Championne Olympique, Championne du Monde, présentatrice télé, créatrice de bijoux, titulaire d'un Master de Droit, mannequin, vainqueur de l'émission Survivor en Hollande, pro chez PokerStars... Derrière ce petit bout de femme se cache une incroyable personnalité multi-facettes.
À à peine 35 ans, l'ancienne avant-centre de l'équipe néerlandaise de hockey sur gazon a un CV à en faire pâlir d'envie tout le show-biz. Sa dernière performance en date ? Elle a remporté la version hollandaise de l'émission Survivor (Koh-Lanta), tout en se payant le luxe de changer complètement la manière d'aborder ce genre d'émission.
Fatima s'est lancée dans le poker il y a quelques années, et comme dans tout ce qu'elle fait, elle l'a fait avec de grandes ambitions. Esther Diaz Amores pour PokerListings Espagne l'a rencontrée lors de l'EPT Barcelone.
Fatima, en tant qu'ancienne joueuse de hockey, on imagine que tu as un esprit de compétition à toute épreuve, une qualité essentielle à tout joueur de poker. Quels sont les points communs entre le poker et le hockey sur gazon ?
Quelque soit ce que j'entreprends, je fais tout pour m'améliorer. Mon objectif est toujours d'être la meilleure possible.
Le hockey est un sport très physique, mais il y a également une dimension mentale très importante. Il faut mettre la pression sur ses adversaires. C'est assez différent du poker puisqu'il n'y a pas vraiment d'impact physique, mais il faut être très solide mentalement.
Il faut savoir dissocier les deux pour pouvoir progresser, mais au poker tout est dans le mental.
Si tu pouvais créer un nouveau sport qui combinerait le poker et le hockey, à quoi ressemblerait-il ?
Honnêtement, je crois que le tennis est un juste milieu entre les deux. Le tennis est un sport dans lequel le mental est vraiment essentiel. J'ai commencé à jouer au tennis à la fin de ma carrière de hockeyeuse et mon copain est un joueur professionnel.
Chaque point est important, et à chaque nouveau point il faut prendre une décision stratégique – comme au poker. Il reste la dimension sportive du hockey, la balle, la technique, mais il y a une vraie confrontation psychologique.
Tu peux décider de servir fort, à l'extérieur, au centre, il faut combiner la stratégie et la performance physique. C'est ce que j'aime dans le tennis.
Bien sûr ne je jouerai jamais au tennis à très haut niveau, mais j'essaye de m'améliorer quand même.
Tu pratiques énormément de sports très physiques. Est-ce que cela t'apporte quelque chose au poker ?
Oui, bien sûr. Quand tu passes 12 heures assis à une table pendant un tournoi ou devant ton ordinateur pour jouer online, c'est important d'être musclée, surtout pour le dos.
Cela me permet de moins fatiguer et de rester concentrée. La concentration est un élément essentiel au poker. Plus tu es concentrée, plus tu pourras gérer d'informations et prendre les meilleures décisions.
Je pense qu'il est important d'être en bonne condition physique. Certaines personnes se sentent vraiment mieux s'ils font une heure de sport par jour.
Qu'est-ce qui t'a poussée à devenir joueuse de poker professionnelle ?
À 30 ans, j'ai arrêté ma carrière de hockeyeuse, juste après les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. J'ai participé à trois Coupes du Monde, à de nombreux Championnats d'Europe, j'ai tout gagné. J'avais l'impression d'avoir accompli tout ce que je pouvais dans ce domaine, je ne pensais pas pouvoir encore m'améliorer.
Et puis j'ai découvert le poker alors que je jouais encore au hockey. J'aime beaucoup le fait que ce soit un jeu basé sur le mental et que ce soit également un jeu individuel : que tu gagnes ou que tu perdes, c'est grâce ou à cause de toi-même. Je sentais que j'étais prête à me lancer là-dedans.
Est-ce que tu te vois encore jouer au poker d'ici 5 ans ?
Oui, sans aucun doute. Principalement parce que je pense que j'ai une très grande marge de progression. Tant que je progresse... Et puis cela me permet de gagner ma vie.
Après, on ne sait jamais les décisions que je peux prendre selon ce qu'il peut se passer. C'est pour ça que je n'aime pas faire de projets à long-terme, il est impossible prévoir l'imprévu. À quoi bon prendre une décision aujourd'hui pour dans 5 ans alors que tu ne sais pas du tout à quoi ressemblera ta vie à ce moment-là ? C'est comme prendre une décision sur une main au poker sans savoir qui sont tes adversaires. Je ne sais pas si je suivrais cette main à l'EPT Barcelone 2018, j'en ai aucune idée. La vie c'est pareil.
Je pense que le poker est une bonne métaphore de la vie. Les choses sont toujours en train de changer et un détail peut tout bouleverser. Chaque décision, même si elle paraît insignifiante, change tout.
J'ai entendu dire que tu avais ta propre ligne de bijoux. Tu es très créative.
Oui, je suis assez créative. Je voulais être styliste... Je voulais être beaucoup de choses en fait, je m'intéresse à beaucoup de choses différentes. Les gens ont l'habitude de choisir une seule carrière, mais pour moi c'est impossible.
Je pense que les gens de ma génération sont beaucoup plus ouverts à la possibilité d'avoir plusieurs carrières, plusieurs passions.
Je suis quelqu'un de très créatif et j'ai eu la chance de pouvoir créer ma propre ligne de bijoux pour Zinzi. J'aime m'occuper à la fois du côté créatif et des stratégies marketing. Par exemple, quand on a organisé une séance photo, c'est moi qui ait choisi l'endroit, l'angle, etc.
Dans l'une des interviews de toi que j'ai lues, le journaliste te décrivait comme « excentrique ». C'est un qualificatif qui te correspond ?
Je pense qu'ils me voient comme excentrique parce que je ne suis pas comme les autres femmes. J'ai beaucoup de testostérone, j'ai l'esprit de compétition. Moi, je fais juste les choses comme je l'entends. Je ne pense pas être excentrique.
Je fais les choses à ma façon, c'est tout. Peut-être que c'est ça être excentrique.
Tu as fait sensation l'année dernière en Hollande en remportant l'émission « Expédition Robinson ». C'était une expérience amusante ?
Je ne suis pas sûre que « amusant » soit le bon terme, parce que c'est une aventure assez extrême. Mais c'était très intéressant en tout cas.
Ils m'avaient déjà proposé de participer à l'émission il y a quelques années, mais cette année je me sentais vraiment prête à m'y lancer. À l'époque, je préférais profiter un peu de ma liberté après toutes ces années passées à jouer au hockey au sein d'une équipe.
Combien de temps as-tu passé sur l'île ?
33 jours, presque cinq semaines.
Est-ce que ton expérience du poker t'a servi ?
Énormément ! J'étais heureuse de voir que Christophe et Matthias De Meulder étaient là également, car c'est une émission Belge et Hollandaise.
D'habitude les Néerlandais de l'émission s'allient contre les Belges, mais moi j'étais avec les Belges. C'était notre stratégie.
On a beaucoup parlé de stratégie. Cette émission est très stratégique aux États-Unis, mais en Hollande pas vraiment, et on a complètement changé ça.
On a décidé d'en faire un jeu purement tactique, peu importe qui tu apprécies ou pas. Nous, on voulait juste avoir les meilleures chances de victoire possibles si on atteignait la finale – sinon autant perdre efficacement et rentrer à la maison directement.
L'idée c'était d'être sûrs que si on atteignait la finale – une finale à 4 joueurs où on fait des défis individuels – les personnes plus fortes que nous physiquement seraient déjà éliminés. C'était notre priorité tout au long du jeu.
Les autres joueurs votent selon leurs affinités, mais ce n'est pas la manière la plus efficace de jouer. Les gens doivent se faire à l'idée que c'est un jeu de stratégie.
Ils essayent de nous perturber en nous mettant sur une île sans nourriture pour que les gens pètent un câble et deviennent trop émotifs, mais c'est exactement ce qu'on sait éviter en tant que joueurs de poker. Il faut laisser ses émotions en dehors du jeu.
À un moment, on a dû éliminer un gars qu'on adorait. Il était très sympa, mais il était également très bon et on devait s'en débarrasser. Alors oui, ce n'est pas facile, mais il faut rester rationnel. Au Monopoly, je ne vais pas te filer toutes mes rues parce que je t'aime bien. Par contre je vais essayer de te prendre les tiennes. Et tout ton argent.
C'est pour ça que tu as gagné.
Oui.
Tu retenterais l'expérience ?
Non, jamais. Maintenant que je l'ai vécu une fois et que je pense l'avoir fait du mieux possible. J'ai été à mon meilleur niveau et je ne pourrais pas faire mieux.
superwoman !!!