Phil Galfond aime la discrétion et le travail de l'ombre, ainsi que d'enseigner. Et il est toujours l'un des meilleurs joueurs de poker du monde.
Difficile de faire mieux que le CV de Galfond : outre son bracelet WSOP, Galfond a remporté des millions de dollars dans des cash games high stakes en ligne, et il gère l’un des plus grands sites de coaching poker, RunItOnce.com.
Lui qui déclare avoir toujours aimé enseigner faisait déjà du tutorat et donnait des cours lorsqu’il était encore étudiant à l’université du Wisconsin-Madison. Il envisageait même de devenir professeur avant de se mettre au poker et de faire fortune.
Son rôle de tuteur et de mentor est peut-être devenu secondaire mais Galfond ne l’a jamais vraiment oublié. C’est donc sans surprise qu’il a lancé fin 2012 son site d’apprentissage du poker.
Réaliser son rêve d’enseigner grâce au poker
“C’est quelque chose que j’aime beaucoup et que je prends très au sérieux” déclare Galfond. “Je me rends compte qu’il y a assez de gens qui m’écoutent pour que je puisse avoir une influence sur leur carrière.”
Son site n’a cessé de grandir et fait aujourd’hui partie des sites de poker les plus respectés, et Galfond espère bien continuer dans cette voie.
“Je suis content qu’on en soit arrivé jusque là et j’aime la direction que nous prenons. Nous avons toujours eu énormément de projets, mais il faut savoir être patient. Je veux juste que le site continue à grandir et soit reconnu comme le meilleur endroit où apprendre le poker.”
Galfond et son site ont déjà vu défiler des myriades d’élèves. Mais quelle est la qualité principale que Galfond recherche ?
Que ces disciples soient sympathiques.
“Mon élève idéal, c’est quelqu’un avec qui j’ai envie de passer du temps” précise Galfond. “C’est le plus important. Dans le travail, l’apprentissage ou tout autre type de relation impliquant de l’argent, mieux vaut être entouré d’amis et de gens qu’on apprécie.”
Parmi ces amis, on retrouve un autre habitué des cash games vertigineux, Tom Dwan.
Pour jouer contre Tom Dwan, il faut être “extrêmement concentré”
“J’ai rencontré Tom Dwan la première fois que je suis venu à Las Vegas. Nous avions un ami en commun, David Benefield. C’était il y a 8 ans, en 2006.”
Et quand les deux géants des cash games en ligne se retrouvent, ils ne parlent pas forcément de poker.
“On ne parle pas beaucoup de poker. En général, quand on arrive à se voir on essaye juste de passer un moment sympa.”
Le sujet du poker semble tout de même difficile à éviter, surtout qu’ils se retrouvent souvent autour des mêmes tables.
“A chaque fois que je me retrouve face à Dwan en ligne, je suis le plus concentré possible parce qu’il a ce que j’appelle de l’intensité.
Il fait toujours très attention aux mains qu’il joue, donc si tu as le malheur de paraître fragile, tu peux être sûr qu’il va s’engouffrer dans la brèche. Donc à chaque fois que je joue contre lui, j’essaye d’être toujours au maximum de mes capacités de concentration.
On en a parlé tous les deux récemment, et il se trouve qu’il pense la même chose de moi. Il faut croire qu’on s’estime mutuellement et qu’on est vraiment à fond quand on joue l’un contre l’autre.”
Le monde des high stakes en perpétuelle évolution
Rester au meilleur niveau de jeu et d’intensité est la priorité de Galfond, qui estime qu’il est de plus en plus difficile de se maintenir au plus haut niveau dans le monde des hauts enjeux.
“Les parties en ligne sont de pire en pire. Ça n’arrête pas. Ce n’est pas génial depuis quelque temps. Les parties sont passées du No-Limit Hold’em au Pot-Limit Omaha, et maintenant la plupart sont en Triple Draw ou 8-game.
Je peux m’en sortir en Triple Draw mais je ne suis pas assez solide pour participer à certaines parties de 8-game. C’est probablement mon prochain objectif, parce que je pense que le Triple Draw ne va pas durer. Le futur, c’est le mix.”
Et si Galfond a décidé de travailler en mixed games, cela ne l’empêche pas de participer également aux plus grands tournois, et notamment au Big One for One Drop, pour lequel il aura finalement réussi à vendre suffisamment de parts.
Les tournois live, “c’est du sport”
Et si Galfond participe à ces tournois, ce n’est pas pour l’argent, mais pour la performance.
“Les tournois, c’est vraiment particulier. Autant je peux perdre un pot énorme dans un cash game et je serai un peu déçu, autant me faire sortir tôt d’un tournoi à 3 000$ me met dans des états pas possibles.
Pour moi, les tournois live ont un côté beaucoup plus sportif, ils font ressortir l’esprit de compétition des joueurs de poker.
C’est une question de fierté. C’est ça qui différencie les tournois. Gagner de l’argent, c’est sympa, mais gagner un tournoi c’est autre chose.”
Et quand on l’interroge sur son futur, Galfond reste vague :
“Je n’en sais rien. C’est tellement difficile de prédire comment le poker va évoluer. Pour l’instant, j’aime beaucoup les tournois donc pourquoi pas en disputer quelques autres dans l’année ? Ça serait sympa.
Faire mes preuves sur le circuit live, c’est un peu mon prochain défi. Le problème, c’est qu’en général je n’aime pas voyager juste pour un ou deux tournois. C’est ce qui me bloque.”