ligne que pour les amateurs de live pour plusieurs raisons.
Habitués à jouer à des horaires absurdes et à avoir un rythme de vie souvent décalé, les joueurs de poker en ligne peuvent profiter de ces vidéos pour lutter contre l'insomnie et réguler leur sommeil.
Un autre avantage est que les sons caractéristiques d'une salle de poker, comme ceux du frottement des cartes ou des jetons, peuvent ainsi être associés à un état de relaxation et donc contribuer à améliorer la performance une fois en situation de jeu en live.
Faites un essai et dites-nous ce que vous en pensez !
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Le poker réducteur de stress selon une étude ?
Selon une étude d'une Université canadienne, le poker pourrait cependant également aider à réduire le stress.
Qui l'eut crû ? Alors que de nombreux articles stratégiques conseillent (à juste titre) de prendre garde au tilt et d'aller prendre l'air en cas de premiers symptômes de ras-le-bol psychologique, une Université du Canada viendrait de faire paraître les résultats étonnants de l'une de ses études. Celle-ci se serait attachée à mesurer le niveau de cortisol de sujets engagés dans une partie de poker.
A l'instar de l'adrénaline, cette autre hormone du stress ne se trouve bénéfique que sur le court terme, ou dans le cadre de ses cycles normaux de production (secrétée par le cortex de la glande surrénale, elle participe notamment au maintien énergétique du corps et à la régulation de certaines de ses fonctions tout au long de la journée).
Passé cela, une production élevée et continue peut se montrer néfaste, toxique pour le cerveau, et peut même faire apparaître des immunodéficiences avec infections.
Alors qu'une précédente étude avait déjà conclu que le jeu en ligne était bénéfique pour notre encéphale, les résultats de cette supposée étude auraient cette fois démontré que le niveau de cortisol des individus avait décru au fur et à mesure du déroulement du jeu. Le poker serait donc un facteur réducteur de stress !
Toujours selon cette -hypothétique- étude, les sujets sélectionnés devaient jouer à la table de poker tandis que les chercheurs mesuraient leur niveau de cortisol, à intervalles réguliers du jeu, les mesures faisant finalement apparaître que ce taux avait baissé de 17% entre le début et la fin de la partie.
Selon l'équipe des chercheurs, la raison pour laquelle l'hormone se trouve réduite tient en ce que les joueurs doivent se concentrer sur le jeu, leur permettant d'oublier leur vie quotidienne.
D'un point de vue général, il est couramment admis que tout passe-temps permettant aux individus de faire évader leur esprit et de penser à autre chose est toujours bénéfique en ce sens. Mais voilà tout de même ici un bel argument scientifique (?) à l'usage des amateurs de poker face à ses détracteurs !
F.G.