Il paraît que le poker est en déclin. Tout le monde est catégorique, on ne reverra plus l’opulence de l’époque. Il n’y a plus rien à voir. Enfin sauf en Géorgie, apparemment.
Eh oui, même lorsqu’il semble que le poker ait déjà laissé son apogée derrière lui, il suffit de quelques coups de téléphone et d’un nouveau joueur pour nous ramener 10 ans en arrière.
Il reste donc encore des aventures à vivre dans le poker. Mais peut-être pas où on les attend. Comme au fin fond du Caucase.
Daniel « Jungleman12 » Cates et le magnat des médias Warren Lush peuvent en témoigner.
La plus grande salle de poker du monde
Tout commence lorsque le téléphone de Warren Lush sonne, nous expliquait-t-il récemment à Prague.
« C’était une femme d’Adjarabet, elle voulait que sa salle devienne la plus grande salle de poker du monde, et que je lui explique comment le faire. »
Lush est l’un des acteurs les plus en vue du secteur. Il vient du journalisme sportif et de la politique, mais depuis, il a travaillé pour PartyPoker pendant 10 ans, il a personnellement conseillé Tony G, et il a participé à des milliers de projets qui vous étonneraient.
« Si elle m’a appelé moi, ce n’est pas par hasard, c’est parce qu’on travaillait ensemble chez PartyPoker, » explique Lush.
La réponse à Adjarabet était simple : Il vous faut un grand tournoi ou un grand joueur, voire les deux, idéalement.
Alors Lush s’est mis au travail...
...et a lancé sa machine à remonter le temps, jusqu’en 2005
« Warren m’a appelé pour nous mettre en contact, » se souvient Cates. « Ils m’ont invité à un tournoi sponsorisé par Adjarabet. »
« Apparemment, le poker est en pleine expansion en Géorgie. Je me suis dit que ce serait sympa de découvrir un coin aussi exotique. Et puis ils m’avaient invité, donc j’y suis allé. »
Pendant ce temps-là, Lush a aussi mis les WSOP sur le coup, via Ty Stewart, avec la perspective d’un autre tournoi du WSOP-C en Europe, à Tbilissi.
Le résultat a été spectaculaire, sans hyperbole.
Devenir « le meilleur du monde » sonne toujours très ambitieux pour une entreprise venant d’un pays où vivent moins de 4 millions de personnes (et dont la majorité des exportations sont des voitures - combien de marques de voitures géorgiennes connaissez vous ? - ... et le pétrole).
D’après Lush, tout ça lui a rappelé des souvenirs d’une autre époque du poker.
« J’ai eu l’impression de revenir en 2005, d’être à l’aube d’un âge d’or pour les salles de poker en ligne. »
Mais ni Lush, ni Cates ne s’attendait à ce qu’ils ont vécu dans la capitale géorgienne.
Le Justin Bieber du poker
Des posters de 12 mètres de haut sur les immeubles. Des caméramans filmant la sortie de l’aéroport.
Une invitation à une émission de divertissement dont des extraits se sont retrouvés aux infos nationales.
Le simple fait de voir un joueur comme Dan « Jungleman » Cates se rendre en Géorgie a complètement bouleversé les médias et le public, à croire que c’était Justin Bieber qui arrivait (ou son cousin un peu timide).
Dire qu’on parle de populariser le poker...
Dan Cates est désormais officiellement une star en Géorgie.
« Un truc comme ça, oui, » admet-il, un sourire aux lèvres.
Encore du potentiel
Pour une star du poker en ligne comme lui, on pourrait imaginer que la Géorgie est un autre monde. Mais Cates n’est pas un rat des villes.
Il vient d’une petite ville de DC, où il a grandi. À 21 ans, il avait des fourmis dans les jambes.
« Je suis parti et j’ai voyagé dans le monde entier depuis. »
Lorsqu’il s’est lancé dans le poker Cates a mis deux ans à passer des plus petites aux plus hautes mises.
« Mais tout dépend ce qu’on appelle high stakes. »
Disons 50 $/100 $.
« C’est super haut. À ce niveau-là, les joueurs font toujours les mêmes erreurs qu’il y a des années, mais je mettrais plus longtemps à y arriver si je débutais aujourd’hui.
Il y a toujours du potentiel, mais les marges se réduisent jour après jour. »
La Géorgie, le futur ?
Cela ne semble pas être le cas en Géorgie. Ou en tout cas, le potentiel y est assez grand, en comparaison. Parce que lorsque le "Jungleman" arrive là-bas, les gens veulent le défier. Et quand ils le font, ce n’est pas pour une petite partie amicale.
« Je jouais contre l’un des propriétaires d’Adjarabet, en heads-up, dans un cash game pour 100 000 $, et j’ai gagné. Il y a définitivement du potentiel. »
Cates dit qu’il a gagné, d’autres diraient qu’il l’a « écrasé ». Depuis, Cates est retourné plusieurs fois en Géorgie pour participer à des tournois spéciaux et à des parties de high stakes à Tbilissi et Batumi, sur la Mer Noire.
« C’est plutôt sympa et je suis toujours heureux d’y retourner. C’est un pays fascinant. Nous sommes allés à Kazbegi (parc national), à la frontière russe, dans des monastères. C’était bien. »
Si Las Vegas représente le passé des high stakes et Manille le présent, alors qui sait ? Le futur est peut-être en Géorgie. Si la Géorgie peut attirer un joueur comme Cates, elle devrait pouvoir attirer d’autres grands joueurs. Et Cates ne va pas tarder à y retourner puisque le WSOP-Circuit y aura lieu du 3 au 9 mars 2016.
« Je serai là au cas où rien de palpitant n’arrive. Je serais heureux de promouvoir le tournoi, » affirme t-il.
Pensif pendant quelques secondes, il sourit ensuite. « Oui, pourquoi pas. »