Le Main Event des World Series of Poker vient de rendre son verdict après deux derniers jours de jeu, l'un pour passer de neuf à deux joueurs, l'autre pour la bataille du heads-up. Après 43 mains dans ce duel final, Jonathan Duhamel a cette nuit battu John Racener et devient le premier canadien à remporter le plus prestigieux des bracelets.
Quatre mois après que ne se soit achevée la dernière main synonyme de constitution de la table finale, nos neuf finalistes étaient de retour après de longues semaines remplies de repos, d'entraînement, mais aussi de négociations avec les sponsors.
Il aura fallu attendre 1h20 de jeu et la 28ème main pour voir le premier éliminé, Soi Nguyen, parti à tapis avec A♦ K♣ et payé par les Q♦ Q♠ de Jason Senti.
Nguyen quittait ainsi le Rio pas plus riche que lors de son arrivée, sachant que chaque finaliste avait déjà touché l'équivalent du prix de la neuvième place.
De son côté Filippo Candio doublait sur Jonathan Duhamel, et revenait dans la course grâce à une paire d'as bienvenue face à l'as-roi du chip leader.
Matthew Jarvis était le prochain à trouver la sortie lors de la 43ème main, au terme d'un coup à rebondissements !
A tapis face à Michael Mizrachi, l'affaire semblait entendue lorsque ce dernier trouvait son brelan de dames au flop avec A♦ Q♦ contre les 9♣ 9♥ de Jarvis. C'était sans compter sur le 9♠ à la turn offrant un full à Jarvis... avant que l'A♠ ne redonne l'avantage à Mizrachi à la river !
Remonté à 42 millions de jetons, le favori de cette table finale allait même un peu plus tard en profiter pour prendre la tête au détriment de Joseph Cheong, l'autre homme en forme en ce début de table finale.
Emotions au bataillon
116ème main, et Jason Senti était le suivant à tomber, à nouveau au sortir d'un coup assez incroyable. A tapis face aux T♣ T♠ de Cheong, Senti pensait bien se sauver avec son A♦ K♠ trouvant un joli brelan sur le flop K♦ K♥ Q♣, mais un J♦ et un 9♦ plus tard, Cheong trouvait son improbable quinte et renvoyait le coach de poker à ses chères études.
John Dolan rejoignait à son tour le rail lors de la main 129, parti à tapis short stack avec Q♦ 5♦ contre la paire de 4♦ 4♣ de Duhamel. Sans miracle à l'arrivée.
John Racener doublait sur Mizrachi, avant de redoubler sur Candio. Et c'est finalement le "Grinder" qui se trouvait éliminé à la 5ème place, par Duhamel.
Les deux joueurs partirent à tapis sur un flop 5♦ 4♠ Q♣, Duhamel montrant ses A♦ A♣ limpés de petite blind, Mizrachi Q♦ 8♥.
Et le titre de joueur WSOP de l'année 2010 d'en être par la même occasion scellé en faveur de Frank Kassela.
188ème main, et Filippo Candio en terminait lui aussi, enregistrant une superbe 4ème place consécutive à une belle remontée.
En trouvant son as et faisant même quinte à l'arrivée avec son A♣ 3♣, Cheong dominait aisément le K♦ Q♦ de l'italien, et pouvait s'envoler, avant que Duhamel ne finisse par reprendre le contrôle.
Mais Cheong allait littéralement exploser dans le plus gros pot du tournoi disputé lors de la main 213. Dans une bataille de blinds et de relances avec Duhamel, Cheong partait finalement finalement à tapis avec A♠ 7♥, payé par les Q♣ Q♦ de Duhamel.
Et Cheong de baisser pavillon 6 mains plus tard, achevé par le même homme dans une confrontation Q♠ T♣ - A♠ 2♣.
Les deux derniers survivants pouvaient savourer l'instant, avant de songer à leur tête-à-tête final à venir un jour plus tard.
Duhamel vs Racener
Jonathan Duhamel, chip leader au démarrage de la table finale, repartait alors avec un avantage de 6 contre 1 en jetons face à John Racener, à 188 950 000 contre 30 750 000.
Duhamel remportait le premier showdown lors de la main 229, avant de voir son adversaire doubler la main suivante Q♦ Q♠ contre K♥ 4♣.
Cela allait se révéler la seule confrontation à tapis remportée par l'outsider Racener, puisque la seconde allait être synonyme de dénouement.
Après 43 mains disputées lors de ce heads-up (31 remportées par Duhamel contre 12 pour Racener), la 262ème de cette table finale était en effet la bonne.
A♠ J♥ pour Duhamel contre K♦ 8♦ pour Racener. Le flop 4♣ 4♦ 9♠ 6♣ 5♣ n'avait aucune incidence, et Jonathan Duhamel pouvait exulter, sous les vivas « Ole Ole Ole » de ses nombreux supporters : le jeune homme de 22 ans décrochait le plus prestigieux des bracelets en or des World Series, un premier prix de près de 9 millions de dollars, et le plaisir supplémentaire de s'inscrire comme le 1er champion canadien de l'histoire !
L'interview de Jonathan Duhamel après sa victoire
"Je n'aurais jamais pu rêver de ça, c'est si énorme. Je ne sais pas quoi penser, je ne sais même pas quoi ressentir. Je suis l'homme le plus heureux du monde. (...) Maintenant ? Je vais jouer d'autres tournois, et tenter de refaire quelque chose. Evidemment j'ai eu de la chance mais je veux prouver au monde que je peux continuer de bien jouer. Je serai encore là l'année prochaine. Je veux gagner tout ce que je peux. (...) Il y avait beaucoup de bons joueurs, notamment les jeunes loups du poker en ligne. Ils m'ont donné pas mal d'astuces quand j'en avais besoin, et je dois aussi les remercier et les associer à ma victoire. (...) J'espère maintenant qu'il y aura encore plus de poker au Canada et au Québec. Je suis en tout cas très content d'être le premier canadien à remporter le Main Event, c'est un véritable honneur pour moi. (...) Je vais maintenant sans doute voyager, aller dans pas mal de pays, et donc en profiter pour participer aux gros tournois."
Table Finale Main Event 2010 - Le Classement Final
1- Jonathan Duhamel (CAN, Boucherville (Québec)) - 8 944 310 $
2- John Racener (USA) - 5 545 955 $
3- Joseph Cheong (USA) - 4 130 049 $
4- Filippo Candio (ITA) - 3 092 545 $
5- Michael Mizrachi (USA) - 2 332 992 $
6- John Dolan (USA) - 1 772 959 $
7- Jason Senti (USA) - 1 356 720 $
8- Matthew Jarvis (CAN) - 1 045 743 $
9- Soi Nguyen (USA) - 811 823 $
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Jonathan Duhamel, l'interview
(25/11/10 - par Martin Derbyshire)
Cela fait 15 jours que Jonathan Duhamel a été sacré Champion du Monde de Poker. Et le canadien-français de 23 ans n'a pas touché à une seule carte ou un seul jeton depuis. Rencontre avec le nouveau médaillé suprême des WSOP.
« Je n'ai pas joué une seule main de poker depuis » nous confiait Jonathan Duhamel depuis son chez lui situé juste en dehors de Montréal, au Québec.
« J'ai fait beaucoup d'interviews et de trucs dans le genre. J'aurais aimé jouer un peu mais jusqu'à présent je n'ai pas le temps pour ça. Mais bon j'espère bien pouvoir rejouer un peu très bientôt. »
Sponsorisé par Pokerstars, Duhamel aura au moins pu retoucher au feutre des tables... en virtuel, avec les Canadian Championship of Online Poker débutés le week-end dernier.
Et on devrait aussi le retrouver du voyage aux Bahamas en janvier 2011, pour le Pokerstars Caribbean Adventure, ainsi que pour un retour à Vegas le mois prochain pour le WPT Doyle Brunson Five Diamond World Poker Classic.
D'ici là, ce qu'il a accompli il y a à peine deux semaines continue naturellement de faire parler.
« C'est si énorme, si fou, et c'est vraiment arrivé. Bien sûr ça m'a pris quelques jours pour réaliser. Et même si maintenant je pense l'avoir fait, et que je me sens comme l'homme le plus heureux sur terre, je continue de me demander si cela est vraiment arrivé. »
« Je savais que ça allait être énorme, mais pas à ce point »
De retour chez lui à Boucherville au Québec quelques jours après être devenu le premier canadien Champion du Main Event des WSOP, Jonathan aura dû composer avec toute l'effervescence des médias. Mais le nouveau champion en titre des World Series aura tout de même également eu la chance de passer du temps avec ses amis proches et sa famille.
« Ca a été plutôt cool de revenir à la maison, mais le sentiment est quelque peu différent avec tout le monde qui vous reconnaît dans la rue, et ce genre de choses. Je savais que ça allait être énorme, mais pas à ce point. Tout est tellement dingue ici. C'est assez fou. Mais bon ça m'amuse beaucoup de faire toutes ces interviews et autres. »
L'histoire des 8,9 millions de $ pour sa victoire revient naturellement le plus souvent au centre des débats, mais le focus est encore plus souvent établi sur le fait que Duhamel ait quitté ses études en finance de l'Université de Montréal pour poursuivre sa carrière de joueur de poker. L'occasion pour le jeune champion de lancer un gros avertissement aux jeunes : non la voie qu'il a pris n'est pas pour tout le monde.
« Je suis un peu surpris qu'on me parle si souvent de ça, mais en même temps je ne peux rien y faire. Si les médias veulent que j'en parle, ok. La seule chose que je peux faire est donc de donner les meilleurs conseils que je peux. Et la réponse honnête est que c'est très difficile. Le poker n'est pas pour tout le monde. Ce n'est simplement pas fait pour certaines personnes. Alors je ne dirai certainement pas aux jeunes de quitter l'école pour aller jouer au poker. Ce n'est pas pour tout le monde. »
Quant à ses gains, hormis le don de 100 000 $ à la Montreal Canadiens Children's Foundation pour lequel il s'était engagé, il n'a pas encore eu le temps d'y toucher.
« Non je n'en n'ai rien encore fait. Sans doute à Noël, je ferai quelque chose, comme prendre des vacances en famille ou autre. »
Certains risquent assurément d'être gâtés dans un peu plus d'un mois...
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Précédents articles sur cette table finale et présentation / interviews des finalistes :
WSOP 2010 : La Table Finale en Chiffres
(05/11/10 - par Fred Guillemot)
La désormais tant attendue table finale du Main Event 2010 démarre ce samedi. Lequel de nos November Nine de cette année succèderont à Joe Cada pour devenir le champion de ces 41èmes WSOP ? PokerListings vous propose un dernier rappel des forces en présence, et les chiffres clés.
Petit tour du côté des bookmakers pour démarrer. Si le franco-canadien Jonathan Duhamel tient le rôle de chip leader, il n'est pas surprenant que les pronostiqueurs le tiennent pour favori dans la course au titre le plus convoité du poker, entre 2,5 et 3,7 contre 1.
« J'aime mes chances. Je vais jouer du mieux que je peux et, partant de là, je verrai ce qui se passera, mais j'apprécie ces cotes. »
Le dernier chip leader en table finale d'un Main Event à être reparti avec le bracelet s'appelait Jamie Gold, et c'était en 2006.
Seul autre joueur à avoir un tapis proche de celui de Duhamel, le pro online américain John Dolan, coté entre 3,75 et 5,2 contre 1.
On remarque que les cotes des « November Nine » sont globalement liées aux montants de leurs tapis.
Actuellement troisième, Joseph Cheong est coté entre 6,5 et 7 contre 1. Juste derrière lui en milieu de classement, John Racener est lui coté entre 6,5 et 8,6 contre 1. Matthew Jarvis et Filippo Candio oscillent quant à eux entre 10 et 12 contre 1. Les deux plus petits tapis, Nguyen et Jason Senti, plafonnent entre 16 et 23 contre 1.
Seule la star confirmée du groupe, Michael Mizrachi (9,6 millions de dollars de gains dans sa carrière, un bracelet WSOP et deux titres WPT) obtient des cotes plus basses que sa position ne pourrait le laisser escompter : entre 6 et 9 contre 1.
« Au vu de mon stack, en me mettant dans les 7 contre 1 ils me tiennent vraiment comme un gros favori. Mais n'importe qui peut gagner, tout le monde joue bien et ce sera une table très difficile. »
Le Main Event 2010 et la Table Finale en chiffres
68 799 059
En dollars, comme le prizepool total du Main Event 2010, partagé entre 747 joueurs.
29 033 096
En dollars, comme la somme partagée entre les neuf finalistes, soit 42% du prizepool total.
A noter que les neuf joueurs ont déjà tous touché la somme correspondant au prix de la neuvième place, soit 811 823 $.
8 944 310
Toujours en dollars, la part cette fois réservée au grand vainqueur, soit 13% du prizepool total.
7319
Comme le nombre de participants de cette édition 2010. Parmi eux, 68% d'américains. Joe Cada s'était affranchi d'un field de 6494 joueurs en 2009.
459
En dollars, comme les intérêts générés par la somme restant à distribuer aux neuf finalistes, placée durant les trois mois de break. Seule la neuvième place ne bénéficiera pas d'une part de ce petit supplément.
110
Comme le nombre de jours depuis la dernière main du tournoi disputée cet été et la reprise des hostilités ce samedi.
92
Comme le nombre de pays ayant été représentés au départ de ce Main Event. Trois nations restent donc en course pour le titre : Etats-Unis, Canada et Italie.
70
Ce sont très exactement 70 heures et 44 minutes de jeu qui auront conduit nos November Nine en table finale. 5h45 auront été nécessaires pour franchir le cap fatidique de 10 à 9 joueurs.
26,25
La moyenne d'âge de cette Table Finale 2010. Jonathan Duhamel est le plus jeune joueur du haut de ses 23 ans. Soi Nguyen le plus vieux, avec 37 ans.
La moyenne d'âge de tous les participants du Main Event s'élève quant à elle à 37,25 ans.
10
Sur ces dix dernières années, le chip leader au démarrage de la Table Finale s'est imposé à 4 reprises seulement : Chris Ferguson en 2000, Chris Moneymaker en 2003, Greg Raymer en 2004, et Jamie Gold en 2006.
A noter que Philip Hilm aura été le seul chip leader de ces dix dernières années à avoir été éliminé le premier, en 2007.
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November 9 interviews : Jonathan Duhamel
Dernière étape de notre tour d'horizon des November Nine à travers leurs interviews, avant la table finale du Main Event des WSOP ce samedi. Rencontre aujourd'hui avec Jonathan Duhamel, le chip-leader venu de la Belle Province du Québec.
PokerListings : Comment s'est passé ton jour 8 du Main Event ?
Jonathan Duhamel : Avec seulement 10 joueurs en lice et la qualification en vue, ça jouait évidemment très serré ! En tant que chip-leader, j'ai ajusté ma stratégie en relançant systématiquement et j'ai pu augmenter mon avance en chips. Ce jeu vraiment serré m'a surpris car chaque joueur voulait conserver sa position alors qu'il y a des millions de dollars d'écart en termes de payout à la table finale. A mon avis, ça sera tout à fait différent en Novembre (ce samedi NDLR), je m'attends à un jeu beaucoup plus large.
PL : Quel est ton sentiment sur tes futurs adversaires ?
JD : Ce sont bien entendu tous d'excellents joueurs qui ont très bien joué pendant ce Day 8. Je vais devoir étudier leur jeu en profondeur et apprendre à mieux les lire (interview réalisé cet été NDLR). J'espère que les short-stacks ne doubleront pas et se feront éjecter de la table finale au plus vite. Je vais profiter au maximum de mon "chip lead" en jouant agressif et en relançant le plus souvent possible. Il va y avoir de l'action, croyez-moi !
PL : Comment vis-tu ta position de chip-leader avant la table finale des WSOP ?
JD : C'est une superbe performance et ça montre à tout le monde que je me sens en pleine confiance. Certes, il y a toujours une part de chance dans le poker, mais j'ai beaucoup travaillé pour en arriver là donc cette qualification ne semble finalement pas si surprenante.
PL : Comment vas-tu te préparer pour le jour J ?
JD : Je ne sais pas encore comment je vais m'occuper pendant ces quatre prochains mois. Revoir ma famille serait déjà une belle chose ! Je pense aussi voyager et participer à quelques EPT. En tout cas, j'espère que cette qualification va dynamiser le petit monde du poker au Québec, où il y a déjà un grand nombre de joueurs remarquables.
PL : Grâce à cette performance, tu dois te sentir encore plus soutenu et suivi, non ?
JD : Tout le monde est ravi, j'ai reçu énormément d'appels et de SMS de félicitations de la part de mes amis et de ma famille. Je suis vraiment impatient de les revoir.
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November 9 interviews : John Dolan
Retrouvez chaque semaine sur PokerListings l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP. Rencontre aujourd'hui avec John Dolan, américain de 24 ans originaire de Floride.
PokerListings : Quel a été ton sentiment sur la bulle de la Table Finale du Main Event ?
John Dolan : La table finale a en fait mis très longtemps à se dessiner : plus de 5 heures pour passer de 10 à 9 joueurs ! J'ai eu de chance en gagnant quelques bonnes mains et j'ai ainsi pu me construire un assez bon stack d'environ 30 millions. Ensuite, j'ai simplement continué sur ma lancée et me voici maintenant deuxième au chip count.
PL : Est-ce que tu as pu glaner quelques informations sur le jeu de tes adversaires ?
JD : Oui, je connais maintenant un peu mieux chaque joueur. Mais en réalité je ne pense que la bulle reflète le véritable niveau de la table finale. Ca jouait extrêmement serré, car faire partie des November Nine est quelque chose d'énorme !
PL : Comment gérer ce break de plusieurs mois avant la table finale ?
JD : Au début, je pensais que cette pause allait briser ma dynamique lors de ces WSOP. Mais maintenant que je suis qualifié, je me dis que c'est une bonne chose. Cela me permet de retourner chez moi en Floride et de me relaxer. J'aurais joué quelques tournois, que ce soit le WPT ou les WSOP Europe, mais ça sera tout.
PL : Comment a débuté ta carrière dans le poker ?
JD : J'ai commencé tout d'abord à l'université avec quelques tournois à 5-10 dollars, puis en jouant ensuite en ligne. J'ai perdu au début, comme tout le monde je le suppose ! Mais dès l'âge de 20 ans, j'ai pu me construire une belle bankroll, ce qui m'a permis de jouer des parties à plus hauts enjeux. Et lentement mais sûrement, tout s'est enchaîné.
Mes parents ne m'ont jamais interdit de jouer mais ils n'étaient pas vraiment enthousiastes : le poker en tant que profession ne leur a jamais semblé une option très réaliste. Mais aujourd'hui ils sont de tout leur cœur derrière moi et ils ont suivi assidûment mes performances ici aux WSOP. Mon père a même passé deux jours devant son écran quand il a su que je me frayais un chemin vers le Jour 8 !
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November 9 interviews : Joseph Cheong
Retrouvez chaque semaine sur PokerListings l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP en novembre. Rencontre aujourd'hui avec Joseph Cheong, américain originaire de Corée du Sud diplômé en psychologie.
PokerListings : Comment s'est passée pour toi la bulle du Main Event ?
Joseph Cheong : J'ai plutôt bien joué, même si j'avais parfois l'impression d'être dans un tournoi satellite… Je me suis retrouvé à un moment donné avec 40 millions en chips et j'ai essayé de mettre la pression sur mes adversaires. Malheureusement ça n'a pas marché ! J'ai aussi perdu un CBet (continuation-bet, NDLR) massif en début de journée, qui m'aurait permis de finir mieux placé. Tant pis, c'est le jeu ! L'important était de rester concentré et de ne pas se laisser aller, sinon on commence à tilter, et au Main Event, ce n'est vraiment pas ce qu'il faut faire. Au final, je reste tout de même content de cette perf' et de pouvoir partir avec 32 millions.
PL : Il faut patienter quelques mois avant la table finale, ton sentiment ?
JC : Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais aimé jouer la table finale dès la fin du Main Event ! Mais cette pause de trois mois est une bonne chose pour les WSOP et pour tous les sponsors. Ceci dit, je ne sais pas encore comment je vais me préparer pour le jour J, j'aimerais simplement participer à quelques tournois en Europe. En fait, j'ai du mal à réaliser ce qu'il m'arrive. Faire partie des November Nine et être à la table finale du plus grand tournoi de poker du monde, c'est extra !
PL : Quel est ton avis sur la composition de la table finale ?
JC : C'est une situation un peu étrange, avec des positions clairement définies : 2 joueurs avec de gros tapis et 3 ou 4 joueurs très short-stack. Je pense que ces derniers vont vite se faire sortir et je vais devoir moi aussi faire attention dès le début.
PL : Comment as-tu découvert ta passion et ton talent pour le poker ?
JC : J'ai commencé à m'intéresser au poker dès l'université en jouant en ligne et en participant à quelques tournois. Les gains n'ont pas tardé à venir et je me suis alors investi à fond dans le poker. J'ai décidé de passer un été à jouer au poker à plein temps, pour voir si j'étais capable de réussir. Il s'est avéré que ça a vraiment bien marché pour moi, et depuis je vis grâce au poker.
PL : Comment vois-tu ton avenir dans le poker ?
JC : A l'heure actuelle je ne sais pas si je serai professionnel toute ma vie mais ces WSOP sont pour moi une super expérience, et me permettront peut-être de ne plus avoir aucun souci d'argent pendant toute ma vie !
PL : Ta participation à la table finale doit bien sûr faire des heureux ?
JC : Mon père est bien sûr ravi pour moi, mais ma mère est quant à elle… un peu plus perplexe !
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November 9 interviews : John Racener
Retrouvez chaque semaine l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP en novembre. Rencontre aujourd'hui avec John Racener, joueur de 25 ans originaire de Floride et méconnu du grand public.
PokerListings : Comment s'est passé la bulle du Main Event et comment vas-tu te préparer pour la table finale ?
John Racener : En vérité, cela s'est assez mal passé pour moi. J'ai commencé avec 35 millions pour finir avec seulement 19, un terrible bad-run de ma part. Mais je suis tout de même content de m'en être sorti ! Je vais devoir étudier plus précisément le jeu de chacun des November Nine. Je ne les connais pas réellement car j'ai jusqu'ici peu joué contre eux.
PL : Quel est ton sentiment sur la table finale ?
JR : Je crois que tout le monde a sa chance, ce sont d'excellents joueurs que je respecte. Certains de mes adversaires commencent avec de gros tapis, je vais donc devoir dès le début me construire un meilleur stack pour ne pas me faire sortir. C'est aussi le meilleur moyen de regagner de la confiance en moi.
PL : As-tu également d'autres projets ?
JR : Je suis tout d'abord très fier d'avoir Full Tilt comme sponsor et je pense que ces derniers mois auront été l'occasion de mieux me faire connaitre. Un peu de publicité ne fait pas de mal, que ce soit dans des interviews, des magazines, à la TV... Je ne refuse aucune sollicitation. Ca m'est bénéfique non seulement en tant que joueur de poker mais aussi en tant qu'homme.
PL : La pression médiatique autour des WSOP est très forte, est-ce que cela te dérange ?
JR : Je ne me soucie pas des caméras autour de moi : contrairement à certains joueurs, cela ne me dérange absolument pas. Les caméras et l'attention des médias vont simplement me motiver pour faire de mon mieux une fois à la table finale.
PL : Près de 9 millions de dollars t'attendent en cas de victoire, qu'en ferais-tu ?
JR : Je n'arrive même pas à imaginer car je ne manque de rien aujourd'hui. Je sais seulement que si je gagne je n'aurai plus à me soucier de rien pendant longtemps ! J'aiderai bien sûr ma famille, ma sœur, ma mère ainsi que mes amis proches. Peut-être que je m'achèterai une superbe maison, ça serait tellement plus sympa que de partager un petit appartement.
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November 9 interviews : Matthew Jarvis
Retrouvez chaque semaine l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP en novembre. Rencontre aujourd'hui avec Matthew Jarvis, le canadien de 26 ans originaire de Vancouver.
PokerListings : Comment s'est passé ton Jour 8 à Vegas ?
Matthew Jarvis : Tout d'abord je dois dire que la bulle du Main Event est un univers à part entière, c'est inimaginable ! Je m'étais construit un joli stack de 32 millions à un moment donné, mais j'ai ensuite passé deux ou trois heures terribles durant lesquelles plus rien ne me souriait. Je suis donc passé de chip leader à short stack en très peu de temps ! Joseph Cheong et John Dolan ont en plus commencé à mettre la pression sur les joueurs short stack. Avec la fatigue accumulée ces derniers jours, ce fut très, très dur. Mais je m'en suis tout de même sorti en me qualifiant pour la table finale.
PL : Un bilan plutôt contrasté donc ?
MJ : Exactement, je ne sais pas trop quoi penser de ma performance. Je suis assez frustré de ne pas avoir pu conserver mes 32 millions, mais d'un autre côté je reste très heureux de faire partie des November Nine et de pouvoir commencer la table finale avec 30 big blinds.
PL : Comment a débuté ta carrière de joueur de poker ?
MJ : J'ai commencé en jouant avec mes collègues dans le bureau de vente où je travaillais il y a quelques années. Tout s'est ensuite enchaîné : sorties en casinos, tournois de poker en ligne (surtout en sit'n go), cash games en $2-5 ou $3-6 No-Limit, etc. Grâce à la communauté poker très active sur Vancouver, j'ai pu progresser, apprendre de mes erreurs mais aussi de celles des autres. Je suis quelqu'un de très compétitif et d'assez doué en maths, le poker m'est donc venu facilement.
PL : Comment penses-tu te préparer pour la table finale le 6 Novembre ?
MJ : Je vais tout d'abord essayer de me faire connaître dans le milieu du poker, de représenter Vancouver et le Canada du mieux que possible, et bien sûr de remporter ces WSOP.
PL : Est-ce que passer professionnel a été une décision difficile à prendre ?
MJ : Ce fut surtout délicat pour ma famille et mes amis, mais ils sont aujourd'hui très contents de voir mes performances ici à Vegas. J'ai même reçu des messages de 40 ou 50 personnes que je connais à peine ! Je me sens donc très soutenu, et j'ai vraiment hâte d'être à la table finale de ce Main Event des WSOP.
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November 9 interviews : Filippo Candio
Retrouvez chaque semaine l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP en novembre. Rencontre aujourd'hui avec Filippo Candio, le seul européen à la table finale des WSOP 2010.
PokerListings : Filippo, quelle est ton sentiment après ta qualification pour la table finale ?
Filippo Candio : C'est tout simplement extraordinaire de faire partie des November Nine ! Je suis le premier Italien à atteindre la table finale d'un WSOP et ça représente d'ailleurs une superbe opportunité pour moi de mieux faire connaître le poker en Italie. Je suis vraiment très fier de moi car j'ai énormément travaillé ces dernières années pour en arriver là.
PL : Comment penses-tu te préparer pour la table finale ?
FC : Je vais d'abord me prendre quelques jours de vacances ici à Vegas et passer ensuite un peu de temps avec ma famille, qui est très importante pour moi. Je dois trouver un coach et étudier sans relâche pour cette table finale, car tous les November Nine sont d'excellents joueurs, notamment Michael "The Grinder" Mizrachi, Joseph Cheong ou Jonathan Duhamel.
Mais si je me donne à fond ces prochaines semaines, j'aurai en Novembre autant de chances de gagner que chacun de mes adversaires.
PL : Quelle est ton histoire avec le poker ? Tu es avant tout un joueur de cash-game, n'est-ce pas ?
FC : Oui, c'est vrai, je joue principalement en No-Limit Hold'em $2-5, $5-10 et parfois $10-20. Je participe cependant à quelques tournois et j'ai gagné 140 000 euros avec ma première place aux "Italian Championships" l'an dernier à San Remo. J'en suis aujourd'hui à près de 250 000 euros de gains en tournois, ce qui est plutôt correct car comme je le disais, je joue en effet avant tout en cash-game.
PL : Un dernier mot avant de se quitter ?
FC : Ce que je vis en ce moment est un véritable rêve, une expérience incroyable et j'en apprécie chaque instant !
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November 9 interviews : Michael Mizrachi
Retrouvez chaque semaine l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP en novembre. Rendez-vous aujourd'hui avec la star du plateau, l'américain Michael Mizrachi, auteur d'impressionnants WSOP cette année.
PokerListings : Michael, cette qualification pour les November Nine ponctue une superbe année 2010 pour toi. Quelle est ta réaction ?
Michael Mizrachi : Je suis avant tout incroyablement fatigué ! Ces WSOP se sont remarquablement bien passés pour moi. En Jour 8, je me suis retrouvé assez short-stack mais je suis resté concentré et mon expérience a payé. Pour être honnête, je joue mieux quand je suis short stack ! Je trouve toujours le moyen de gagner et c'est sûrement là d'où vient mon surnom The Grinder (Le Broyeur, NDLR).
Maintenant tout ce qu'il se passera à la table finale ne sera que du bonus et quel que soit mon résultat, je serai heureux.
PL : Tu as également remporté l'Event 2, le 'Poker Player's Championship'...
MM : Je suis très fier de cette performance et c'est aussi cela qui m'a donné autant de confiance en moi. C'est un vrai rêve pour tout joueur de voir son nom parmi toutes les légendes du poker de l'histoire.
PL : Tu es en lice pour devenir le joueur de l'année, c'est important pour toi ?
MM : Je pense que Frank Kassela le mérite plus que moi. Il a remporté deux bracelets WSOP, fini dans les places payées au Main Event, a fait 3ème dans le $25,000 No-Limit Hold 'Em SH ... Je serais heureux de partager ce titre avec lui et s'il veut je peux même lui laisser cette récompense ! (rires)
PL : Tu pourrais devenir le joueur le mieux payé de l'histoire si tu remportes la Table Finale, surpassant ainsi Phil Ivey ou Daniel Negreanu. Cela doit te motiver encore plus, non ?
MM : Ca serait exceptionnel, d'autant qu'à 29 ans, il me reste encore quelques belles années de carrière et ça sera difficile de me rattraper ! En 2005 et 2006, j'ai énormément joué et gagné, et depuis j'ai été un peu plus discret. Tout va tellement vite au poker, on ne peut pas gagner 3 millions de dollars chaque année ! Il faut juste croire en soi, ne pas abandonner ni baisser la tête. Et comme ma qualification pour la table finale le montre, la chance tourne lorsqu'on s'y attend le moins.
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November 9 interviews : Soi NGuyen
Retrouvez chaque semaine l'interview d'un nouveau November Nine jusqu'à la table finale du Main Event des WSOP en novembre. Rencontre aujourd'hui avec l'amateur et doyen Soi Nguyen.
PokerListings : Raconte-nous comment s'est déroulée la bulle du Main Event ?
Soi Nguyen : Je suis parti assez haut en jetons, donc mon but était avant tout de me coucher autant que possible. Mais mes instincts de joueur ont ressurgi et j'ai commencé à jouer et à perdre beaucoup trop de mains. A partir de là j'ai du m'adapter pour conserver mon avantage et j'y suis heureusement parvenu.
PL : Est-ce que tu t'attendais à réussir une telle performance ?
SN : Comme c'est la première fois que je participe aux WSOP, je suis avant tout venu pour engranger de l'expérience. Pour moi, c'est donc une aventure fabuleuse que de faire partie de ce clan très fermé des November Nine !
Mais toute la tension accumulée a peu à peu dispararu quand je suis rentré chez moi et que j'ai vu mes amis et ma famille. Beaucoup m'ont suivi sur le Net ou par SMS, et j'ai dû leur raconter tous les détails.
PL : Comment vas-tu te préparer et t'occuper pendant ces mois et semaines qui nous séparent du jour J ?
SN : Je ne sais pas encore, c'est peut-être trop tôt pour y réfléchir. En tout cas, ce break va me faire du bien, les dernières heures de jeu ont été particulièrement éprouvantes pour moi. Honnêtement, je n'aurai vraiment pas pu continuer un jour de plus ici à Vegas !
Je vais aussi mettre à profit mon temps libre pour étudier et réviser mes classiques. Encore une fois, je tiens à remercier ma famille et mes amis, dont Nam Le, Chino Rheem et Tommy Le. Sans eux, je n'en serais pas arrivé là.
PL : La table finale semble particulièrement relevée, quelles sont tes impressions ?
SN : Impossible d'atteindre la table finale d'un WSOP si l'on n'est qu'un joueur moyen, c'est évident ! Et au vu des seize heures passées avec eux lors du Day 8, je m'attends à une bataille acharnée en novembre.
Mais je reste confiant en mes possibilités : même si je n'ai pas beaucoup d'expérience et que je ne suis pas professionnel, j'ai toujours une chance sur neuf de gagner !
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November 9 interviews : Jason Senti
Le compte à rebours vers la table finale du Main Event des WSOP 2010 est lancé sur PokerListings. Retrouvez chaque semaine l'interview d'un nouveau November Nine. Rencontre aujourd'hui avec le short stack, l'américain Jason Senti.
PokerListings : Quel est ton sentiment après avoir accroché ta place pour la table finale des WSOP ?
Jason Senti : Je me sens avant tout absolument épuisé, j'ai très peu dormi lors des trois ou quatre derniers jours qui ont suivi. Ce fut au final une expérience assez irréelle mais je suis vraiment impatient à l'idée de faire partie des November Nine.
PL : Comment a commencé ton histoire d'amour avec le poker ?
JS : Comme de nombreux joueurs, j'ai tout d'abord vu quelques programmes à la TV et je me suis décidé à tenter ma chance en jouant quelques dollars en ligne. Au bout d'un an et de quelques victoires en tournois, j'ai décidé de quitter mon job d'ingénieur et de tout miser sur le poker. En augmentant peu à peu mes mises en Hold'em No Limit, j'ai pu devenir pro il y a maintenant trois ans.
PL : Quel a été le facteur clé de ton succès ?
JS : Je dois dire que ma gestion de la variance a été primordiale. J'ai été capable de bien gérer ma bankroll, ainsi que tous les temps forts et temps faibles d'un joueur de poker. Tout ceci a boosté ma confiance en moi et m'a motivé pour m'améliorer chaque jour. De plus, je pense avoir une aptitude innée pour le poker, avec mes connaissances solides en mathématiques et en psychologie. Je ne me proclamerai jamais le meilleur joueur du monde mais le poker me semble en fait un jeu assez facile même s'il m'a fallu travailler dur pour en arriver là.
PL : Vous êtes devenu instructeur de poker sur le site BluefirePokrer, que retiens-tu de cette expérience ?
JS : J'aime beaucoup enseigner, expliquer les dessous du poker et faire de mon mieux pour aider les amateurs à progresser. Honnêtement c'est aussi Phil Galfond, un homme que je respecte énormément, qui m'a poussé à travailler sur ce projet. Une expérience vraiment superbe !
PL : Comment te prépares-tu pour la table finale des WSOP le 9 Novembre ?
JS : Dans un premier temps, je pense m'accorder un peu de repos pour apprécier ces derniers mois avant le Jour J : un peu de golf, quelques barbecues, et bien sûr voir mes amis et ma famille. Je prévois de participer à quelques tournois live ces prochains-mois, dont notamment les World Series of Poker Europe. Au point de vue tactique, je pars assez shortstack donc je dois faire attention dès le début. Je vais également essayer d'en savoir un peu plus sur le profil des 8 autres joueurs. Mes adversaires vont en faire de même et d'ailleurs, j'ai peur que mes vidéos sur Bluefire soient bien trop révélatrices de mon jeu ! (rires)
PL : Que feras-tu si tu gagnes le Main Event des WSOP ?
JS : Si je gagne ces 9 millions de dollars, je m'attends déjà à payer pas mal de taxes ! (rires) Ensuite, j'en donnerai une partie à mes parents. En fait, j'ai du mal à imaginer ce que je pourrais faire avec cette somme, j'ai déjà eu tellement de chance avec le poker ! Je suis aujourd'hui libre de faire ce qu'il me plait et je ferai de mon mieux pour que cela continue le plus longtemps possible.