Celina Lin est une star du poker asiatique. Après avoir grandi entre Shanghai et Melbourne, Celina Lin vit à Macao depuis cinq ans, sans se faire remarquer des médias occidentaux.
La jeune femme est pourtant loin de se cacher, puisqu’elle est la seule à avoir remporté deux titres Red Dragon et qu’elle parcoure désormais le monde pour prouver son talent.
PokerListings a rencontré Celina Lin au milieu de son voyage, lors du récent PokerStars Caribbean Adventure 2016.
Celina : Je voyage beaucoup en ce moment, et j’utilise AirBnB. C’est moins cher de rester un mois ou deux là où je joue.
Donc je vais continuer comme ça cette année. Par exemple, je serai à Vegas pour les WSOP, puis un mois supplémentaire pour passer un peu de temps sur Twitch.
On pourrait dire que je suis sans domicile fixe, mais c’est plutôt assez luxueux.
Et tu arrives à gérer ce genre de train de vie ?
Je suis toujours à la recherche de nouvelles expériences, et le poker m’en apporte énormément. J’adore découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles cuisines.
Je voyageais encore plus quand j’ai commencé le poker. Je me suis ensuite installée à Macao pendant quelque temps, et maintenant j’ai repris ma route.
Avec plus de 25 places payées ces deux dernières années, on dirait que tu ne t’arrêtes plus.
La Chine est un nouveau marché pour le poker, dès qu’il y a un tournoi, il y a plein de side events. Souvent, il y a entre 200 et 300 joueurs.
J’essaye d’en jouer le plus possible, mais uniquement pendant les circuits. Je ne joue pas tous les jours, mais c’est beaucoup ou pas du tout.
Parfois, j’en ai marre du poker. Surtout quand ça ne se passe pas très bien. Mais la plupart du temps, ce sont surtout beaucoup de bons moments et de nouvelles expériences à partager.
Tu es la seule à avoir gagné deux fois le « Red Dragon ». Est-ce que cela à fait de toi une star en Chine ?
Quand je participe à des tournois en Chine, les gens me demande si je suis vraiment Celina.
Ici, les gens me disent juste bonjour. Personne ne sait qui je suis.
C’est un autre monde. Le poker est encore tout nouveau en Chine, mais le poker grandit très vite.
Le Red Dragon est passé de 30 à près de 1 000 joueurs lors de la dernière édition.
As-tu déjà envisagé une autre carrière ?
J’ai un diplôme de science en systèmes d’information, mais j’ai découvert le poker juste après et ça a tout de suite marché, donc je me suis lancée.
Lorsque j’ai eu l’opportunité de rejoindre la Team PokerStars, cela signifiait passer ma vie à voyager pour jouer au poker. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance.
Légalement, quelle est la situation du poker en Chine ?
On est un peu dans le flou actuellement. Personne ne comprend vraiment les implications du poker, alors ils n’arrivent pas à produire de lois ou à décider s’il s’agit d’un jeu de hasard ou de talent.
En Chine, il n’y a pas de casino, sauf à Macao. C’est difficile pour nous, étant donné que le poker se joue dans des casinos et avec des jetons.
Cependant, les jeux de hasard impliquent une décision avant que quoi que ce soit ne se passe puis sans contrôle ensuite. Au poker, on prend des décisions à chaque étape et le résultat dépend de la manière dont chacun joue.
Sans casino, comment la Chine peut-elle organiser l’APPT ou un WPT à Pékin ?
Ils obtiennent des licences sportives du gouvernement. Les tournois sont acceptés parce qu’ils ne génèrent pas de profits.
Ils sont donc organisés dans des lieux sportifs.
La Chine est-elle le futur du poker ?
C’est difficile à dire. Les gens adorent le poker en Chine, et si on finit par le considérer comme un jeu de talent, à l’image du Mahjong (qui est légal), alors oui.
Mais je ne connais pas bien les mécanismes de légalisation, donc c’est très indécis.
Pour changer de sujet, tu as ta propre chaîne Twitch. Comment l’utilises-tu ?
Je fais à peu près la même chose que Jason Somerville, mais sa chaîne est plus décontractée et la mienne plus intense et divertissante.
Je ne dis pas que l’une est meilleure que l’autre, mais mes diffusions me fatiguent beaucoup donc je ne peux pas le faire pendant huit heures par jour comme Jason.
J’essaye de répondre aux questions et je fais des petits paris, je peux me retrouver à sauter partout dans la chambre comme un lapin.
C’est un pari que tu fais souvent ?
Oui, ça arrive. Il faut bien s’amuser un peu. Les gens trouvent leurs Twitchers préférés, chacun ses goûts.
Sur Twitch, l’essentiel est d’être sincère. Jason et Jamie [Staples] ont du succès parce qu’ils sont sincères.
Quand ils parlent, les gens les écoutent et les croient. Et ils font des erreurs. Quand on fait des erreurs, les gens se rendent compte qu’on est humain.
D’où vient ton public ?
Ils viennent vraiment du monde entier. Il est difficile, pour ne pas dire quasi impossible, de regarder Twitch depuis la Chine, donc les spectateurs viennent plutôt de Taïwan, de Malaisie ou de Thaïlande.
Mais il y a aussi des gens de Pologne, de Suisse, du Canada ou des États-Unis.
Les interactions sont la clé, sur Twitch.
Si vous êtes fan de Daniel Negreanu, vous pouvez venir au PCA mais vous avez peu de chance de pouvoir le croiser et parler avec lui.
Mais si vous êtes sur Twitch et que vous lui demandez « Hé Daniel, tu manges quoi ce soir ? », vous aurez une question deux minutes plus tard.
C’est vraiment un moyen incroyable de communiquer.