Aussi célèbre pour ses bouffonneries à la table de poker et tirades sur ses bad beat,que pour son incroyable record en tant que joueur de tournoi, Phil Hellmuth Jr a toujours été fidèle à son surnom : le Poker Brat (le « sale gosse du poker »).
Légende vivante du poker, Hellmuth a rejoint Johnny Chan et Doyle Brunson en 2006 en tant que l'un des trois seuls joueurs de poker de l'histoire avec dix bracelets WSOP au poignet. Avec une particularité toutefois : toutes ses victoires en WSOP l'ont été dans des épreuves de Texas Hold'em. Mais Hellmuth a ensuite décroché un 11ème bracelet en No Limit Hold'em en 2007 pour désormais trôner seul en tête de ce prestigieux classement.
A noter que Phil a failli mettre fin à cet état de fait qui lui vaut encore des critiques, en étant parvenu à deux doigts d'un bracelet dans une variante autre que le Hold'em en 2010 ! Mais il ne put finalement faire mieux qu'une 7ème place dans l'Event de Pot-Limit Omaha Hi-Lo à 1500$.
Une belle année néanmoins pour le Poker Brat, dont les deux tables finales de WPT consécutives à un mois d'intervalle ont également pu être remarquées.
Hellmuth détenait également (avant 2008 et la victoire du danois Peter Eastgate) la distinction de plus jeune vainqueur du Main Event des WSOP, après avoir battu le champion double tenant du titre Johnny Chan en 1989, à l'âge de 24 ans.
Né le 16 juillet 1964 à Madison dans le Wisconsin, aîné de cinq enfants, Hellmuth est le fils d'un professeur et conseiller d'éducation à l'Université de Wisconsin, titulaire d'un M.B.A. (Master of Business Administration), J.D., et doctorat.
En grandissant avec cinq frères et sœurs, Hellmuth joua à nombre de différents jeux de plateau, mais toujours avec l'esprit de compétition, ressentant le besoin de gagner parce qu'il était le plus vieux.
Hellmuth a grandi dans un quartier de la classe moyenne à Madison. La famille entière ne partageait qu'une seule salle de bains, où sa mère avait écrit un message sur le miroir qui disait « Tu es ce que tu penses. Tu deviens ce que tu penses. Ce que tu penses devient réalité. » Hellmuth dit qu'il lut ce message à chaque fois qu'il se brossait les dents ou prenait une douche, et fut inspiré par les croyances de sa mère selon lesquelles lui et ses frères et sœurs pouvaient tous réussir de grandes choses dans la vie.
Phil apprit le poker alors qu'il était étudiant à l'Université du Wisconsin, passant des parties d'argent de l'Union des élèves à de plus hauts enjeux avec les professeurs, pour finalement laisser tomber l'école afin de jouer professionnellement, en dépit du chagrin de son académique de père.
Après sa victoire aux WSOP 1989, Hellmuth passa les quinze années suivantes à accumuler plus de victoires en tournoi que n'importe quel autre professionnel de poker avant lui. En plus des onze bracelets WSOP, il possède plus de 50 titres en tournoi, sept classements dans les dix premiers en WPT, et a amassé des gains en tournois qui excèdent les 11 millions de $.
Finalement, le père d'Hellmuth et le reste de sa famille finirent par voir le poker comme un choix de carrière viable pour leur rejeton. Phil promit d'ailleurs d'acheter à son père une nouvelle Mercedes s'il gagnait le Main Event des WSOP en 1989 et le convainquit de s'envoler à Las Vegas pour regarder la finale. Lorsqu'il battit Chan pour prendre le titre, il tint alors sa promesse et son père ne lui reprocha jamais plus de jouer au poker.
Hellmuth prétend qu'ils devinrent même en encore meilleurs termes après qu'il se maria avec une diplômée M.D. de l'Université de Chicago, l'alma mater de son père.
Tandis que la réputation d'Hellmuth d'avoir un gros ego et une attitude moins que professionnelle lorsqu'il perd lui ont valu le surnom de « Poker Brat », elle en a aussi fait l un chouchous des producteurs d'émissions télévisées de poker à travers le globe.
Phil se vanta un jour du fait que si la chance n'était pas impliquée dans ce jeu, il aurait gagné chaque pot qu'il a joué ; un autre jour il lança à l'adresse de ses adversaires « Je peux éviter les balles, bébé ! » lors du Main Event des WSOP 2005 après avoir couché un A-K face à une paire d'as ; et il accusa même un autre joueur de ne pas être capable d'épeler le mot poker après avoir pris un bad beat.
Hellmuth est parfois comparé à la star du tennis John McEnroe en raison de ses bouffonneries, et du fait que les caméras sont toujours sur lui dans les tournois télévisés, pour être prêtes à capter sur le vif son prochain bon mot.
Phil prétend que ses accès de colère ne durent seulement que quelques minutes, et dans les interviews suivant ses craquages il se retrouve souvent calme et rationnel. Il se justifie en disant que cela le rend fou lorsque ses adversaires font des erreurs pour ensuite n'être sauvé que par la chance des cartes, et qu'il ne peut se contrôler. Tandis que beaucoup trouvent ses envolées amusantes (en plus d'être bonnes pour l'audimat), Hellmuth prétend qu'aucune de ses mauvaises mayonnaises n'est intentionnelle.
Les seules choses que Phil aime à faire pour se faire remarquer, sont ses désormais célèbres et traditionnelles entrées en fanfare dans le Main Event des World Series à Vegas : déguisé en Jules Cesar et porté par ses courtisanes, en pilote de Grand Prix accompagné de 11 jolies donzelles (une par bracelet), en boxeur de MMA, ... Rien n'arrête l'imagination débordante d'Hellmuth et son sens du show.
L'un des problèmes de Phil est qu'il ne parvient pas à jouer aussi bien que les autres meilleurs pros en cash game. Ce dont il se défend, clamant qu'il ne joue simplement pas autant de parties de cash game afin de s'occuper d'autres intérêts dans les affaires et de passer du temps avec sa famille.
Pour sa défense, ses "à-côté"sont en effet nombreux. Hellmuth écrit pour des magazines de poker et a rédigé nombre de best-seller, dont Play Poker like the pros (Jouez au poker comme les pros) et Bad Beats and Lucky Draws (Bad beats et tirages chanceux).
Alors qu'un scénario sur l'histoire de sa vie et une biographie sont également dans les cartons, Hellmuth a aussi des intérêts dans un site Internet et a pris part à un certain nombre de vidéos de poker d'apprentissage. Il a travaillé avec Oakley pour développer sa propre ligne de lunettes de soleil poker, dans le lancement d'une ligne de vêtements, et ce n'est sans doute pas fini.
Hellmuth vit à Palo Alto en Californie, avec sa femme, psychiatre de l'Université de Stanford, et deux fils. C'est un père de famille dévoué qui remarque souvent que les athlètes, stars de cinéma, et autres joueurs de poker qu'il admire le plus, sont ceux qui peuvent équilibrer leur vie entre famille et travail.
Phil est vraiment l'un des meilleurs joueurs de poker au monde (demandez-lui !). Plus sérieusement, les pairs d'Hellmuth l'ont eux-mêmes désigné comme le meilleur joueur de tournois de No Limit Hold'em au monde, en 2006 ; et tandis que de nombreux professionnels se lamentent de ses excentricités à la table, il ne fait aucun doute qu'il a acquis leur respect en tant que joueur et homme.
Hellmuth a déclaré qu'il voulait être reconnu comme le plus grand joueur de poker de tous les temps. En son for intérieur, il en est presque déjà là.
Divers et anecdotes
* A été introduit dans le Poker Hall of Fame en 2007
* Détient le record du plus grand nombre de places payées en table finale aux WSOP
* Plus de 11 millions de $ de gains en tournois dans sa carrière
* Ancien plus jeune joueur de l'histoire a avoir remporté le Main Event des WSOP (de 1989 à 1998)
* Détient actuellement le record du plus grand nombre de bracelets en or des WSOP, avec 11 victoires
* Sponsorisé par UltimateBet
* Auteur de Play Poker Like the Pros, et co-auteur de Poker Tells avec Joe Navarro.
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Phil Hellmuth promet l'honnêté dans son autobiographie
(23/06/17 - par Arthur Crowson)
Phil Hellmuth aime à dire qu’à chaque fin d’année, il fait le bilan du nombre de bracelets remportés et du nombre de livres écrits.
S’il n’a pas encore brillé lors des World Series of Poker 2017, il a en revanche d’ores et déjà rempli son objectif littéraire.
En effet, Hellmuth vient de publier sa toute première autobiographie lors d’un événement spécial organisé au Rio. Ce pavé de plus de 400 pages est sobrement intitulé : Poker Brat: Phil Hellmuth’s Autobiography.
Le quatuor-décuple vainqueur de bracelet WSOP a dédicacé des exemplaires à une foule de fans venus acheter son dernier livre.
« C’est vraiment génial », nous a-t-il confié entre deux dédicaces.
« Je crois que les gens vont aimer, c’est totalement honnête et authentique. »
Hellmuth : « Je pense que les gens pourront s’identifier »
Lorsqu’on lui demande pourquoi les gens devraient acheter son livre, Hellmuth explique qu’il dévoile quelques scoops sur des sujets jusque là peu débattus.
L’un d’entre eux concerne un certain site de poker en ligne que Hellmuth représentait à l’époque du boom :
« Je parle d’UltimateBet. Il y a un chapitre de 5 000 mots là-dessus. »
Il évoque également son mariage avec Katherine Sanborn.
« J’explique pourquoi j’ai failli quitter ma femme en 2015, et pourquoi elle a failli me quitter en 2002. Je pense que les gens peuvent s’identifier à ce genre de problèmes. »
Hellmuth, qui déclare avoir commencé à écrire le livre dans les années 90, aborde aussi sa jeunesse dans le Midwest avant l’avènement du poker.
« J’avais beaucoup de difficultés au lycée », explique-t-il.
La stratégie ne sera pas totalement absente du livre, puisque Hellmuth partage quelques-uns des conseils qui lui ont permis de remporter 14 bracelets des WSOP.
« J'ai encore mal à la main »
Avant cette autobiographie, Hellmuth avait déjà publié trois grands livres de poker : Play Poker Like the Pros, Phil Hellmuth’s Texas Hold’em, Bad Beats and Lucky Draws, mais il s’agissait de livres centrés sur la stratégie.
Il s’agit donc de la première autobiographie du joueur, et il en attend beaucoup.
« Play Poker Like the Pros a été un best-seller. C’était mon premier succès, donc c’était agréable. J’espère que celui-ci fera aussi bien. »
L’hiver peut être parfois calme pour les joueurs de poker professionnels, c’est pourquoi Hellmuth en a profité pour écrire près de la moitié de son livre entre novembre et février.
« Honnêtement, j’en ai encore mal à la main. J’y ai mis beaucoup d’amour. Mais c’était aussi satisfaisant. »
Sachez également que c’est Daniel Negreanu qui s’est chargé de la préface. Et que Hellmuth prépare déjà son prochain libre, « Positivity », qui devrait paraître assez rapidement.
Toujours le « Poker Brat » ?
Hellmuth semble avoir un peu mûri ces dernières années, bien qu’il ait une nouvelle fois explosé lorsque Bertrand 'ElkY' Grospellier a réussi à le bluffer dans l'un des premiers tournois de ces WSOP. Cela peut donc surprendre qu’il ait titré son libre « Poker Brat » (le sale gosse du poker), mais il assume :
« C’est un surnom que je me suis donné dans les années 90. Andy Glazer m’a aidé à le trouver. Et c’est resté, évidemment. »
Mais alors est-il toujours ce fameux « Poker Brat » ?
« Tous ceux qui m’ont vu chouiner dans le tournoi de No-Limit Hold’em à 1 500 $ l'autre jour connaissent la réponse à cette question. »
Vous pouvez retrouver le nouveau livre de Hellmuth sur Amazon ou sur le stand dédié dans la zone WSOP du Rio si vous êtes en ce moment à Las Vegas.
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Les 5 moments qui ont fait la légende de Phil Hellmuth aux World Series of Poker
(30/12/15)
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, dès que Phil Hellmuth est à la télévision (surtout pendant les WSOP), on ne peut décrocher de son jeu.
Depuis des années, Phil ravit et énerve les fans de poker du monde entier, ce qui ne fait que faire grandir son ego déjà énorme.
Phil Hellmuth a remporté le 14è bracelet de sa carrière lors des WSOP 2015. Notre chroniqueur James Guill revient sur cinq grands moments de sa carrière.
« Je peux esquiver les balles bébé »
Lors du Main Event des WSOP 2005, Hellmuth s’est retrouvé face à Frank Passantino. Face à la paire d’as de Passantino, Hellmuth avait en main A♣ K♠.
A♣ 4♦ 4♣ sont sortis au flop. Les deux joueurs ont checké. Puis Passantino a misé 10 000 au turn qui voyait sortir la Q♣.
Passantino avait le jeu max au flop et Hellmuth tentait pour sa part de déterminer quelle était la meilleure décision à prendre. Après s’être rendu compte qu’il était bel et bien Phil Hellmuth, il a montré ses cartes (A-K) à son adversaire signifiant son abandon.
Passantino lui a donc montré ses as, ce à quoi Hellmuth a réagi en se lançant dans une tirade incroyable.
Il commence par appeler sa femme : « Chérie ! Chérie ! J’aurais dû tout perdre sur cette main, chérie. » Avant de conclure par une réplique qui resterait dans les annales :
« Mais ils ont oublié une chose. Je peux esquiver les balles bébé ! »
C’est loin d’être sa seule citation marquante, mais manifestement il avait raison et continue de le prouver plus de 10 ans après cet épisode.
Les World Series of Poker 2011
Hellmuth a beau n’avoir remporté aucun bracelet lors des WSOP 2011, les joueurs du monde entier ont compris qu’il avait plus d’une corde à son arc.
Avant les WSOP 2011, certains remettaient en question la performance globale d'Hellmuth aux World Series parce qu’il avait remporté tous ses bracelets uniquement dans des tournois de Hold’em.
Autant dire que leurs doutes se sont rapidement dissipés après l’une des meilleures performances du poker contemporain :
Hellmuth a terminé deuxième du NL 2-7 Championship à 10.000$, deuxième du Stud 8 or better Championship à 10.000$ et deuxième du Poker Player’s Championship à 50.000$ !
Même si la victoire n'aura pas été au bout, il aura ainsi pu prouver qu’il pouvait bien jouer partout, pas juste en NL Hold’em.
Ce qui ne l’a pas empêché d’aller aussi très loin dans deux tournois de NLHE cet été là, et d’atteindre une place payée dans le NLHE Six-Max à 2 680€ des WSOP Europe. Pas si mal pour quelqu’un qui « ne peut gagner qu’au Texas Hold’em ».
L’année suivante, Hellmuth arrivait enfin à remporter son premier bracelet hors Hold’em, en Razz.
Phil se rase la tête... et rachète ses propres cheveux
Même lorsqu’il ne fait pas grand chose au Main Event, Phil Hellmuth trouve le moyen de faire parler de lui.
Après s’être fait sortir du tournoi par un amateur, Robert Varkonyi, Hellmuth a déclaré que ce dernier n’avait aucune chance de gagner.
Il est même allé plus loin en disant que si Varkonyi gagnait, il se raserait la tête. Et comme vous vous en doutez... Varkonyi a remporté le tournoi, et deux millions de dollars.
Pour sa défense, il a bien tenté de laisser Hellmuth s’en sortir indemne. Mais celui-ci, pas du genre à refuser de se donner en spectacle, avait déjà convenu de vendre ses cheveux et d’en reverser les bénéfices à une association caritative.
Hellmuth a donc rasé ses cheveux et les a vendus. Puis il a déboursé 10 000$ pour les racheter.
Phil remporte les deux Main Events pour la première fois
Hellmuth n’aime rien de plus que de marquer l’histoire lors des World Series of Poker, et quelle meilleure manière de le faire que de devenir le premier joueur à remporter à la fois le Main Event à Las Vegas et celui des WSOP Europe ?
Alors qu’il venait de remporter son 12è bracelet WSOP lors du tournoi de Razz à 2 500$ des WSOP 2012, de nombreux joueurs étaient persuadés qu'Hellmuth ne pourrait plus jamais s’imposer lors d’un grand tournoi international.
L'Américain est donc arrivé en table finale du Main Event des WSOP Europe, une table finale à laquelle participaient Jason Mercier, Chris Brammer, Joseph Cheong et Stéphane Albertini.
Hellmuth a impressionné tout au long de la table finale, avant de s’imposer en heads-up face à Sergey Baranov pour asseoir encore un peu plus son propre record en remportant son 13è bracelet (et 1,3 million de dollars).
Hellmuth est le seul joueur de l’histoire à avoir remporter deux Main Events dans deux localisations différentes des WSOP.
Il semble que lorsque Hellmuth est aux WSOP, il rentre dans une zone mentale bien particulière que la plupart des autres joueurs sont incapables de trouver. Phil Ivey par exemple, semble encore manquer de la même motivation.
Hellmuth devient le plus jeune vainqueur du Main Event de l’histoire
Phil Hellmuth est rentré dans l’histoire en 1989 en battant Johnny Chan pour devenir le plus jeune champion du monde de l’histoire des WSOP.
À 24 ans, en plus d’être ce plus jeune champion de l’histoire, Hellmuth a également marqué les esprits en empêchant Chan de s’imposer pour la troisième fois consécutive. Johnny Chan avait en effet remporté le Main Event en 1987 et 1988.
La victoire d'Hellmuth lui a permis de consolider sa place dans le poker, et nous a donné un aperçu de ce qu’il accomplirait dans le futur.
Pendant 19 ans, Hellmuth est resté le plus jeune vainqueur du Main Event des WSOP, avant que Peter Eastgate ne s’impose en 2008, à 22 ans (puis Joe Cada plus tard).
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Hellmuth : « Il ne faut pas se laisser dépasser par son ego »
(04/06/13 - par Matthew Showell)
Il a beau avoir 13 bracelets WSOP à son actif et presque 18 millions de dollars au compteur, faisant de lui une véritable légende vivante, Phil Hellmuth estime que s'il ne reste pas au top, on l'oubliera rapidement.
Le Poker Brat s'est confié à PokerListings.com à Las Vegas en ces débuts de WSOP.
« Il ne faut pas se sentir trop à l'aise. Il ne faut pas être trop arrogant. Il ne faut jamais oublier que la seule raison qui fait que ta vie est aussi belle et que tu as l'opportunité de faire ce que tu fais, c'est le poker. Le jour où tu arrêtes de jouer au haut-niveau, tout ça peut disparaître très rapidement. Il ne faut jamais prendre le succès pour acquis ou se laisser dépasser par son ego. »
Hellmuth occupe le devant de la scène depuis qu'il est devenu à 24 ans le plus jeune champion du monde de poker, en 1989.
Pour remporter ce titre, il avait dû battre Johnny Chan, qui était alors considéré comme le meilleur joueur du monde et qui venait de remporter le Main Event des WSOP deux années d'affilée en 1987 et 1988.
Depuis, Phil Hellmuth a atteint 49 tables finales aux WSOP et a fait son entrée dans le Hall of Fame du poker. Pas très étonnant que de tenir son ego en laisse ne soit pas chose facile après tout ça, surtout connaissant l'individu.
Nous avons pu rencontrer Hellmuth pendant une pause durant l'event de Shootout à 3000$ des WSOP 2013. Et Hellmuth nous a expliqué comment l'un des tous meilleurs joueurs du monde arrive à rester au niveau.
Ces dernières années, on a vraiment l'impression que les WSOP sont ton tournoi. Comment tu te sens d'être de retour ici ?
J'ai passé deux années magnifiques où j'ai terminé deux fois deuxième au classement du meilleur joueur du monde.
Greg Merson a dû gagner le Main Event pour me passer devant, alors que j'avais marqué plus de points au classement du meilleur joueur que jamais auparavant.
Ça me paraît presque impossible d'enchaîner trois années aussi exceptionnelles et ça ne m'est jamais encore arrivé.
Il faut savoir dompter son ego.
Par rapport à tes ambitions aux WSOP ?
Le problème, c'est plutôt qu'on te répète tout le temps et que tu lis partout que tu es un grand joueur et tous ces trucs. Il faut savoir faire abstraction et rester concentré.
Si je commence à me comparer à Tiger Woods, Michael Jordan ou à tous les gens qui m'entourent, je risque de me sentir un peu trop cool.
Et il ne faut surtout pas se sentir trop à l'aise ou être trop arrogant.
Il ne faut jamais oublier que la seule raison qui fait que ta vie est aussi belle et que tu as l'opportunité de faire ce que tu fais, c'est le poker. Le jour où tu arrêtes de jouer au haut-niveau, tout ça peut disparaître très rapidement.
Il ne faut jamais prendre le succès pour acquis ou se laisser dépasser par son ego.
Je crois que je ne m'en sors pas trop mal de ce côté là pour l'instant, surtout maintenant que j'ai un peu mûri.
Comment on arrive à dompter son ego quand on remporte le Main Event des WSOPE et son 13è bracelet ?
Honnêtement, s'il y a bien une chose qui m'a rendu humble, c'est ma victoire aux WSOPE.
Oui, j'ai probablement joué le meilleur poker de ma vie là-bas, et je ne suis allé all-in qu'une seule fois dans le tournoi (à la troisième main) – je n'avais qu'un seul out possible, mais je n'ai plus jamais eu besoin d'aller au tapis après ça. Mais même en jouant très bien, on est jamais sûr de gagner.
J'ai l'impression d'avoir eu énormément de chance d'arriver jusque là.
Ces dernières années, il semble que quelques joueurs soient vraiment sortis du lot en matière de résultats – je pense à toi, Ivey et Negreanu par exemple. Est-ce que tu as l'impression qu'un petit groupe de joueurs tire le poker vers le haut ?
Negreanu est vraiment le joueur du moment. Il était un peu en retrait pendant quelques années, mais là il est incroyable.
Mais le poker, c'est comme ça. Moi aussi je n'ai rien fait pendant quelques années, et puis d'un coup, BOUM, tout s'enchaîne.
Quant à Ivey, que dire... Il est impressionnant.
On a une petite rivalité sympa lui et moi. L'autre jour, il m'a envoyé un texto avec une photo. Je lui ai dit : « Le premier à 20 bracelets a gagné. » Il m'a répondu : « Le premier à 30 plutôt. »
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Phil Hellmuth : « Les nouveaux joueurs ne savent pas lire leurs adversaires »
(01/04/13 - par Giovanni Angioni)
Pour Phil Hellmuth rencontré à Venise et qui s'envolera pour l'Australie où se tiendront les WSOP APAC ces prochains jours, si on retrouve de plus en plus de bons joueurs de nos jours, ceux-ci ne sont pas forcément bons partout.
Phil Hellmuth s'est encore fait remarquer à Venise à l'occasion du World Poker Tour, mais plutôt pour son arrivée théâtrale que pour sa partie, qu'il a jouée en mode flambe comme s'il voulait la perdre.
PokerListings a toutefois eu le temps de rencontrer le personnage pour quelques questions sur son actualité et notamment les World Series of Poker APAC où le Poker Brat tentera de décrocher un 14ème bracelet.
À combien d'events vas-tu participer aux WSOP APAC ?
J'ai l'intention de tous les jouer. Il n'y en a que cinq après tout. Par contre je ne veux pas jouer deux tournois à la fois, donc si j'arrive au Day 2 ou 3 d'un des tournois, je devrais sûrement faire l'impasse sur un autre.
Que penses-tu de cette nouvelle franchise asiatique des WSOP ? Cela te paraît intéressant ?
Je suis assez partagé. D'un côté je trouve qu'ils se dispersent un peu, mais d'un autre ça ne peut qu'être bon pour le développement du poker. Donc je ne sais pas trop.
C'est probablement bon pour le poker, mais je ne pense pas que les WSOP devraient trop se disperser. Voilà mon avis.
Donc, pour résumer, pour toi seules les WSOP de Vegas comptent. Sauf quand tu gagnes des bracelets dans les autres.
On est bien d'accord.
L’Asie semble être à la mode. Est-ce que tu envisages d'aller faire un tour à Macao toi aussi ?
Je ne suis jamais allé à Macao, donc pourquoi pas. Les parties là-bas sont géniales et je suis sûr que c'est un endroit sympa. Mais je n'aime pas trop jouer au poker juste pour l'argent. Je préfère jouer pour l'histoire.
D'où les WSOP APAC.
Oui voilà, c'est pour ça que j'y vais. Alors qu'il n'y a pas tant d'argent que ça à gagner.
C'est pour ça que je n'irai pas à Macao pour faire des cash games, même s'il y a énormément d'argent à se faire. Les cash games ne permettent pas de voir qui sont les bons joueurs, même à long terme. Certains se font aider, d'autres ont de gros sponsors qui les financent.
En interviewant Mike Sexton l'autre jour, nous avons évoqué la différence de niveau entre les joueurs d'il y a vingt ans et ceux d'aujourd'hui. On parlait par exemple du genre de joueurs comme Amarillo Slim ou Stu Ungar, et du fait qu'à l'époque il y avait peut-être une quarantaine de très bons joueurs à peine.
Aujourd'hui en revanche, il semble qu'il y ait des milliers d'excellents joueurs, avec beaucoup d'expérience sur Internet, des diplômes, etc. Est-ce que toi aussi tu as l'impression que le circuit est de plus en plus dur et qu'il n'y a jamais eu autant de bons joueurs ?
Ce que je trouve intéressant, c'est qu'aujourd'hui tous les joueurs semblent avoir de très bonnes bases en mathématiques et jouent énormément de mains. Mais parfois, j'ai l'impression que beaucoup de ces nouveaux joueurs, même ceux qui gagnent beaucoup d'argent et de tournois, ont un peu de mal à lire leurs adversaires.
Avant, les joueurs devenaient bons justement parce qu'ils arrivaient particulièrement bien à lire leurs adversaires. Aujourd'hui, c'est grâce aux mathématiques.
Pour moi, ce n'est pas plus mal, parce que du coup je joue contre des gars qui n'arrivent pas forcément à me lire et à masquer leurs propres émotions.
Une dernière chose avant de terminer : quand je te regarde, je t'imagine porter tes treize bracelets à la fois... Ce qui me fait me rendre compte qu'à toi tout seul, tu as deux fois plus de bracelets WSOP que tous les joueurs italiens réunis. Impressionnant, non ?
Ça me fait plaisir, oui, mais je ne dois pas me laisser emporter.
Je crois qu'il ne faut jamais être complètement satisfait quand on joue au poker, parce que si c'était le cas, je n'aurais plus qu'à arrêter. Alors que je suis toujours aussi passionné.
13 c'est bien, mais 14 ça serait encore mieux. Et 15 ça serait génial. 16 extraordinaire... et 24 incroyable.
Incroyable ou assez ?
Peut-être que si j'arrivais à 24 bracelets, ça serait assez, j'en sais rien. D'un autre côté, si j'arrive à 24, j'en voudrai sûrement 30.