Dans la première partie de cet article pour vous apprendre à dominer les brutes et ne pas vous laisser intimider, nous vous expliquons comment ne plus leur donner les outils pour vous tyranniser.
« Ce combat, tu ne le gagneras pas. »
Mon coach avait raison. Mon ennemi était mon directeur. Je n’étais rien d’autre qu’un esclave.
J’étais aussi à l’aise avec les brutes que Cate Hall avec les trolls de Twitter. C’est la seule chose que mon père m’ait apprise.
« Écoute Lee, la prochaine fois qu’un gamin t’insulte, fous-lui un coup de boule. »
Un peu trop « gladiateur » pour moi, mais ça fonctionnait pas mal. J’étais bien amoché après, mais au moins ils me laissaient tranquille. Ils s’éloignaient en claudiquant à la recherche d’un punching-ball moins réactif.
Un seul vainqueur ? On va voir ça.
Le capitaine de table
Quand j’ai commencé à jouer au poker, j’étais toujours capitaine de table. C’est moi qui les avais entraînés dans le poker, c’était donc logique. Et puis j’étais le seul à avoir un jeu de jetons.
J’ai organisé le premier Freezeout à 100 £ dans ma cuisine. Wayne « Bill » Jenkins l’a remporté pour 1 000 £.
Avec des parties de plus en plus en relevées, c’est vite devenu évident que le rôle de capitaine de table était assez risqué si on n’avait pas les compétences pour.
Je devais changer d’approche. C’est pour ça que je me suis tourné vers mon coach et que je lui ai demandé comment battre mon directeur.
Faire qu’il sente qu’il est le patron
Je ne suis pas allé mettre un coup de boule à mon directeur, mais je me suis quand même jeté dans la bataille. C’était difficile : je remettais tout en question et je refusais de m’agenouiller devant lui.
Mon coach m’a expliqué qu’il verrait ça comme un manque de respect. Or, le respect et son « statut » étaient sa première préoccupation. À la place, mon coach m’a conseillé de flatter son ego et de le laisser être le patron.
Les premières fois que j’ai été confronté à des « brutes » au poker, je me mettais dans une colère noire. Je m’entêtais à résister en me lançant dans des relances à outrance.
C’est une stratégie qui peut marcher dans le bac à sable, mais qui n’a plus aucun sens autour d’une table de poker.
Donc j’ai commencé à les laisser se prendre pour le patron. Je leur faisais des compliments et j’essayais de devenir potes.
Au lieu de me lancer dans une guerre contre eux, et de m’infliger une énorme variance, ils se sentaient respectés et commençaient donc à me respecter. Et à détourner leur attention de moi.
Tout le monde, ou juste moi ?
Si l’on vous tyrannise à la table de poker, la première question à vous poser est pourquoi ?
Il y a une énorme différence entre être la victime d’une brute parce qu’elle a le pouvoir ou parce qu’elle pense que vous êtes un fish.
Regardez autour de la table et demandez-vous si cette personne attaque tout le monde, ou juste vous.
J’aide personnellement les gens à arrêter de boire. Lorsqu’ils replongent, j’essaye de les aider à identifier les éléments déclencheurs.
Je leur conseille de les noter afin de pouvoir analyser les données et identifier des tendances.
On peut faire la même chose avec les brutes.
Les brutes n’aiment pas qu’on leur résiste
Si vous vous sentez victimisé, lancez un enregistrement sur votre smartphone. Après avoir accumulé une bonne quantité de données, analysez-les.
Si ce n’est qu’une question de position, alors demandez à changer de place. S’il y a une tendance, par exemple s’il vous 3-bet light puis vous c-bet sur tous les flops parce que vous vous couchez, alors adaptez-vous.
Prenez le temps de penser à votre posture. Avez-vous l’air confiant ? Avez-vous l’air de savoir ce que vous faites ? Avez-vous l’air d’un fish ?
Les brutes n’aiment pas qu’on leur résiste. Pour peu que vous vous rebelliez, ils vous laisseront tranquille.
Vous devez identifier comment vous favorisez leur comportement. Ensuite, remédiez-y.
Qu’est-ce qui caractérise une brute ?
Autour des tables de poker, s’il y a une chose que les brutes ont en commun, c’est l’agressivité. Ils misent, relancent, sur-relancent à qui mieux mieux jusqu’à ce que quelqu’un les en empêche.
Une brute ouvrira sur énormément de mains et misera plus souvent.
En tant que joueur amateur, lorsque j’ai compris ça, j’ai deux réactions :
1. Je jette l’éponge.
Je n’en peux plus de les voir arriver à la river avec 72o pour éclater mon AK avec un tableau A7Q42 dans un pot sur-relancé, donc je jette l’éponge.
2. Je pars en guerre.
Je suis avec des cartes pourries et je deviens plus agressif. La définition même du narcissisme.
L’approche la plus raisonnable est évidemment de se coucher en cas de cartes pourries et d'élargir votre éventail de suivi pour la valeur.
Posez quelques pièges et utilisez une stratégie de 4-bet. Soyez audacieux, tout en minimisant les pots.
Faites en sorte que votre adversaire arrive à la river le pantalon aux chevilles.
Attention aux As
Vous voulez une mauvaise habitude à éviter ? En voilà une : je me retrouvais à la river à suivre avec un as en meilleure carte.
C’était sympa, mais c’était complètement idiot. Le poker, c’est du long terme. Il faut jouer les pourcentages.
Si vous persistez, la variance aura raison de vous.
Quels sont les différents types de brutes ?
Il y a deux types de brutes.
1) Un très bon joueur de poker qui sait exactement quand mettre le plus de pression.
2) Un fish super agressif qui se prend pour le roi du monde parce qu’il a remporté un gros pot avec 63o une fois en 1997.
Votre première mission est de déterminer à quel type de joueur vous faites face. S’il s’agit du premier, mieux vaut rester en dehors de ça et trouver une autre partie.
S’il s’agit du deuxième, alors élargissez votre éventail de call et préparez-vous à aller plus souvent au bout tout en essayant de minimiser les pots au maximum.
Utilisez la brute
Si c’est un fish, c’est que l’ego et l’adrénaline sont ses moteurs.
Profitez-en : parlez-lui. Quand vous êtes obligé de vous coucher, forcez-le à montrer ses cartes.
Le plus souvent, les bonnes mains finissent dans le muck et les bluffs se retrouveront devant vous.
Soyez plus intelligent que les brutes
Mon jeu avait une faiblesse. La pire faiblesse possible.
J’arrivais à la river après une guerre de relance avec la brute, et je suivais systématiquement, quel que soit le jeu. J’étais destiné à aller à tapis dès le début de la main.
J’ai mis longtemps à comprendre que ça pouvait être salutaire de me coucher quand je n’ai pas la meilleure main, et surtout que c’était le meilleur moyen de contrarier la brute. Mais il n’y a pas besoin d’aller jusque là.
Gardez tout ça pour vous. Faites preuve de grandeur d’âme. Mais surtout, n’ayez pas peur de vous coucher. Jouez le poker tel qu’il doit être joué : une main à la fois.
Si vous vous couchez avec la moins bonne main, vous avez gagné.
Stoïcisme
« Si quoi que ce soit vous blesse, ce n’est causé que par votre perception de l’événement, pas l’événement lui-même. C’est quelque chose auquel vous pouvez remédier à n’importe quel moment. »
Bon, Marc Aurèle ne jouait probablement pas au poker, mais si ça avait été le cas, il aurait probablement un beau taux de victoires.
Avant, les brutes arrivaient à faire ressortir toutes mes émotions. C’était trop pour mon ego.
Je devais être le mâle alpha. Je voulais toute la nourriture. Toutes les femmes. Je devais être le boss. Je voulais tout l’argent.
Frustration. Colère. Rage. Tilt.
Ce n’est pas la brute qui vous fait perdre de l’argent, c’est votre réaction. Changez votre état d’esprit, changez votre réalité.
Le boss de fin
Je n’ai jamais écouté mon coach en ce qui concerne ma guerre contre le directeur.
J’ai choisi une troisième option : dégager. J’ai refusé de jouer avec lui, je suis parti.
Mon coach avait raison : il ne pouvait y avoir qu’un seul vainqueur.
Et si mon coach avait été Dominik Nitsche et qu’on avait parlé de poker et pas de mon boulot ?
Est-ce que j’aurais écouté le triple vainqueur de bracelet des WSOP ? Nous y réfléchirons dans la deuxième partie.