Demandez à n’importe quel joueur de poker pourquoi il aime écumer les circuits internationaux, la réponse sera sans doute qu’il aime découvrir de nouvelles destinations dans le monde entier.
Peu de joueurs ont autant voyagé que le Slovène Casey Kastle, qui a l’honneur de détenir le titre du joueur ayant réalisé des places payées dans le plus grand nombre de pays différents.
“D’ailleurs le Guinness des records m’a contacté l’année dernière pour savoir si je voulais y être inscrit. C’est vrai que c’est un record légitime,” nous confiait récemment Kastle.
“Je ne sais pas si ça veut dire grand chose pour moi, mais j’imagine que c’est assez unique. Peut-être que je devrais y accorder un peu plus de valeur.”
Voyager pour le plaisir, pas pour le poker
Ce qui est fou dans ce record, c’est que Kastle n’a jamais eu l’intention de le réaliser et qu’il n’y pense jamais lorsqu’il planifie ses voyages à venir.
Pour tout dire, il ne pense pas beaucoup au poker :
“Si une ville ne m’attire pas, je n’y vais pas, même si c’est un endroit réputé pour le poker. Honnêtement, je ne m’imagine pas choisir une destination juste pour le poker.”
Kastle admet bien volontiers que son objectif n’est même pas de participer à de grands tournois de poker :
“Mon objectif est de pouvoir être en short 250 jours par an. J’ai mis du temps à y arriver, mais maintenant j’en suis à plus de 300 jours par an. Je n’ai aucune raison d’aller jouer au poker dans un endroit où il fait -5°.”
Kastle a également remarqué que de nombreux joueurs sont tellement absorbés par le poker qu’ils ne voient que l’hôtel et le casino sans véritablement découvrir les différents pays visités.
Ce dont il s’assure toujours de ne pas faire.
“En général, je loue un appartement à quelques kilomètres du casino et j’y vais à pied. Je veux voir à quoi ressemble le quartier et vraiment ressentir les choses. J’aime connaître les endroits où je suis.
Je ne vois pas l’intérêt de parcourir des dizaines de milliers de kilomètres si c’est pour rester enfermé à l’hôtel et ne voir que l’ascenseur et les restaurants. Dans ce cas-là, quel intérêt d’être à Paris, Melbourne, Chicago ou Goa ? Quel intérêt si tu passes ton temps au casino ?”
Des souvenirs plutôt que des résultats
Et même lorsqu’il signe de belles performances, Casey affirme que ce n’est pas ce qu’il retient.
“En 2008 aux Philippines, j’ai fait un bon résultat dans un Main Event, mais j’ai détesté la ville : la pollution, les bouchons et le fait que tout le monde avait une arme. Mais après le tournoi, je suis allé passer deux semaines dans une petite île, c’était le paradis.
J’ai fait un bon résultat, mais ce sont les grandes expériences qui me marquent.”
Et si Kastle voyage plutôt pour le plaisir que pour le poker, cela ne veut pas dire que son expérience dans les différents pays n’a pas d’effet sur son jeu.
“Il y a quelques années lors de l’APPT Seoul, je faisais l’aller-retour au tournoi tous les jours sans jamais voir un coin de ciel bleu. C’était complètement gris et brumeux à cause de la poussière venant de Chine. Dans la salle, il y avait des machines à sous partout et tout le monde fumait. Entre la pollution et la fumée de cigarettes, j’en étais malade.
Est-ce que je retournerai jouer au poker à Seoul en mars ? Non.”
Kastle a beaucoup de mal à comprendre comment les autres joueurs arrivent à choisir leurs destinations en se basant uniquement sur le poker. Pour lui, l’équation est simple.
Le poker, pareil partout dans le monde
“Numéro un : la sécurité ; numéro deux : un environnement sain et agréable. Aller quelque part parce que statistiquement j’ai plus de chance d’y gagner de l’argent ? Cela ne me suffit pas.”
En attendant, Kastle a une dizaine de pays d’avance sur le deuxième joueur le plus “international” d’après Hendon Mob, il y a donc des chances que son record tienne quelque temps.
Cependant, le record n’est évidemment pas une priorité pour lui, qui n’a apparemment pas l’intention de changer ses habitudes ou de faire des compromis pour le poker, qui “n’est qu’un jeu”.
“Le poker n’est qu’un jeu de cartes, c’est la même chose où que tu sois. Les tables sont comme ci, les jetons comme ça et les cartes sont les mêmes.
Les gens ont peut-être un accent différent, mais le poker reste le même, que tu sois en Australie ou en Corée.”