De nombreux joueurs de poker professionnels ne se contentent pas de jouer au poker. La majorité d’entre eux ont un ou plusieurs projets parallèles en cours ou en préparation.
Certains ont travaillé avant leur carrière poker, d’autres passent du poker aux affaires selon le succès qu’ils rencontrent (ou pas) dans le poker.
Eugene Katchalov et Liv Boeree connaissent tous les deux beaucoup de succès dans le poker et mettent à profit ce succès dans les affaires et le caritatif.
Katchalov a investi dans plusieurs entreprises, tandis que Boeree est profondément impliquée dans l’association caritative Raising for Effective Giving (REG).
À l’occasion du PokerStars Caribbean Adventure il y a quelques années, les deux joueurs ont évoqué les liens entre le poker et leurs activités parallèles.
Savoir apprécier la défaite
« L’une des plus grandes leçons du poker, c’est de gérer les défaites. Au poker, tout le monde perd à un moment ou à un autre, même sans avoir commis une seule erreur, » explique Katchalov.
« C’est quelque chose qu’on retrouve dans le monde des affaires. Tu peux travailler très dur jour et nuit, il est toujours possible de se planter. Grâce au poker, tu peux comprendre que ce n’est pas forcément de ta faute.
Dans le poker, je pense que c’est même mieux de commencer par se planter. Cela permet de vraiment apprécier ses victoires. Les joueurs qui gagnent dès leurs débuts ont souvent du mal à gérer les défaites qui arrivent ensuite. »
Liv Boeree a une approche très différente à propos des liens entre la manière de jouer et les échecs.
« Ce n’est pas parce que quelque chose fonctionne que cela signifie que vous avez tout fait correctement. Et si quelqu’un a du succès, vous ne rencontrerez peut-être pas le même succès en faisant exactement la même chose. »
Mettre le poker sur son CV
Un bon exemple de joueur ayant rencontré le succès dans le poker alors qu’il était encore à l’université est Jason Strasser. Il a également prouvé que les entreprises ne s’intéressent pas qu’aux bonnes notes de leurs futurs employés.
Alors qu’il avait déjà gagné des millions de dollars au poker en ligne, Strasser obtenait son diplôme avec des notes moyennes.
Et pourtant, Morgan Stanley n’a pas hésité à l’engager pour gérer des fonds spéculatifs, jusqu’à ce que deux ou trois ans plus tard il crée son propre fonds spéculatif.
Boeree a quelque chose à dire à ce propos : « Si vous avez l’impression d’avoir un trou dans votre CV parce que vous jouiez au poker à temps plein, ne voyez pas cela comme un trou mais comme une expérience qui vous a apporté de nouvelles compétences. Vous serez surpris de voir à quel points les gens sont intéressés par vos accomplissements. Personne n’a AUCUN avis sur le poker.
Certains verront ça comme un vulgaire jeu d’argent et se montreront méprisants, mais il y a les autres. »
(à lire aussi : Peut-on indiquer le poker sur son CV ?)
Expected value
Diplômée d’astrophysique et ancienne championne de l’EPT San Remo, Boeree a également évoqué le fait que la valeur n’est pas forcément directement corrélée à l’argent gagné, ainsi que l’importance des mathématiques dans les affaires.
« Le poker, comme les autres jeux, n’est pas qu’une histoire d’argent. Certains jeux n’ont peut-être pas une EV positive en argent, mais on s’y amuse ou on apprend des choses. Il y a toujours moyen d’en tirer quelque chose, et de l’utiliser dans le poker ou dans un autre domaine.
Même dans les associations caritatives, les mathématiques sont importantes. Il y a des gens qui calculent quelles maladies causent quels dégâts, où il vaut mieux investir, et quel investissement permettra d’obtenir le plus de résultats concrets.
Ils calculent même si cela vaut le coup d’aller jusqu’au procès, en cas de problèmes légaux.
Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas, c’est la différence entre l’efficience et l’efficacité. Imaginez que l’association A investisse 80 % de l’argent dans sa gestion et 20 % pour sauver des vies, et que l’association B investisse 20 % dans sa gestion et 80 % pour sauver des vies. Mais si l’association A réussit à sauver 100 vies pendant que l’association B n’en sauvent que 10, alors une association est plus efficiente, et l’autre plus efficace. »
Lorsqu’on souhaite faire un don, c’est important d’être conscient de cela. C’est pour cela que j’aime autant Effective Giving. »
Et si le poker n’existait pas…
À la fin de la conférence de presse, PokerListings a demandé aux deux joueurs s’ils répondraient différemment à la question « Que feriez-vous si vous ne jouiez pas au poker ? » par rapport à cinq ans auparavant.
Katchalov : « Il y a cinq ans (en 2011), j’aurais dit vouloir retourner dans les fonds spéculatifs, mais aujourd’hui je préférerais investir dans des start-ups. Il y a énormément de petites entreprises qui ont des idées très intéressantes et qui méritent qu’on les soutienne. Je pense que je retournerai dans le milieu des affaires dans le futur. Je pense que je serai toujours dans le poker, mais plus au même niveau. »
Boeree : « Il y a cinq ans, j’aurais sans aucun doute dit que je voulais devenir rock star. (sourire) Aujourd’hui, je suis plus attirée par la science. Dans le futur, je voudrais être consultante, aider les entreprises à repérer leurs points faibles. Je veux aussi continuer à travailler pour des organisations à but non lucratif et à récolter des fonds. »