Les WSOP Europe 2015 se sont achevés ce week-end par la victoire de Kevin MacPhee dans le Main Event, et de Jonathan Duhamel devant Davidi Kitai dans le High Roller. Mike Gorodinsky est quant à lui sacré Joueur WSOP de l'Année.
N'ayant pas forcément laissé une grande impression à Enghien-les-Bains en 2013, les World Series of Poker Europe faisaient leur retour cette année du côté du Casino Spielbank de Berlin.
Hormis un tournoi de l'Oktoberfest à 550€ qui aura connu le succès (2144 joueurs et nouveau record du plus gros tournois ayant eu lieu aux WSOPE), ces WSOP Europe 2015 n'auront finalement pas mieux déchaîné les passions.
Le Main Event n'aura ainsi attiré que 313 joueurs, soit le plus faible total depuis la création de ces Series européennes (362 à Londres en 2007 et 2008, 334 et 346 en 2009 et 2010, 593 et 420 à Cannes en 2011 et 2012, et 375 à Enghien en 2013).
10 tournois étaient pour la première fois au programme cette année. Et les grands gagnants de cette édition se seront trouvés être... les joueurs grecs, avec 3 bracelets remportés (Event 1, Event 6, Event 8), les trois premiers pour leur pays !
L'Uruguay aura également décroché le premier bracelet de son histoire grâce à Alex Komaroni dans l'Event 5.
Les Etats-Unis repartent avec 2 bracelets (Event 4, Main Event), tandis que l'Allemagne affiche un bilan très décevant sur ses terres, avec un seul bracelet (Dietrich Fast, Event 2).
L'Angleterre (Richard Gryko, Event 3 et Barny Boatman, Event 7) et le Canada (High Roller) complètent les rangs des pays vainqueurs.
Les joueurs français auront une nouvelle fois manqué de réussite ou de talent dans la dernière ligne droite de ces World Series 2015, puisque après 6 d'entre eux ayant déjà terminé sur la deuxième marche d'un podium à Vegas, Gilbert Diaz (Event 4) puis Paul Tedeschi (Event 8) auront à nouveau échoué à la pire place à Berlin !
Vous pouvez retrouver tous les résultats de nos tricolores payés (dont les autres finalistes Benjamin Pollak, Thierry Gogniat et Fabrice Soulier) dans notre article sur les Résultats complets des WSOPE 2015.
Jonathan Duhamel défait Davidi Kitai dans le High Roller
Le High Roller à 25 000€ et 64 joueurs aura accouché d'une belle table finale, passablement relevée avec notamment les Allemands Fedor Holz et Christoph Vogelsang ou l'Italien Mustapha Kanit, et bien sûr les deux adversaires du heads-up, le Canadien Champion du Monde 2010 Jonathan Duhamel, et le Belge Davidi Kitai.
Les deux hommes avaient pourtant entamé cette table finale avec des tapis qui les plaçaient aux deux dernières positions.
Lors du heads-up Duhamel allait prendre un rapide avantage de 3 contre 1, et un double-up de Kitai n'aura pas suffi à ce dernier pour relever la tête.
La dernière main allait voir une confrontation sans issue entre le J♥ 7♠ de Kitai et la paire de 7♣ 7♥ de Duhamel, qui remportait là son troisième bracelet WSOP, après celui de 2010 au Main Event et celui également acquis de haute lutte dans le High Roller for One Drop à 111 111$ cet été à Vegas.
Il ajoute également 554 395€ à son compte en banque.
"C'est encore plus génial que le deuxième bracelet. Ca a été un tournoi très difficile, l'un des plus difficiles que j'ai pu jouer dans ma vie."
► Pour voir le classement du High Roller
Kevin MacPhee succède à Adrian Mateos
Dans le Main Event, c'est l'Américain Kevin MacPhee qui se sera adjugé la victoire, devant 312 concurrents donc et l'Espagnol David Lopez en dernier obstacle sur la route de son deuxième bracelet (après un premier il y a seulement quelques mois dans l'Event 56 à Las Vegas).
Le champion en titre espagnol Adrian Mateos Diaz n'aura pas passé le premier jour, tout comme Phil Hellmuth entre autres parmi les grands noms présents.
Parmi ceux-ci c'est la légende Erik Seidel qui s'en sera le mieux sorti, terminant 7è.
Chip leader à l'entame de la table finale, MacPhee l'aura dominée jusqu'au bout pour le titre et les 883 000€ de la première place.
Il atteint par la même sa 10ème place payée aux WSOP de l'année (désormais 31).
Berlin et le Spielbank Casino lui réussissent en tout cas très bien, puisque c'est déjà en ces lieux qu'il avait remporté son autre titre majeur, celui de l'EPT Berlin en 2010 (devant 944 joueurs pour 1 million d'euros).
"C'était un objectif de gagner un bracelet, alors deux la même année ça semble assez irréel. (...) Avec le chip lead, j'avais la pression donc rien d'autre qu'une victoire ne m'aurait satisfait."
► Pour voir le classement du Main Event
Nous avons rencontré MacPhee à Malte (où il enchaîne déjà avec l'EPT !) pour lui poser quelques questions sur cette victoire. Vous pourrez retrouver son interview en ligne dès demain sur PokerListings.
Mike Gorodinsky Joueur de l'Année
Enfin on notera bien évidemment le titre de POY (Player of the Year) pour l'Américain Mike Gorodinsky, que Brian Hastings, Shaun Deeb ou Anthony Zinno n'auront pas réussi à déloger de la tête du classement par points.
Si son seul fait d'armes à Berlin aura été une 42è place dans l'Event 8, son été à Vegas aura été d'un tout autre calibre, avec 7 places payées dont 4 tables finales (dont deux dans des tournois de Stud et Razz Championship à 10.000$), et bien sûr la victoire dans le Players Championship à 50.000$.
Avec 2251,81 points, Gorodinsky devance au final Jonathan Duhamel et Kevin MacPhee, suivis des trois hommes précédemment cités.
Paul Volpe, Ismael Bojang, Stephen Chidwick et Mike Leah complètent le Top 10.
Vous pouvez retrouver le classement complet ici : www.wsop.com/players/2015.aspx
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Kevin MacPhee : « Toujours découvrir de nouveaux pays est génial »
(03/03/16 - par Thomas Hviid)
Le joueur pro Kevin MacPhee écume le circuit depuis maintenant huit ans dans le monde entier. Alors autant de villes ou lieux que les Bahamas, Los Angeles, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Dublin puis, Tallinn en six semaines, cela n’a rien d’exceptionnel pour ce globe-trotteur.
La semaine dernière, MacPhee et sa petite amie Marie-Pier Simard étaient en Estonie, à Tallinn, pour participer au festival de poker Kings of Tallinn.
Avec un Main Event à 1 000 €, le buy-in peut sembler un peu bas pour quelqu’un qui s’est imposé sur l’EPT et aux WSOPE. Mais cela n’a certainement pas diminué l’enthousiasme du joueur pour la capitale estonienne.
PokerListings a pu le rencontrer pour évoquer avec lui sa vie de nomade, ses attentes pour la Global Poker League et ses prochains voyages.
Kevin, qu’est-ce qui t’a poussé à venir à Tallinn pour un tournoi à 1 000 € ?
En 2010, j’ai remporté le trophée du Player’s Choice sur l’EPT, le prix était un package pour l’EPT Tallinn au mois d’août suivant. J’avais envie de venir ici depuis longtemps, et je suis tombée fou amoureux de cette ville.
Le temps était très différent en août (rires ; au moment de l’interview, il neigeait énormément), mais ça reste une ville géniale.
J’adore venir ici et je suis toujours à la recherche d’une raison de revenir. Alors quand Teresa (Nousiainen, organisatrice des Kings of Tallinn et ancienne directrice de tournoi sur l’EPT) m’a invité à venir ici avec ma petite amie, on s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser passer cette chance.
L’un de mes premiers élèves de poker était estonien, Liina Värk, une joueuse d’échecs. Elle était mariée avec l’un de mes amis, Eric Hicks. On se voyait souvent à San Francisco. Elle m’apprenait les échecs, moi je lui apprenais le poker.
Elle me parlait souvent de l’Estonie, du coup j’étais très heureux d’avoir la chance d’y aller enfin.
L’année dernière, tu as atteint des places payées dans sept pays différents et tu parcoures le monde depuis des années. Est-ce un rêve pour toi de voyager dans le monde entier grâce au poker ?
C’est vrai que ça a l’air assez glamour vu de l’extérieur, je pense que mes followers sur Facebook et sur Twitter ont cette impression. Moi je fais ça depuis sept ou huit ans, et je dirais que ça a ses bons et ses mauvais côtés.
C’est génial de pouvoir toujours découvrir de nouveaux pays, vivre de nouvelles aventures, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir de nouvelles cuisines, mais c’est parfois difficile de ne pas avoir de stabilité. Je n’ai jamais vraiment eu de "maison" à moi.
Je ne peux pas avoir de chien par exemple. C’est une vie qui demande pas mal de sacrifices. Mais je n’ai pas l’intention d’en changer pour l’instant, je suis heureux et je compte continuer tant que c’est le cas.
Avec tous les pays que tu as exploré, tu dois bien avoir une destination poker préférée.
Je dirais que l’endroit où je préfère jouer au poker, c’est Barcelone. C’est là que j’ai participé à mon premier EPT, en 2008.
J’ai fait une place payée et je suis tombé amoureux de la ville et de l’EPT. C’est après Barcelone que je me suis mis en tête de participer à tous les EPT cette année-là. Je n’avais aucune attache à l’époque.
Barcelone, c’est le top. Le tournoi grandit chaque année, il y a de plus en plus de joueurs. Et puis c’est toujours au mois d’août, j’adore.
Et puis j’aime aussi Vegas. Je sais que ce n’est pas le cas de beaucoup, mais j’adore Vegas. Je dirais que mes deux villes favorites sont Vegas pour les États-Unis et Barcelone pour l’Europe.
Et Berlin ?
C’est là que j’ai gagné la plupart de mes titres. Il y a toujours des trucs sympas à faire à Berlin, quelle que soit l’heure.
J’y suis allé plusieurs fois et ça ne s’est pas toujours aussi bien passé en termes de poker, mais c’est vraiment une ville géniale. Il y a beaucoup de boîtes sympas et de trucs à faire.
C’est un peu fou tout ce que j’ai gagné là-bas, en fait. Gagner un grand tournoi dans sa carrière, c’est déjà énorme. Mais deux dans la même ville !
Toi qui es un globe-trotteur, tu dois être parfait pour la Global Poker League. Qu’est-ce que tu en attends ?
Je dirais que j’y vais sans attente particulière, mais je souscris totalement à la vision du poker d’Alex Dreyfus.
J’aime beaucoup mon équipe et j’estime avoir beaucoup de chance d’en faire partie. Je savais que Bryn Kenney serait le capitaine. Nous sommes très proches, donc je me doutais qu’il risquait de me choisir pour les New York Rounders.
J’aime beaucoup notre équipe. Il y a Tom Marchese, qui est le régional de l’étape puisqu’il vit à Las Vegas, mais Jason Mercier et Jason Wheeler ont l’habitude de parcourir le monde donc je suis sûr que notre équipe sera très talentueuse et expérimentée.
Ça devrait être intéressant. J’ai hâte de voir ça. Je ne veux pas avoir des attentes trop élevées, mais d’un autre côté c’est très prometteur.
Si Dreyfus arrive à aller au bout de sa vision, on peut aller très loin.
Nous avons compilé quelques statistiques qui montrent que les New York Rounders sont l’équipe avec le meilleur classement GPI moyen et les plus gros gains en carrière. Cela fait-il de vous les favoris ?
Je pense que les équipes dépendent beaucoup de leur capitaine.
Bryn est probablement le capitaine avec les plus grands gains en carrière. Jason Mercier et Jason Wheeler sont aussi de grands joueurs. Je dirais que cela nous donne un bon avantage.
Notre équipe est un peu différente des autres. On est un peu des baroudeurs, à part Marchese qui est plutôt un habitué de l’Aria.
Mais je ne savais pas que notre équipe était la mieux « classée », c’est plutôt cool. Je pense que les autres équipes sont plutôt "locales".
L’équipe new-yorkaise de Bryn, elle me rappelle les Yankees : on frappe fort, on est plus connus. En tant que spécialiste des high rollers, il respecte beaucoup les joueurs qui ont des gains en carrière élevés.
À ton avis, quel sera le facteur décisif lors de la GPL ? Le travail d’équipe, les qualités individuelles ou autre chose ?
La victoire je pense (rires) ! C’est tout ce qui compte. Si on commence à gagner, ça devrait bien s’enchaîner. C’est un peu à ça que se résume ma stratégie : gagner.
Ça devrait être très intéressant. Je sais qu’il va y avoir pas mal de heads-up en ligne. On ne devrait pas être favoris par rapport aux autres équipes. L’équipe de Los Angeles par exemple, avec Olivier Busquet et Chance Kornuth, sera très dangereuse en heads-up.
Mais bon, on a beaucoup d’expérience en live et en ligne, même si ce n’est pas nécessairement en heads-up.
On verra bien. Comme toujours dans le poker, l’essentiel sera de prendre la bonne décision au bon moment. Il va falloir qu’on soit agressifs et qu’on fasse tout pour gagner.