Dentiste de profession, Stéphane Benadiba, alias « Stefos » est l’une des valeurs montantes du poker français. Nouveau membre de la Team PokerXtrem, ce semi-pro qui a appris les règles du Texas Hold’em « dans un avion en allant à Vegas » nous parle de ses dernières perfs’ et pose ses ambitions pour 2011.
Stéphane, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Je joue aux cartes depuis que je suis petit, notamment au tarot et à la belote. Je voulais même apprendre le bridge, mais je suis tombé sur l’émission de Bruel sur Canal+. Je suis arrivé au moment où les hôtesses disposaient l’argent sur la table... Puis je suis parti à Las Vegas, et en rentrant je suis allé faire un tour à l’Aviation Club de France, tout en me mettant à jouer sur Pokerstars.
Comment arrives-tu à concilier ta vie professionnelle et le poker ?
Le poker a déséquilibré ma vie ! Je suis toujours dentiste, et je dois concilier poker et boulot. Mais c’est une profession libérale, je peux toujours m’organiser avec le collègue qui partage mon cabinet !
Je pense que c’est bien de travailler à côté du poker, pour l’équilibre. Et je pratique pas mal d’activités en dehors qui ne sont pas liées au jeu, comme le piano, le chant ou le tennis. C’est important pour se sentir bien dans sa tête à une table, la notion de plaisir est hyper importante. Sinon, tu t’exposes à la saturation, à la fatigue et tu joues moins bien. Déjà que c’est un jeu difficile... Et attention, être moins bien mentalement peut donner une mauvaise image à la table.
Peux-tu te définir en tant que joueur ?
Je suis plus un joueur de tournoi. J’aime l’aspect compétition, la stratégie inhérente aux tournois.
Le poker de tournoi est plus gratifiant, tu sais que tu n’a pas le droit à l’erreur. Et vu que je travaille, je n’ai pas besoin du cash-game pour vivre.
En tournoi, j’aime monter des jetons progressivement. Je vais voir un maximum de flops au début, avec des mains à fort potentiel, pour piéger des joueurs qui ne sauraient pas jeter leurs monstres. J’essaie de ne pas surjouer préflop. Je vise d’abord l’ITM, après je deviens de plus en plus agressif.
Comment as-tu évolué dans ton jeu sur le net ?
Avant, je ne jouais que le dimanche. J’ai décroché quelques perfs’ sympas, comme une 44ème place au Main Event des WCOOP sur Pokerstars.
Puis on m’a expliqué les vertus des trackers. Quand ils sont bien utilisés, on a un avantage énorme, tu gagnes des tonnes d’heures. C’est passionnant. J’aime l’idée que tu peux tout savoir d’un joueur et lui faire ce que tu veux. C’est un outil évident pour les meilleurs joueurs online, comme Clément Thumy ou Hugo Lemaire (Team Eurosport Poker NDLR).
Quel bilan tires-tu de ton année 2010 ?
Je suis très satisfait, j’ai fait 15 places payées dans l’année pour 309 000 $ de gains. Quasiment tous les mois, j’ai fait une perf’, j’étais dans l’argent presque 2 fois sur 3. Mais il y a vraiment eu deux points culminants : ma 2ème place en mars au Marrakech Poker Open et mon mois de novembre 2010, où j’ai atteint quatre tables finales.
J’ai pris beaucoup de confiance, car je n’étais pas loin de jouer la gagne. Je suis également content de ma 7ème place au classement Live Poker. C’est important car il reflète la valeur des meilleurs français, même si la prise en compte des tournois High-Rollers peut fausser la donne. Après mes perfs’ de novembre, je me suis pris au jeu. Autant battre le fer pendant qu’il est chaud !
Comment s’est passé l’EPT Deauville ?
J’étais content d’être là-bas, de revoir tout le monde. Mais en terme de poker, c’était très frustrant. Dans le Main Event, j’ai sauté au bout de cinq heures de jeu, et les Sides Events se sont mal passés, j’étais souvent devant quand je prenais des mauvais coups. Je n’ai pas pu vivre pleinement cette semaine, c’était difficile.
Mais la Team était là : c’est agréable de faire partie d’une équipe, de se sentir soutenu, on a l’impression d’être plus important et on se sent pousser des ailes. Il y a un sentiment de fraternité. Mais ça met aussi plus de pression, on a envie de montrer que ceux qui vous font confiance ne se sont pas trompés.
Tu avais plusieurs propositions de sponsoring pour 2011. Pourquoi avoir choisi pokerXtrem ?
J’étais en discussion avec deux autres rooms, en effet. Mais je m’entends bien avec les dirigeants de pokerXtrem, notamment Georges Djen. J’ai senti une adhésion sur ma personne et mes résultats, ça ma donné envie de signer avec eux. C’est agréable d’être avec des gens dont on est proche (Stéphane est aussi très ami avec Franck Kalfon, autre membre de la team, NDLR).
Quel sera ton programme avec la Team?
Il ya des tournois communs pour les joueurs de la Team : les principaux EPT, le Main Event des WSOP, la finale du PPT et le WPT Paris.
Pour le reste, je décide des tournois que je joue. J’ai un beau contrat d’un an qui me permettra de jouer pas mal d’EPT et des tournois sur le net. Je jouerai aussi sur la room, tant en cash-game qu’en tournoi. Et j’aurai mon tournoi le dimanche soir avec un bounty sur ma tête!
Quels sont tes objectifs à venir ?
Je veux faire une année encore meilleure que 2010 et progresser dans mon jeu. Pour cela, je jouerai beaucoup de tournois, et j’espère faire une table finale dans un rendez-vous majeur. C’est ce qui m’a manqué l’année passée, une grosse perf’… Je suis plein d’espoir pour 2011 !
A noter que quelques jours après cet interview, Stéphane Benadiba terminait 8ème de la finale des France Poker Series à Paris.
Propos recueillis par Maxime Arnou