Darryll Fish est une étoile montante du poker, bien qu'il soit présent sur le circuit depuis 2007. Sur le papier il a connu sa meilleure année sur le circuit en 2015.
Il y a remporté son premier grand titre, c’était sur le World Series of Poker Circuit, et il a terminé deuxième du WPT Montréal à 697 joueurs derrière Jared Mahoney.
Au total, il a remporté près de 800 000$ ; une vraie révélation pour ce vétéran dont les gains cumulés s'élèvent quand même aujourd'hui à plus de 2,2 millions de dollars en tournois live (27 places payées aux WSOP notamment).
Mais ce n’est pas pour cette raison que nous avons voulu l’interviewer. En effet, en plus d’être un très bon joueur de poker, Fish est un être humain exceptionnel.
Il fait partie de ces rares joueurs qui font passer les besoins des autres avant les siens. L'homme a une sacrée aura. Une espèce de profondeur qui, honnêtement, donne envie de le serrer dans ses bras quand on le rencontre pour la première fois.
En 2016, nous avons pris la bonne résolution de vous faire découvrir ces gens qui apportent un peu d’humanité dans le poker. Et pour bien lancer cette série, nous l'avons donc choisi.
Darryll, là maintenant, qu’est-ce que tu aimerais être en train de faire, plus que tout au monde ? Et pourquoi ?
Être présent.
On vit dans un monde où on est tellement stimulés et distraits constamment qu’il devient très difficile de vivre véritablement le moment présent sans cataloguer chaque expérience comme nécessairement bonne ou mauvaise, mais plutôt comme faisant partie de notre destin.
Je pense sincèrement que ce n’est qu’en étant pleinement immergé dans le moment présent qu’on peut à la fois apprécier et tirer le plus profit de nos vies.
Peux-tu nous décrire l’expérience qui t’a le plus forgé ?
La première fois que j’ai pris de la MDMA pure. J’étais entouré de mes amis les plus proches et je ne me suis jamais senti aussi connecté à eux qu’à ce moment-là.
À partir de cet instant, j’ai décidé de vivre ma vie avec plus d’empathie et de compassion que jamais auparavant.
Quelle partie de ta vie te demande le plus de patience ?
C’est peut-être un cliché, mais je dirais que c’est le poker qui me demande le plus de patience.
Parfois, on ne joue pas une seule main pendant des heures. On est tellement souvent tenté de jouer, alors qu’on sait bien que ce n’est pas la bonne chose à faire, qu’il est vital de rester patient et de ne surtout pas laisser l’ennui ou l’impatience prendre le pas.
Quel acte de lâcheté méprises-tu le plus ? Pourquoi ?
Les gens qui se retiennent d’exprimer leur véritable personnalité par peur des regards extérieurs. Quoi qu’on fasse dans la vie, il y aura toujours des gens qui nous jugeront.
Il est crucial de se rendre compte que ce jugement n’a aucun effet sur nous et que, tant qu’on agit avec amour et des intentions pures, il n’y a aucune raison de se retenir.
De qui aimerais-tu le plus lire les pensées ? Pourquoi ?
N’importe qui parmi les grands dirigeants de la finance. J’aimerais comprendre comment quiconque peut contribuer consciemment à ce type d’organisation tout en sachant les inégalités que cela génère.
Avec qui es-tu le plus ouvert ? Pourquoi ?
Il y a plusieurs amis avec qui je suis comme ça, pas un en particulier. Je sais que je peux dire ou faire n’importe quoi devant eux sans qu’ils me jugent.
J’aime aussi beaucoup avoir leur avis sur tout.
Quand t’es-tu senti le plus mal à l’aise en étant nu ? Et pourquoi ?
Cette année, j’ai pris un bain de minuit avec quelques amis au Costa Rica. Il y avait des centaines de gens autour, c’était très gênant.
Mais une fois cette angoisse passée, je me suis rendu compte que personne ne nous prêtait attention. Et quand bien même ils auraient été en train de nous dévisager, je n’ai pas à laisser ça me toucher.
Finalement, c’était une des expériences les plus libératrices de ma vie.
Si tu pouvais changer quoi que ce soit dans ta vie, qu’est-ce que ce serait ? Pourquoi ?
Je ferais attention à manger plus sainement. C’est quelque chose sur lequel je travaille en ce moment.
Comme on dit, « on est ce qu’on mange »... Je veux nourrir mon corps de manière optimale, tout en respectant la nature et les animaux.
Si tu pouvais passer 10 000 heures à te perfectionner à quelque chose, que choisirais-tu et pourquoi ?
La compassion. Devenir un maître de la compassion me permettrait de me sentir pleinement connecté à l’univers tout entier, de respecter la vie et de ressentir de l’empathie pour tout le monde.