La Pologne a été éliminée de de l’Euro en 1/4 de finale la semaine dernière. Quant au poker polonais, il est toujours en difficulté.
Une inondation a touché Las Vegas jeudi dernier. Elle a interrompu la diffusion du match Pologne-Portugal au Rio.
C’était les dernières minutes du match, les deux équipes étaient au coude à coude... Quand l’image est revenue, la Pologne était éliminée.
Ils avaient perdu contre le Portugal aux tirs au but, 5-3. La Pologne n’était jamais allée aussi loin dans un Euro.
Les Polonais s'étaient qualifiés pour la première fois en 2008, mais ce n’est que lors de cette édition qu’ils ont obtenu leur première victoire dans le tournoi, sur un but de Milik contre l’Irlande du Nord lors du premier match.
La Pologne a ensuite fait un beau match nul contre l’Allemagne, puis remporté son dernier match de poule contre l’Ukraine. Ils ont continué à rêver après avoir battu les Suisses en 8e de finales, mais l’aventure s’est arrêtée en quarts.
Pourtant, les choses étaient plutôt bien parties pour la Pologne. Robert Lewandowski avait marqué le deuxième but le plus rapide de l’histoire de l’Euro, permettant à la Pologne de prendre la tête à peine 100 secondes après le coup d’envoi.
« J’ai misé sur Lewandowski pour le premier but », nous a confié Marcin Horecki de la team PokerStars. « Et j’ai parié sur une victoire 3-1 de la Pologne. Je me voyais déjà devenir riche. C’était comme si j’avais touché une quinte royale dans les premières minutes. »
Mais ça n’a pas duré. Renato Sanches a égalisé pour le Portugal à la 33è minute, et les deux équipes ont finalement dû se départager aux tirs au but. Horecki a vécu quelques minutes de rêve, mais il est tombé de haut.
Le poker en difficulté en Pologne
Et il a bien peur qu’il se passe la même chose pour le poker en Pologne. Le parti Loi et Justice a remporté 51% des sièges au Parlement polonais en octobre dernier, et il compte bien s’attaquer au poker.
Le gouvernement précédent avait interdit le poker en ligne en 2009 et imposé une taxe de 25% sur le poker live, mais les joueurs polonais avaient continué à jouer.
Selon Horecki, cette loi était plutôt une réaction du gouvernement après que trois hommes politiques ont été pris dans des accords clandestins avec des casinos... dans un cimetière.
D’autres hommes politiques en ont profité pour s’attaquer aux casinos sans faire de différence entre le poker et les autres jeux.
En somme, le poker en ligne est illégal, mais la loi n’est pas vraiment appliquée.
Des journalistes locaux estiment que des dizaines de milliers de Polonais continuent à jouer au poker en ligne.
Le nouveau gouvernement souhaite créer un marché fermé, mettre en place un site de poker géré par l’État et interdire tous les autres sites.
Horecki fait partie de l’association Free Poker, qui travaille à la légalisation du poker en Pologne. Mais il est plutôt pessimiste. Il a plaidé sa cause auprès de nombreux employés du gouvernement, mais sa mission s’annonce de plus en plus difficile.
Horecki : « Les autorités ne savent pas de quoi elles parlent »
« Le problème, c’est que nos dirigeants ne connaissent rien au poker », explique Horecki. « Nous avions beaucoup travaillé avec les anciens parlementaires, et ils commençaient à mieux comprendre le poker. Mais ce ne sont plus les mêmes, et on repart à zéro. »
« Les autorités polonaises ne savent pas de quoi elles parlent. Ce n’est pas facile de travailler avec elles. J’ai peur de ce qu’il pourrait se passer dans les deux prochains mois. »
Horecki se bat pour le poker polonais depuis le début.
Il s’est lancé dans le poker en 2004. À l’époque, il explique qu’il était difficile de rassembler ne serait-ce que 15 ou 20 joueurs pour un tournoi national.
Horecki avait découvert le poker grâce à un de ses amis dans la communauté Magic : the Gathering, David Williams, qui l’a poussé à commencer le poker en ligne.
Horecki est ensuite devenu pro en 2006, et il compte aujourd’hui 1,4 million de dollars de gains en tournois.
La nouvelle génération
Depuis, il y a eu quelques étoiles montantes.
Dominik Panka est devenu le meilleur joueur polonais après avoir remporté le PCA 2014 pour 1,4 million. Le jeune Panka a ensuite enchaîné avec une victoire en high roller sur l’EPT quelques semaines plus tard.
Aujourd’hui, Panka compte environ 2,4 millions de dollars de gains en tournois.
Un autre joueur, encore plus jeune, a fait son apparition sur le circuit, avec de beaux résultats.
Dzimitry Urbanovich a remporté le High Roller de l’EPT Malte l’année dernière et terminé deuxième des Super High Rollers de l’EPT Barcelone et de l’EPT Monte Carlo quelques mois plus tard.
Urbanovich a enchaîné avec une victoire à l’EPT Dublin en février. À 21 ans, il participe en ce moment à ses premières WSOP et compte déjà près de 5 millions de dollars de gains en tournois.
Pour Horecki, les résultats d’Urbanovich et de Panka ont permis de faire avancer l’idée que le poker n’est pas un jeu de hasard, mais rien n’en est sorti.
« Nous avons beaucoup de joueurs talentueux et très intelligents », estime Horecki.
« Nous sommes bons aux échecs, au bridge et au poker. »
Représenter le poker
« La vie n’est pas chère en Pologne, donc on n’a pas besoin de gagner autant d’argent que les joueurs qui vivent à Londres par exemple.
Donc beaucoup de joueurs commencent à jouer au poker depuis la Pologne. Mais avec ces nouvelles lois, la Pologne se tire une balle dans le pied. »
Les journalistes polonais spécialistes du poker estiment qu’il y aura probablement un exode massif des joueurs de poker polonais si la loi passe.
Urbanovich lui n’est pas au courant des derniers développements du poker en Pologne. Son seul objectif, c’est de gagner.
D’après les journalistes polonais, Urbanovich passe tout son temps à Vegas à jouer et dormir, mais beaucoup de joueurs aimeraient qu’il soutienne Horecki dans son combat.
« Je dirais que 95 % des Polonais ne savent pas ce qu’est le poker », explique Horecki. « Mais la plupart en ont une très mauvaise image.
Beaucoup de joueurs essayent de se cacher, mais moi je suis fier d’être un joueur de poker et nous nous devons de promouvoir le poker et d’en montrer les bons côtés. »