Gus Hansen avait quasiment disparu du circuit depuis 2014, mais il est de retour à Las Vegas pour disputer des parties et tournois à hauts enjeux.
D’après les sites de suivi, Hansen a perdu environ 17 millions de dollars au poker high stakes (à hauts enjeux) en ligne entre 2012 et 2014.
Mais le Great Dane était à Vegas dès le début des WSOP cette année. Il confiait à PokerListings avoir passé la majorité de son temps dans la Bobby’s Room du Bellagio pour des parties high stakes.
Il aura en outre participé au fameux Poker Players Championship à 50 000 $, sans atteindre la fin du Jour 2 cependant (et toujours aucune nouvelle place payée en tournoi live à son palmarès depuis mars 2014).
Gus avait accepté de nous parler de ces parties à hauts enjeux qui l'auront occupé quelques semaines, et de faire le point sur ces dernières années.
On est très heureux de te voir aux WSOP, ça faisait longtemps. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ces dernières années ?
J’ai fait un peu de poker, mais vraiment très peu, et principalement des cash games. J’ai été au King’s Casino en République Tchèque, un peu à Vienne aussi. Je suis passé à Vegas, notamment depuis le début de l’été, mais le Players Championship était mon premier tournoi.
Tu te concentres sur les cash games depuis que tu es ici ?
Oui, des cash games dans la Bobby’s Room. J’ai eu des bons jours, d’autres moins. Je me concentre sur la 2 000/4 000 $.
Comment cela se passe ?
Il y a des hauts et des bas. Malheureusement, jusqu’à ce tournoi c’était plutôt des bas.
Un homme qui a inspiré tout une génération de joueurs.
J’avais besoin de changer d’air, c’est pour ça que j’ai décidé de participer à ce tournoi. Mais il faut pouvoir montrer la meilleure main une fois de temps en temps.
Je ne joue probablement pas à mon meilleur niveau, mais je suis globalement assez content de ma performance. Parfois ça marche, parfois non.
Le Gus Hansen que l’on connaît n’a jamais eu besoin de la meilleure main pour gagner.
C’est vrai, mais en Limit on peut moins mettre la pression sur les adversaires. En No-Limit ou en PLO, c’est plus ouvert, mais là ça n’a pas fonctionné.
J’aime beaucoup ce tournoi, cela dit. Je vais peut-être participer à quelques tournois, mais plus probablement uniquement au Main Event.
On sait depuis longtemps que tu adores la compétition. Alors si ce n’est pas dans le poker, où retrouves-tu ces sensations ?
Dans d’autres jeux, à un niveau amateur. Je joue au bridge et beaucoup au squash. Mais en dehors de ça, j’investis aussi dans des entreprises.
Du backgammon aussi ?
Très peu. Après les WSOP, il y a le championnat du monde de backgammon à Monaco, et j’y serai forcément. Mais je ne sais pas encore si je jouerai.
On ne sait jamais comment la roue va tourner. Peut-être que j’en profiterai pour faire quelques cash games ou juste pour voir quelques amis de mon époque backgammon.
On sait que tu as participé à des parties de backgammon à hauts enjeux par le passé. Est-ce que c’est toujours le cas ?
"Vous allez me revoir plus souvent sur la scène du poker."
Très peu. Cela pourrait se reproduire, mais ça ne fait pas spécialement partie de mes projets.
Est-ce que tu vas passer plus de temps dans le poker à partir de maintenant ?
Oui. J’ai toujours adoré le poker. Pour l’instant, les choses ne marchent pas particulièrement bien pour moi à Vegas, mais je suis là et j’ai bien l’intention de retrouver une place sur le circuit.
C’est sympa la Bobby’s Room l'été ?
Je ne peux pas trop en dire, mais les parties sont intenses et on s’amuse bien. Les gens plaisantent beaucoup, et c’est très agréable. Il faut être capable de gérer les blagues quand on perd, surtout quand comme moi on n’est pas le dernier à en faire.
Même dans le Players Championship à 50 000 $, les joueurs plaisantent beaucoup. C’est assez étonnant de voir que l’atmosphère est aussi détendue alors que les enjeux sont aussi élevés.
L’argent est forcément un facteur important et les gens prennent le tournoi au sérieux, mais pour moi ça permet de créer une atmosphère plus détendue. Généralement, j’ai l’impression de prendre de meilleures décisions dans ce contexte.
Comme je l’ai dit, j’aime quand ça parle et de toute façon, je suis sûrement l’un des joueurs les plus bavards du poker. Donc je crois que ma table est toujours la plus bavarde, quelles que soient les mises.
Est-ce que tu as cette approche de manière générale, selon laquelle il est important de s’amuser et de profiter du moment même si la pression est très forte ?
Je pense que c’est un bon conseil en général, oui. Si tu veux devenir très bon dans quelque chose, il faut que ce soit quelque chose que tu aimes, et ça c’est plus facile quand tu t’amuses.
Donc oui, si quelque chose ne te plaît pas, tu as moins de chances de devenir très bon.
Cela n’empêche pas qu’il faille être sérieux, parce que tout cela prend du temps. Mais on peut toujours s’amuser.
Gus Hansen : « Je devrais peut-être m'éloigner un moment du poker »
(24/03/14 - par Dirk Oetzmann)
Depuis quelque temps, Gus Hansen fait plus parler de lui pour ses incroyables pertes que pour ses victoires au poker. PokerListings l'a rencontré en ces premiers jours de l'EPT de Vienne pour en savoir plus.
PL : Tu nous avait confié à Galway l'an dernier que tu te posais de plus en plus de questions sur ton jeu et sur toi-même. Est-ce que c'est toujours le cas, et peut-être même encore plus ?
Gus : Oui définitivement. J'ai connu une bonne semaine la semaine dernière, suivie par une très mauvaise. J'ai besoin de trouver le moyen de voir si cette introspection fait partie du problème ou non. Mais je dois agir pour sûr.
Tu utilises des logiciels trackers quand tu joues en ligne ?
Non, mais il semble que je devrais. Je ne connais pas grand chose à vrai dire à propos d'Holdem Manager et Poker Tracker, mais je devrais sans doute m'y pencher dessus.
Beaucoup d'observateurs disent que ta plus grosse faille est la sélection des parties. Tu es un grand joueur mais il semble que ton désir de t'assoir avec n'importe qui à n'importe quelles limites est en train de te tuer, non ?
C'est vrai que j'ai probablement la pire sélectivité de parties au monde.
Jouer à hauts enjeux demande une énorme force mentale, particulièrement quand les choses vont mal. Peux-tu nous dire qu'est-ce que tu ressens justement, et comment tu fais pour rester positif et continuer à jouer ?
Eh bien pour dire vrai, en ce moment je ne vois vraiment pas les choses de manière positive, je peux vous le dire ! J'ai encore connu une session perdante la nuit dernière. Il faut que je dorme et que je fasse un peu d'exercice.
Ca fait un moment que je suis sur une série négative, il faut que je regarde autre chose que les résultats, et voir plutôt comment me gérer et comment jouer. Je dois beaucoup creuser et trouver un moyen de surmonter tout ça. Cela peut vouloir dire faire une longue pause, loin du poker, juste pour me nettoyer l'esprit.
"Le backgammon peut être une source de revenus mais à partir d'un moment je ne peux plus compenser mes pertes."
Il est difficile d'imaginer un monde du poker sans toi. Est-ce même possible ? Mais si tu continues de perdre, pourrais-tu envisager quitter le poker définitivement ?
Je ne vois pas ça arriver, mais j'ai toujours été un joueur. Il est difficile d'imaginer que je prenne un recul définitif de la scène du poker. Je pourrai en revanche y être un peu moins présent que maintenant.
Quel est ton avis sur la dernière initiative qui a un peu fait couler d'encre dans le milieu, les "shot clocks" (chronos) en tournois, pour limiter le temps de décision des joueurs ? Combien de temps penses-tu qu'il est nécessaire de donner ?
L'un dans l'autre je pense que c'est quelque chose de bien. En général je ne demande jamais la montre envers quelqu'un qui doit prendre une grosse décision. Si tu mises à la river et que je sur-relance gros, ça ne me dérange pas que tu prennes 20 minutes pour prendre ta décision, si celle-ci peut te coûter tout ton argent et que tu joues pour ta vie.
Après si c'est fait tout le temps, c'est mauvais pour le jeu. La montre systématique accélererait le jeu, ce qui serait bon pour l'action, et aussi pour la télé. Avant quand je jouais beaucoup au backgammon, on avait également une horloge.
Je pense que les joueurs devraient avoir 30 à 60 secondes, à la discrétion des organisateurs. Mais quand il y a un temps défini, on devrait d'y tenir. Il ne devrait pas y avoir d'autres "boutons" ou réserves de temps et tout ça. Cela ne ferait que rendre les choses encore plus compliquées.
Quelle est ta vision sur le futur du poker ? Les parties deviennent-elles imbattables ? Est-ce que Macao devient le seul endroit où il est possible d'avoir un avantage ?
Evidemment, c'est toujours possible. Tu as juste besoin d'être meilleur que les autres à ta table. Bien sûr après les joueurs sont devenus meilleurs et encore meilleurs. On est plus en 2003, et encore moins en 1995.
Vas-tu à Macao justement pour jouer des parties avec un avantage ?
J'ai plutôt bien réussi à Macao, ce qui ne fait jamais de mal. J'y suis allé quelquefois récemment, mais je ne prévois pas d'y retourner dans un futur proche. Mon planning est plutôt constitué de l'EPT Grand Final et des WSOP.
A Macao le poker peut être comme partout, mais il y a aussi des parties pour lesquelles tu as besoin d'être invité. C'était d'ailleurs comme ça que j'y ai joué la première fois.
Vraiment sûr de ne pas vouloir retourner à Macao, Gus ?
Ils ont aussi des règles un peu différentes à Macao, mais ça me va.
Par exemple, il y a quelques années, moi et Sammy Farha voulions jouer en heads-up à Vegas, mais les casinos ne voulaient pas parce que cela devait être une table de partie d'argent ouverte à tous.
A Macao, si toi et moi jouons en heads-up, et que quelqu'un veut rejoindre la partie, il ne peut le faire que si on le veut bien. C'est d'ailleurs comme ça que ça marche au backgammon.
On a eu des parties à "straddle" absolument incroyables à Macao, avec des pots de plusieurs millions de dollars. Et je n'ai même pas joué dans les plus hautes parties.
Jean-Philippe Rohr nous avait dit à Enghien que tu avais gagné 2,5 millions de dollars en jouant des parties de backgammon à hauts enjeux lors de l'EPT Grand Final il y a quelques années. La partie aurait été si lucrative que tu aurais manqué le Jour 2 du High Roller. Les parties de backgammon se jouent-elles à des enjeux si hauts ?
Est-ce d'ailleurs de là que vient le plus gros de tes revenus et de ton capital ?
Au Grand Final il y avait en effet une partie de backgammon high stakes, et oui il y en a toujours ici ou là. A cette époque je gagnais un montant à 7 chiffres, et puis je le reperdais derrière.
J'essaie d'en faire ma source de revenus, mais le problème c'est qu'à un moment je ne peux plus compenser mes pertes. Et puis il n'y a pas beaucoup de joueurs qui peuvent se permette de jouer pour autant d'argent.
Un petit mot sur la Coupe du Monde de football qui arrive. Quelle équipe vas-tu supporter, et qui penses-tu qui va gagner ?
Je vais encourager l'équipe sur laquelle je vais parier.
Qui est ?
Bonne question, je n'ai pas encore décidé. Je pense que le Brésil a l'avantage de jouer à domicile, et ils vont être durs à battre, même s'ils ne sont pas aussi forts que quelques-unes des autres équipes.
Je pense que les joueurs espagnols commencent à vieillir, bien que l'Espagne soit toujours l'une des meilleures équipes. L'Allemagne a probablement encore suffisamment de force de frappe pour aller loin. Avec le Bayern de Munich ils ont probablement la meilleure équipe au monde, avec des joueurs de l'équipe nationale en leur sein.
Penses-tu avoir toujours une chance d'être à nouveau dans le classement des 50 hommes les plus sexy de la planète ?
Non ! Je commence à ne plus être si jeune, et pour ne serait-ce que m'en approcher, il faudrait que je change deux-trois choses, et notamment déjà de revenir en forme.
Gus Hansen : « Je me pose des questions et ça m'empêche de dormir »
(14/08/13 - par Giovanni Angioni)
Que Gus Hansen soit dans le creux de la vague depuis quelques mois et qu'il a perdu beaucoup d'argent n'est désormais plus un secret pour personne. La star danoise s'est confiée à PokerListings sur le sujet, et bien d'autres.
Hansen le dit lui-même, il est passé en quelques mois de plus grand gagnant d'Omaha Hi-Lo sur Internet au plus grand perdant. Il a perdu des millions rien que cette année.
Pour PokerListings Italie Giovanni Angioni l'a retrouvé du côté de Galway où le célèbre Danois a laissé de côté pour quelques jours les mises faramineuses auxquelles il est habitué sur Internet pour des sommes plus raisonnables, et a gentiment accepté de répondre à nos questions.
Si nous avons bien sûr évoqué avec lui ses contre-performances les plus récentes, Gus nous a également donné son avis sur les nouveaux ambassadeurs FTP, les bons et les mauvais côtés des "overlays", ses pronostics pour la finale du Main Event des WSOP, et la fin de l'anonymat dans le poker. Avec comme toujours un Hansen franc, réfléchi et rafraîchissant.
Gus, comment s'est passé le Main Event de l'UKIPT Galway ?
MAL ! Je me suis fait sortir très tôt. Je pensais avoir bien analysé mon adversaire, je pensais qu'il allait jouer de manière très agressive. J'ai suivi une grosse relance à la river, et manifestement c'était une erreur.
Vite fait, mal fait quoi. Mais c'est pas grave, il y aura d'autres Main Events.
Tu as joué un peu de tout ici à Galway, et il faut avouer qu'on a tous été surpris de te voir jouer un tournoi à 40€. Comment les gens ont-ils réagi quand ils ont réalisé qu'ils allaient jouer contre Gus Hansen dans un tournoi à 40€ ?
Quand Gus tombe dans votre tournoi à 40€.
Je suis là depuis deux semaines et c'est vrai que j'ai participé au tournoi à 40€, à 140€, à l'event de heads-up à 1000€, etc. Les gens ont plutôt bien réagi, je pense qu'ils ont trouvé ça sympa.
Dans le tournoi à 40€ certains joueurs disaient : « Je veux me faire sortir par Gus Hansen ! »
En plus je pense que les joueurs ont bien aimé la tente, on est bien installés.
Oui, d'ailleurs parlons-en un peu. Que penses-tu du Village ?
Je trouve que c'est une excellente idée et je pense que les autres joueurs ont apprécié. Dans la plupart des tournois, la seule préoccupation des organisateurs est de caser le plus de tables de poker possible, sans se soucier d'autre chose.
Alors qu'ici, ils ont choisi de construire une salle où les joueurs peuvent passer du temps, jouer au billard, boire un coup au bar, ...
Le compagnon de Gus à Galway.
Et jouer à Pac-Man...
Oui, aussi. Ils ont vraiment fait quelque chose de très sympa. Ils ont aussi organisé un tournoi de bridge, auquel j'ai participé parce que j'adore le bridge.
En tout cas, tous les joueurs avec qui j'en ai parlé ont apprécié.
Au casino, il y a deux règles d'or : pas de photos, pas de lumière du jour. Ici, c'est l'inverse.
Moi j'aime bien jouer tout en voyant ce qu'il se passe dehors, ça aide à se sentir un peu moins comme un vampire. Le seul problème c'est quand la lumière se reflète dans la machine Pac-Man et éblouit.
Plus sérieusement, j'ai l'impression que c'est la première fois qu'ils ont pris en compte le fait qu'on ne peut pas jouer au poker 24h/24 et qu'il faut donc proposer d'autres choses.
Revenons-en au Main Event. On a appris aujourd'hui qu'il y aurait eu un overlay de 250.000€, un peu comme à l'ISPT. Qu'en penses-tu ? Est-ce que c'est une bonne chose parce que c'est plus avantageux pour les joueurs, ou une mauvaise car cela complique les choses pour les organisateurs ?
C'est évidemment une bonne chose pour les joueurs. Un exemple simple : un tournoi avec une garantie de 10.000$ et seulement deux joueurs qui s'inscrivent pour 1.000$ chacun. Pas mal non ?
Ici, on en est pas là, certes. Mais si on a 750 ou 800 joueurs inscrits et que la garantie est d'un million, c'est vraiment bien pour les joueurs. Après, évidemment que lorsque les sponsors fixent une garantie, c'est qu'ils espèrent rentrer dans leurs frais.
Du coup, c'est sûr que s'ils doivent toujours sortir 200.000$ ici et là, ça ne peut pas marcher. Ce sont quand même des entreprises.
Donc finalement... C'est bien ou pas qu'il y ait des overlays ?
Je pense que c'est bien qu'il y en ait de temps en temps, surtout quand il s'agit d'une véritable garantie. C'est sûr qu'il y a quelques tournois à petit buy-in où il y a une garantie d'un million, mais c'est sur Internet, avec des milliers de joueurs. Ils pourraient même garantir 3 millions, ça n'a aucune importance car ils savent pertinemment que la garantie sera de toutes façons dépassée.
Un gros overlay et un chapeau irlandais ne chassent pas la bonne fortune.
Ici, l'objectif était d'atteindre les 1000 joueurs mais on n'y est pas arrivé. Du coup les joueurs peuvent en profiter un peu, et je pense que de temps en temps, c'est bien.
Le retour de Full Tilt Poker est quand même un sacré défi. Alors oui, PokerStars l'a racheté, mais ça ne suffit pas forcément à faire revenir les joueurs, la confiance ne s'achète pas après tout. Il faut séduire les joueurs, donc un overlay de 250.000$ est la meilleure arme de séduction... non ?
Comme je vous l'ai dit, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. Full Tilt, en collaboration avec les gens d'ici, ont proposé quelque chose de sympa. Ca fait parler de Full Tilt en termes positifs, ce qui nous fait du bien vu notre passé.
Pour moi, il s'agit véritablement d'un nouveau Full Tilt, mais les gens pensent encore beaucoup au Black Friday. Je pense donc que ce tournoi est effectivement une très bonne chose.
Changeons de sujet. Il y a quelque temps, Ben Sulsky se plaignait du fait que les joueurs ont tendance à ne pas essayer de nouvelles variantes et à ne pas sortir de leur zone de confort. Toi qui es un peu une touche-à-tout, es-tu d'accord avec lui ?
Je suis pour que les gens fassent ce qu'ils veulent. S'ils ne veulent jouer qu'au No-Limit Hold'em, ça me va.
Après, il y a une bonne raison pour laquelle on considère que Phil Ivey est le meilleur joueur du monde : c'est parce qu'il peut jouer à tout. Il est prêt à jouer à toutes les variantes de poker, et peut battre n'importe qui.
Moi aussi j'aime toucher à tout, c'est vrai, mais je ne suis pas aussi bon que Phil.
Ceci dit, je peux comprendre ce que ressent Ben. D'ailleurs c'est plutôt un gars sympa. Je pense qu'il est frustré parce que la plupart de ses adversaires se contentent de jouer à une seule variante.
Mais je les comprends aussi : si tu gagnes en jouant à une certaine variante, pourquoi aller perdre de l'argent en essayant d'en apprendre une autre ?
A l'époque, c'était sur FTP qu'on trouvait les têtes d'affiche. Les nouveaux ambassadeurs FTP – Martins Adeniya, Sin Melin, Dermot Blain et Ben Jenkins – sont très sympathiques, mais disons que ce n'est pas le genre de joueurs que FTP aurait choisis il y a 10 ans. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que FTP a définitivement changé de statut ?
Je ne sais pas si FTP a changé de statut, on a quand même encore de grosses têtes d'affiche. Moi j'aime bien nos nouveaux ambassadeurs. Je connaissais déjà Martins, mais j'ai découvert Sin, Dermot et Ben, et ils sont vraiment très sympa.
De nouveaux ambassadeurs tels que Martins Adeniya sont bons pour les tournois plus accessibles.
Certes, ce ne sont pas de « stars », mais l'UKIPT n'est pas un très grand tournoi : il n'y a pas de high-roller à 100.000$ ou de Main Event à 10.000$. Je pense que c'est bien de montrer qu'il n'y a pas besoin de jouer des tournois à 100.000$ pour devenir joueur professionnel.
Au poker, on peut être professionnel en participant aux WSOP, en jouant des high-rollers, en participant à des tournois comme l'UKIPT ou même en jouant en limites 2/5 localement.
Après avoir passé deux semaines ici, je peux vous dire qu'ils ont très bien choisi les nouveaux ambassadeurs. Ils démontrent parfaitement qu'on peut être professionnel en jouant des tournois comme l'UKIPT. C'est un bon moyen de montrer qu'il n'y a pas besoin de s'appeler Viktor Blom et de gagner 5 millions d'un coup pour se faire un nom. C'est bien.
Parlons un peu du GPI (Global Poker Index) qui vient de racheter Hendon Mob. Qu'en penses-tu ? Est-ce que c'est la fin de l'anonymat pour les joueurs ?
Oh personnellement je crois que je ne suis plus anonyme depuis bien longtemps, donc ça ne va pas changer grand chose pour moi.
A chaque fois que je gagne ou - et c'est plus fréquent ces derniers temps - que je perds sur Internet, tout le monde est au courant. Alors oui, il y a des bons et des mauvais côté. Mais on est en 2013, et il n'y a personne au Village sans un smartphone ou une tablette.
Un petit exemple : l'autre soir, je suis sorti avec les Ambassadeurs et Hana Soljan. Disons que je ne me souvenais plus de la fin de la soirée. Eh bien le lendemain je suis allé sur Facebook et j'ai découvert que je m'étais mis torse-nu et que je faisais des pompes. Les choses ont changé, on n'est plus en 1812 ou en 1955.
Il est normal de ne pas être anonyme quand on est dans un endroit public.
C'est normal, d'accord. Mais est-ce que tu penses que c'est bien ou mal ?
Je doute qu'un seul joueur de poker se plaigne que le poker en soit là où il est est aujourd'hui.
Que ce soit en tant que loisir ou professionnellement, c'est un jeu qui est devenu tellement populaire qu'on peut y jouer et en vivre à tous les niveaux, des plus petites mises aux high-stakes.
Les swings online font des ravages.
Alors oui, si tu deviens professionnel, il y aura toujours quelqu'un pour suivre ce que tu fais. Ça fait partie du jeu, on ne peut pas s'en offusquer.
Parlons un peu de tes performances en montagnes russes. Est-ce que tu arrives à dormir après tes parties ? Tu gagnes des millions, tu en perds autant... et les chiffres donnent le vertige !
Ah ça... Je dors mieux après une grande victoire qu'après une grosse défaite, c'est sûr.
J'ai l'impression que quelque chose m'échappe. Peut-être que j'ai fait mon temps. J'étais le plus grand gagnant de l'histoire en Omaha Hi-Lo, et en 6 mois je suis devenu le plus grand perdant.
Donc je me pose des questions : qu'est-ce qui s'est passé entre temps ? Je sais que je ne joue pas mon meilleur jeu, mais je ne suis quand même pas le plus mauvais non plus.
Je me pose des questions, encore et encore. Je pense que c'est une démarche normale pour tous les joueurs d'un certain niveau, il faut se demander si on ne s'est pas laissé dépasser, si on n'est pas rouillé, si on a toujours le niveau.
Je me pose des questions et ça m'empêche de dormir. Surtout quand j'enchaîne les mauvais résultats comme en ce moment.
Mais cela fait 20 ans que je joue. J'ai perdu tout ce que j'avais, je l'ai gagné à nouveau, puis reperdu. Et malgré ce qu'indiquent mes résultats sur Internet, je ne m'en sors pas trop mal. Je joue ailleurs.
Comme Ben Sulsky, je joue à toutes les variantes, voire plus. Trouvez-moi un joueur de backgammon high-stakes, je jouerais contre lui. Trouvez-moi un joueur de Poker Chinois Ouvert, je jouerais contre lui. Et trouvez-moi un joueur de poker high-stakes, il y a de fortes chances pour que je joue contre lui.
J'ai plusieurs cordes à mon arc, et ce n'est pas parce qu'une ne fonctionne pas que les autres ne sont pas efficaces.
J'ai l'habitude des montagnes russes. Je m'en passerais bien si je gagnais, mais ça fait partie du jeu.
Pour finir, quels sont tes pronostics pour les WSOP. Qui vois-tu gagner ?
Allez Gus, tu m'connais !
Oh, j'aimerais avoir un favori mais... Bon, sans vouloir passer pour un snob, je ne sais même pas qui va participer à la table finale.
C'est vrai ?
Oui... mais bon, c'est toujours moins pire que Phil Ivey, assis à côté du vainqueur du Main Event sans même le savoir.
Je ne sais pas qui est à la table finale, donc je ne peux pas vous donner de nom... Ah si, attends ! Bien sûr que j'en connais un ! D'ailleurs c'est un très bon joueur et un gars très sympa.
C'est qui ?
JC Tran. Je pense qu'il peut gagner. Il a fait pas mal de tables finales, il a gagné pas mal de tournois.
Bien sûr, le Main Event est toujours un tournoi spécial, mais il a de l'expérience et cela va lui servir. C'est un joueur solide.
Quelle est la prochaine étape pour toi ? Barcelone ?
J'envisage peut-être de retourner un peu à Vegas, ou à Macao. J'aimerais bien aller à Barcelone, mais on ne sait jamais.
En parlant de Macao, si on en construisait une réplique en Europe et qu'on l'appellait Eurovegas, tu t'y rendrais ?
C'est évidemment plus naturel pour moi d'être en Europe qu'à Macao. Mais quand je suis au casino, l'important ce n'est pas l'endroit mais les adversaires contre qui je joue.
Tout n'est pas si noir pour Gus Hansen ces derniers temps.
Pour l'instant je m'en sors pas mal à Macao, donc je vais continuer à y aller. Je suis sur une bonne série.
Je dirais même que j'ai gagné plus d'argent que ce que je mérite, mais comme d'un autre côté j'ai perdu plus que ce que je mérite sur Internet, ça s'équilibre.
J'aime jouer à Macao, mais les choses peuvent changer si on construit Eurovegas et qu'il y a de belles parties. On verra !
Gus Hansen : « Je n'arrive pas à me sortir de ma mauvaise passe »
(22/03/13 - par Thomas Hviid)
Gus Hansen lors du challenge de heads-up Full Tilt contre PokerStars lors de l'EPT de Londres.
Après 15 ans, plus de 11 millions de dollars de gains en tournois, des dizaines de millions de dollars de hauts et bas en ligne, et quelques-unes des mains les plus mémorables de l'histoire du poker télévisé, est-il même possible d'imaginer un monde du poker sans Gus Hansen ?
L'un des joueurs de poker les plus populaires de l'histoire, Hansen est resté fidèle à son style kamikaze, pour le meilleur ou pour le pire. Mais une chose est sûre, il rend toujours les choses intéressantes à la table.
Sa plus récente grosse perte online fait définitivement partie du pire, mais cela ne l'empêche jamais de revenir, encore et toujours. Au plus grand plaisir de ses fans.
A Londres à l'occasion du Main Event de l'EPT et du challenge Fullt Tilt vs PokerStars, le danois a pris un peu de temps pour répondre aux questions de notre collègue de PokerListings Danemark, Thomas Hviid.
Tu es de retour sous les couleurs de Full Tilt Poker. Comment tu te sens ?
C'est vraiment génial d'avoir retrouvé Full Tilt. C'est toujours eux qui ont offert le meilleur logiciel et la meilleure expérience de jeu. Après, comme tout le monde ou presque le sait, cela fait quelques mois que ça se passe très mal pour moi online. Disons que ça calme un peu mon enthousiasme.
En décembre tu nous disais que si cela se passait si mal pour toi ces derniers temps, c'était parce qu'il y avait trop de distractions qui t'empêchaient de te concentrer pleinement sur le poker. Ça va mieux ?
Manifestement, non, ça ne s'est pas vraiment arrangé puisque je ne suis pas encore arrivé à me sortir de cette mauvaise passe.
"Le manque de concentration me plombe."
Je n'ai pas fait assez d'efforts et toujours ce manque de concentration qui me plombe. Disons que je prends un peu les choses à la légère, et ça, ça ne pardonne pas contre les tout meilleurs joueurs du monde. J'espère quand même que le vent va tourner.
Si tu devais comparer avec le Full Tilt Poker d'il y a deux ans, dirais-tu que le jeu a évolué ? Dans quelle mesure ?
Comme je n'ai absolument pas joué sur Internet pendant un an et demi, c'est un peu difficile d'évaluer cela. Je dirais que globalement les joueurs se sont améliorés, ce qui est normal.
Les choses évoluent. En sport, les gens sautent plus haut, courent plus vite, en poker c'est la même chose. Les joueurs ont de plus en plus d'outils à leur disposition pour améliorer leur jeu : il y a énormément de livres, de forums où s'informer et échanger, et tout ça permet aux joueurs d'être en constante progression. Il n'y a pas photo avec la façon dont on jouait il y a dix ans, et c'est bien possible que ce soit également vrai par rapport à il y a deux ans.
Quels aspects de ton jeu penses-tu devoir travailler ?
"Je continue de penser que j'ai encore de bonnes idées pour les différents jeux."
Le problème c'est que j'ai l'impression d'avoir beaucoup de très bonnes idées à tous les niveaux, mais vu ma mauvaise passe, je n'arrive pas du tout à les mettre en pratique. Je crois qu'il va falloir que je me remette au boulot et que je fasse un travail d'analyse plus profond que ce que j'ai fait jusque là pour me remettre dans le droit chemin.
Est-ce que tu connais bien les outils d'analyse dédiés au poker, comme Holdem Manager ?
J'en ai entendu parler, dire que je les connais bien serait probablement une exagération. J'ai vu un ami à moi en utiliser, mais je n'ai pas encore franchi le pas. Apparemment, tout le monde s'y met, alors peut-être que je devrais me lancer.
Est-ce que tu parles beaucoup stratégie avec tes coéquipiers Viktor Blom et Tom Dwan ?
Ça dépend. Je crois que c'est plutôt le style de la team PokerStars. Je dirais que leurs gars (ElkY, Haxton et Negreanu) sont plus du genre à analyser et ont énormément préparé le match. Alors que nous, on est plus dans le concret. On s'assoit et on joue.
Ceci dit, c'est vrai que la préparation est importante, et évidemment qu'on parle de stratégies et des mains avec Dwan et Isildur, mais simplement moins que nos adversaires.
Est-ce que tu connais bien tes deux coéquipiers ?
Je connais Tom Dwan depuis... je ne me souviens même plus quand il est arrivé, mais ça fait bien quelques années.
Quant à Viktor, disons qu'on vient presque du même coin – il est suédois, je suis danois mais je parle suédois, donc ça facilite la communication. On parle en suédois ou en anglais.
C'est un mec sympa. On a d'ailleurs évoqué l'idée de pousser un peu plus loin l'analyse de notre jeu.
"Chris Ferguson est l'un des mecs les plus gentils que j'ai jamais rencontré."
Est-ce que tu as définitivement tourné la page de "l'ancien" Full Tilt ?
Le jour où PokerStars a annoncé qu'ils rachetaient FTP et allaient rembourser tout le monde, c'était une vraie bonne nouvelle. Il y a encore quelques questions en suspens aux États-Unis, mais je crois que la Justice américaine doit clarifier les choses. Aujourd'hui, ce chapitre est clos pour moi. Même s'il faut en tirer des leçons et ne pas l'oublier, il faut aussi savoir aller de l'avant.
Lors d'une interview avec PokerListings lors des WSOP l'été dernier, tu déclarais ne pas penser que Howard Lederer et Chris Ferguson avaient eu de mauvaises intentions. Tu le penses toujours ?
Oui. Je crois que ce que j'avais dit à l'époque c'est qu'ils avaient été trop négligents. Bien que n'ayant jamais assisté à un CA et n'étant qu'un partenaire silencieux, peut-être que moi-même j'aurais pu et dû être plus attentif. Je me considère aussi, dans une certaine mesure, coupable de négligence. Donc oui, pour moi les actionnaires ont pêché là-dessus.
Mais il y a une grande différence entre être négligent ou ne pas prêter assez attention et agir consciemment de manière criminelle. Chris Ferguson est l'un des mecs les plus gentils que je connaisse, et je connais Howard Lederer depuis longtemps, donc cette situation est vraiment étrange pour moi.
Vas-tu être plus présent sur l'EPT maintenant que tu fais partie de la Team Full Tilt Poker ?
Là je suis à l'EPT Londres, je serai aussi à Berlin et à Monaco, où j'habite. Pour l'instant je n'ai rien prévu d'autre, mais on verra. C'est clair que si je fais un bon résultat ici, je vais peut-être m'enflammer un peu, mais si je me fais sortir tôt, je vais peut-être me dire "tant pis, j'aime pas ces tournois". On a souvent tendance à plus jouer quand cela se passe bien.
Participeras-tu aux WSOP cet été ?
"Le poker, c'est ma vie."
Oui. Je n'ai pas encore regardé le programme, ni décidé quels tournois je jouerai, mais je serai là.
Est-ce qu'on te verra aussi du côté de Macao ?
Je n'ai rien de prévu pour l'instant, mais ça serait étonnant que je n'y aille pas à un moment ou à un autre. J'y suis déjà passé brièvement en début d'année.
On sait que tu aimes beaucoup le racketlon et le tennis. On t'a également vu jouer au bridge avec le Prince Henrik du Danemark, et tu aimes aussi le backgammon. Est-ce que le poker tient toujours une place aussi importante dans ta vie ?
Oui, le poker c'est ma vie, je suis membre de la team Full Tilt Poker. Je fais d'autres trucs, certes, mais c'est vraiment en tant qu'amateur.
Est-ce que tu te vois faire comme Theo : vivre à Greve (banlieue de Copenhague) avec une famille et un chien ?
Certainement pas à Greve vu que je suis plutôt du centre-ville de Copenhague ! Mais il est très probable que je retourne vivre au Danemark d'ici cinq ans, oui. C'est là que je suis né, que j'ai grandi, et beaucoup de mes amis sont là-bas. On risque donc de me voir revenir au Danemark d'ici peu.
Joueras-tu toujours au poker dans 5 ans ?
Le contraire serait étonnant.
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Gus Hansen : Bio Express
Les joueurs qui se plaignent que Gus Hansen est juste bourré de chance ont probablement été sortis par lui. Sans l'ombre d'un doute, son jeu est souvent agressif, erratique et large. Mais ne vous-y méprenez pas : "The Great Dane" est un brillant joueur de poker.
Hansen est l'un des trois seuls joueurs inscrit au Hall of Fame du World Poker Tour pour avoir gagné trois épreuves WPT depuis 2002. Ses gains en tournois atteignent les 8 millions de $ à ce jour (fin 2010).
Et depuis les World Series of Poker Europe 2010, le voilà enfin en possession d'un bracelet en or des WSOP !
Mais il existe encore de farouches esprits chagrins. Certains experts de forums le cataloguent comme un chasseur de tirages large et chanceux. Les pros maugréent sur les légendaires bad beats qu'il inflige, et les novices le regardant à la télé tournent frénétiquement les pages de leur guide du comment-jouer au Hold'em pour trouver où il est dit que l'on doit relancer avec 2-7 dépareillés.
Même Hansen admet faire quelques coups discutables à l'occasion.
« J'ai relancé avec des cartes moins attractives que ce qu'il y a dans mes WC après que j'y ai eu posé ma pêche » a t-il ainsi pu dire de manière... triviale.
Cette désormais marque de fabrique d'un style fantasque, Hansen l'a affinée durant ses jeunes années à Copenhague, au Danemark. Né Gustav Hansen le 13 février 1974, dans une ville à l'extérieur de la capitale, il grandit et vécut une enfance heureuse et passée en bonne partie à pratiquer des sports de compétition, dont le football et le tennis. Et en dehors de l'école il fréquenta un camp d'été, là où Hansen toucha pour la première fois à un jeu de cartes. Jouer avec ses compères campeurs pour des pièces de cinq et dix cents, faisait partie de l'amusement avoue t-il.
En plus de la compétition du jeu, les mathématiques du poker séduirent Hansen. Les nombres le fascinaient, et lorsqu'il fut initié au backgammon durant ses années en grande école, il s'y mit et s'y adonna fiévreusement.
En 1993 Hansen quitte le Danemark pour vivre à Santa Cruz, en Californie, où il trouve trace du jeu de poker dans un casino local. Il observe alors le style personnel des autres joueurs, et modèle le sien d'après un joueur assez particulier, qui semblait toujours faire quelque chose de non-conventionnel à la table de poker.
Cette approche à la va comme je te-pousse gratifia Hansen d'une réputation large dans le casino local. Mais même si ils avaient pu le faire, les réguliers de la salle de poker n'auraient pas eu le temps de capter la stratégie d'Hansen.
En 1995, le danois dût ensuite retourner sur ses terres pour faire face aux obligations du service militaire national et à sa "loterie" dédiée.
Au moment en question, Hansen fut chanceux ; il tira un bon numéro et se vit devoir choisir la branche de l'armée dans laquelle il voulait servir. Il choisit alors le service civil et passa ses neuf mois de temps militaire à s'exercer aux premiers secours et au sauvetages d'urgence.
Après s'être acquitté de ses devoirs civiques, Hansen retourna aux Etats-Unis - cette fois sur la Côte Est - pour faire le tour des clubs de backgammon et de gin rummy de New-York. Il y rencontra les futurs pros de poker Huckleberry Seed et Phil Laak, et potassa sur de nouvelles formes de poker. La connaissance et la pratique lui donnèrent la confiance pour jouer dans sa première épreuve des World Series of Poker en 1996.
Cependant, Hansen se retrouva à court de jeu et d'expérience dans l'épreuve de No Limit Hold'em. Il n'avait jamais joué à cette variante de poker auparavant et fut mis k-o rapidement dans la journée. Cet incident commença à le faire cogiter à propos de son jeu, et bientôt Hansen pratiqua le Hold'em en adaptant celui-ci pour définir son style personnel.
Ce jeu commença à lui faire gagner de l'argent, et finalement il transféra son attention du backgammon vers le poker. Hansen voyagea ainsi fréquemment de New-York à Las Vegas pour jouer, et parfaire son image quasi illisible à la table.
Au moment de la première du World Poker Tour en 2002, Hansen était prêt pour le feu des projecteurs. Il finit premier dans l'épreuve de No Limit Hold'em à 10 000 $ au Five Diamond World Poker Classic à Las Vegas, où le prix était de plus d'un demi-million de dollars. Ce tournoi fut une première belle indication sur le fait qu'Hansen était l'un de ces nouveaux joueurs sur lequel compter.
L'année suivante il empocha son second titre WPT au L.A. Poker Classic de 2003, décrochant un premier prix de 532 490 $. Quelques mois plus tard il était invité à participer à l'événement des Bad Boys of Poker à Las Vegas et remporta également ce tournoi. Ce fut une bonne année pour lui, puisque Hansen finit également troisième dans l'épreuve du Championnat WPT.
Le PokerStars.com Caribbean Adventure de 2004 complète le trio des titres WPT d'Hansen et le paya près de 500 000 $. Mais ses plus gros gains étaient encore à venir : En 2005 Hansen gagna le Poker Superstars Invitational pour un bon prix de 1 million de $ ; et même mieux, il améliora ce score aux Aussie Millions de 2007, où il remporta le Main Event et 1,5 millions de $.
Enfin en 2010, Hansen remporte à Londres l'Event 4 de Heads-Up Championship High Roller, et par la même son premier bracelet WSOP !
Rien n'est dit, cependant, sur combien Hansen a gagné et perdu dans les parties de cash game et dans les paris sportifs. Le danois est un régulier du Big Game du Bellagio, où il bataille sec sur le tapis avec les plus grands et les plus respectés noms du poker.
Hansen a donc aussi avoué une vraie malchance aux paris sportifs, couplée à une grosse propension aux paris, paris qui ont pu le ruiner à l'occasion. Doyle Brunson aurait d'ailleurs prêté 4 millions de $ à Hansen, dont Doyle dit qu'il lui aurait remboursés presque immédiatement.
Hansen joue également en ligne, avec désinvolture et décontraction, sur Full Tilt Poker dont il représente la marque sur le circuit live, où il concourre en Pot-Limit Omaha ou Omaha Eight-or-Better, et de temps en temps en Limit Hold'em et Razz à faibles enjeux.
En dehors du poker, Hansen entretient toujours son allant pour les sports, tels que le golf et le football, et travaille la gym avec son camarade pro Howard Lederer. Son physique athlétique a peut-être aidé Hansen à recevoir une distinction du People Magazine en 2004, ce dernier nommant le professionnel l'un des 50 hommes les plus sexy de la planète.
Néanmoins, Hansen est un célibataire endurci qui prend plaisir à sa vie de jet-setteur solitaire, voyageant à travers le monde pour jouer au poker, depuis son camp de base à Monaco.
Et bien qu'il est peut-être l'un des plus talentueux joueurs du monde à la table de poker, peut-être est-il finalement plus rassurant de dire qu'Hansen est définitivement un mec chanceux.
Divers et anecdotes
* A appris l'anglais en écoutant les albums des Pink Floyd
* Ancien joueur de backgammon
* L'un des trois joueurs introduit au Poker Walk of Fame du World Poker Tour
* Désigné comme l'un des hommes les plus sexy de la planète par le People Magazine en 2004