Griffin Benger était un champion de jeux vidéo bien avant de devenir l'un des tous meilleurs joueurs de poker en ligne. Aujourd’hui la plus grande opportunité de sa carrière de joueur de poker se présente à lui : une place en table finale du Main Event des World Series of Poker.
Il y a quelques années, c’est sous le pseudo « shaGuar » que Benger était connu. Son jeu de prédilection était Counter-Strike. En 2007, son équipe a remporté un titre de champion du monde pour 250 000 $.
Benger est désormais tout près d’un autre titre de champion du monde, sauf que le prix est de 8 millions de dollars cette fois. Et qu’il n’a pas d’équipe avec qui le partager.
Après avoir atteint la table finale de ce tournoi à 6 737 joueurs, Benger dispose d’une pause de trois mois avant de revenir à Las Vegas pour le dénouement.
Originaire de Toronto, Benger est le dernier Canadien en lice. S’il gagne, il deviendra le deuxième champion du monde canadien de l’histoire du poker (après Jonathan Duhamel en 2010).
Un satellite à 1 000 $ se transforme en un prix d’un million
Benger vit le meilleur tournoi de sa carrière, et on peut dire que ça tombe au bon moment. Il expliquait qu’avant ce Main Event, il était en difficulté financièrement et qu’il traversait une période difficile de sa carrière.
« À la fin de ma carrière Counter-Strike, je m’appuyais beaucoup sur ma réputation », raconte t-il.
« J’étais un peu moins bon. J’étais comme ces joueurs de base-ball un peu âgés qui arrivent encore à gagner. Mais j’avais passé l’apogée de ma carrière.
Je me sentais un peu pareil dans le poker ces dernières années. J’avais la sensation que j’avais atteint le sommet de ma carrière en 2013 et que depuis les choses se dégradaient.
Je me souviens m’être dit que l’histoire se répétait, que j’étais sur le déclin. »
En 2014, Benger a remporté 1 million de dollars dans l’émission Shark Cage, mais n’avait remporté aucun prix supérieur à 10 000 $ depuis.
Le Canadien explique qu’avant le Main Event de cette année, il n’avait pas beaucoup d’argent, mais avait tout de même décidé de tenter de se qualifier.
« C’était un peu téméraire de ma part de participer à ce satellite à 1 000 $ sur 888poker. Je me suis presque inscrit ironiquement.
Je trouvais ça quasi ridicule. Je me demandais ce que j’étais en train de faire. Mais bon, j’avais un peu de marge sur ma carte de crédit, et bim. »
Benger nous confiait également qu’il a d’abord envisagé de vendre son ticket à 10 000 $, mais qu’il a finalement décidé de venir à Vegas pour voir ce qui allait se passer.
Après environ 80 heures de poker en une semaine il a donc atteint la finale, ce qui lui garantit de remporter au moins un million de dollars. Pas mal pour un investissement de départ de 1 000 $ !
A présent plus il durera dans cette table finale, plus il gagnera d’argent. Le futur champion du monde remportera le bracelet et 8 millions de dollars.
La Global Poker League est un « formidable outil de coaching »
Revenons à ce printemps, lorsque Benger était à Malte pour commenter la toute nouvelle Global Poker League.
La GPL a été créée par l’entrepreneur français Alex Dreyfus avec l’ambition de « sportifier » le poker.
C’était parfait pour Benger, qui a étudié le journalisme sportif. Sans compter qu’il est un fan inconditionnel des Toronto Blue Jays.
Il estime que cette expérience à la GPL lui a permis de remettre son poker dans le droit chemin.
« Finalement, ça a été un outil de coaching incroyable pour moi. J’ai vu les meilleurs joueurs du monde jouer pendant 18 heures par jour pendant huit semaines.
Je me suis rendu compte qu’il y a énormément de choses que je faisais mal. J’étais là à regarder ces joueurs, à absorber le meilleur de chacun pour le réutiliser ensuite.
Alors évidemment, c’est un peu facile de dire ça, mais je pense vraiment que la Global Poker League m’a beaucoup aidé. »
Pas le bout du monde
Dans un documentaire réalisé par PokerListings en 2012, Benger expliquait avoir toujours su que la compétition était ce qui le motivait.
Mais il estime également aujourd'hui que son esprit de compétition l’a poussé trop loin dans sa carrière de joueur, que ce soit en e-sport ou au poker.
« C’est beaucoup pour moi, mais pas le bout du monde non plus », dit-il à propos du Main Event.
« Les gens disent souvent ça : ‘c’est tout pour moi’. Ce n’est pas mon cas.
Le poker était très important pour moi, mais j’ai compris que le poker et l’argent n’étaient pas des choses qui me rendaient heureux. Qu’ils étaient plutôt un symptôme de mon esprit de compétition, qui fait que j’ai besoin de grimper au sommet d’une montagne qui ne finit jamais.
Une partie de moi pensait que ça finirait pas s’arrêter, que je finirais par être satisfait.
Mais s’il y a bien un sommet à atteindre, c’est le titre au Main Event des World Series.
Je suis vraiment honoré d’être en finale. Même si ça ne représente donc pas « tout » pour moi, mais dans le contexte du poker, c’est l’objectif ultime. »
Benger débutera la table finale en septième position en jetons le 30 octobre.