Malgré des mésaventures qui incluent un accident de voiture presque fatal, une addiction aux opiacés, un passage en prison et la mort de son fils nouveau-né, Høivold garde le moral et le sourire. Son secret ? Être gentil.
“Être gentil avec les autres,” explique Høivold. “Il y a tellement de connards, si vous me pardonnez l’expression, qui se permettent d’être odieux. Traitez autrui avec considération, et avec un peu de chance ça vous fera vous sentir mieux. C’est ce que je fais.
J’essaye de garder le sourire. Je pense que c’est beaucoup mieux que d’être toujours grincheux et méchant.”
Høivold frôle la mort lors d’un terrifiant accident de voiture
Høivold, joueur pro norvégien qui compte une victoire sur l’EPT et 1,72 million de dollars de gains en tournois, a pourtant bien des raisons d’être “grincheux”. Par exemple le fait qu’à 41 ans, il souffre de douleurs chroniques suites à un terrible accident de voiture datant de ses 21 ans.
“J’ai eu un accident très grave il y a longtemps, presque tous les os de mon corps se sont brisés. J’ai passé beaucoup de temps à l’hôpital. On m’a accusé d’homicide involontaire suite à l’accident et j’ai dû faire de la prison.”
Après trois mois à l’hôpital et neuf dans un fauteuil roulant, Høivold a donc passé cinq mois en prison.
“C’était assez sévère, je ne pensais pas finir en prison.”
Vue la gravité de ses blessures, il était parfois autorisé à quitter la prison pour des soins. Et loin de l’aider à supporter son séjour en prison, ces sorties ont apporté encore plus d’ennuis au Norvégien.
“J’étais le seul à pouvoir sortir de la prison à cause de mes blessures” explique Høivold. “Mais comme de la drogue entrait dans la prison, on m’a accusé d’en être le responsable.
Ils ont mis des semaines à se rendre compte que c’était en réalité la grand-mère d’un des autres détenus qui les ramenait. On me faisait me deshabiller à chaque fois que je revenais à la prison. Une fois, on m’a laissé nu dans une cellule pendant neuf heures. C’était un véritable cauchemar.”
Les tragédies s’enchaînent
Mais Høivold a purgé sa peine et, malgré la douleur, a ensuite vécu l’un des plus beaux moments de sa vie.
“Les choses allaient mieux. Mon fils est né, j’étais heureux, mais cela n’a pas duré. Il est mort alors qu’il avait à peine trois mois. C’était un cauchemar, la pire chose qui me soit jamais arrivé.
Suite à cela, j’étais vraiment déprimé, j’allais très mal.”
Høivold prenait des opiacés depuis son accident pour pallier à la douleur, mais ces médicaments censés l’apaiser sont rapidement devenu une nouvelle source d’angoisse.
“C’était des médicaments, mais cela n’empêche pas l’addiction. C’était de la morphine, quelque chose de fort. J’en ai pris pendant très longtemps” raconte Høivold.
“J’ai décidé d’arrêter et de me mettre au poker. Heureusement, ça m’a réussi.
J’avais déjà joué, mais sans grande réussite. Après avoir arrêté les médicaments, j’ai commencé à jouer beaucoup mieux.”
Andreas a eu du mal à se mettre au poker, étant donné que celui-ci est toujours illégal en Norvège. Mais il avait toujours été fasciné par les jeux de cartes, malgré une expérience assez maigre dans le poker qui se résumait à des parties amicales de 5-card draw à la maison. En 2004, il a cependant commencé à chercher des adversaires plus sérieux.
“C’est arrivé comme ça. Je cherchais des gens avec qui jouer dans un groupe de discussion, mais je ne connaissais même pas le No-Limit Hold'em à l’époque. Les gens que j’ai trouvé m’en ont parlé et je me suis dit pourquoi pas. Au début, je perdais évidemment beaucoup, mais j’ai rapidement ratrappé mon retard.”
Une victoire à l’EPT Dortmund qui a changé sa vie
Et en à peine quelques années, Høivold est passé de statut de néophyte complet à celui de vainqueur sur l’EPT.
“J’ai joué sur Internet et j’ai gagné un championnat norvégien, qui m’a permis de participer au Nordic Poker Challenge organisé par Ladbrokes à Tallinn. J’ai aussi gagné ça. Ensuite j’ai pu participer au Poker Million et j’ai terminé troisième. Ils m’ont sponsorisé pour que je puisse participer à l’EPT. Que j’ai gagné.
Ces 4 ou 5 mois étaient complètement dingues. Depuis, ça s’est calmé.”
En quelques mois, Høivold a remporté un peu plus d’1,1 million de dollar et continue depuis à jouer en tant que professionnel. En 2009, il décide de déménager à Las Vegas pour participer à l’émission High Stakes Poker. Il y a perdu un peu d’argent, mais y a trouvé l’amour.
Enfin, temporairement.
“J’ai rencontré une fille, on s’est mariés, mais ça s’est mal passé et on a divorcé. Encore des histoires. Notre mariage a duré deux ans. J’ai des hauts et des bas, mais je vais mieux depuis que je suis célibataire.”
Høivold éternel optimiste
Aujourd’hui, Høivold se concentre sur le poker et espère avoir bel et bien laissé tout cela derrière lui.
“Toutes ces histoires, j’aurais pu y passer. C’est dangereux, physiquement et mentalement. Ce n’est pas bon d’avoir de tels bas. J’espère avoir plus de hauts à l’avenir.”
Quant au poker, Høivold a tout simplement soif de victoires :
“Mon objectif principal était de devenir le premier à remporter deux EPT. Vicky Coren m’a coupé l’herbe sous le pied, du coup les EPT ne sont plus aussi amusants pour moi. Je n’ai plus de record à battre.
Je peux toujours essayer d’en remporter trois, mais pour cela il faudrait déjà remporter le deuxième. Maintenant, mon objectif est de gagner un autre grand tournoi, comme l’Aussie Millions. Le plus gros serait le mieux. Un event des WSOP, pourquoi pas, je ne dirais pas non à un bracelet.”
Outre le poker et malgré son accident, Høivold est un fou de vitesse.
“J’adore la vitesse. J’aime faire des choses qui font monter l’adrénaline, comme du jet ski ou piloter des voitures sportives. C’est comme ça que je me sens vivant.
Mon objectif dans la vie est d’être à nouveau vraiment heureux. C’est mon but. Peu importe les moyens. Que je déménage aux Caraïbes, que je rencontre la femme de ma vie ou que j’aille sur la Lune.”
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Andreas Hoivold : « Malte ? Ca serait trop tentant ! »
(05/05/16 - par Dirk Oetzmann)
Le professionnel norvégien Andreas Hoivold a vécu de très bons moments dans sa vie, mais aussi certains un peu plus compliqués.
Et quand on dit « compliqués », c’est un énorme euphémisme (cf sa précédente interview au-dessus).
Hoivold a vécu des choses que la plupart d’entre nous ne pourraient imaginer, mais à l’image de son compatriote Thor Hansen, perdre son optimisme ou abandonner est hors de question.
Heureusement, ces derniers temps les choses vont plutôt bien.
Lors des derniers Norwegian Championships à Dublin, il a fait son entrée au Hall of Fame du poker norvégien et a été élu « joueur du tournoi ». Il vient également de trouver un nouveau sponsor, Videoslots.com.
Après avoir quitté Las Vegas pour retourner en Norvège, Hoiwold participe à l’EPT Grand Final pour la première fois depuis six ans.
Andreas Hoivold : Je n’aime pas beaucoup voyager, donc je ne suis pas venu à Monaco depuis 2010. Mais maintenant que j’ai fait mon choix et que j’ai vendu mon appartement à Vegas, je rejoue en Europe.
Je serai aux WSOP, mais ce sera à peu près mon seul tournoi aux États-Unis.
Les Norwegian Championships à Oslo étaient l’un des plus grands tournois d’Europe l’année dernière, et cette année ils sont encore nommés dans la catégorie tournois à petit buy-in aux European Poker Awards (interview réalisée avant les résultats NDLR). Tu penses qu’ils vont gagner ?
Je pense que oui. Je sais qu’il y a aussi la Battle of Malta...
Qui a remporté le titre l’année dernière.
Exactement. C’est pour ça que je pense qu’elle ne le remportera pas cette année. Un championnat national qui attire près de 3 000 joueurs, c’est exceptionnel. Il y avait presque 2 000 joueurs pour le Main Event, c’est juste fou.
C’était d’ailleurs diffusé à la télévision norvégienne, alors que presque tout ce qui touche au poker y est illégal.
Oui, ça montre bien à quel point c’est populaire. La loi qui décrit le poker comme un jeu de hasard est très ancienne, les autorités sont en train d’y réfléchir.
On entre dans une période de test de trois ans. Si les deux prochains championnats se passent aussi bien que le dernier, ils légaliseront le poker.
Donc on va plutôt vers une ouverture ?
Je pense que oui. Ils vont autoriser plus de tournois, avec des buy-ins plus importants. Pour l’instant il n’y a que le championnat national.
Un EPT Oslo, ça sonne bien, non ?
Non seulement ça sonne bien, mais je suis convaincu que c’est possible. Le problème, c’est que l’administration norvégienne est très lente.
Par exemple, la meilleure boxeuse au monde, Cecilia Brækhus, est norvégienne, mais elle ne peut pas boxer en Norvège parce que c’est considéré « trop violent ».
En parlant des jeux de hasard, c’est ce que beaucoup diraient des machines à sous vidéo...
(il essaye de garder son sérieux) Non, c’est juste une question de talent !
On en parle parce que tu es désormais sponsorisé par Videoslots.com.
Le directeur national pour la Norvège est Allan Aasterud. Je le connais depuis longtemps, et il m’a appelé pour me demander si ça m’intéressait.
Je lui ai demandé de me donner plus d’informations, puis on est tombé d’accord.
Tu dois être assez critiqué dans le monde du poker pour être sponsorisé par des machines à sous.
En quelque sorte.
Comment réagis-tu ?
De plusieurs manières. D’abord, je donne 20 % de mes gains à des associations caritatives.
Ensuite, le fait est que jusque-là, l’argent du poker vient de sites de poker uniquement.
Je pense que c’est une bonne chose que l’argent vienne d’ailleurs, même si ce sont des machines à sous. Elles existent et elles sont légales.
Je sais que certains joueurs de poker n’aiment pas ça parce que c’est un jeu de hasard. Je les comprends, mais personnellement cela ne me pose pas de problème.
Tant qu’ils me sponsorisent pour des tournois, cet argent ira dans le poker.
Aujourd’hui, tout le monde parle de Twitch. Tu y es aussi ?
J’étais à Malte récemment, où j’ai retrouvé quelques amis suédois. L’un d’entre eux est sur Twitch, donc nous avons fait une petite session sur des machines vidéo.
Je n’ai pas encore ma propre chaîne, mais je devrais me lancer d’ici peu. Je suis assez à l’aise à la télé, je parle plutôt bien, et je peux parler de n’importe quoi.
Donc si les Norwegian Championships perdent contre la Battle of Malta aux EPA, tu reviendras quand même l’année prochaine ?
Je pense que oui. C’est un tournoi tellement fun. C’est presque comme les Norwegian Championships.
On y retrouve le même genre de joueurs, il y a beaucoup de soirées, les gens sont sympas, et pour être honnête la météo est bien meilleure qu’à Oslo.
C’est comme les Norwegian Championships sans le froid et la pluie.
En tout cas il y a beaucoup d’appartements à louer à Malte si tu veux rester un peu plus longtemps.
J’y ai pensé, mais c’est trop dangereux. Il y a trop de bars et de gens qui veulent aller au bar.
C’est trop tentant pour moi quand il fait beau, et à Malte il fait beau huit mois par an.
Ne pas t’installer à Malte est une forme d’autoprotection ?
C’est ça !