En remportant de main de maître au Bellagio de Las Vegas le WPT Festa al Lago à 15 000 $, Bertrand Grospellier vient de frapper un grand coup sur le circuit poker. Après une victoire EPT en janvier, Elky pourrait décrocher le titre de joueur de l'année.
Pour son antépénultième étape de l'année 2008, l'un des plus importantes (5 millions de $ de prizepool), le WPT faisait comme souvent escale au Bellagio de Las Vegas, pour le 6ème Annual Festa Al Lago Classic.
Pendant que les 368 participants -dont comme toujours beaucoup de stars- s'y préparaient sans doute mentalement, plusieurs français faisaient déjà parler la poudre dans les « Side event ». Rémy Biechel en remportait un premier, pendant qu'Elky... déjà, inscrivait à son palmarès une seconde place dans un autre de ces tournois annexes.
Mais c'est bien évidemment le Main Event qui attirait toutes les attentions, où l'on pouvait retrouver côté français en plus d'Elky et de Biechel, David Benyamine ou encore Philippe Rouas.
Le Day 1A voyait Antonio Esfandiari prendre la tête, pendant que l'on découvrait une Jennifer Tilly en belle troisième position en jetons.
C'est au Day 1B que nos valeureux représentants allaient tenter de prendre un bon départ. Raté pour Benyamine qui passa le plus gros de la journée bien loin du tapis moyen, avant de se faire sortir un peu plus tard, laissant les clés des meilleures chances du foyer à sa compagne Erica Schoenberg.
Elky annonçait pour sa part la couleur avec un déjà très bon départ. Le sort était malheureusement tout autre pour Rémy Biechel, pour une fois éliminé sans s'être réellement fait remarquer lors du Day 2 (duquel Negreanu termina chip leader), tandis que Philippe Rouas passait avec un stack moitié moins de la moyenne.
Un Day 2 qui aura vu un coup incroyable, un joueur se voyant contraint de faire le fold de l'année, carré de 4 en main, sur un flop 44777. En l'absence d'un « bad beat jackpot » que l'on retrouve parfois en ligne, la décision fut des plus judicieuse, tant comme il l'avait senti son adversaire avait bien... le carré supérieur, de 7 !
Le Day 3 sonna l'élimination de Philippe Rouas, laissant donc les dernières chances françaises dans les mains (et pas des moindres) de Bertrand Grospellier, ayant déjà fort à faire à une table du jour relevée (Cunningham, Schoenberg, Bonomo), tandis que des Doyle Brunson ou Daniel Negreanu étaient toujours en course.
Tandis que Jennifer Tilly prenait le chip lead, s'il vous plaît, c'est à ce moment que les choses commencèrent à bien se tramer pour notre Elky national, effectuant un « double up », sur un premier gros pot remporté, initiateur d'une longue série qu'on ne savait pas encore telle, jusqu'en table finale.
Le Day 3 allait se terminer à plus du double du tapis moyen pour le futur numéro un français, tandis que de leur côté les Brunson, Negreanu, et Tilly, avaient été contraints d'abandonner leur siège.
Fort d'une lecture exceptionnelle sur plusieurs coups, Elky n'allait pas tarder à s'emparer du chip lead dès le lendemain, à l'orée d'une table finale également convoitée par des Nenad Medic, Jimmy Tran, ou Nam Le.
Un tel stack allait être un bonheur pour Elky et son jeu agressif, terrorisant littéralement la table et en profitant pour voler de nombreux coups, ou ayant le plaisir de voir ses blinds laissées tranquilles.
La table finale était enfin là pour notre français, mais à cause de quelques coups perdus juste avant elle, et d'une structure finale très délicate compte tenu des profondeurs de tapis, tout restait à faire à ce stade.
Mais la belle histoire semblait déjà écrite (et pronostiquée dès le début du tournoi par son compère Rémy Biechel !), puisqu'Elky reprenait rapidement sa marche en avant en s'occupant du cas du premier finaliste, Joe Sebok. Un avant-goût d'une énorme domination des débats finaux, Grospellier se trouvant gonfler son tapis et truster la majorité des jetons à la table.
Elky continuera le nettoyage en s'occupant un peu plus tard de William Mietz (6ème) et Adam Levy (5ème) sur un coin-flip.
A 12 millions de tapis (contre entre 1,5 et 2,5 pour ses trois derniers adversaires), soit... deux tiers des jetons à la table, et malgré un chip lead un court moment perdu, les choses commençaient à sentir bon, pour ne pas dire à être déjà entendues. Et pour s'en assurer un peu plus, c'était au tour de Nenad Medic de subir la loi de notre français fou, continuant de marcher sur la table, comme rarement vu en finale de WPT.
Osmin Dardon allait être le suivant sur la liste de l'impitoyable Elky, sortant son adversaire avec un 10-2 que n'aurait pas renié un certain Doyle Brunson, face à un pourtant joli AJ adverse.
A 1 million de jetons (soit 5 maigres blinds) contre 16 le heads'up venu, et malgré une dernière opposition de résistance grâce à deux premiers coups gagnés pour doubler, Nam Le n'allait finalement guère plus contester la suprématie de Bertrand Grospellier sur ce tournoi. Un brelan de 10 allait avoir raison de l'américain d'origine vietnamienne, au terme d'une finale donc des plus expéditives. A noter que sur les 104 mains de celle finale, Elky aura relancé pré-flop... plus de la moitié de celles-ci !
Grâce à cet incroyable doublé EPT-WPT (le faisant rentrer dans un cercle très fermé en compagnie de Roland De Wolfe et Gavin Griffin, ce dernier étant le seul à y ajouter un titre WSOP pour le triptyque), Bertrand Grospellier reprend la première place du classement des joueurs français en terme de gains (3,7 millions de $ face aux 2,7 millions de $ de David Benyamine). Et Elky peut d'ores et déjà lorgner sur le titre de meilleur joueur de l'année au classement Card Player et de numéro un mondial. « Sick* » !
* c'est fou !
Classement Table Finale
1 - Bertrand Grospellier (1 411 015 $)
2 - Nam Le (934 214 $)
3 - Osmin Dardon (506 245 $)
4 - Nenad Medic (373 010 $)
5 - Adam Levy (266 445 $)
6 - William Meitz (186 510 $)
9 - Joe Sebok (85 260 $)