James Christopher « Tito » Ortiz est l’une des plus grandes stars du MMA (Mixed Martial Arts). Mais il sait aussi distribuer les mandales au poker, comme il vient de le prouver au Panama.
« C’est mon père qui me surnommait comme ça quand j’étais petit », explique-t-il. « Tito veut dire « tyran », et j’étais un gamin assez dur. »
Aujourd’hui, Ortiz mène une vie d’homme d’affaires et de papa comblé (de 3 garçons).
« J’en ai un de 14 ans, et des jumeaux de 8 ans. Ils font tous de la lutte. J’essaye de tout faire pour qu’ils aient une vie saine et une bonne approche. »
Il a encore quelque temps, Ortiz combattait encore dans une cage. Le 21 janvier, il remportait son dernier combat et prenait sa retraite.
Aujourd’hui, il est à la recherche de nouveaux défis, et le poker en fait partie.
Invité d’honneur du PokerStars Championship Panama ces derniers jours, son premier tournoi majeur s’est extrêmement bien passé puisqu'il a terminé 22è sur 366.
Nous avons pu le rencontrer pour parler de tout ça.
Tu as fait une sacrée performance pour ton premier tournoi. Es-tu vraiment si bon que ça ?
J’apprends vite. Felipe Ramos m’a aussi un peu aidé hier. Il m’a donné quelques-uns de ses secrets. J’ai suivi ses conseils, et ça m’a plutôt bien réussi.
C’est aussi une question d’instinct, surtout que je joue beaucoup au blackjack depuis 20 ans.
En ce qui concerne le poker, je joue depuis quatre ou cinq ans. Plus je joue, plus je m’améliore. J’ai réussi à devenir champion du monde de lutte, alors qui sait jusqu’où j’irai ?
Si je consacre assez de temps au poker, peut-être que je pourrai devenir à nouveau champion du monde.
Peut-être que tes adversaires avaient peur de relancer, vu ta carrure.
Je ne crois pas. Au contraire, j’ai eu l’impression que beaucoup de joueurs essayaient de tout faire pour montrer qu’ils étaient meilleurs que moi, mais ça n’a pas marché.
Qu’est-ce que t’a dit Felipe Ramos ?
De faire attention aux joueurs serrés. Ils sont sérieux et ne bluffent pas. De toute façon, il y a très peu de bluffs dans un tournoi comme celui-ci.
Tout le monde essaye de bien jouer ses bonnes mains, et ce sont ceux qui y arrivent le mieux qui dominent.
Qu'est-ce que tu aurais fait si tu n'avais pas été champion de MMA ?
Probablement coach de lutte dans un lycée, et prof de recherche. J’aime bien aider les jeunes et me rendre utile.
J’ai toujours beaucoup admiré les profs et les coachs qui m’ont aidé tout au long de ma carrière. Après 20 ans passés dans le MMA, je veux me consacrer à la prochaine génération.
Je veux aussi que mes enfants aient des opportunités que je n'ai jamais eues. Je veux qu’ils soient des hommes, pas des gamins. Et je veux être le meilleur père possible, parce qu’il n’y a pas de deuxième chance.
Quels autres sports t’intéressent ?
Je suis le hockey. Le poker, un peu, surtout pendant les World Series. Je regarde aussi le Super Bowl.
En hockey, je suis les Ducks et les Kings.
Qui sont tes joueurs de poker favoris ?
C’est évidemment celui qui m’a le plus aidé : Felipe Ramos. Il m’a accordé tellement de temps, sans rien attendre en retour. J’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé un ami.
Tu penses qu’on te retrouvera bientôt sur le circuit ?
C’est bien possible. Mais les tournois prennent du temps, et moi j’ai un trouble de l’attention. Je passe d’une chose à l’autre. J’écoute de la musique pour me calmer, d’ailleurs Felipe m’a confirmé que c’était une bonne idée.
Mais PokerStars peut me réinviter, je serais ravi de jouer à nouveau. Ils ont toujours fait preuve d’énormément de respect envers moi. Un vrai VIP.
Passons aux choses sérieuses : Mayweather vs McGregor, qui va gagner ?
Mayweather par KO au deuxième round. Il va forcément mettre McGregor KO.
Est-ce que ça a du sens de comparer les deux sports ?
Non. Les gens n’ont pas l’air de comprendre que ce n’est qu’une question d’argent. Ce combat, ce n’est que du business.
Imaginons que Floyd gagne. C’est ce qui est censé se passer. Ensuite, McGregor va lui demander de venir se battre dans la cage.
Et Mayweather répondra que non, il est boxeur. Et ce sera tout. Conor aura gagné 10 millions, Floyd 100 millions, et basta.
Qu’est-ce que McGregor a à gagner là-dedans ? S’il gagne, il aura "juste" battu un boxeur retraité.
Il a tout à gagner. Aucun combattant de MMA n’est jamais entré sur un ring pour combattre un champion de l’envergure de Mayweather. Mayweather est le meilleur boxeur de l’histoire.
Je suis la carrière de Mayweather depuis le début. À une époque, je pensais qu’il n’était pas si bon que cela. Mais il faut bien reconnaître qu’il est devenu intouchable. Même Manny Pacquiao n’arrivait pas à le toucher.
C’est le meilleur, c’est tout. Personne n’arrive à le toucher. Donc Conor n’a rien à perdre. S’il perd, il aura perdu contre le meilleur boxeur de l’histoire. Et s’il le bat, alors il aura réalisé un exploit.
As-tu déjà envisagé de combattre un boxeur ?
Oui, James Toney, à l’époque. Mais on aurait fait ça au MMA, pas en boxe.
Je suis un lutteur dans l’âme. Je n’aime pas me prendre des pains. Enfin si quelqu’un aime ça, c’est qu’il est idiot.
Moi j’ai toujours tout fait pour rester intact, et après 20 ans de MMA, je peux dire que je n’ai aucune séquelle.
Au plus haut niveau du MMA, c’est très serré. J’ai combattu les plus grands combattants du MMA. J’ai perdu contre eux, j’ai fait match nul contre eux, je les ai battus aussi.
Au final, l’objectif était de devenir une référence dans le domaine, et j’ai réussi. On a tous travaillé dur. L’essentiel c’est de se lever le matin avec le sourire.
Le matin de mon dernier combat, je me suis réveillé avec un grand sourire. Je suis descendu avec mon fils. Il pleurait, mais je lui ai dit de ne pas s’inquiéter.
En deux minutes et cinq secondes, le mec était à terre. Puis j’ai pris mon fils avec moi, et je suis parti comme un prince en remerciant mes fans.
D.O.
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Tito Ortiz : « J'ai toujours su résister à la pression »
Ancien champion UFC des poids mi-lourds, Jacob "Tito" Ortiz a évoqué au PCA qui se tient actuellement aux Bahamas le contrôle positif de Jon Jones à la cocaïne, les combats et bien sûr le poker.
(seconde interview par Alexander Villegas, publiée en janvier 2015)
L'événement a été annoncé il y a longtemps, mais la question que tout le monde a à la bouche n'existait pas il y a encore 5 jours, avant l'annonce du contrôle positif à la cocaïne de Jon Jones, champion UFC des poids mi-lourds.
Jones a défendu son titre avec succès face à Daniel Cormier il y a un peu plus d'une semaine, mais il a été contrôle positif à la cocaïne avant le combat. Il va entrer en cure de désintoxication.
« J'en suis bouche-bée, j'ai appris ça ce matin », nous confiait ces derniers jours Ortiz.
« Je n'arrive pas à comprendre qu'un athlète professionnel se mette dans cette situation alors qu'il fait partie des plus grands champions de ce sport. »
Ortiz : « À lui de réagir en homme et de prendre soin de lui »
Ortiz lui-même a eu des problèmes de drogues dans sa jeunesse, ses deux parents étaient même toxicomanes. Ortiz a réussi à se sortir de ce cercle vicieux grâce à la lutte, qu'il a commencé à pratiquer au lycée.
Il a continué la lutte au niveau universitaire avant de se lancer dans une belle carrière dans l'UFC.
Et il a été soumis aux mêmes tentations que Jones, sans y succomber.
« À lui de réagir en homme et de prendre soin de lui », poursuit Ortiz. « J'ai été à la place de Jones, mais j'ai toujours su dire non. J'ai toujours su résister à cette pression. »
Or lorsque Ortiz se prépare pour un combat, il ne fait que cela.
Combats et tournois de poker
Dans les trois mois précédant un combat, Ortiz ne fait pas la fête, ne boit pas et ne pratique aucun autre sport pour ne pas augmenter les risques de blessures.
Son programme consiste à se lever, emmener ses enfants à l'école, faire une sieste puis s'entraîner de 11h à 19h.
« Si tu veux être professionnel, il faut se comporter comme tel », affirme t-il. « Dormir, manger, s'entraîner, prendre des vitamines. La fête, c'est après le titre. »
Et quand Ortiz célèbre un titre, c'est en général avec quelques verres et un peu de jeu. Mais avant un combat, Ortiz estime que rien n'est pire que l'alcool. L'alcool ne permet pas au corps de bien se reposer et fait commencer la journée mal plutôt qu'en forme.
Et pour lui, cela est valable dans tous les domaines, dont le poker :
« La fête, c'est après la victoire. »
Avant cela, tout est une question de préparation. Et seule une bonne préparation permet d'obtenir de bons résultats.
« Rien n'est jamais facile, mais bien se préparer permet de se faciliter la tâche. Les combats, c'est facile, très facile. C'est tout l'entraînement pour en arriver là qui est difficile. »
La clé du succès ? La répétition
Outre l'aspect purement physique de l'entraînement, Ortiz estime que la répétition est également importante.
« Répéter les mêmes mouvements encore et encore permet de créer des réflexes et d'apprendre à réagir. Il faut arriver à ne plus penser à ce que vous faites. »
Pour Ortiz, cela est également valable pour le poker et c'est précisément pour cette raison qu'après avoir fini de jouer ce jour-là, il est tout de suite monté dans sa chambre pour jouer en ligne. Et si ses compétences en poker ne sont pas à la hauteur de ses qualités de combattant, il fait tout pour continuer à progresser.
Après tout, il est déjà arrivé jusque là. Car en effet, si le PokerStars Caribbean Adventure a accueilli Ortiz à bras ouverts, il n'a pas été invité. Il a bel et bien gagné sa place à ce PCA 2015 en remportant un tournoi caritatif auquel participaient 200 joueurs.
Même s'il ne sera pas parvenu à obtenir sa première place payée en tournoi, nul doute que l'on devrait bientôt revoir le combattant aux tables de poker.