Le Québécois de la team PokerStars évoque avec nous entre autres son bon parcours aux WSOP il y a deux ans, l'impact de Duhamel sur le poker québécois, et le meilleur moyen de signer un contrat avec PokerStars.
Avant toute chose : les Canadiens de Montréal sont la seule équipe à être qualifiée pour les play-offs de la NHL. C'est quelque chose d'important pour toi ?
C'est super important, oui ! Le hockey est le seul sport qu'on suit vraiment au Québec, on n'aime pas trop le football américain ou le base-ball. Donc c'est vraiment important pour nous d'être présents en play-offs.
D'autant que j'ai cru comprendre que les Canadians étaient une équipe historique.
Oui, on a remporté la Stanley Cup 24 fois, c'est plus que n'importe quelle autre équipe de la ligue. Mais on ne l'a pas remportée depuis 21 ans. Je me rappelle encore de la dernière victoire, c'était au début des années 90.
(NDLR : A l'heure où nous écrivons ces lignes, les Canadiens de Montréal viennent de remporter leur premier tour des play-offs après avoir remporté leurs 4 matchs contre Tampa Bay, et sont qualifiés pour les demi-finalies d'Associations (équivalent d'un quart de finale de la Stanley Cup) où ils affronteront le vainqueur de la confrontation Boston contre Détroit).
Tu fais partie de la team PokerStars Online depuis octobre dernier. Comment devient-on un joueur pro online ?
Les managers de la team online m'ont contacté au mois de mai pour me demander si j'étais intéressé. J'ai évidemment répondu que oui. C'est génial.
On s'est mis d'accord pour se rencontrer pendant les WSOP à Vegas, À ce moment-là, je n'étais même pas encore sûr qu'ils me prendraient dans l'équipe vu qu'ils avaient déjà deux excellents représentants sur le marché québécois avec Daniel Negreanu et Jonathan Duhamel.
Au final, j'ai signé mon contrat en octobre, donc ça a quand même tardé un peu.
Qu'est-ce qu'on doit faire en tant que joueur de team pro pro online ? Quelles sont tes obligations ?
Les membres de l'équipe doivent jouer une trentaine d'heures en ligne. Dans mon cas, comme je joue aussi en live, il faut juste que j'atteigne le statut Supernova Elite.
Ah, c'est « juste » ça...
(rires) Oui, je sais que ça paraît beaucoup, mais en fait c'est plutôt gérable du moment que tu es régulier toute l'année. Après, c'est vrai que si je devais arriver à 100 000 FPS par mois, ça serait compliqué.
Tu fais partie d'un bon groupe de joueurs québécois avec Roy, McLaughlin et Duhamel. Qu'est-ce qui fait que vous êtes aussi performants ?
En fait il y a même beaucoup d'autres bons joueurs dans notre groupe, mais ils jouent plutôt en ligne que sur le circuit live.
C'est un grand groupe de joueurs, pas forcément très structuré, qui crée une émulation grâce à son succès.
Est-ce que la présence de Jonathan Duhamel a un grand impact sur le groupe ?
Jonathan Duhamel a eu un énorme impact sur le poker québécois en général. Après sa victoire dans le Main Event des WSOP 2010, le poker est devenu à la mode, alors qu'avant les gens jouaient mais n'en parlaient pas vraiment.
Pour jouer au poker au Québec, il faut la plupart du temps aller dans les « Territoires Indiens ». Je ne suis pas complètement sûr que ce soit 100% légal, mais en tout cas c'est toléré.
On dirait que les Québécois sont des spécialistes du Main Event des WSOP. Comment tu expliques qu'il vous réussisse si bien ?
Peut-être parce que beaucoup d'entre nous ont beaucoup d'expérience en cash game et savent gérer un gros stack.
Et puis c'est LE tournoi auquel tous les joueurs québécois participent. L'année où Duhamel a gagné, il y avait quatre Québécois dans les 40 premiers, dont Pascal Lefrançois 11ème et Jonathan Driscoll 39ème.
Est-ce qu'il y a une certaine rivalité entre les Québécois et le reste des Canadiens ?
Pas plus qu'avec les autres. Il y a une grosse rivalité au hockey, mais au poker on s'entend tous plutôt bien. On se sert plutôt du succès des uns et des autres pour se motiver.
Quand tu repenses à ton parcours au Main Event des WSOP, où tu étais chip leader au début du Day 7 et où tu termines finalement 13ème, est-ce que c'est plutôt un bon ou un mauvais souvenir ?
Ce jour-là en particulier n'est pas spécialement un bon souvenir, non. Mais le tournoi en général était génial, c'était une expérience extraordinaire.
Si je pouvais revenir en arrière, il y a peut-être deux ou trois choses que je ferais différemment, mais en fait je n'ai surtout pas eu de chance sur une main en particulier.
On dit souvent que le jour où on sort du Main Event est le pire jour de la carrière d'un joueur de poker. Est-ce que c'est vrai pour l'année 2012 ?
Non.
Surtout qu'au final, c'était quand même une excellente performance.
Oui, c'est un bon résultat. Pour moi, le plus décevant n'a pas été de perdre, mais plutôt le fait que tout le monde se souvenait encore de ce que Jonathan Duhamel avait accompli deux ans plus tôt. Ne pas pouvoir faire revivre aux Canadiens un nouveau November Nine, ça m'a brisé le cœur. J'avais l'occasion d'apporter quelque chose aux gens, et je n'ai pas pu la saisir.
Depuis ces WSOP, tu passes beaucoup de temps en Europe.
Avant ce deuxième bon parcours au Main Event, je ne voyageais pas beaucoup. Mais maintenant que les EPT sont devenus de vrais festivals qui durent une dizaine de jours et incluent des circuits nationaux, c'est beaucoup plus faciles de s'y rendre.
Avant, je ne participais qu'à l'EPT Madrid et au Snowfest, parce que j'adore skier. Mais j'ai bien l'intention de continuer à venir jouer en Europe et à participer à l'EPT.
Est-ce que tu utilises des « trackers » quand tu joues en ligne ?
J'utilise Hold'Em Manager.
Penses-tu que ces logiciels puissent avoir une influence négative sur ton jeu en te poussant à te focaliser sur les chiffres plutôt que sur les joueurs ?
Si tu joues 20 tables à la fois, tu ne peux pas te concentrer sur le jeu de toutes façons, donc mieux vaut avoir les chiffres à disposition.
C'est ton volume de jeu normal ?
Quand j'ai commencé, je jouais sur 24 tables en mises moyennes avec un peu de 6-max ici et là.
Maintenant, je joue de 5$/10$ à 50$/100$ avec une majorité de 6-max à 10$/20$. Je garde la table à 50$/100$ bien en vue dans un coin de mon écran.