Vous avez entendu l’histoire du gamin qui a mis 15 dollars sur son compte de poker en ligne et qui a réussi à le faire fructifier jusqu’à 500 000 dollars ?
Sheldon Adelson serait sans doute grand fan de Charlie « Epiphany77 » Carrel. Lui qui vient juste de dépasser la vingtaine, n’avait que huit ans lorsqu’il a appris le five-card draw sur un site de jeu en ligne en argent réel.
Dix ans plus tard, il retrouvait le poker en découvrant les SNG à 5 £ avec ses amis. Il se trouve que l’un d’entre eux venait de se faire un petit peu d’argent en jouant en ligne. C’était assez pour piquer son intérêt.
« Il m’a dit qu’il avait gagné 30 $ en jouant au poker en ligne. Comme j’étais le meilleur joueur de notre groupe, je me suis dit que ça valait le coup que je me lance. J’ai fait un dépôt de 15 $ et j’ai eu de la chance. »
Connaître la valeur de l’argent
Carrel a donc effectué un dépôt de 15 $ sur PokerStars. Puis il a remporté le tout premier tournoi auquel il a participé, un SNG à 1 $ de 180 joueurs qui lui a rapporté 49 $.
« J’ai grandi dans une famille qui n’avait pas beaucoup d’argent, donc j’ai appris très jeune la valeur de l’argent.
Si je n’avais pas remporté ce tout premier tournoi, je n’aurais jamais fait d’autres dépôts, et on ne serait pas là à en parler. »
Cette victoire avait éveillé quelque chose en lui. Lui et ses amis ont donc commencé à se réunir pour grinder sur leurs ordinateurs portables sur des SNG à 1,50 $ à neuf joueurs. Et ce au moins trois fois par semaine.
Alors forcément, les mises ont peu à peu augmenté. 3,50 $. Puis 7 $. Toujours en gagnant.
C’est là que la carrière de Carrel dans le poker a pris un tournant... pour le meilleur.
« On a commencé à se demander si on aurait intérêt à passer aux cash games. Cela nous paraissait la décision logique, donc je me suis mis au Zoom 25$ NL sur PokerStars.
C’était la première fois que je jouais vraiment tout seul. Je n’arrivais pas à m’arrêter. »
Carrel ne faisait plus que jouer au poker. Au moins cinq nuits par semaine, il jouait toute la nuit. Au point que ses parents commençaient à s’inquiéter. Il privilégiait le poker à ses révisions, convaincu que tout cela finirait par payer.
« Un ami m’a conseillé de passer sur PartyPoker, où le niveau était moins élevé. Il avait raison. Ça s’est très bien passé. »
« Le week-end suivant, je raflais le Sunday Million »
Trop distrait par ses amis, il prit la décision de partir à Jersey pour passer un peu de temps avec sa grand-mère.
Il passa les sept mois suivant totalement concentré sur le poker, et sa bankroll passa très vite de 1 800 $ à 60 000 $, grâce à des parties allant jusqu’à 1 000 $ NL sur PartyPoker.
Il réussit également à bosser assez sérieusement pour obtenir la plus haute note à ses A-levels, l’équivalent du baccalauréat outre-Manche. Tout allait bien.
« J’ai gagné environ 100 000 $ en cash games avant de retourner sur PokerStars. Un ami m’a fait un virement de 1 000 $ pour pouvoir commencer à faire des tournois.
Le premier auquel j’ai participé était un NLO. Je n’en avais jamais fait avant, mais je l’ai gagné, pour environ 5 000 $.
Le week-end suivant, je raflais le Sunday Million pour 200 000 $ et j’arrivais en table finale du Sunday Second Chance pour 10 000 $. C’était un week-end sympa. »
Demandez à Carrel ce qui compte le plus pour lui dans sa vie, et il vous répondra sa famille et ses amis.
Sa victoire dans le Sunday Million lui permis de claquer 60 000 $ pour se payer des vacances à Amsterdam avec ses amis. De bons souvenirs, on en doute pas.
C’était aussi le moment de faire une pause dans sa carrière de joueur. “Il fallait que je retrouve une vie sociale”, explique Carrel.
« Je dois tout à mes parents »
Il habite aujourd’hui à Londres et passait encore il y a peu la plus grande partie de son temps à jouer en Zoom 6-Max NL à 500$. Il aide aussi ses amis à franchir les paliers de limites et grinde les tournois du dimanche.
Au plus haut, sa bankroll a atteint 520 000 $. Pas si mal pour un investissement initial de 15 $.
Il a même dû montrer à ses parents un graphique de ses gains pour qu’ils comprennent qu’il pouvait générer du profit sur le long terme. À l’époque, ils regardaient d’un œil sceptique son capital de 1 000 $.
Aujourd’hui, il peut enfin rendre à ses parents tout ce qu’ils lui ont donné.
« Je leur dois tout. Je n’ai pas d’enfant, mais j’imagine qu’ils peuvent coûter énormément d’argent. »
Un gars malin, et généreux
Pas besoin de tergiverser pour se rendre compte que Carrel est très malin. Tout en réalisant son rêve de jouer au plus haut niveau, il sait rester pragmatique. Aller à l’université pour un diplôme de PPE (Politique, Philosophie et Economie), investir dans l’immobilier et créer une entreprise... étaient aussi sur son tableau noir.
Alors que le poker lui a-t-il appris?
« J’ai appris la valeur de l’argent, notamment que ça ne vaut pas autant que ce que je croyais. La vraie valeur de l’argent, c’est de le dépenser pour mes amis et ma famille.
En dehors de ça, l’argent ne représente pas grand-chose pour moi. Surtout par rapport aux souvenirs et aux expériences que je vis. Donner un gros pourboire à un chauffeur de taxi me procure plus de plaisir que de dépenser une fortune au restaurant.
J’ai aussi appris à accepter quand les choses vont moins bien. Des petits désastres, comme casser une télé, m’auraient complètement anéanti, mais aujourd’hui je relativise beaucoup. »
Le poker a aussi ses mauvais côtés.
« Parfois il faut que je me rappelle de sortir de chez moi. J’en oublie presque de parler à des gens. Je suis tellement absorbé par ce que je fais, que ce soit du poker ou un livre de philosophie, que j’oublie que je ne suis pas seul au monde. »
En tout cas, avec en plus désormais déjà plus de 2 millions de dollars de gains en tournois live (dont une victoire dans le High Roller à 25 000€ de l'EPT Monte Carlo en 2015), le monde du poker n’est lui sans doute pas près d’oublier l’existence de Charlie Carrel.
L. D.