Tous les étés, des hordes de joueurs découvrent pour la première fois les WSOP et débarquent au Rio Hotel & Casino en espérant réaliser un gros coup. Mais la plupart se rendent rapidement compte que les WSOP n’ont rien d’un tournoi ordinaire…
L’Amazon Room du Rio est pleine de vétérans des WSOP, facilement reconnaissables à leur démarche lente et à leur regard concentré. Les néophytes, au contraire, marchent souvent d’un pas enjoué et ne savent plus où donner du regard.
Les joueurs qui viennent à Vegas en espérant participer au plus de tournois possibles sont peut-être ambitieux, mais ils sont souvent assez facilement déstabilisés lorsque les choses ne se passent pas comme prévu.
PokerListings a pensé à eux (à vous) en vous donnant quelques conseils pour réussir vos WSOP et ainsi apprécier au mieux l'expérience.
Ne soyez pas le premier à table
On voit souvent des joueurs faire la queue devant la porte de la zone de tournoi. Ces joueurs passeront près d’une demi-heure à jouer nerveusement avec leurs jetons en attendant le début du tournoi.
D’après notre étude absolument pas scientifique du tout, jamais la première personne à rejoindre son siège lors du Day 1 d’un tournoi n’a gagné. C’est un fait.
Soyez cool. Même si vous ne voulez pas être en retard, vous pouvez très bien arriver pendant que Jack Effel fait la traditionnelle lecture des règles. Au moins vous aurez l’air de savoir ce que vous faites, même si vous êtes en réalité en train de flipper.
Ne soyez pas choqué par la taille du tournoi
La taille, c’est important. Surtout quand on s’apprête à participer aux WSOP et qu’on ne s’est pas préparé à l’ampleur de l’événement.
A moins que vous participiez à des tournois au buy-in élevé ou qui ne soient pas en Hold’em, il y a de grandes chances que vous soyez soit dans la Pavilion Room, soit dans la Brasilia Room.
Les deux sont grandes, mais la Pavilion est particulièrement impressionnante (et très intimidante).
Oubliez les milliers de joueurs qui vous entourent, concentrez-vous sur vos huit (ou neuf) adversaires directs.
Faites des pauses
Vous n’êtes pas obligé de passer toutes vos journées au Rio. Faites attention à prendre des jours de repos. Il y aura forcément des jours où vous ne pourrez pas jouer à cause du format de certains tournois, profitez-en pour découvrir Las Vegas et recharger les batteries.
Si vous aimez la nature, allez faire un tour au Red Rock Canyon ou allez à la piscine. Si vous préférez les lumières artificielles, allez voir un spectacle ou un film. Evitez quand même les bars les veilles de tournoi, seuls les professionnels chevronnés peuvent se permettre des folies et être quand même frais comme des roses à la table le lendemain.
A lire aussi : Conseils pour le voyageur à Las Vegas
Mangez bien, faites du sport
Bien que l’auteur de cet article ne connaisse pas très bien ces deux concepts, il semble que l’idée soit bonne.
Réussir dans un tournoi, c’est passer près de 13h à la table de poker ne serait-ce que le premier jour. Difficile de rester concentré aussi longtemps si vous mangez et buvez n’importe quoi. A moins d’être Gavin Smith, attendez la fin de la journée pour attaquer les cocktails.
Le sport peut également vous aider. On parle souvent d’esprit sain dans un corps sain, mais beaucoup de joueurs y restent encore allergiques. Allez vous balader, faites des pompes ou des longueurs au lieu de jeter des regards langoureux aux serveuses. C’est peut-être ce qui fera la différence.
Consultez aussi nos articles santé, sport et nutrition, et notamment comment améliorer ses performances grâce à la santé holistique et la nutrition.
Détendez-vous et amusez-vous
Participer à autant de tournois peut être épuisant, même pour le plus expérimentés des joueurs pros, alors pour un débutant... S’amuser ne garantit certes pas la victoire, mais c’est important de rester détendu et de profiter du moment.
De toutes façons, vous avez beaucoup plus de chances de perdre que de gagner, alors autant oublier la taille de la pièce et vous amuser, loin des clubs de strip-tease miteux. Vous ne gagnerez peut-être pas de bracelet, mais vous pourrez peut-être vous faire un peu d’argent et profiter pleinement de votre premier été aux WSOP.
Allen Rash
Votre première fois aux WSOP : Participer au Main Event
Avec plus de 7200 joueurs en 2017, le "big one" n'est comparable à aucun des tournois auxquels vous auriez pu participer auparavant. Pour un nouveau venu, cela peut même paraître un peu surréaliste.
Une bonne partie des joueurs prenant part au Main Event des WSOP gagnent leur place via des tournois de qualifications ou des satellites online. Cela signifie que plusieurs milliers de joueurs sont là pour la première fois.
L'atmosphère : sachez à quoi vous attendre
Particulièrement si vous ne jouez jamais en tournois live, l'atmosphère qui règne lors du Main Event risqué d'être dure à appréhender pour vous, avec des milliers de personnes, de photographes, de reporters, de célébrités et un bruit permanent.
Tout ceci à l'intérieur de l'Amazon Room du Rio ; dehors vous avez les plus grands shows de Vegas, encore plus de bruit, les boissons gratuites, des lumières de partout, les combats de polochons entre filles en petite tenue, et pour couronner le tout, vous êtes en plein milieu de Vegas.
Si vous avez déjà du mal à vous concentrer sur le poker quand vous êtes seul dans votre chambre, imaginez ce que ça peut donner en plein milieu d'un zoo. Vous devriez espérer ne pas être à la table d'une célébrité, d'un joueur pro ou d'une personne connue, car avoir des centaines de personnes qui circulent autour de la table peut donner un rythme de jeu assez spécial.
Le jeu : une belle structure mais un jeu parfois lent
Selon le type et la taille des tournois que vous avez déjà joués par le passé, vous pourriez être étonné par le nombre de mains jouées lors du Main Event WSOP. Repensez à vos anciens tournois, aux stacks de départ et aux structures de tournois employées. En moyenne pour les plus petits tournois, cela donne quelque chose comme ça :
- 3000 jetons de stack
- Augmentation des blindes toutes les 30 minutes
- Départ à 25/50, les blindes doublant à chaque niveau.
Plus le buy-in du tournoi est important, plus la structure est clémente, autorisant du même coup, plus de jeu. Le Main Event des WSOP est structuré sur des rounds de 120 minutes, avec 50000$ de stack de départ.
Outre ceci, l'augmentation des blindes se fait très progressivement, avec des paliers intermédiaires et des blindes passant de 250/500 (ante 75) à 300/600 (ante 100) au lieu de directement à 400/800.
Ce que ça signifie pour vous : Le premier jour est programmé pour durer 10 heures. Si vous arrivez à atteindre la table finale, vous allez jouer un total de 7 jours, peut-être même à la suite. La plupart de ces journées vont même durer bien plus de 10 heures. Eh oui, le Main Event est un vrai marathon de poker !
Vous devez donc être capable de vous asseoir et de rester concentré sur le jeu pendant plus de 10 heures, et ce chaque jour pendant la durée du tournoi. Ce n'est pas un simple exploit.
Nous avons rencontré par le passé quelques joueurs exclusivement online sur ce tournoi qui disputaient alors leur premier tournoi de poker live. Ces joueurs ont l'habitude de jouer sur plusieurs tables à la fois en voyant 60 mains par heure, et par table. Il peut alors être douloureusement lent de jouer ce genre de tournois pour ce type de joueurs.
Selon le type de joueurs à votre table, et plus particulièrement si vous avez des « tankers », c'est-à-dire des joueurs qui réfléchissent longuement sur chaque action, vous pouvez réduire le chiffre donné plus haut à une quinzaine de mains par heure.
La dernière chose à savoir sur le jeu, est qu'il y a une bonne chance que vous soyez éliminé par une main ridicule, que vous ratiez un tirage avec une dizaine d'outs, que vous preniez une horreur ou que vous fassiez une erreur. Acceptez-le tout de suite car ce genre de choses peut arriver.
Si vous l'acceptez avant de vous asseoir à la table de jeu, vous pourrez peut-être vous évitez une bonne dose d'énervement quand ça arrivera, ce qui vous permettra de vous replonger dans la remontée de votre stack et de jouer un poker optimal.
Les joueurs : il y a vraiment de tout
Le Main Event sera peuplé de joueurs de divers niveaux et aux styles de jeu différents. Ceci inclut une grosse base de joueurs qui ont gagné leur place sur des satellites de poker en ligne.
De nombreuses tables de départ auront 5 à 7 joueurs inexpérimentés à leur bord. Les premiers jours de jeu seront probablement face à des joueurs inexpérimentés, ce qui change fortement la façon dont le jeu va se dérouler comparativement à une table avec des joueurs professionnels.
Deuxièmement, et probablement le plus important, aucun joueur ne participe au Main Event, et indirectement à un tournoi à 10 000 $ l'inscription, pour se faire sortir rapidement (hormis quelques kamikazes).
Certains joueurs pourraient même folder AA très tôt contre une relance à tapis. Leur survie dans le tournoi est trop importante pour prendre un risque aussi tôt dans le tournoi. Même certains pros pourraient coucher une main similaire dans les premiers niveaux d'un tournoi d'une telle importance. Votre meilleure chance est d'utiliser votre temps de réflexion pour vous mettre dans la tête de vos adversaires et de jouer en conséquence.
Avant de vous lancer dans le Main Event, acceptez le fait que vous allez affronter plusieurs types de joueurs, des très mauvais, des très forts et des joueurs pas forcément agréables à côtoyer... Ceci vous permettra d'éviter certaines déconvenues quand vous devrez vous y confronter.
Certains joueurs se comporteront de manière agressive et peu courtoise, d'autres seront agréables et sympathiques. Prenez en compte ces différentes personnalités, et vous ne serez pas choqué par certains comportements. Assumez également le fait que vous pourriez vous retrouver à la droite de Phil Ivey, ou avec un top model en face de vous.
Votre style de jeu
La plupart des pros apprennent à jouer serré en début de tournoi et à élargir leur jeu quand les blindes augmentent. D'autres conseillent le contraire, de jouer large-agressif quand tout le monde joue serré. De cette façon, vous pouvez construire un gros stack afin de resserrer par la suite quand les blindes seront plus importantes.
Avant de commencer à jouer, vous aller vouloir mettre en place un style précis. Vous pouvez toujours le modifier en cours de jeu si vous en sentez le besoin, mais il est préférable d'avoir un plan de jeu plutôt que naviguer à vue.
Avant de prendre place à la table
Avant de rentrer dans la salle, avant même de quitter votre propre domicile, vous devriez commencer à réfléchir à votre plan de jeu. A moins que les voyages à Vegas soient une habitude chez vous, il est compliqué d'être inexpérimenté quand on arrive en ces lieux.
On parle bien entendu des grosses fiestas, des sessions de gambling et de très peu de sommeil.
Tout va bien si vous y allez juste pour passer un bon moment, mais avec un ticket pour le Main Event à 10 000 $, la plupart d'entre vous prendront ça plus sérieusement.
Programmez ainsi votre séjour à Vegas en conséquence. Vous avez besoin d'être bien reposé, acclimaté à la ville (il fait plus que très chaud ici) et familier avec l'immensité des lieux.
Vous devriez programmer de venir quelques jour avant votre entrée en lice au Day 1, juste pour vous relaxer un peu et vous habituer à la ville. Allez faire un tour à la piscine, voir un ou deux spectacles. La dernière chose dont vous avez besoin par contre, est d'aller vous disperser psychologiquement la veille d'un tournoi important en subissant une grosse perte dans un cash game alentour.
Bon nombre de joueurs pensent qu'il est préférable de rester totalement éloigné des tables de cash games au moment de jouer un tournoi de poker important. Le style de jeu est très différent et c'est à vous de jauger si vous vous sentez capable de passer de l'un à l'autre rapidement.
Mais plus important, avec plus de 10 heures de poker par jour pendant le tournoi, vous n'avez simplement pas envie de vous griller physiquement. Reposez-vous en restant en dehors du jeu dès que vous en avez l'occasion.
Bien se restaurer / s'hydrater / se reposer : la combo gagnante
Cela peut sembler accessoire, mais en réalité c'est très important. Si vous n'êtes pas en bonne santé, vous ne serez pas en condition de jouer à votre plein potentiel, c'est aussi simple que ça.
Las Vegas est un désert. Vous allez passer votre temps sous un soleil de plomb, ou bien dans des salles climatisées (et souvent alterner entre les deux). Ces deux facteurs vont se concrétiser en un besoin régulier de boire beaucoup plus d'eau que vous en avez l'habitude.
Se déshydrater affectera votre jeu. Non seulement vous ne vous sentirez pas bien, mais il est prouvé que les fonctions cérébrales varient selon les états de santé.
En plus de tout ça, si vous sortez en soirée, les boissons sont gratuites dans les casinos. Alors attention à l'excès inverse.
Etre déshydraté, mal nourri ou fatigué peut rapidement et grandement affecter votre traitement de l'information. Et pour jouer un poker optimal, vous avez besoin de toutes les ressources cérébrales dont vous pouvez disposer.
Mangez bien et sainement, buvez beaucoup d'eau et dormez beaucoup. C'est l'un des meilleurs conseils que nous pouvons vous donner. Mais peut-être le plus dur à suivre dans la capitale du vice.
Confort / Être à l'aise : mettez-vous dans les conditions optimales
A l'instar d'une bonne santé, pour jouer un bon poker, vous avez besoin d'être à l'aise. Si vous passez vos journées à la piscine les jours précédant le tournoi, les coups de soleil risquent de s'en donner à cœur joie. Je ne sais pas pour vous, mais avoir un coup de soleil mal placé me rend la vie infernale. Je ne peux pas imaginer m'asseoir et jouer une dizaine d'heures dans ces conditions.
Assurez-vous d'apporter du baume à lèvres, spécialement si vous venez d'un endroit au climat plus humide. La combinaison du climat et de l'air conditionné fait des ravages sur cette partie du corps pour de nombreuses personnes lorsque qu'elles visitent Vegas.
Il fait horriblement chaud dehors et froid à l'intérieur. Et il peut faire parfois très froid à l'intérieur des salles de poker, notamment en début de journée. Avec 3000 personnes à l'intérieur, le casino envoie l'air conditionné dès le début de la journée et il peut rapidement faire glacial. Même si il fait 45° dehors, vous verrez l'utilité d'amener un sweat avec vous.
Si vous avez remporté un satellite, votre contrat va probablement vous amener à porter les vêtements aux couleurs du site qui vous a permis d'aller à Vegas. Ces vêtements estampillés sont quelque part uniquement un accord de principe pour le paiement de votre chambre d'hôtel.
Personnellement, je suis uniquement à l'aise dans mes propres vêtements. Je préfère porter des vêtements que j'aime bien, où je me sens bien, que des vêtements floqués (sans oublier le danger d'avoir commandé la mauvaise taille...).
Si vous devez porter les vêtements de votre sponsor, trouvez un moyen d'être à l'aise dedans. Portez les avant le premier jour, lavez-les pour retirer l'impression de neuf.
Quoique vous puissiez faire, faites-le. Pensez à tous les aspects pour être bien à l'aise le jour du tournoi. Il est préférable de porter des tongs ou des pantoufles plutôt que des nouvelles chaussures qui font mal aux pieds. Si vous le bruit de la salle vous insupporte, amenez un casque et un lecteur mp3. Prévoyez des batteries supplémentaires ou bien plusieurs iPods.
Prenez aussi un bon petit déjeuner. Rien de pire que de jouer le ventre vide. Je suis à peu près sûr de ne pas être le seul à ne pas pouvoir jouer mon meilleur poker quand j'ai faim.
Si vous êtes le genre de personnes à vous sentir mal si vous ne donnez pas de pourboires aux serveurs, amenez une liasse de billets de 1$. Vous allez commander des quantités industrielles de boissons gratuites, et si vous êtes du genre à laisser des pourboires, amenez des billets, les serveurs ne peuvent pas accepter les jetons de tournoi.
Au final, que vous soyez assoiffé ou non, vous devriez commander une bouteille d'eau à chaque fois que vous voyez le serveur passer dans le coin. La salle étant gigantesque, cela prendre un bon moment avant de le voir revenir. Il est toujours préférable d'avoir trop d'eau que pas assez.
L'heure du départ
L'objectif de ce guide était de vous amener à réfléchir plus en amont et en détails sur ce qu'implique la participation à un tournoi de poker de cette envergure (en tout cas si vous le prenez au sérieux et voulez maximiser vos chances).
Vous devez vous assurer d'être en mesure de jouer votre meilleur poker quand vous y serez. C'est en effet toujours un sentiment frustrant de savoir qu'on aurait pu faire mieux...
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Le blues post-Vegas
(01/08/16 - par Leo Margets)
Leo Margets, la célèbre joueuse professionnelle de poker espagnole, revient en exclusivité avec nous sur les derniers World Series of Poker de Las Vegas et son sentiment après la compétition.
Je n’ai pas d’enfants, mais j’ai fait beaucoup de marathons dans ma vie. Comme toujours lorsque l’on s’investit dans quelque chose avec ténacité et espoir, la fin de l’aventure laisse un sentiment de vide indicible. Il y a une part de soulagement d’en être venu à bout, mais il y a également un grande part de « Et maintenant ? »
Lorsqu’on est investi d’une mission, qu’on est dévoué et qu’on a un objectif clair, on n’a pas à se poser de question. Il y a des bons et des mauvais jours, mais tous font partie d’un plan, qu’il s’agisse de préparer un marathon ou des WSOP.
Cette année, Vegas a été un peu différent pour moi. J’ai décidé de n’y passer que 12 jours, en partie parce que je ne suis plus sponsorisée et que je dois donc être plus sélective, mais aussi parce que la fiscalité espagnole ne m’incite pas à jouer beaucoup.
Mais impossible de rater le Main Event, c’est le tournoi que j’ai attendu de pouvoir jouer toute ma vie. Non seulement parce que c’est le tournoi qui m’a ouvert toutes les portes, puisque c’est après ma performance en 2009 (27è sur 6494 NDLR) que j’ai pu me lancer véritablement dans le poker, mais aussi parce que c’est le championnat du monde, le tournoi des tournois.
Être émotionnellement déconnecté(e)
Je dis toujours que pour bien jouer au poker, il faut être émotionnellement déconnecté, mais c’est très compliqué avec le Main Event des WSOP. C’est le tournoi dont nous rêvons tous, du plus modeste des amateurs au plus expérimenté des pros, en passant par l’homme d’affaires qui joue pour le plaisir.
Je suppose qu’il faut l’avoir vécu une fois pour comprendre véritablement cette ambiance si particulière. Le Main Event, c’est quelque chose de spécial.
C’est pour tout cela que je suis arrivée à Vegas quelques jours avant le début du tournoi principal.
Le jet-lag n’est plus un problème pour moi : j’ai réussi à mettre en place une routine simple qui me facilite la vie. Le jour de mon arrivée, je fais un peu de sport, je bois beaucoup d’eau et je reste debout jusqu’à minuit la première nuit. Ainsi, je prends rapidement le rythme.
Le jour suivant, j’ai pu participer au tournoi par équipe, une innovation qui nous motivait, Fatima et moi. C’est un bon moyen de s’échauffer avant le Main Event, et le format me permettait de me reposer dès que j’étais fatiguée en laissant ma place à Fatima. J’ai joué tous le Jour 1, ce qui m’a permis de m’immerger totalement. Le Jour 2, nous avons décidé de jouer deux tours chacune et, sans même nous en rendre compte, nous faisions partie des 100 dernières équipes. De quoi bien lancer nos WSOP.
Finalement, nous avons terminé 33è sur 900 équipes. Je dois dire que cela fait longtemps que je n’avais pas autant apprécié de jouer au poker. Introduire une composante « équipe » dans une discipline aussi individuelle que le poker est une véritable bouffée d’air frais. Je pense que ce tournoi rencontrera beaucoup de succès dans les prochaines éditions.
Après ce premier tournoi, j’ai fait une autre belle perf au Planet Hollywood. Et tout d’un coup, je me suis rendue compte que j’avais passé 60 heures à jouer, alors que je n’étais à Vegas que depuis 96 heures.
J’étais concentrée, mais épuisée. Me reposer n’était pas une option si je voulais être en forme pour le Main. J’ai donc pris un jour de repos, et c’était exactement ce dont j’avais besoin. Comme on dit dans le sport de haut niveau : un jour de repos est un jour d’entraînement. La récupération est aussi importante que la pratique.
J’ai participé au Jour 1c, j’étais à une bonne table, assez contente, jusqu’à ce que je perde une grande partie de mon stack avec une paire de rois contre paire d'as. J’ai dû ramer le reste de la journée pour rester en jeu, et survivre à cette journée m’a semblé être un exploit.
« On ne peut maîtriser que nos décisions »
Lorsque je me suis assise à ma table pour le Jour 2, j’ai cru mourir. Il s’agissait probablement de la pire table possible pour un deuxième jour du Main Event, une injustice totale. Cela ne sert évidemment à rien de se plaindre, il faut s’adapter, mais avec un stack microscopique, je n’avais pas beaucoup de marge.
Je suis remontée, pour passer de short stack à 60 BB. Je me sentais on fire. Mais à une heure de la fin de la journée, j’ai subi un nouveau coup dur qui m’a coûté le tournoi.
C’était honnêtement la pire journée de l’année, la fin d’un rêve. Il me faudra attendre 12 mois avant de tenter à nouveau ma chance. Heureusement que chaque année je retrouve la même envie et le même espoir.
Le poker est riche en enseignements, mais la meilleure leçon, c’est de se concentrer sur ce qu’on peut vraiment contrôler. Le reste n’en vaut pas la peine. Et même si nous jouons tous pour gagner, les décisions que nous prenons sont les seules choses que nous maîtrisons, pas les résultats. Je rentre donc de Vegas satisfaite.