Le jeu sur Internet est souvent agressif, et particulièrement les parties de cash games à 6 joueurs. L'habitué standard y relance 16% de ses mains ou plus, et fait des mises de continuation 70% du temps.
Aussi, lorsque vous flopez une main avec autant d'équité qu'un tirage couleur, il n'y a aucune raison pour vouloir jouer la main en douceur.
Admettons que vous suiviez au bouton avec vos connecteurs assortis quelconques, et que le flop vienne avec un tirage couleur.
Si vous décidez de "flat-call" ("platement suivre") le continuation bet de votre adversaire, lorsque une carte sans importance sera tombée à la turn et que vous aurez manqué votre tirage, vous devrez alors vous coucher face à la deuxième cartouche dudit adversaire, vous faisant perdre vos calls pré-flop et au flop.
Mettre de l'argent et se coucher est l'une des causes majeures d'une "ligne rouge" en forme de pente descendante.
Vous devez arrêter de mettre de l'argent dans le pot pour ensuite simplement abandonner sans combattre.
Qu'est-ce qu'une ligne rouge sur la pente descendante ?
La hauteur de votre "ligne rouge" (une courbe de graphique dans un sens si vous préférez, faisant partie des données chères aux logiciels de tracking), se forme à partir de vos gains "sans abattage". Lorsque vous gagnez un pot sans aller à l'abattage, votre ligne monte. Lorsque vous perdez un pot, elle descend.
Si vous perdez plus d'argent que vous n'en gagnez sans voir les abattages, votre ligne va être sur une pente descendante.
Si vous perdez trop d'argent sans abattage, vous risquez d'avoir du mal à surmonter cette difficulté pour pouvoir devenir un joueur gagnant.
Pourquoi devrais-je jouer mes tirages agressivement ?
C'est simple. Cela fait même partie de certaines bases du poker.
Lorsque vous êtes l'agresseur, vous pouvez remporter le pot de deux façons : en faisant coucher votre adversaire, ou en touchant votre main sur la carte suivante.
Et plus de façons de gagner = plus de profit.
Pour aller plus loin sur cet état de fait, lorsque votre adversaire relance 16% des mains pré-flop en faisant un continuation bet presque tout le temps après ça, celui-ci aura rarement une main qui pourra supporter une relance.
Souvent il va faire une mise de continuation sur un flop hauteur valet, avec n'importe quelle bouse avec laquelle il aura relancé pré-flop, qu'il sera forcé de bazarder lorsque vous relancerez.
A présent, c'est lui qui jette de l'argent par les fenêtres avec cette relance pré-flop et cette mise de continuation au flop.
Exemple :
Partie à 6 joueurs en ligne - stack effectifs de 200€.
Votre adversaire, un bon habitué (stats de tracker : 20% VP$IP, 18% de relances pré-flop, facteur d'agression de 3.0, 70% de continuation-bet au flop) relance à 8$ au cut-off, une place avant le bouton.
Vous suivez avec 7♥ 8♥ au bouton et le reste de la table se couche. Le flop vient avec 6♥ 2♦ Q♥.
Votre adversaire effectue une mise de continuation de 13€ dans le pot de 19€.
Réfléchissons maintenant à son éventail possible. Jusque là, il est extrêmement large.
Un joueur qui relance 18% du temps de n'importe quelle position, relance 24% de ses mains au cut-off.
Lister toutes les mains possibles est une perte de temps, alors disons simplement qu'il y en a beaucoup.
A la place, pensez aux mains avec lesquelles il pourrait continuer face à notre relance : AA-QQ, AQ-KQ, 66, 22, et les tirages couleurs hauteur as, ce qui couvre à peu près 6% de son éventail.
Ce qui signifie qu'il va se coucher 75% du temps face à votre relance au flop.
Et devinez quoi ? Même si vous êtes suivi, vous avez plus de 35% d'équité contre tout, à l'exception des tirages couleur max.
Issue standard : vous relancez à 60€ et il se couche.
La fold equity est la clé
Fondamentalement, cette mise au-dessus est un semi-bluff qui se repose sur la fold equity (espérance de faire coucher).
Si votre adversaire relance avec un éventail très large pré-flop, et qu'il fait des mises de continuation un très grand pourcentage du temps, il se couchera également un très grand pourcentage du temps face à votre relance.
Lorsque vous relancez au flop avec votre tirage couleur, vous espérez en premier lieu qu'il se couche.
Mais vous savez aussi que si vous êtes payé, vous pouvez toujours gagner en touchant l'un de vos outs pour la couleur.
Que faire si mon adversaire paie ?
Si votre adversaire paie votre relance au flop, vous devez jeter un oeil à son éventail de suivi.
Certains joueurs paieront cette relance du flop sans être bien lourd en jeu, mais se coucheront face à toute nouvelle action.
Face à ces adversaires, vous pouvez tranquillement pousser votre tapis à la turn et avoir un sourire en coin quand votre adversaire se couchera.
Si cet adversaire suit les relances au flop avec un éventail un peu plus serré, vous feriez mieux d'essayer d'avoir une carte gratuite.
Comme tout ce qui compose ce jeu qui nous est cher, cela dépend donc du joueur à qui vous avez affaire.
Et s'il fait tapis ?
S'il pousse tous ses jetons, vous avez à serrer les dents et à payer. Oui, ça craint, mais c'est le jeu correct.
Dans notre exemple, il y a 19€ dans le pot au moment où il c-bet pour 13€. Nous avons relancé à 60€ et il pousse le tapis pour 192€ au total.
Cela porte le pot à 271€ et nous avons 132€ à rajouter. Quand nous avons 132€ à payer pour en gagner 271, nous obtenons mieux que 2 contre 1 et obtenons les cotes nécessaires pour deux "9-outer" (situations à 9 outs).
Ce n'est à l'évidence pas le meilleur des scénarios, mais cela n'arrivera pas si souvent.
Le plus courant sera de voir votre adversaire se coucher, et nous voleront ainsi sa relance pré-flop et son c-bet.
Bonus à jouer ses tirages de manière agressive : Cela varie votre jeu
Un autre point positif à jouer vos tirages pied au plancher, que vous ne pouvez pas réellement quantifier par des maths, est que cela équilibre votre éventail.
Si vous relancez vos tirages couleur au flop, vos adversaires ne pourront plus instantanément coucher la top paire.
Ils seront obligés de cogiter, sur le fait de savoir si vous relancez avec un brelan ou avec un tirage couleur.
Alors au lieu de se coucher au flop parce que vous n'y relancez jamais avec un brelan, ils seront obligés de jouer à ce jeu de devinettes, ce à quoi la plupart des joueurs ne sont pas bons.
Et au final, le résultat sera pour vous d'avoir plus d'action sur vos mains faites.
Revers de la médaille : la Variance
Il y a un revers de la médaille assez évident à jouer ses tirages de manière agressive : la variance.
Quand vous relancez avec vos tirages, vous remporterez fréquemment le pot sans abattage. Mais parfois, votre adversaire se réveillera avec une main, et vous serez dans le coup en étant légèrement outsider.
Certains de ces coups vous les perdrez, certains vous les gagnerez. C'est la nature même du jeu.
Evidemment, sur le long terme, relancer avec vos tirages est bien plus profitable. Votre adversaire se couchera simplement incroyablement souvent.
Ajoutez à ça l'action supplémentaire que vous obtiendrez sur vos mains faites, et c'est une situation où il n'y a même pas à réfléchir.
Le seul problème : ce court terme ressemblera parfois à un parcours bosselé et agité.
Prenez le risque, et vous en verrez les fruits.