Longtemps considéré comme un "bad boy" du poker aux mauvaises manières (voir plus bas), l'Américain Luke Schwartz a changé. Il a accepté pour PokerListings de faire le point sur sa vie.
par Lee Davy
Luke Schwartz. Voilà le genre de joueur à se retrouver plongé dans l’océan Atlantique et à réussir à convaincre les requins de ne pas le manger.
Pour beaucoup, il est un emmerdeur ; pour d'autres, il est une star, une personnalité poker faite pour la télévision. Personne ne lui arrive à la cheville.
Il joue le méchant comme personne, mais les temps changent et les gens grandissent. Ils arrêtent de crier. Ils commencent à aimer. Et ils amènent même leurs propres sandwichs en tournoi.
Alors, Luke Schwartz a-t-il changé ? A vous de juger.
Alors, tu as couché les enfants ?
Oui, je viens juste.
Qui l’aurait cru ? Je discute avec Luke Schwartz un vendredi soir et il vient de coucher ses enfants.
J’ai changé. J’ai 30 ans, je suis un peu différent du gars un peu fou, arrogant et impulsif qui écumait les tables de poker quand il avait la vingtaine.
Tu as grandi ?
Je ne me sens pas plus adulte, mais le fait que j’ai aujourd’hui des responsabilités a forcément eu un impact sur mon comportement.
Cela dit, je me sens toujours très jeune.
Comment ça va côté poker ?
Je suis sur une très bonne série là, donc tout va plutôt bien. Je me cantonne aux mixed games.
J’avais l’habitude de participer à une bonne partie sur Londres, mais elle n’a plus lieu. J’en profite pour me concentrer sur les parties high stakes en ligne.
Ça se passe bien, mais tout peut aller très vite et on peut se retrouver sur la paille du jour au lendemain.
Sur quels sites joues-tu et dans quelles limites ?
Je joue sur PokerStars et sur Full Tilt, n’importe quelles limites entre 100$/200$ et 1000$/2000$. Principalement en limit, comme le 8-game.
Au poker de big bet, les mises sont un peu moins élevées qu’en limit, donc c’est plutôt 200$/400$ ou 300$/600$ NL que 1000$/2000$.
Comment tout cela a-t-il évolué avec les années ?
Je n’ai plus aucune chance de gagner en No-Limit. En 2009, personne n’utilisait de tracker, ce qui rendait les choses plus faciles.
Aujourd’hui, ces trackers ont un peu tué le jeu. Je pense que le poker No-Limit et le Pot-Limit Omaha en ligne vont progressivement mourir.
Les pros connaissent toutes les ficelles et les fish sont trop vulnérables. Les pros ne veulent pas jouer les uns contre les autres.
Les mixed games sont plus excitants parce que c’est encore nouveau pour tout le monde. Le Triple Draw est très populaire, c’est très animé.
En soi, rien n’empêche d’utiliser les trackers en mixed games, mais c’est beaucoup moins efficace. Tant mieux pour moi.
Pourquoi ne participes-tu pas à plus de tournois ?
Je n’aime pas tellement voyager. Vegas, ça va, mais c’est tout, et encore je ne fais que des cash games là-bas.
Je n’ai pas la patience nécessaire pour les tournois et ils ne m’ont jamais vraiment réussi.
Mais quand j’en fais un occasionnellement, je regarde autour de moi et je me dis : “Comment est-ce que je peux ne pas gagner ça ? Les gens autour de la table sont tellement nuls.” Et puis je suis le premier à me faire sortir.
C’est peut-être moi le nul.
Quand on te voyait t’énerver à la télé, c’était vraiment toi ?
Je n’étais qu’un gamin excité avec trop d’argent. J’étais dans mon monde.
Avec le recul, que penses-tu de ces archives ?
C’est assez désagréable de revoir ça.
Personne n’aime se voir ou s’entendre, et c’est encore pire quand on fait l’idiot.
J’avoue que je ne regarde jamais de vieilles vidéo de moi.
Si tu passais à la télé demain, serais-tu différent ?
Qui sait ? Il faudrait voir. Je suis un mec marrant, je dis ce que je pense.
Je ne suis pas du genre à me retenir quand j’ai quelque chose à dire, mais je n’ai plus ce besoin permanent d’être le centre de toute l’attention.
A l’époque, est-ce que ton comportement visait à faire tilter tes adversaires ?
Pas vraiment. Ce n’était pas prémédité, ni un moyen de prendre le dessus.
Que penses-tu des changements dans le rake de PokerStars ?
Je ne joue jamais très longtemps sur six tables, donc ça ne va pas changer grand chose pour moi. Je joue surtout sur une ou deux tables à la fois.
Cependant, je pense vraiment que ça va avoir un gros impact sur le poker en ligne et que ça pourrait devenir vraiment problématique dans quelques années. Peut-être même que ça sonnera la fin du poker en ligne.
J’exagère peut-être, mais le poker big bet et No-Limit va très probablement en souffrir.
Est-ce que Phil Hellmuth est une “salope” ?
Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question. Phil Hellmuth sera toujours Hellmuth.
Certains l’aiment, d’autres le détestent. Il n’est pas le joueur le plus talentueux.
Il se débrouillait bien quand le poker était plus facile, il essaye de rester sur le devant de la scène et faire parler de lui. Je comprends.
Qui est plus important pour le poker : Dan Colman ou Phil Hellmuth ?
Dan Colman fait la meilleure série de l’histoire du poker, mais il n’est pas une personnalité idéale pour ce jeu.
C’est un bien meilleur joueur que Hellmuth, et s’il avait plus de charisme et qu’il faisait plus d’interviews les gens l’admireraient beaucoup et il deviendrait une véritable star.
Mais ce n’est pas le cas, contrairement à Hellmuth. Alors peut-être que Hellmuth est plus important pour le poker.
Tu as déjà joué contre Colman ?
A l’époque, oui. Disons que je ne suis pas surpris de ses performances actuelles.
Il a eu un peu de chance, mais il maîtrise le No-Limit comme personne.
Quels joueurs t’énervaient ?
Quelques-uns. Il en reste encore beaucoup que je n’aime pas. Je préfère ne pas donner de noms.
Qu’est-ce qui t’énerve chez eux ?
Je n’aime pas ceux qui se croient trop intelligents ou trop cool.
Je n’aime pas ceux qui ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont de jouer au poker pour gagner leur vie.
Ils n’ont aucune gratitude. Ils sont grossiers avec les fish et se plaignent quand ils perdent. C’est le monde à l’envers.
Pour qui as-tu du respect ?
Je respecte beaucoup Alex Kostritsyn. Il domine les parties high-stakes depuis longtemps, en plus d’être très intelligent et très respectable.
Michael Thuritz est aussi un très grand joueur, très complet. Par contre, il est un peu arrogant, donc je n’apprécie pas sa personnalité autant que celle d’Alex, par exemple.
A quoi ressemble ta vie ?
J’essaye de me coucher tôt, mais quand il y a de l’action je peux rester debout jusqu’à 5 ou 6 heures du matin.
Je dois me lever à 8 heures pour emmener mon petit à l’école, donc c’est assez difficile parfois.
J’essaye de faire du sport et de moins fumer. Je ne bois presque plus.
C’est difficile d’être papa ?
J’adore ça. En soi, ce n’est pas difficile, mais les enfants sont parfois compliqués.
Parfois, j’ai un peu de mal. Aujourd’hui par exemple il donnait beaucoup de coups de pied, c’était stressant.
Je l’ai beaucoup gâté et parfois ça me retombe dessus.
Est-ce que le fait d’être père te fait te préoccuper de ta situation financière ?
Parfois, quand tu es fauché ou que tu as perdu beaucoup d’argent d’un coup, tu te fais du souci.
Mais sur le long terme, je ne m’inquiète pas trop. A moins que le poker soit tout d’un coup interdit partout dans le monde, je trouverai toujours un moyen de gagner.
J’arriverai toujours à m’en tirer sur Internet. Je suis déjà dans une position assez stable, c’est bien.
Qui voudrais-tu devenir ?
Je vis chaque jour comme il vient. Je me dis que je ne veux pas trop partir en vrille, mais le poker a toujours tendance à faire ressortir le pire des gens.
C’est contre ça que je veux me battre, c’est mon combat.
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Luke Schwartz, le nouveau bad boy du poker ?
06/10/09 par F. G.
S'il y a des joueurs qui aiment se faire remarquer par leur comportement extravagant ou dans la rubrique faits divers, Luke Schwartz alias "__FullFlush1__" remporte assurément la palme depuis quelques jours.
La semaine dernière, le jeune anglais de 25 ans se faisait remarquer en ayant livré à la presse un véritable pamphlet à l'encontre de Tom "durrrr" Dwan
Interdit de casino (pour avoir un jour refusé d'enlever son chapeau au Casino Victoria de Londres), ce joueur de cash game à hauts enjeux s'est consolé en obtenant de bons résultats cette année face à ce même Dwan ou encore Phil Galfond.
Et si l'homme est bien connu pour son trash talk (paroles outrancières) sur les chat des salles de poker en ligne, sa cible prioritaire semble être ce même Tom Dwan.
« Je n'aime pas voir durrr en tête d'affiche et gagner tout son argent de tous les autres fish. Que Patrik [Antonius] et Phil [Ivey] gagnent ça ne me dérange pas. Mais durrr je ne le supporte pas. Sa tête, sa voix, ses yeux... je ne peux pas le voir en peinture. C'est juste un attardé arrogant, un débile profond, il n'y a rien d'autre à dire. »
Il pense être le meilleur mais il ne s'est constitué sa bankroll qu'en s'étant goinfré sur Guy La Liberté (le riche fondateur du Cirque du Soleil NDLR). Si Guy n'avait pas existé dans le monde du poker, durrr n'aurait pas plus existé. »
"Tom Dwan ? Un attardé, un débile profond !"
Et l'effronté ne s'en arrête pas là, en balançant également ce qu'il se doit sur certaines des plus grandes stars qu'il ne semble pas plus apprécier, tels que Negreanu, Juanda, ou Ferguson.
« Tous ces grands joueurs dont vous entendez parler, comme Negreanu et tous ces vieux types, ils ont tous gagné parce qu'il y avait de plus gros poissons autour, voilà pourquoi ils sont célèbres. Ils ont évidemment fait de bonnes choses et pris l'avantage lorsque le poker était facile, mais aujourd'hui c'est une putain d'autre paire de manches de gagner. »
Jusqu'à présent certains pourront remarquer que Schwartz a toujours une bonne excuse pour ne pas affronter Dwan, que ce soit en ligne où l'anglais clame avoir retiré la majorité de ses gains de Full Tilt, ou lors de certains évènements en ligne tels que le Durrr challenge, aux enjeux au-dessus de sa bankroll.
Dwan - Schwartz, un duel qui promet des étincelles
Mais les deux hommes pourraient bien se retrouver lors du PKR Heads Up Grand Slam de Londres cette semaine. Et la confrontation ne semble absolument pas inquiéter le moins du monde notre olibrius, au contraire tout ce qu'il y a de plus présomptueux :
« Je l'ai déjà écrasé, j'ai tué ce type. C'est un autiste. Si vous rentrez juste un peu dans sa tête, il ne peut rien faire. (...) Je vais le ruiner avant la fin de l'année 2010, c'est mon but. »
Sympathique n'est-ce pas ?
Comme si cela ne suffisait pas, un nouvel épisode de la saga Luke 'FullFlush1' Schwartz est venu s'ajouter ce week-end, au cours de l'EPT de Londres.
Suite à son affaire d'interdiction pour un refus d'enlevage de couvre-chef, la sanction avait finalement été levée pour que l'impétueux joueur puisse participer à la compétition.
Mais il n'aura pas fallu longtemps pour que Schwartz retombe dans ses travers.
Un sandwich au goût amer
Peu de temps après avoir été éliminé lors du Day 2, le rebelle aura refusé de payer... un sandwich au fromage au stand nourriture de la salle, rouspétant qu'il était un VIP et qu'il n'avait pas à être traité de la sorte.
Après s'être enfui avec son sandwich (!), l'anglais a tôt eu fait d'être rattrapé par la sécurité, avant... d'être à nouveau banni des casinos anglais, ainsi que de toute participation aux EPT PokerStars cette saison. Du moins ce sont les premiers bruits qui ont circulé, mais Schwartz n'aurait finalement récolté qu'un avertissement.
Il y a donc de fortes chances pour que l'on entende à nouveau parler de l'oiseau très prochaînement.
Bon sur ce, une petite partie à la maison avec Luke Schwartz, ça vous dit ?
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Luke Schwartz : le feuilleton se poursuit
par M. D.
Dans l'affaire du sandwich qui a fait parler lors de l'EPT de Londres, l'enquête rebondit : il ne s'agissait pas d'un sandwich fromage et cornichons. Pas plus qu'aux œufs, salade et concombre.
Si vous voulez vraiment savoir quel genre de sandwich a conduit Luke "__FullFlush1__" à être pour la seconde fois banni des casinos Grosvenor au Royaume-Uni, il sera peut-être fier de vous dire qu'il s'agissait en fait d'un sandwich au saumon fumé.
Rappel de l'histoire entre autres par ici.
Mais la grande gueule des high stakes de Londres, pour qui la réputation de sa mauvaise attitude et son trop franc-parler dépassent celle de ses compétences au poker, ne comprend pas vraiment pourquoi vous auriez besoin de savoir ça :
« Sur certains forums il y a 44 pages de posts à propos de cette affaire de sandwich. Il y a peut-être un milliard de débiles assis occupés à parler de moi sans raison. Ils écrivent toute la journée à propos de mois, c'est hilarant. »
Pour dire, il est vrai que le post du "sandwichgate" comptait ces jours derniers plus de 230 messages et 33 000 vues à son actif sur le célèbre forum anglophone 2+2
Tout ça pour un sandwich au saumon fumé ?
"J'ai mieux à faire que de me préoccuper de ce que ces demeurés pensent de moi"
« Ces gars sont tous ceux avec 1$ sur leur compte Full Tilt et qui mendient dans les travées des high stakes pour avoir un transfert de 5$ » poursuit de manière toujours aussi épicée Schwartz. « J'ai mieux à faire que de me soucier de ce que ces demeurés veulent penser de moi. Mais je trouve amusant de voir comment ils entretiennent cette haine contre moi. »
En vérité il semblerait que Schwartz ait bien pris ce sandwich au stand de nourriture en dehors de la zone de tournoi du PokerStars European Poker Tour de Londres, mais il croyait qu'il avait plus que le droit de le faire.
« Je venais juste de me faire sortir du Day 2 de l'EPT sur un 3-outer (son adversaire n'avait que 3 outs pour gagner NDLR) » explique t-il. « J'étais fou. Il y avait la grosse queue pour acheter de la bouffe et ça me faisait vraiment chier de la faire et d'attendre.
Toutes ces saloperies de swings (variations) au poker, les bad beat, les coolers (quand vous avez un gros jeu mais que votre adversaire a encore plus gros NDLR), au bout d'un moment on sature. Alors ok j'étais frustré, mais ce n'est quand même pas un crime. C'est un putain de sandwich. J'ai quand même payé pas moins de 30 000 £ pour jouer dans le High Roller et l'EPT. Ca fait 1 000 £ de rake. Qui peut bien en avoir à faire d'un sandwich à 5 pounds ? Il devrait être gratuit ! »
"Qui peut bien en avoir à faire d'un sandwich à 5 pounds ?"
Schwartz avait précédemment déclaré à PokerListings qu'il avait été banni du Vic sous bannière Grosvenor, après avoir refusé d'enlever son chapeau à l'intérieur du casino. Après que le producteur télé et promoteur Eddie Hearn se soit montré garant pour lui, le bannissement fut finalement levé, pour permettre à Luke Schwartz (à ne pas confondre avec un autre joueur du nom de Noah Schwartz) de jouer dans la métropole londonienne pour l'EPT de Londres, organisé par le staff du Vic.
Mais même si l'interdiction a du coup été rétablie après cette nouvelle affaire, avec en sus un avertissement donné à Schwartz par le comité d'organisation de l'EPT (il a été à deux doigts d'être exclu du circuit pour cette saison), cette nouvelle affaire ne semble pas trop l'affecter :
« Je m'en fous de toute façon. Je serai probablement autorisé à y revenir avant longtemps. Ou je pourrai même leur faire des tonnes de mauvaise presse jusqu'à ce qu'ils me réintègrent. »
Selon partypoker, cet incident du sandwich a entraîné un retard dans le démarrage de la partie de Schwartz au cours du partypoker World Open V de la semaine dernière.
Le Palm Beach Casino de Mayfair lui aura refusé l'entrée, avant que les organisateurs du tournoi acceptent finalement de l'escorter dans les locaux en prenant sous leur responsabilité son potentiel comportement.
Schwartz a finalement gagné sa compet' lui ayant donné le droit à une finale octroyant 250 000 $ à la première place. partypoker clame toujours que l'entrée pour jouer pourrait lui être refusée, mais Schwartz ne s'en fait pas.
« Ce sont des conneries. Je suis en finale, bien sûr qu'ils vont me laisser jouer. Ils n'ont pas vraiment le choix, et je vais tout écraser. Je vais gagner. »