Qualifié en 65ème position (sur 186) à l'issue du premier jour de qualification, Arnaud Mattern est revenu pour PokerListings sur son début de partie et sur ce que l'EPT de Deauville représente pour lui. La seconde partie de l'interview ira à la découverte du joueur.
Arnaud, comment s'est passé ton premier jour au Day 1A ?
Ca s'est assez bien passé, même si ça a été les montagnes russes un petit peu toute la journée. J'ai joué deux très gros coups, un au level 3 et un au level 5, probablement pour le chip lead. Les deux coups ne se sont pas super bien passés malheureusement, j'ai manqué un tout petit peu de réussite. Finalement j'ai subi un peu la partie avec 20 000 - 30 000 jetons donc ça a été assez dur et il a fallu rester costaud mentalement pendant deux-trois heures sur les trois derniers levels, et finalement j'ai terminé la journée à 60 000, juste au-dessus de la moyenne. Ca laisse de bons espoirs pour le Day 2.
Tu as eu Rémy Biechel à tes côtés en début de partie. Comment cela s'est-il passé entre vous ?
On a joué deux trois coups ensemble, après il n'y a pas eu de grosse confrontation entre nous. J'ai en revanche joué un gros coup contre un joueur que je respecte beaucoup, un excellent joueur et aussi un bon ami, Bruno Launais. J'ai floppé deux paires max et il avait une paire d'as, c'est ce qui m'a permis de monter un peu de tapis au début. Sinon le reste de la table n'était pas composé de gens très connus, assez homogène mais avec une bonne ambiance.
Ma deuxième table a été beaucoup plus fantasque, avec des joueurs misant deux à trois fois le pot, des relances astronomiques, et donc là il n'y a pas beaucoup de place pour le poker, il faut juste toucher du jeu, sinon tu ne peux rien faire.
Participer à une épreuve française telle que Deauville a-t-il une saveur particulière, ou gagner un tournoi quel qu'il soit ne fait aucune différence pour toi ?
Déjà le fait que ce soit un EPT c'est important pour moi car je ne suis déjà pas passé loin du doublé à Varsovie l'année dernière où j'ai terminé 5ème. Je suis passé à un cheveu d'être le premier joueur à en avoir gagné deux. Un EPT a donc une saveur particulière, qui plus est en France. Même si ce n'est pas celui avec le plus gros prizepool, si je pouvais en gagner un ce serait l'EPT de Deauville que je choisirais.
D'autant que si tu as pour habitude de réaliser de bonnes performances en EPT, tu n'as pas encore été payé à Deauville.
Je n'avais participé qu'à celui de l'an dernier. J'avais eu une paire d'as dès le premier niveau alors qu'un mec avait trouvé son brelan, et j'avais perdu un peu plus que ce que j'aurais du perdre si j'avais mieux joué le coup. Je n'avais donc pas pris un bon départ l'année dernière, et j'avais dû sauter en fin de journée si je me souviens bien.
Elky nous disait hier qu'il y avait quelque sorte de petit pari entre vous sur qui gagnera un deuxième titre EPT.
Oui on a parié 20 000 $ sur lequel de nous deux gagnera le deuxième EPT avant l'autre, et comme il était d'humeur un peu joueuse et fêtarde, il m'a donné du 2 contre 1. Un bon petit « overlay » bien sympathique.
Comment es-tu venu au poker ?
J'ai joué au backgammon pendant environ deux ans, sur un circuit professionnel exactement comme celui des tournois pros de poker. J'évoluais beaucoup avec mon mentor au backgammon, François Tardieu, avec qui j'ai travaillé sur la nouvelle structure des EPT à partir de la saison 6.
J'ai remporté quelques titres notamment celui de Champion d'Europe en double avec Yomi Peretz, puis j'ai gagné le championnat de France en 2006.
Ensuite la folie du poker a démarré et tout le monde s'y est mis, tous les joueurs pros qui jouaient à des jeux de semi-hasard, au black-jack, aux échecs, ... Je me suis dit qu'il devait y avoir une bonne raison et qu'ils n'étaient pas tous fous ou idiots ! Je les ai donc suivis et pour l'instant cela ne s'est pas trop mal passé.
On imagine que le backgammon et le poker sont des jeux bien différents.
Déjà il y a une starisation qui est beaucoup plus importante dans le milieu du poker que dans le milieu du backgammon. Mais ce n'est pas forcément mon moteur non plus.
Y a-t-il tout de même des similitudes entre les deux jeux, et qui t'ont aidé ?
Ce sont tous les deux des jeux de semi-hasard. Il y a une part de chance et une part de stratégie au backgammon, ce qui est très similaire au poker évidemment, et ce qui fait partie du charme car n'importe qui peut battre un professionnel. Ce n'est pas le cas ailleurs.
Ce sont aussi des jeux de trading avec des décisions de risques et dépenses, des jeux d'enchères. La notion de pari y est importante. Cela en fait des jeux très passionnants.
Quel jeu est le plus difficile à apprendre ?
Les deux jeux ne font pas forcément appel aux mêmes qualités. Le backgammon est un jeu beaucoup plus axé probabilités, mathématiques et position, un peu comme les échecs ou les dames. Tandis qu'il y a une dimension humaine au poker qui existe assez peu au Backgammon : savoir contrôler ses émotions, rester maître de soi, se mettre à la place des autres, savoir lire les cartes de son adversaire.
La plus grande différence entre le backgammon et le poker, c'est que le backgammon est un jeu d'information complète comme les échecs, tandis qu'au poker il y a une dimension cachée ou inconnue à savoir quelles sont les cartes de mon adversaire, qu'est-ce qu'il va faire, quel est son état d'esprit. Et donc avec tout cela au mieux tu ne peux faire que des déductions logiques, tu peux essayer de deviner ce qu'il va se passer pour essayer de prendre la meilleure décision.
Mais ce n'est jamais du 100%, alors qu'au backgammon on a une notion de meilleur coup, tu peux tout maîtriser.
En fin de compte le poker te correspond mieux ?
Je me retrouve plus dans un jeu où il y a une dimension psychologique que dans un jeu qui soit uniquement basé sur les mathématiques, même si je n'ai rien contre le backgammon.
Voilà quatre mois que tu as rejoins ta nouvelle équipe de PokerStars. Comment s'est fait ce transfert un peu "surprise" sur le moment ?
Je suis ravi d'avoir signé dans la Team PokerStars Pro évidemment, avec les plus grands joueurs du monde. C'était aussi un désir de rentrer dans une équipe un peu plus internationale, avec des profils venant de tous les pays, d'autant que j'ai vraiment une passion pour l'échange.
Ce sont en plus des joueurs de renommée internationale et qui sont extrêmement talentueux, et je suis donc très flatté d'avoir rejoint cette équipe, surtout que l'on est que deux français à en faire partie avec ElkY.
Quel bilan peux-tu retirer de ton passage chez Winamax ?
L'expérience a été extrêmement positive et cela s'est très bien passé. Ce fut mon premier contrat de sponsoring. Je jouais déjà le circuit pro à mes frais depuis un an et demi quand j'ai donc rencontré mon premier sponsor, et j'ai donc signé pour Winamax avec qui cela s'est très bien passé. J'ai toujours de très bon contacts avec les gens de la Team, certains sont des amis et ça ne m'empêche pas de les voir.
Maintenant c'est un peu comme l'évolution d'un joueur de foot, si on te propose de jouer dans une équipe internationale et qui sponsorise les EPT, qui est leader mondial, tu changes un peu de dimension. C'est juste une expérience différente.
Quel bilan tires-tu de ces premiers mois dans la Team PokerStars ?
En live en septembre j'ai attaqué tout de suite par un cash à l'EPT de Londres et une 3ème place d'un side event à 1 000 £ pour 33 000 £.
J'ai fait 23ème aux WSOP Europe à Londres où c'est Daniel Negreanu qui m'arrache le pot du chip lead alors qu'on est 25 joueurs restants, un cash à l'EPT de Prague, et puis une première place à Namur au Belgium Open Poker Championship en heads-up par équipe, avec une équipe PokerStars composée d'Elky, Julien Brécard, Johnny Lodden et moi-même.
Donc pour l'instant oui c'est une saison qui commence assez bien.
Quels sont tes objectifs pour 2010 ?
Déjà je vais continuer à jouer autant de tournois que je jouais avant, à savoir entre 40 et 60 tournois par an, ce qui est un rythme extrêmement soutenu et que la plupart des pros ne font pas. Mais je pense que c'est nécessaire pour vraiment faire de très belles performances. Le volume est important. Et puis je vais essayer de jouer de mon mieux, et voir si les dieux du poker sont avec moi.
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EPT Tallinn : Mattern à deux doigts de l'exploit
(19/08/10 - par PokerListings France)
En terminant 3ème de l'EPT Tallinn, Arnaud Mattern manque l'occasion unique de devenir le premier joueur à remporter deux titres EPT. C'est finalement le Norvégien Kevin Stani qui termine vainqueur de cette première étape de la saison 7 de l'EPT.
Comme nous vous en parlions il y a peu, la saison 7 de l'European Poker Tour PokerStars nous réservait quelques surprises, et notamment une première étape non plus en bord de Méditerranée à Barcelone, mais cette fois en bord de mer Baltique à Tallinn, capitale de l'Estonie.
Même si Tallinn a accueilli à plusieurs fois le PokerStars Baltic Festival, jamais un tournoi EPT ne s'était déroulé sous des latitudes aussi septentrionales ! Et avec un prizepool de près de 1,6 millions d'euros pour un premier prix de 400 000, l'EPT de Tallinn n'avait aucunement à rougir en comparaison d'autres étapes plus prestigieuses.
Ce sont au total plus de 420 joueurs qui, après s'êtres acquittés d'un buy-in de 4250 euros, se sont donc réunis dans le luxueux Swissôtel de la capitale estonienne pour disputer cette première étape.
Parmi les forces en présence, Luca Pagano, Alex Kravchenko, Kevin MacPhee et Ivan Demidov étaient au rendez-vous, de même que James Mitchell ou l'américaine Vanessa Selbst, la nouvelle recrue de la team PokerStars. Notons chez les locaux, un joueur au pedigree respectable : l'estonien Martin
Muursepp, ancien joueur de NBA et aujourd'hui nouveau "Sponsored Player" de PokerStars.
Enfin, nous pouvions notamment suivre parmi les joueurs français Bertrand « ElkY » Grospellier, Arnaud Mattern (déjà détenteur d'un titre dans un tournoi EPT) ou encore Manuel Bevand.
209 joueurs pour le Day 2 : il n'est jamais facile de sortir d'une première journée sans encombres, comme Bertrand « ElkY » Grospellier en faisait l'amère expérience. Annette Obrestad, Carter Phillips (pourtant vainqueur d'un tournoi EPT à Barcelone), Vanessa Selbst et Praz Bansi (double détenteur de bracelet WSOP) subissaient le même sort et ne purent donc voir les lueurs du deuxième jour en Estonie.
Arnaud Mattern à deux doigts de l'exploit
Ils n'étaient plus que 84 au départ du Day 3, avec Alexander Kravchenko, Max Lykov, ou encore Joep van den Bijgaart n'ayant pas réussi à se qualifier. Manuel Bevand et Arnaud Mattern continuaient eux leur route vers les premières places payées du tournoi.
Troisième au classement en nombre de chips derrière Perica Bukara et Konstantin Bilyaver, ce dernier se distinguait particulièrement.
Au point de laisser entrevoir la possibilité d'un record inédit dans l'histoire de l'EPT : Arnaud Mattern, allait-il être en mesure de remporter un deuxième tournoi EPT, après son sacre à Prague en 2007 ?
Notre frenchie prenait le meilleur sur Antti Kärkkäinen et Anatoli Jevtejev, et abordait en effet la table finale des 8 derniers participants avec 3 720 000 chips, loin devant Stani ou Bilyauer. Ce dernier avait, du haut du 6ème étage du Swissôtel de Tallinn, d'ailleurs éliminé entre-temps son compatriote Demidov en trouvant en trouvant une dame à la river.
Pagano, monsieur EPT
Mais il était dit que l'exploit de remporter deux EPT ne serait pas pour cette fois-ci : un coup de bluff magistralement remporté par le norvégien Kevin Stani et une paire de dames capricieuse laissaient Arnaud Mattern sur le carreau, permettant à Stani d'empocher les 400 000 dollars du premier prix de
cet EPT Tallinn. Bilyauer finissait lui 2ème.
Le français de la Team PokerStars, si près de marquer l'histoire, se consolait tout de même avec une jolie troisième place lucrative (160 000 €).
Parmi les autres places payées notables, on notera celles du belge Pierre Neuville, des autres français Ouri Cohen et Manuel Bevand, et de celle de l'incroyable recordman des places payées en EPT, l'italien Luca Pagano (sa 15ème !).
Quant au norvégien Kevin Stani, 27 ans et étudiant en management, il s'agit de sa première victoire : "Je jouais des cash-games en ligne lorsque je suis tombé sur le satellite dans le lobby de PokerStars. Je voulais participer à ce tournoi donc je me suis dis "pourquoi pas ?" C'est extraordinaire de gagner ce tournoi, je suis passé par des périodes difficiles durant lesquelles il m'était difficile de me concentrer et j'avais du mal à jouer. Mais je me suis obstiné et persuadé que les choses allaient s'arranger. Et aujourd'hui, j'en suis ravi."
PokerListings vous donne maintenant rendez-vous à la fin du mois à Vilamoura au Portugal pour la deuxième étape de l'European Poker Tour PokerStars.
Classement sélectif de l'EPT Tallinn 2010
1 - Kevin Stani (NOR) - 400 000 €
2 - Konstantin Bilyauer (RUS) - 250 000 €
3 - Arnaud Mattern (FRA) - 160 000 €
4 - Dmitry Vitkind (RUS) - 120 000 €
5 - Mikko Jaatinen (FIN) - 80 000 €
6 - Steven van Zadelhoff (PBS) - 63 000 €
7 - Nicolo Calia (ITA) - 47 000 €
8 - Bassam Elnajjar (LIB) - 32 000 €
(...)
13 - Oscar Teran (VEN) - 14 000 €
22 - Ivan Demidov (RUS) - 10 000 €
26 - Luca Pagano (ITA) - 8 000 €
38 - Ouri Cohen (FRA) - 7 200 €
41- Pierre Neuville (BEL) - 6 700 €
46 - Manuel Bevand (FRA) - 6 700 €
/56 places payées