Le match de kick-boxing tant attendu entre ElkY et Lex Veldhuis de la Team PokerStars a enfin eu lieu à Marbella en Espagne. Revivez le match en vidéo, et retrouvez également une interview pour mieux connaître le joueur néerlandais.
Sous les yeux attentifs d’un arbitre professionnel et de juges, le combat prévoyait 5 rounds de 3 minutes chacun et deux paires de gants en guise de protection. Mais c’est au début du 2ème round qu’ElkY a encaissé deux coups de pied portés à la tête, dont un violent high-kick à la tempe qui l’a laissé KO. Fin du match.
C’est aussi la fin d’un long feuilleton qui avait débuté en 2009 - comme un simple pari - lorsque Bertrand Grospellier avait provoqué son pote "RaSZi", lui aussi ancien pro du jeu vidéo Starcraft : « Tu ne peux pas me battre, je suis ElkY ! ».
Après plusieurs reports, faute d’entraînement des deux intéressés notamment, le combat s’est finalement déroulé en public et filmé pour rajouter du piment, car « […] se faire botter le cul en public rend les choses un peu plus tendues. »
Deux ans plus tard, et malgré une préparation sportive intense d'un an, il est clair que Bertrand s’est trompé... Il faut dire aussi que le Néerlandais avait déjà une expérience des sports de combat, et boxeur émérite.
Avant le combat, le Français confiait :
"Je pense que son plus gros avantage est son allonge. C'est définitivement ce que j'aurais de plus dur à contrer.
De son côté, bien que son adversaire se soit entraîné en Thaïlande, Veldhuis restait sans doute le plus confiant :
"C'est vrai que la Hollande est l'un des pays où les hommes sont les plus grands. Mes gênes m'ont donné une bonne allonge, ça aide. (...) La Hollande se comporte bien en kickboxing, mais ce n'est pas comme en Thaïlande où il fait vraiment partie de la culture."
Dommage en revanche que Lex se soit permis quelques coups de genoux peu réglementaires (la nuque tenue), au grand étonnement de notre Français, alors que ceux-ci avaient été proscrits. Manifestement le Néerlandais n'avait pas besoin de ça...
Un jour une revanche ?
C’est donc sans surprise que la meilleure coordination de Lex aura eu raison du courage d’ElkY, même si les deux joueurs bénéficiaient d’une cote presque identique auprès de leurs amis et adversaires de poker, qui n’ont pas raté cette occasion pour parier !
Outre le prestige de la victoire, le vainqueur a également délesté le perdant d’environ 75 000 euros. Ce qui était bien loin des préoccupations premières de notre champion péroxydé : "Je n'ai vraiment pas envie de perdre contre lui. J'aurais trop honte."
Mais ElkY vient donc malheureusement de l’apprendre à ses dépens : on ne peut pas être le premier partout ! Mais sachant les deux hommes joueurs, qui sait quelle forme prendra leur prochain défi ?
Revivez le combat intégral en vidéo :
Lex Veldhuis : "C'est vraiment une vie de rêve"
Interview initialement publiée en novembre 2012
Entre les high-rollers à Vegas lorsqu'il n'était encore qu'un tout jeune joueur professionnel, les parties à super hauts enjeux à la télé et ses tentatives de bluffs alcoolisés contre Phil Ivey, on peut dire que Veldhuis a son lot d'anecdotes croustillantes.
Depuis, il a un peu grandi, beaucoup mûri, et il sait ce qui est bon pour lui, pour sa santé et pour son jeu. Son emploi du temps est d'ailleurs très serré et sérieux. Enfin en théorie.
Dirk Oetzmann, notre collègue chez PokerListings Allemagne, a eu la chance de l'interviewer lors de la récente étape de l'EPT à San Remo. Il a évoqué sa carrière, ses parties folles de No-Limit Omaha, ses insomnies, les casinos un peu louches, et beaucoup d'autres choses.
Combien de temps à l'avance ton emploi du temps est-il établi ?
Je me concentre sur les tournois de l'EPT, parce que ce sont mes priorités. Et puis les WSOP, bien sûr.
Mais en dehors de ça, non, je ne m'y prends pas vraiment à l'avance. Je regarde le programme des deux prochaines semaines et je décide où je vais.
Mais comme je joue principalement en cash game, je ne voyage pas tant que ça.
En parlant de cash games justement, passes-tu toujours la majorité de ton temps à Las Vegas ?
Non. Je joue principalement en ligne sur PokerStars. Ma petite amie Evelyn Ng et moi venons de quitter notre maison à Vegas pour déménager à Toronto, donc c'est là-bas que je passe la plupart de mon temps.
Avant le Black Friday, je passais une bonne moitié de l'année à Las Vegas. Je jouais parfois en ligne, parfois en live, selon mes envies.
Maintenant, je joue surtout des tournois européens, il y en a des pas mal en Hollande par exemple, et des canadiens.
Depuis quelques temps il y a des parties d'Omaha en cash game complètement dingues à Toronto. Ils jouent en No-Limit Omaha à 5/10$ ou 10/20$ et c'est vraiment de la folie là-bas.
En No Limit Omaha ?
Oui, ce n'est pas commun, mais en fait c'est plutôt sympa quand tu es doué en maths pour calculer les équités, parce que la moindre erreur peut être sévèrement punie.
D'ailleurs honnêtement, je suis toujours en train d'apprendre, c'est parfois difficile pour moi.
Mais l'idée-même d'un NLO n'est-elle pas absurde ?
Ça le serait s'il n'y avait que de très bons joueurs autour de la table, ils se neutraliseraient.
Un gars ferait par exemple un 4-bet avec AAxx pour la moitié de son stack, histoire que l'autre, avec 10-8-7-5 par exemple, ne puisse pas suivre.
Mais avec des joueurs moins bons, c'est un jeu de fous avec des tapis profonds de malades vu qu'ils ne jouent qu'à 5-10$ ou 10/20$.
Pour beaucoup de débutants, tu vis un rêve éveillé : jeune, brillant, vivant à Vegas. Est-ce le cas ?
Je ne sais pas si c'est un rêve éveillé, mais en tout cas c'est ma vie de rêve à moi. Bon, ce n'est pas non plus aussi fou qu'il n'y paraît.
J'essaye de mener une vie saine et stable, histoire de compenser les fois où je pars en vrille. Genre quand je participe au Big Game ou à High Stakes Poker, où quand il y a un tournoi sympa à Vegas.
J'essaye de garder mon énergie pour ces parties-là. A côté j'essaye d'apprendre le PLO et je grinde beaucoup sur internet, donc je dois gérer les hauts et les bas.
J'ai appris des meilleurs. Parfois, je négligeais complètement ma santé, je jouais toute la nuit, ou même tout un week-end, sans dormir. Je ne pensais pas à ce que je faisais, je voulais TOUT faire.
C'est là que ma santé s'est détériorée. J'ai commencé à avoir des allergies, j'ai fait de l'insomnie, des tas de trucs. D'ailleurs je n'ai jamais pu me débarrasser de ces allergies. Je ne peux digérer ni la bière, ni le fromage, ni le chocolat, ni le café, ni le raisin. En gros, tout ce qui est un peu fort, mon corps le rejette.
C'est pas dramatique, je n'aime pas spécialement la plupart de ces aliments, sauf la bière bien sûr, mais tout ça c'est la conséquence de mon ancien train de vie. Ça m'a vraiment secoué.
Je me suis mis au sport, notamment au kickboxing pour mon combat contre ElkY. Je fais du sport 5 ou 6 fois par semaine, et je me sens beaucoup mieux.
Et lorsqu'il y a une longue séries de tournoi, j'ai assez d'énergie pour tenir plusieurs semaines sans craquer.
Il y a pas longtemps, Phil Ivey a gagné des millions des Livres en jouant au Baccarat à Londres, et le casino a refusé de le payer. Il t'est déjà arrivé le même genre de choses ?
Il y a déjà des gens qui ont refusé de me payer, oui. (rires) Les casinos sont toujours un peu réticents à te payer.
Au craps ou au Blackjack surtout. Ils te proposent un jeu, et dès que quelqu'un comprend comment gagner, on dit que c'est de la triche, alors que c'est une question de talent.
Ça ne veut pas dire que Ivey a compris comment gagner au Baccarat, faut pas pousser, c'est quand même principalement un jeu de hasard. Il a juste eu de la chance. Mais le truc, c'est que si quelqu'un perd 20 millions, ils s'en foutent.
Ils ne lui disent pas "Oh, désolés, c'est la première fois que cela arrive, il doit y avoir un problème, on va vous rendre 5 millions."
Ça ne m'est jamais arrivé personnellement. Déjà parce que je ne joue pas tant que ça, et ensuite parce que je n'ai jamais gagné grand chose. Donc en général, ça se termine juste avec une poignée de mains et quelques verres gratuits.
Tu es déjà allé jouer à Macao pour les parties en high-stakes ?
Non, je n'ai jamais mis les pieds à Macao. Je suis assez content de ma vie actuelle, je fais ce que je veux.
Et puis pour pouvoir participer à ces parties, il faudrait que je grinde non-stop. Il me faudrait une bankroll suffisant.
Et ça ne m'intéresse pas du tout de passer deux semaines à jouer des parties merdiques à 5/10$ pour en jouer une bonne à 100/200$ à Macao.
Ça ferait du poker un boulot plutôt qu'un plaisir, et c'est pas mon truc.
On ne devrait jouer en live que si les parties sont vraiment amusantes, ou excellentes. Et pour ça, il y en a assez ici.
Y'a qu'à voir ce qui arrive à beaucoup de jeunes joueurs. Des gars pleins d'énergie qui viennent à Vegas pour grinder, et un an plus tard tu les retrouves aigris et tristes. Ils prennent les choses trop au sérieux.
Ils sont sur une mauvaise pente. Je sais ce que c'est, ça m'est arrivé aussi. Par moment, je ressemblais à un fantôme.
Et ça n'avait rien à voir avec le poker. C'est une question de responsabilités. Ces jeunes se débrouillent tout seuls pour la première fois de leur vie, ils ont de l'argent, au début en tout cas, et ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
Quand j'ai commencé, j'ai arrêté de faire du sport, je ne dormais plus régulièrement, je n'avais aucune contrainte. Et j'ai fini fauché.
Même quand on a de l'argent, prendre soin de soi est plus difficile qu'on ne l'imagine.
D'un autre côté, certains ont du succès et vivent sainement. Pour moi, le plus important c'est de m'amuser, donc je préfère jouer 20 tables à la fois pendant une heure qu'une seule table pendant 20 heures.
Vas-tu jouer sur Full Tilt quand le site aura redémarré ?
Vous allez penser que c'est parce que c'est PokerStars qui me sponsorise, mais j'ai toujours préféré leur logiciel, et je n'ai quasiment jamais joué ailleurs. C'est le seul logiciel qui permet de jouer en multi-tables correctement, et c'est un site de confiance.
J'ai entre 5 et 6 millions de mains à mon actif sur PokerStars. Sur les autres sites cumulés, à peine 100 000. Même s'ils me viraient demain, je continuerais à jouer chez eux.
Tu as déjà joué sur Full Tilt ?
Quelque fois, oui, mais jamais sérieusement. J'ai joué contre Ivey de temps en temps, quand j'étais bourré.
Tu as joué contre Ivey, pas sérieusement et bourré ?
La nuit, par hasard, il ne se passait rien, je flânais et "oh, y'a Ivey", et hop.
Une fois, je me souviens, j'étais avec un pote et on jouait contre Ivey, et j'ai bluffé sur un checkraise à la river.
Y'avait ces sons spéciaux quand l'autre suit ou se couche, et on était là à se cacher les yeux en priant pour entendre celui qui voulait dire qu'il se couchait. Imagine le soulagement quand c'est arrivé. Quelle histoire de fous.
Toujours une histoire d'argent et d'irresponsabilité ?
Oui, je suppose.
Et si tu n'étais plus sous contrat avec PokerStars, ça ne t'intéresserait quand même pas de faire partie de Full Tilt ?
Si je devais chercher un nouveau sponsor, beaucoup de choses entreraient en jeu, mais si je devais grinder pour gagner ma vie, je le ferais sur PokerStars.