Entre une victoire au WPT Paris et une bonne performance à l'EPT San Remo (16ème), Matt Salsberg a quand même trouvé le temps de travailler sur un nouveau projet de série télévisée, une comédie ayant pour cadre le circuit des tournois de poker.
Salsberg, scénariste et producteur de séries telles que Weeds et Entourage, a remporté plus de 645.000$ en tournois cette année, et espère que cette expérience l'aidera dans la conception de sa nouvelle série, Whales.
Notre collègue de PokerListings Italie Giovanni Angioni, a retrouvé Salsberg à l'EPT San Remo et en a profité pour lui poser quelques questions sur ce nouveau projet ainsi que sur une autre série, celle de ses incroyables performances en tournois live.
PokerListings.com : Est-ce que tu t'es déjà basé sur des joueurs de poker que tu as côtoyés pour tes personnages ?
Matt Salsberg : Je n'ai pas rencontré beaucoup de joueurs que je pourrais mettre dans Weeds. Mais en ce moment je suis en train de développer une série sur des joueurs de poker, donc les personnages sont un peu des mélanges de 50 joueurs différents.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette nouvelle série ?
Ça parle de mecs qui ont une vingtaine d'années et qui écument les tournois de poker. Ça sera une comédie, tout en restant réaliste. Enfin, assez réaliste.
Un peu à l'image d'Entourage à Hollywood, ce genre de réalisme.
Beaucoup de films sur le monde du poker sortent régulièrement, sans compter les classiques, est-ce que tu penses qu'en général ils ont un effet bénéfique sur le jeu lui-même ?
Certains étaient pas mal. Rounders (Les Joueurs) par exemple, je pense que ça a fait beaucoup de bien au poker.
Mais parfois on a tendance à vouloir faire trop grand public, du coup on se retrouve à faire une comédie romantique. Comme ce film, là, Lucky You avec Drew Barrymore. Je sais même pas s'il faut en parler, c'était vraiment pas terrible. (il sourit)
Pas terrible, en effet.
(rires) Non, pas bon du tout même. Mais pour en revenir à Les Joueurs, ouais, je pense que c'est le meilleur film de poker.
Pas faux. Mais Les Joueurs n'est pas tout récent.
C'est vrai, mais il n'y a pas eu tant de films que ça. Y'a eu une série sur le poker, Tilt, diffusée sur ESPN en 2005 je crois, mais c'était un peu too much. C'était pas très réaliste. Disons que c'était réaliste par moment, mais que dans l'ensemble c'était trop stylisé et mélodramatique.
Dans ma série, j'ai envie de me focaliser sur la réalité de la vie sur le circuit. Ces gars ont la vingtaine, ils n'ont jamais vécu ailleurs que chez papa-maman, et d'un coup ils se retrouvent propulsés dans le monde du poker high-stakes au niveau international.
Ce que je veux montrer, c'est comment ils vivent le fait de gagner et de perdre des sommes d'argent énormes, de voyager, d'avoir des "amis" qui n'en sont pas vraiment et de voir leurs vrais amis devenir des ennemis une fois autour de la table.
Ce sera une vraie série, pas de la télé-réalité, donc ce seront de vrais acteurs, avec quelques pros en guest-stars.
Est-ce que tu sais déjà quand la série sera diffusée ?
Non, pas encore. On est toujours en train de travailler dessus, donc c'est encore assez flou.
Tu as d'excellents résultats sur le circuit, alors est-ce que tu te présentes le plus souvent en tant que joueur de poker ou scénariste/producteur ?
Je me vois plutôt comme scénariste. Un scénariste qui passe beaucoup trop de temps à jouer au poker.
C'est ça en fait. Je passe plus de temps à jouer au poker qu'à écrire, mais écrire m'a quand même rapporté plus d'argent que le poker. Donc c'est un peu compliqué.
Je n'ai pas VRAIMENT intérêt à jouer au poker, mais c'est un jeu tellement excitant, tellement compétitif. J'adore ça. Ma victoire à Paris était vraiment un grand moment, j'ai attendu longtemps de pouvoir remporter un tournoi important, donc c'était important pour moi.
Est-ce que tout ce qui s'est passé autour du Black Friday et ces 18 derniers mois pourrait t'inspirer ?
Tu sais, en fait les meilleures histoires sont souvent celles qui sont inspirées de la réalité, et ce qui est bizarre, c'est que parfois quand tu écris quelque chose basé sur des faits réels, les gens te demandent comment t'as pu penser à une histoire pareille et ils tombent des nues quand tu leur dis que c'est une histoire vraie.
En l’occurrence, c'est un peu compliqué. Je pense que c'était une bombe à retardement qui allait forcément finir par exploser. La législation était trop vague et il y avait trop de problèmes avec les paiements.
Genre des gars qui s'inscrivaient à Full Tilt, viraient 500$ sur leur compte et se retrouvaient avec une facture disant qu'ils avaient acheté des clubs de golf. C'était quand même obligé que quelqu'un finisse par s'en rendre compte.
On aime tous jouer. Et on aime jouer en ligne, alors c'était facile de faire la sourde oreille tout en sachant que tout ça pouvait se compliquer sérieusement d'un point de vue légal.
Ça faisait longtemps qu'ils faisaient ça, et ils pensaient que personne ne s'en rendrait compte, donc bon, c'était un peu idiot. Les joueurs aussi auraient dû se douter que ça allait finir par péter.
C'est vrai cette histoire de clubs de golf ?
Oh oui ! J'ai eu des reçus pour des clubs de golf ou d'autres trucs, des équipements sportifs. Je recevais ça quand je transférais de l'argent sur Full Tilt, et au fond, c'est pour ça qu'ils sont tombés. Pour fraude. Fraude bancaire.
Quel est le meilleur film sur le poker ?
Je pense que c'est Les Joueurs.
J'espérais que tu dirais Le Kid de Cincinnati.
Je l'ai vu récemment, et j'ai trouvé qu'il avait pris un coup de vieux.
Un coup de vieux ? Pour moi c'est un chef-d’œuvre !
Bon, d'accord, je le re-regarderai.
Tu joues beaucoup en Europe ?
Là, oui. C'est le voyage le plus long que j'aie fait. D'abord Partouche, puis Paris. Ensuite je suis retourné au Borgata. Je m'étais dit que je n'irais à Cannes pour les WSOPE que si je gagnais quelque chose. Et j'ai gagné Paris.
Ensuite j'ai passé un peu de temps sur la Côte Est, j'avais déjà prévu d'y passer une semaine pour passer un peu de temps avec ma famille et mes amis, donc je n'étais pas forcément pressé de retourner à L.A. Et puis voler de New York à Cannes n'est pas si horrible que ça, c'est un vol direct avec Delta.
Donc voilà, c'est ce que j'ai fait. Et puis j'ai fait n'importe quoi pendant le Day 1 des WSOPE. Je suis allé à tapis avant le flop avec des As contre AK, donc j'étais plutôt pas mal, donc perdre là-dessus c'était un peu rude. Du coup je me suis mis à penser à San Remo, j'étais pas sûr d'y aller mais finalement je suis ici et finalement c'était plutôt une bonne décision on dirait.
Tu payes ta place pour ces grands tournois ou tu te qualifies en ligne ?
Je ne peux pas me qualifier sur internet quand je suis aux États-Unis, donc pas vraiment le choix. J'ai participé à un super-satellite pour le tournoi de Paris. Je suis sorti à la bulle. Il y avait 10 places à gagner, j'ai terminé 11ème bêtement. J'avais quelques jetons, en moyenne l'équivalent d'une dizaine de grosses blindes, donc je n'avais pas vraiment de marge.
Donc ouais, manifestement j'étais pas très heureux après ça, mais finalement tout s'est bien passé. En général je préfère payer le buy-in, je suis nul en méga-satellites, je n'ai jamais réussi à me qualifier à un tournoi comme ça.