Les salles de poker ont tendance à être silencieuses... sauf quand l’Anglais William Kassouf est dans le coin.
Kassouf, en congé sabbatique de son poste d’avocat à Londres pour jouer au poker, est connu pour avoir fait tilter Vanessa Selbst à l’EPT Barcelone à force de parler.
Il a cette année réalisé un excellent parcours dans le plus grand tournoi de poker du monde (17è sur 6737 dans le Main Event des WSOP) et n’a pas l’intention de changer de tactique.
« C’est vrai que j’aime beaucoup parler à table », nous confie-t-il.
« Ce n’est pas juste un moyen de faire le show. J’aime vraiment sentir que je suis dans la tête de mon adversaire. J’essaye d’évaluer chaque situation individuellement et de bien les lire. »
Faire tilter les meilleurs du monde
En tout cas, cela semble fonctionner.
« Le poker, c’est un jeu basé sur la prise d’informations. Quel meilleur moyen d’obtenir des informations de vos adversaires que leur parler de vive voix ?
C’est déjà mieux que de ne faire que balancer ses jetons en se demandant quoi faire. Si les gens n’apprécient pas, tant pis. »
Kassouf a énormément parlé à la très expérimentée Vanessa Selbst lors de l’EPT10 de Londres, qui a a fini par sortir du tournoi. Retrouvez ci-dessous la main qui avait beaucoup fait parler :
Kassouf nous a expliqué qu’il y avait une certaine « histoire » entre les deux, puisqu’il avait déjà éliminé l’Américaine du même tournoi l’année précédente.
« Elle a tilté, c’est aussi simple que cela », explique-t-il. « C’est une très grande joueuse. Très agressive. Elle aime mieux jouer que ses adversaires, mais à chaque fois qu’elle a lancé les hostilités dans ce tournoi, je poussais tout le monde à suivre. Même une telle joueuse a forcément du mal à se défaire de cinq joueurs à chaque main. »
En plus de cela, Kassouf parlait. Et il parlait beaucoup.
« Quand on se retrouvait en face-à-face, je lui parlais constamment, et je pense que ça l’atteignait. Je ne cherchais pas à la cibler particulièrement. Mais ça a marché, et ça a fait un grand moment de télé.
Une joueuse de ce calibre ne devrait cependant pas se laisser déstabiliser par quelque chose comme ça au Day 1 d’un tournoi de 6 jours. »
Les caméras braquées sur lui
On comprend donc pourquoi les caméras d’ESPN étaient braquées sur Kassouf depuis le début du Main Event 2016.
« C’est un élément fondamental de mon jeu. Ça ne plaît pas à tout le monde, c’est évident. Certains adorent ça, d’autres détestent. C’est comme ça. »
Le chemin n’a pas été de tout repos pour Kassouf jusqu’au Jour 5. Jusqu’au Jour 3, son stack était bien en dessous de la moyenne.
« C’était long et difficile. Les trois premiers jours ont été horribles. J’ai fini par réussir à doubler mon stack avec A-K contre des dames. Le flip classique.
Finalement, je suis bien là. J’ai touché mon as, doublé mon stack et tout s’est enchaîné. »
Kassouf est ensuite monté à plus de deux millions de jetons et une confiance au plus haut.
« Je me débrouille bien. Je fais toujours la même chose : je mise avec les nuts, ensuite je touche les super nuts, et ensuite les méga nuts.
Ils ne veulent pas me croire. Je leur répète tout le temps qu’avec moi il n’y a qu’une seule issue : la porte. Et là, ils seront les favoris pour la prendre. »
Kassouf fait des mécontents
Kassouf a l’habitude de mettre les gens mal à l’aise à la table de poker et, sans surprise, cela a déjà failli lui attirer des ennuis.
« Avec un Allemand à l’EPT Barcelone. Il a pété un câble et commencé à me crier dessus. À me dire de fermer ma gueule.
De me dépêcher. Il a demandé le chronomètre. Je ne participais même pas à cette main. »
Finalement, le joueur allemand a proposé à Kassouf de le retrouver dehors après la partie.
« Il était vraiment très menaçant. Je n’ai jamais été aussi proche de me battre. Ce qui ne m’est jamais arrivé, que ce soit au poker ou en dehors. Je ne suis pas un gars comme ça.
J’aime à penser que je suis un mec plutôt sympa. Certains le prennent mal et tiltent. »
Heureusement pour Kassouf, le directeur du tournoi est intervenu et donné un avertissement à l’Allemand.
Pas de quoi l’intimider
Il a beau jouer contre certains des tout meilleurs joueurs de poker au monde, Kassouf n’est pas intimidé pour deux sous.
« Je joue comme je sais le faire. Peu importe qui est à ma table, combien de bracelets ils ont gagné on combien de places payées ils ont faites. Ou s’ils sont champions du monde.
Ça ne m’affecte pas. Je suis à une table de poker pour jouer, et c’est tout. Pas d’erreurs, pas de regrets. »
A voir aussi : son interview en vidéo (en anglais) où il revient sur une pénalité qui lui a justement été infligée dans le Main Event, ou encore notre autre interview de Kassouf réalisée en 2017.