Si, si ! Nous ne bluffons pas : aujourd’hui vous allez faire connaissance avec les versions de poker qui se jouent avec des dés. Dédé ? Mais il est où Dédé ?
Nous vous proposons donc de découvrir les grandes lignes des règles du Poker d’As et du Poker Menteur ainsi que du Dudo et du Perudo.
Vous avez sans doute entendu parler du dernier d’entre eux, voire vous en avez eu un petit aperçu dans certains films... ça ne vous revient toujours pas ? Souvenez-vous, dans Pirates des Caraïbes, ce jeu de dés un peu (voire carrément) obscur auquel joue Will Turner pour tenter de récupérer la clé du Capitaine Davy Jones : eh bien, c’est une partie de Perudo !
Alors pour en savoir plus et devenir un as du bluff avec des dés, c’est par ici !
Le Poker d'As
Commençons par le Poker d’As puisqu’il ressemble au poker classique avec des cartes : sauf qu’ici, vous allez vous servir des 5 dés présents dans votre mallette préférée ! Allez, avouez-le, vous ne saviez pas trop quoi en faire de ces dés, n’est-ce pas ? Et je parie qu’ils sont restés inutilisés depuis l’achat de votre mallette, hein ?
Le nom de cette variante vient tout simplement d’une déformation de l’anglais « Poker dice » (dice = dés pour les non-anglophones). Les dés remplacent les cartes, mais il vous faudra quand même des jetons.
Ces cinq dés à six faces représentent des cartes à jouer : as, roi, dame, valet, dix et neuf. Il faut réaliser avec les dés des combinaisons dont les valeurs sont identiques à celles du poker classique.
Pour ceux qui ne jouent pas beaucoup (ou qui ne les connaîtraient déjà pas du Yahtzee puisqu'il s'agit des mêmes), voici ces combinaisons, de la plus faible à la plus forte : paire (2 dés identiques), double paire (2 dés identiques + 2 dés identiques), brelan (3 dés identiques), full ou main pleine (3 dés identiques + 2 dés identiques), carré (4 dés identiques), petite suite (4 dés qui se suivent), grande suite (5 dés qui se suivent) et Poker (5 dés identiques). Notez que cette dernière combinaison ainsi que la petite suite n'existent pas au poker classique ! (voir l'ordre et classement des mains au poker)
Chaque joueur va jouer à tour de rôle. Lorsque ce sera votre tour de lancer les dés, vous les lancerez une première fois puis vous pourrez relancer tout ou partie des dés afin de tenter d’améliorer votre combinaison. C'est un peu le même système que de demander des cartes au croupier dans une partie de 5-draw (poker fermé).
Libre aux joueurs de définir le nombre maximal de lancers autorisés, mais l’usage veut que l’on s’arrête à deux ou trois (histoire de ne pas trop faire durer le plaisir, puisque rappelons-le, les autres joueurs patientent pendant que vous détenez les dés !). Selon les versions, les dés peuvent comporter un Joker qui peut alors remplacer n’importe quelle figure, toujours à l’avantage du joueur.
Hormis ces deux petites spécificités, le reste de la partie se déroule comme une partie de poker classique avec des cartes ! Le perdant étant évidemment le premier à ne plus posséder aucun jeton.
Le Poker Menteur
Le Poker menteur, comme son nom l’indique, est un jeu où il faut... mentir sur la valeur des dés constituant sa main, faire monter les enchères et éliminer ses adversaires.
Les valeurs des mains sont les mêmes qu’au poker avec des cartes.
Le perdant de chaque manche se voit attribuer un point et le premier à atteindre un nombre de points prédéfini a perdu ! Pour éliminer ses adversaires, on jouera autant de mains qu’il sera nécessaire. Le nombre de joueurs n’est pas limité, mais plus on est de fou, plus le bluff est intéressant ! La durée moyenne d’une partie est de 15 à 30 minutes. Pour jouer, il suffit d’un gobelet opaque et de 5 dés à six faces classiques ou 5 dés de poker (affichant 9, 10, Valet, Dame, Roi et As).
Un tour se déroule de la manière suivante : le premier joueur joue tous les dés et choisit s’il les joue à découvert (sur le tapis) ou cachés (sous le gobelet). Évidemment, plus il y a de dés cachés et plus la part de bluff sera importante...
Il annonce alors une valeur de main qu’il va tenter de passer au joueur suivant. Remarquons qu’il est le seul joueur à pouvoir annoncer « rien ». La valeur annoncée peut correspondre à la vraie main ou pas, et le joueur suivant (appelé le receveur) peut alors refuser cette main ou l’accepter.
S’il la refuse, il dit « Menteur » : tous les dés sont révélés et le tour prend fin. Deux cas de figure peuvent alors se présenter : la main est supérieure ou égale à l'annonce, le receveur perd et prend 1 point. Si la main est plus faible que l'annonce, alors c'est celui qui a fait l’annonce qui prend 1 point. Le perdant du tour reprend la partie et choisit le sens du jeu pour le tour suivant.
Si le receveur accepte la main, il peut soit prendre connaissance des dés cachés, soit passer la main au suivant sans regarder, mais en annonçant forcément une main supérieure à celle qui lui a été donnée. S’il prend connaissance des dés cachés, deux choix s’offrent à lui : soit il rejoue tous les dés, soit il conserve des valeurs de dés qui l’intéressent et joue les autres. Chaque dé ne peut être lancé qu’une seule fois maximum. Cela fait, il devra passer la main à son voisin, en faisant là aussi, une annonce supérieure à l’annonce précédente. Le tour se poursuit jusqu’à ce qu’un joueur refuse la main.
Remarquons qu'une "quinte" de 6 (ou d'As) est la meilleure main qui puisse être annoncée : si un joueur l’accepte, il devra à son tour obtenir une autre quinte de 6 (en rejouant tous les dés) en 5 coups. S'il y parvient, le tour s’arrête sans que quiconque perde de vie.
Vous croiserez peut-être des variantes, qui modifient les règles concernant les "quintes" (poker) ou les suites. Certains accepteront des annonces du type « mieux », ce qui indique (sans la nommer) une main immédiatement supérieure à la précédente, et qui nécessite donc une plus grande attention de la part de tous les joueurs. D’autres arrêtent la partie dès qu’un joueur est éliminé, car le bluff devient moins intéressant. D’autres encore interdisent de mentir au premier tour.
Dudo et Perudo
Intéressons-nous maintenant au jeu joué par Will Turner dans « Le Secret du coffre maudit », le second volet de Pirates des Caraïbes : il s’agit d’une partie de Perudo.
C’est une variante d’un jeu traditionnel sud-américain, le Dudo (également appeléSantaba, Cachito, Cacho... ou Poker menteur). Dudo signifie « Je doute » en espagnol.
Ce jeu est encore courant en Argentine, au Pérou et en Bolivie, et il semblerait que la version actuelle descende d’un ancien jeu Inca, découvert par les Espagnols lors de leur conquête du Nouveau Monde au 16ème siècle. Ce serait Francisco Pizzaro et ses hommes qui l’auraient ramené en Espagne à cette époque et qui auraient contribué à sa diffusion en Europe.
Dans ce jeu, aucune limitation du nombre de joueurs : il suffit de disposer de 5 dés et d’un gobelet opaque par joueur. Comme au Poker menteur, le perdant de chaque manche est pénalisé. Il doit ici se défausser d’un dé, et le premier à ne plus posséder de dé a perdu. Mais pas de panique, il y a des moyens sioux pour tenter de récupérer ses précieux petits cubes !
Attention, il existe une petite difficulté supplémentaire : les dés du Perudo comportent une face joker (« Paco », et qui dans les versions commerciales actuelles est une tête de Toucan). Ce Paco peut prendre toutes les autres valeurs et il prendra forcément la même valeur que celle de la face annoncée au moment du comptage final des dés. Mais le Paco est aussi une valeur à proprement parler (le Paco remplace le 1).
Au début de chaque manche tous les joueurs agitent et retournent simultanément leur gobelet contenant leurs 5 dés : ceux-ci restent cachés et chaque joueur ne connaît donc que les valeurs de son propre lancer !
Le premier joueur annonce alors le nombre total de dés d’une valeur donnée qu’il pense en jeu (c’est-à-dire que tous les joueurs ont obtenu). Attention, il ne peut pas commencer avec des Pacos. Si un joueur annonce « Trois Six », cela signifie qu’il pense qu’il y a trois dés avec la face six présents parmi l’ensemble des dés jetés. Le suivant peut alors augmenter les enchères, douter ou être d'accord.
Si un joueur surenchérit : il peut augmenter la valeur du dé en gardant le même nombre total ou augmenter le nombre total en gardant la même valeur de dé... voire il peut diminuer le nombre total en le divisant par deux (et en arrondissant à la valeur supérieure). Pour passer aux Pacos, il faut obligatoirement annoncer le double +1 du nombre précédent.
Le tour se poursuit de joueur en joueur jusqu’à ce qu’un joueur doute ou soit d’accord.
Si un joueur doute, il dit « Dudo » et chacun révèle ses dés pour que l’on puisse procéder au décompte. Si le nombre réel de dés est supérieur ou égal à l'annonce, alors celui qui a douté perd et perd un dé. Si le nombre de dés réel est plus faible que l'annonce, alors c'est celui qui a fait l’annonce qui perd et qui perd un de ses dés.
Si un joueur pense que le précédent a annoncé le nombre de dés exact, alors il dira « Calza » et on procèdera à la vérification. S’il a raison, il gagne un dé (attention, chaque joueur ne peut posséder plus de 5 dés) mais s’il s’est trompé, il en perd un immédiatement.
Quant à la variante « Salsa », elle permet d’enchérir dans n’importe quel ordre sans tenir compte du sens de jeu ! Certes, elle permet d'accélérer la partie, mais elle est déconseillée aux débutants qui ne maitrisent pas encore l’art de bluffer !
Enfin, lorsque la fin de la partie approche, et que l’un des joueurs ne possède plus qu’un seul dé, il annonce « Palifico ». Dans ce tour particulier, les Pacos ne sont plus des jokers et il est possible de parier sur eux dès le début du tour. Par contre la valeur des dés choisie au début du tour ne pourra plus être changée.
Une autre façon de jouer au poker et de s'amuser
Nous espérons que ce petit aperçu vous donnera envie de jouer à l’une de ces variantes. Il est évidemment conseillé de lire les règles détaillées sur les notices jointes ou sur Internet pour plus de détails.
En guise de conseil, l’essentiel est de ne se perdre ni dans ses prévisions ou estimations, ni dans ses calculs ! Ne perdez jamais de vue que le bluff est roi dans ce genre de partie, et mine de rien, même les plus rationnels y prendront vite goût.
Une bonne stratégie consiste à éliminer rapidement ses adversaires : en l’occurrence il s’agit toujours du joueur qui vous précède si vous souhaitez dudoter ou du joueur qui vous suit si vous lui faites une annonce qui lui posera un gros dilemme ! Évidemment, votre position autour de la table aura toute son importance et la connaissance de la psychologie de vos adversaires ne pourra que vous aider...
Avec l’approche de la mauvaise saison, voilà sans doute en tout cas de belles soirées d'amusement en famille ou entre amis en perspective !