Vous adorez multitabler et vous n'êtes bien que lorsque vous faites 15 choses en même temps ?
Vos adversaires doivent alors vous aimer... puisque d'après les scientifiques vous devez être un mauvais joueur de poker.
Ce qui suit va vous dire pourquoi.
Le cerveau est la partie du corps humain sans doute la plus étudiée, et nombre sont les scientifiques qui ont également travaillé sur la question du multi-tâches.
3 études qui prouvent que le cerveau humain a ses limites
1) Une matière grise en danger
Quand vous utilisez simultanément des appareils high-tech (smartphones, ordinateurs, tablettes...), vous détruisez la matière grise de votre cerveau.
Deux docteurs de l'Université de Sussex, Kep Kee Loh et Ryota Kanai, ont analysé les cerveaux de 75 personnes. Ils ont commencé par soumettre un questionnaire à leurs sujets pour bien cerner leurs habitudes d'utilisation vis-à-vis de leurs appareils. Ils leur ont ensuite fait passer une IRM du cerveau.
Le résultat est éloquent : plus les gens sont multitâches, moins ils ont de matière grise dans le cortex angulaire antérieur. Conséquences sur leur santé : augmentation des troubles de la concentration, risques d'anxiété...
2) Le multitâche est synonyme d'inefficacité, de pertes de mémoire et d'erreurs
Le professeur Clifford Nass (Université de Standford, département de psychologie) a longuement étudié le fonctionnement du cerveau humain. En 2009, il a publié une étude dans la très sérieuse édition des Proceedings of the National Academy of Sciences.
D'après ce scientifique (décédé en 2013), notre cerveau est incapable de traiter plus d'un flux d'informations à la fois. Il n'est tout simplement pas conçu pour ça. Résultat : plus le cerveau reçoit de données, moins il est capable de les classer selon leur priorité.
Conséquences : Vous devenez totalement inefficace, vous commettez davantage d'erreurs, et vous êtes sujet à des pertes de mémoire.
3) Le multitâche épuise le cerveau
David E. Meyer est le directeur du laboratoire Brain, Cognition and Action de l'Université du Michigan (www-personal.umich.edu/~smeyer/demeyer). Cela fait des années que ce chercheur alerte sur les risques liés au multitâches.
Avec son équipe, il a notamment analysé les comportements de plusieurs groupes d'étudiants via des expériences très simples.
Voilà un exemple très instructif parmi tant d'autres. Ils ont demandé à des étudiants de faire des opérations de calcul mental très simples. Le temps de réalisation des tâches était chronométré.
Les sujets de l'étude ont d'abord eu à faire des multiplications puis des divisions. Ensuite, on a mélangé les multiplications et les divisions. Résultat : le temps de réalisation a augmenté de 50%...
Ce phénomène est lié à ce qu'on appelle le temps de commutation : quand vous passez d'une tâche à l'autre, votre cerveau a besoin de temps pour effectuer la transition.
Du coup, être multitâches épuise votre cerveau beaucoup plus vite. Vous êtes plus stressé, plus fatigué et le risque d'erreurs est plus important.
Multitabler ou l'art et la manière de faire tout ce qui est nocif pour vous (et votre bankroll !)
Après avoir lu les études ci-dessus, on regarde différemment le comportement de certains joueurs de poker en ligne professionnels, qui passent leur temps à vouloir multi-tabler pour faire un maximum de profit horaire.
Prenons l'exemple d'ElkY. En 2009, pendant l'EPT Grand Final de Monte-Carlo, il a battu le record du nombre de tournois sit&go ouverts en seulement une heure en jouant à 62 tables à la fois ! Ce pari un peu fou a connu une happy end puisqu'ElkY n'a pas perdu d'argent cette fois-là (il a investi 403 $ et a gagné 23,6 $ sur sa session de jeu).
Mais attention, n'est pas Bertrand Grospellier qui veut ! Ne cherchez surtout pas à imiter tous ces joueurs pro qui tentent d'augmenter leurs bénéfices horaires en jouant le plus de tables possible. C'est un peu comme si vous vous tiriez une balle dans le pied avant de participer à un marathon !
Que vous soyez joueur pro ou simple amateur, tout le monde est logé à la même enseigne. Plus vous rajoutez de tables, plus votre cerveau reçoit d'informations différentes et simultanées. Il n'est pas capable de traiter toutes ces données et il s'épuise. Or quand votre cerveau est fatigué, vous ne pouvez plus vous concentrer et vous faites des erreurs. Et vous perdez...
En résumé, vous avez tout intérêt à être vigilant si vous ne voulez pas que votre bankroll fonde comme neige au soleil.
Jouer en ligne ne veut pas dire faire n'importe quoi en même temps
Théoriquement, le libre accès aux poker rooms sur Internet vous permet de jouer au poker où vous voulez et quand vous voulez. Y compris en attendant le bus ou en regardant une série débile à la télévision.
En pratique, à partir du moment où vous avez bien assimilé les limites de votre cerveau, vous savez que vous devez être prudent. Si vous faites plus d'une chose à la fois, le risque d'erreurs grimpe en flèche puisque la capacité à se concentrer, à hiérarchiser les données et à les mémoriser s'effondre.
Il n'y a donc pas 36 solutions :
- Soit vous ne faites que jouer au poker en ligne : dans ce cas, vous pouvez miser de l'argent et tenter d'en gagner.
- Soit vous faites plusieurs choses en même temps : il est vivement recommandé de se focaliser uniquement sur les freerolls (les tournois de poker gratuit) ou alors sur un bon vieux jeu en mode virtuel. Sinon, cela revient à jeter de l'argent par les fenêtres. Autant jouer alors directement aux machines à sous : vous vous ferez toujours plumer mais au moins vous avez l'espoir de rafler le jackpot.
N'oubliez pas : il est très important de toujours cibler les enjeux financiers des parties en fonction de vos disponibilités et de celles de votre cerveau.
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