La Canadienne Kristen Bicknell, joueuse pro, s’est plusieurs fois réorientée dans le poker. Et toujours avec succès.
Après avoir fait ses armes dans les cash games en ligne, la fin du statut SuperNova Elite l’a poussée à se lancer dans le poker live. Depuis deux ans, elle voyage donc dans le monde entier.
Kristen enchaîne les places payées où qu’elle aille, sans oublier qu’elle est l’une des rares joueuses à avoir remporté un bracelet des WSOP dans un tournoi mixte.
Au PokerStars Championship Panama elle a remporté un tournoi (auquel ne participaient certes que quatre joueurs), et avait pris un bon début dans le Main Event même si elle n'y a pas terminé dans l'argent.
Nous l’avons rencontrée pour en savoir plus sur elle et son parcours.
Tu comptes des places payées depuis près de 10 ans, mais depuis début 2016, elles s’enchaînent vraiment.
Je jouais beaucoup en ligne, mais depuis janvier 2016, je suis passée au poker live. Je faisais partie du programme SuperNova Elite sur PokerStars, mais lorsqu’ils l’ont supprimé, j’ai voulu changer d’air, donc j’ai commencé à plus jouer en live.
Et finalement, j’adore ça ! Donc je pense que c’était une bonne décision.
Tu participes à énormément de tournois différents : Ceux de PokerStars donc, WPT, WSOP... Une vraie nomade ! Est-ce que ce rythme de vie te convient ?
C’est pas faux. (rires)
Pour l’instant, cela me convient très bien. Je viens d’avoir 30 ans, je suis encore jeune. Et puis tout se passe bien ces derniers temps, alors autant continuer.
Est-ce que c’est un rêve devenu réalité, ou plutôt un hasard ?
Plutôt un hasard. Je suis contente des décisions que j’ai prises et je suis consciente de vivre une expérience unique.
Mais ce n’est pas forcément quelque chose dont j’ai rêvé pendant longtemps. Cela dit, je suis très heureuse de ma vie actuelle.
Tu avais un jour confié à PokerListings que tu préférais les cash games aux tournois. Mais alors, comment expliquer ces excellents résultats ?
Après avoir gagné mon bracelet l’été dernier, je me suis prise au jeu des tournois. Donc j’ai continué. Il faut croire que je suis devenue une joueuse de tournoi.
Est-ce que tu es du genre de ceux qui jouent en tournoi toute la journée puis qui enchaînent ensuite avec quatre heures de cash game ?
Parfois, mais je fais beaucoup moins de cash games ces derniers temps. Je trouve que c’est assez compliqué de passer des tournois aux parties d'argent.
La semaine avant ce tournoi au Panama, j’ai fait des cash games à Vegas. Mais ici, je me concentre sur les tournois.
Comment est-ce que tu arrives à passer de l’un à l’autre ? Ce dont quasiment deux disciplines différentes.
En général j’évite de faire les deux le même jour. Chacun de ces jeux demande un état d’esprit différent, mais ils ne sont pas antinomiques.
Les cash games m’aident beaucoup en tournoi. En cash games, tu vas plus souvent jusqu’à la river, donc ça te permet d’acquérir plus d’expérience en post-flop.
En une journée entière de tournoi, tu ne joues pas tant que ça en post-flop, donc les cash games permettent vraiment de s’y habituer.
En cash games, tu vas rarement à tapis avant le flop. On ne retrouve pas cette stratégie typique des short stacks, parce que tu peux toujours revenir.
C’est aussi important de savoir jouer avec plus de 100 BB, et là aussi les cash games aident beaucoup.
Tu étais nommée dans la catégorie « Meilleure performance en tournoi » aux American Poker Awards. Est-ce que tu as suivi la cérémonie ?
Un peu, oui.
Est-ce que tu es d’accord avec ce qu’a dit Cate Hall en ce qui concerne le trophée de « Joueuse de l’année », qui serait un lot de consolation.
Je pense que c’est important de célébrer les joueuses talentueuses. C’est une bonne chose.
Mais je comprends ce qu’elle veut dire et je crois que nous sommes d’accord sur beaucoup de points. Mais à côté de ça, regarde combien il y a de joueuses ici...
Une petite dizaine ?
Voilà. Il n’y a pas de parité dans le poker, et il n’y en aura jamais. Alors décerner un prix à la meilleure joueuse ne signifie pas forcément que ce prix n’a aucune valeur.
Il permet au moins de mettre à l’honneur la joueuse ayant rencontré le plus de succès.
Dans ce secteur, on est hyper visibles. Moi, j’essaye de ne pas trop prendre tout ça au sérieux, mais je trouve que c’est bien de mettre en avant le talent.