Ce n’est pas la première fois que Survivor (le Koh-Lanta américain) met en avant des joueurs de poker. La ravissante Anna Khait, est revenue pour nous sur son expérience.
Et ce n’est pas étonnant quand on sait que Survivor demande énormément de bluff et de psychologie.
Après Jean-Robert Bellande, Jim Rice et Garret Adelstein, c’est la grindeuse Anna Khait qui a participé à l’émission cette année.
Khait a gentiment accepté de revenir avec nous sur cette expérience.
Il paraît qu’il y a eu trois évaluations médicales cette année. Est-ce que c’est aussi exigeant physiquement que ça en a l’air ?
C’est très très dur physiquement. Une fois arrivée là-bas, l’intensité m’a surprise.
Regarder Survivor à la télé c’est une chose, mais vivre les pluies torrentielles, la chaleur extrême et les défis, c’en est une autre.
Je n’avais pas imaginé que la chaleur et le manque d’eau nous affecteraient si rapidement. Il n’y avait pas de pause fraîcheur pendant les défis. Une fois que tu participes à un défi, il n’est pas question de s’arrêter. Ton seul objectif c’est la récompense ou l’immunité.
Passer deux heures sous le soleil sans eau peut être extrêmement difficile. C’est vraiment un des trucs les plus difficiles que j’aie vécu.
Penses-tu que ton expérience dans le poker t’a donné un avantage concret, notamment psychologiquement et tactiquement ?
Il est évident que mon expérience dans le poker m’a aidée. Du point de vue stratégique, il y a énormément de points communs entre le poker et Survivor. Dans les deux, la stratégie est différente au début, au milieu et à la fin du jeu.
Et du point de vue psychologique, j’ai aussi su tirer avantage de mes compétences au poker. Et puis il y a aussi le facteur chance !
La comparaison la plus évidente est avec Garrett Adelstein, qui a participé à une saison similaire. Mais ça ne s’est pas très bien passé pour lui. À quoi pensais-tu au début de l’émission ?
En tant que joueuse de poker, je savais qu’on me comparerait aux autres joueurs de poker qui ont participé à Survivor. J’ai re-regardé leurs saisons, ainsi que d’autres, avant de partir.
J’avais une ligne de conduite claire et j’ai pris la décision de ne pas dévoiler ma profession pendant le jeu. Je ne voulais pas que les autres joueurs sachent que je gagnais ma vie en jouant à un jeu de stratégie.
Une fois sur place, je n’ai jamais pensé à la performance des autres joueurs de poker, je me suis simplement concentrée sur ma propre stratégie.
Adelstein a expliqué que « les gens savaient comment jouer » dès le début de l’émission. Est-ce que c’était pareil de ton côté ?
Oui, je pense. Dès que tu rencontres ta tribu, tu sais à peu près quelles alliances tu veux former. Le premier jour, tu essayes déjà de voir qui se rapprochent de qui et qui veut faire tomber qui.
Fatima Moreira de Melo, autre joueuse pro, a remporté la version néerlandaise de Survivor, mais aux États-Unis les joueurs de poker ne sont pas allés très loin. À ton avis, qu’est-ce qui leur a manqué pour gagner ?
Oui, c’est vraiment bien qu’une joueuse de poker pro ait remporté Survivor en Europe. Elle est énorme, je la félicite ! Survivor, comme le poker, demande beaucoup de chance.
Je ne tiens pas à évaluer la performance des autres joueurs de poker. Je pense que c’est une exagération de dire qu’ils ont été des échecs, surtout que l’échantillon n’est pas très représentatif.
Quelle a été la chose la plus difficile de l’émission ? Est-ce que tu retournerais au Cambodge ?
Pour moi, c’était vraiment les moustiques la nuit. Au moment où je m’allongeais sur mon lit en bambou, tout ce que j’entendais c’était ce bourdonnement persistant.
C’est comme si j’avais la tête dans un bocal rempli de 10 000 moustiques. Rien que le bruit suffit à t’empêcher de dormir. Après avoir trouvé une bonne position dans le lit, j’essayais de ne plus bouger pour ne réveiller personne, et c’est là qu’ils commencent à mordre. Je me grattais sans fin jusqu’à tomber de sommeil.
J’étais en short toute l’émission, je rêvais d’une couverture ou d’un pantalon pour couvrir mes jambes. En deux ou trois jours, elles étaient couvertes de piqûres. J’ai dû battre un record.
(Rires) Il n’y avait plus 1 millimètre de peau sans piqûre. C’était horrible, et en plus les piqûres s’infectaient. Elles gonflaient et me faisaient encore plus mal.
Autant vous dire que je garderai des souvenirs « indélébiles » du Cambodge avec toutes ces cicatrices. Donc mettez des pantalons quand vous allez là-bas ! Mais par contre j’aimerais y retourner, oui.
Sur ton compte Twitter, tu exprimes quelques points de vue assez tranchés sur des questions politiques comme le port d’armes, le terrorisme et les mandats d’Obama. Comment s’est éveillée ta conscience politique ? Où tu situerais-tu sur le spectre politique ?
J’ai commencé à m’intéresser à la politique il y a quelques années, et je fais pas mal de recherche depuis. Je me considère comme une libertarienne non partisane.
J’estime que nos ancêtres ont fait du très bon boulot avec notre Constitution et que c’est ce qui nous distingue du reste du monde. Si vous voulez mieux comprendre mes positions, faites quelques recherches sur Rand Paul. Pour moi, il est le meilleur candidat de très loin.
Tu joues toujours au poker ?
(Rires) Évidemment ! Le poker est vraiment l’une de mes plus grandes passions. Je grinde surtout en cash games et en tournois en ligne au New Jersey. Je ne tweete pas beaucoup sur le poker donc les gens pensent souvent que je ne joue plus, mais je travaille et je joue autant que possible.
Beaucoup de joueurs ne passent pas assez de temps à travailler pour pouvoir progresser au niveau des mises. J’aime aussi jouer en live et j’espère pouvoir participer à plus de tournois cette année.
Parlons un peu de sexisme et poker. C’est évidemment un problème persistant à propos duquel tu as parfois tweeté. Est-ce que tu as remarqué des évolutions ?
Je pense sincèrement que la majorité des joueuses ont raison de s’indigner. J’ai ressenti ce sexisme, à la table de poker et en dehors. Mais c’est vrai que j’essaye d’occulter toute cette négativité.
En tant que joueurs, on devrait se concentrer sur notre jeu plutôt que sur notre corps. J’aime le poker pour la même raison que les hommes : parce que c’est un jeu de stratégie et de talent. Malheureusement, le sexisme est présent dans toute la société, pas simplement dans le poker.
Je suis contente que certaines joueuses aient trouvé la force de répliquer lorsqu’elles se sont senties agressées, mais je suis consciente que ce n’est pas un problème spécifique au poker.