Joe Hachem est à la croisée des chemins de sa carrière dans le poker. Pokerlistings l'a rencontré à l'occasion des Aussie Millions se déroulant actuellement à Melbourne.
Depuis qu'il a gagné le Main Event des WSOP 2005, la superstar du poker australien a voyagé partout à travers le monde, jouant son rôle d'ambassadeur, un nombre incalculable de tournois, avec notamment un titre du World Poker Tour à la clef.
Oh, et puis il a aussi gagné près de 4 millions de dollars durant ce laps de temps.
Mais les temps changent pour Joe Hachem. Le mois dernier, il a annoncé qu'il quittait Pokerstars, son sponsor depuis un très long bail, et une salle qu'il aura aidée à devenir l'une des plus importantes au monde aujourd'hui.
Cette annonce sonnerait-elle le glas du tourbillon dans lequel il était depuis son titre de Champion du Monde ?
"Je suis sur la route depuis maintenant 7 ans, et je suis totalement épuisé." a t-il confié au micro de PokerListings durant une pause du Main Event des Aussie Millions 2012 qui se tiennent actuellement à Melbourne.
Hachem est l'un des rares joueurs à avoir vraiment porté le poker pour un pays tout entier. Quelque chose qu'on peut on ne peut mieux constater chaque année au moment des Aussie Millions, avec des milliers de joueurs australiens et de fans convergeant vers le Crown Casino.
"Ce tournoi fait notre joie et notre fierté. C'est un évènement spécial, à part. Il n'est pas connecté à l'EPT, au WPT, au LAPT ou quoi que ce soit d'autre."
Au point que l'on peut même se demander si le tournoi existerait même sans cet exploit d'Hachem aux WSOP de 2005.
Lorsque Joe est devenu ce champion du monde, le premier Australien à décrocher ce titre, le poker a littéralement explosé dans le pays, et alors qu'il y avait jusque là qu'une salle de poker pour le pays entier, il y en a maintenant une ou plus dans chaque état que compte le pays (six).
Un mariage de 5 ans, pour le meilleur
Ce fut donc quelque part un choc lorsque Pokerstars et Hachem se sont séparés en décembre dernier, mariés qu'ils étaient depuis cette même année de 2005. Un contrat (hors sponsoring) qui lui aurait rapporté 15 millions de dollars sur ces cinq années.
Quelques jours plus tôt, l'Australien annonçait qu'il avait trouvé un accord avec AsianLogic (opérant un certain nombre de sites de poker et de casino en Asie), pour aider à développer leurs futures stratégies pour le marché du poker en ligne.
"J'ai eu une grosse offre d'une grosse salle de poker. Je me suis dit "OK, est-ce que je signe en tant qu'ambassadeur pour une grande salle, ou est-ce que je m'associe avec une compagnie solide proche de chez moi et qui cherche à s'agrandir avec plein d'opportunités de me laisser l'y aider ? Je n'ai pas hésité une seule seconde."
Allant plus loin, Hachem dira même qu'il en avait assez de "faire le singe", en souhaitant être plus impliqué dans l'activité quotidienne d'une société. Et AsianLogic était le choix parfait d'après lui.
Ces nouvelles perspectives vont également limiter sa quantité de déplacements. Et il ne prévoit pour l'instant de ne jouer que le LAPC, le WPT Bay 101, les WSOP, les WSOPE, l'Epic Poker Tour, et les deux rendez-vous de l'APT chapeautés par AsianLogic.
Ce qui fait une grande différence pour un gars vivant à des milliers de kilomètres de tous les tournois majeurs en dehors des Aussie Millions.
"Partout où je vais me prend au moins un jour. Ca fait beaucoup de temps passé dans les avions."
A ce stade il serait facile de se dire qu'Hachem a perdu dans ses capacités au poker, et qu'il est maintenant au crépuscule de sa carrière. Mais le fieffé Australien a un avis un peu différent.
Star et gentleman
Un peu plus tôt ces derniers jours, Hachem a dominé certains des meilleurs joueurs au monde actuels, dont Phil Ivey, Tom Dwan et Gus Hansen, pour prendre la 3ème place dans le gros tournoi à 100.000$ des Aussie Millions, pour un prix de 330.000$.
Il s'agit là d'ailleurs de son plus gros cash depuis 2006, et le plus gros jamais décroché dans le casino de sa ville natale.
Dans le passé, Hachem a été fameux sur le circuit pour sa tendance à prendre les choses pour lui lorsque les cartes n'allaient pas dans son sens. Et bien que fan des jeunes talents australiens Jonathan Karamalikis et Jarred Graham, il a par le passé aussi été très critique sur la jeune génération du poker en ligne, les invitant à "grandir".
Et l'homme maintient d'ailleurs le fait que cela demande plus que du talent pour devenir une star dans le monde du poker.
"Beaucoup de ces gamins n'ont pas de manières ni aucun respect. Ils vivent et meurent derrière leurs écrans d'ordinateurs, et ils ne ressentent pas le besoin d'avoir des comptes à rendre."
Malgré son désir de rester proche de chez lui et de travailler en coulisses en s'éloignant des projecteurs, Hachem gardera toujours de nombreux souvenirs de ces sept dernières années, pendant lesquelles il semblait avoir son patch Pokerstars tatoué sur la poitrine.
"Je me sens privilégié d'avoir eu l'occasion de faire tout ça. Ca a été incroyable, mais dans le même temps je me suis mis le cul par terre pour être le meilleur ambassadeur et le meilleur joueur de poker que je pouvais être."