Joseph Carlino dit "Jojopoker", 49 ans, a été le chouchou du public lors de l'European Poker Tour de Deauville.
Les serveurs l’adorent et l'auront salué à chaque fois qu’il passait pendant une pause ou pour prendre un café.
Il adore parler gastronomie et n’hésite pas à employer des termes de cuisine pour parler de poker.
Les journalistes surnomment ce restaurateur le “Boulanger chantant” en raison des soirées karaoké qu’il organise chaque semaine.
Ce joueur amateur, qui s’est étonnamment retrouvé à la table finale du Main Event de l’EPT Deauville 2015 (il aura terminé 6ème), a évoqué avec nous son expérience dans le poker, son passé de taekwondoïste et... sa ressemblance avec Jean Reno.
Joseph, tu ressembles beaucoup à l’acteur Jean Reno. On te le dit souvent ?
On me le disait plus souvent quand j’étais plus jeune et plus mince. Mais j’étais aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et les Chinoises étaient folles de moi.
Elles ne me croyaient même pas quand je disais que je n’étais pas Jean Reno.
Ça ressemble à quoi quand tu es sérieux ? Ici tu es toujours en train de faire le show.
Il ne faut pas se fier aux apparences, je suis prêt à me battre ! (rires)
Même lorsque je suis en train de faire des grimaces, à l’intérieur je reste calme et rationnel.
Je ne fais rien de stupide à table, je pense vraiment que j’ai le niveau technique pour ce genre de tournois.
Cependant, tu es un amateur. Comment t’es-tu retrouvé dans un tel tournoi ?
C’est une anecdote intéressante. Un ami à moi, un Italien, m’a appelé pour me demander d’acheter une mallette de poker pour nos vacances au ski.
C’était en 2009 et à cette époque-là je n’avais jamais entendu parler du poker. J’ai acheté la mallette et nous avons joué tous les soirs. Depuis, je suis accro. (rires)
Ensuite tu es passé au poker en ligne ?
Oui. Six mois plus tard, je recevais un autre coup de téléphone. Mes amis avaient vu mes statistiques sur Sharkscope : “Il faut que tu arrêtes le poker, tu as perdu 2 000 dollars en quelques semaines.”
J’étais tellement concentré que je ne m’en étais même pas rendu compte. (rires)
C’est là que j’ai commencé à étudier. J’ai lu des livres, j’ai lu des magazines, j’ai regardé des vidéos.
J’ai terminé l’année en remportant 60 000 dollars en finissant 6ème d’un tournoi Full Tilt à 3 000 dollars. J’avais gagné mon entrée dans ce tournoi avec un investissement de 2 dollars. Le début d’une véritable histoire d’amour. (rires)
Tu as participé à quelques étapes de l’EPT. Est-ce que tu payes toi-même tes buy-ins ?
Non, je ne joue que lorsque j’arrive à me qualifier. Je me suis qualifié pour les France Poker Series grâce à un ticket à 10€. Et pour l’EPT j’ai participé à un tournoi de qualification à 700$.
Tu as un restaurant, une femme et deux enfants. Comment concilier tout cela avec ta passion pour le poker ?
Je travaille tous les jours et quand je rentre, ma femme est en train de regarder Desperate Housewives ou un truc comme ça. (rires)
J’allume mon ordinateur portable et elle me demande pourquoi je ne lui fais pas l’amour. Je lui réponds : “J’en sais rien, je suis un geek, j’y peux rien. C’est comme une drogue pour moi.” (rires)
Pourquoi ne pas devenir joueur professionnel ?
Parce que j’aime ma famille. Et parce que j’aime mon restaurant. Et parce que je sais à quel point ces longs tournois à gros enjeu peuvent être stressants.
Je ne suis pas du genre à voyager continuellement. Je préfère que ce soit ponctuel. Mais si un sponsor me proposait un contrat, j’y réfléchirais à deux fois.
Tu as l’air d’avoir des talents cachés. On t’a vu faire quelques mouvements d’arts martiaux, ça avait l’air plutôt pas mal.
J’ai été taekwondoïste professionnel quand j’étais jeune.
Dans les années 90, j’ai été quatre fois champion régional et j’ai terminé troisième des championnats de France en 1996.
Je sais me battre et je sais gagner. Mes adversaires doivent le savoir.
A voir aussi, la vidéo originale de présentation de Joseph :