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Nicolas Proust : « Je ne veux pas me prendre pour un super-héros »

 

On dit des vainqueurs qu’ils ont quelque chose en plus. Chez Nicolas Proust, vainqueur de la Battle of Malta 2015, ce serait sans doute le travail, l’esprit de compétition et l’humilité.


Nous sommes allés à la rencontre de Nicolas quelques jours après son magnifique sacre devant 1803 autres joueurs, afin de mieux faire connaissance avec le joueur de poker, mais aussi l'homme.


Tout d’abord bravo encore Nicolas. Qu’est-ce qui t’aura décidé de participer à la Battle of Malta ?

J’étais venu pour le festival de l’EPT mais j’ai des amis qui habitent ici et qui m’avaient énormément parlé de la Battle of Malta. C’était ce tournoi que je voulais faire, d’autant qu’on m’avait dit que le niveau n’était pas "fou". La tranche de buy-in à 500€ me semblait aussi idéale.

J’ai déjà eu la chance de me qualifier sur des EPT, et je me suis rendu compte que le buy-in influe sur ta façon de jouer, que ce soit au niveau du coût ou des paliers de gains.

Qu’as-tu pensé du tournoi ?

Je me suis régalé. C’est un tournoi convivial, on rigole bien aux tables. En plus je connais plein de monde ici, donc tu ne passes que des bons moments.

Qu’est-ce qui t’a le plus plu,  par rapport à d’autres ?

Le fait d’être ici à Malte déjà, je me sens bien et ça joue beaucoup. Le prizepool également qui était énorme par rapport au buy-in, avec en plus une belle structure, et des joueurs qui sont là pour jouer aussi. Tu peux faire des choses que tu ne ferais pas forcément dans d’autres tournois. Là il y a juste la pression qu’il faut pour pouvoir jouer. C’est le tournoi idéal pour franchir un palier.

Tu as donc 29 ans et tu as été coach de tennis. Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

J’ai passé un bac technologique, au début je voulais faire de l’informatique. Ensuite j’ai fait un BTS et je suis parti en Fac d’informatique pour faire un Master. Et puis j’ai tout arrêté, je ne me voyais pas passer toute ma vie derrière un ordinateur. Au final c’est assez ironique (rires). Disons que je ne voulais passer ma vie dans un bureau.

Nicolas Proust
De l'informatique, au tennis, au poker.

Du coup j’ai passé mon diplôme d’entraîneur, pour revenir dans mon sport, puisqu’en parallèle je faisais du tennis. Je voulais en faire à haut niveau, mais j’ai commencé tard, je n’avais pas le niveau pour, et me suis blessé donc j’ai dû arrêter de jouer.

J’avais ouvert une section dans un club, où j’étais chargé de préparer des joueurs à la compétition, en plus de m’occuper de la section loisirs pour le grand public. J’ai fait cela pendant 5-6 ans.

Ça fait tout juste 1 an que je n’ai plus de travail. J’avais le projet d’une année sabbatique à l’étranger, voir autre chose et aller apprendre l’anglais en Australie. J’avais même trouvé un travail pour y donner des cours. Mais le projet est tombé à l’eau et du coup je ne suis pas parti.
Or la saison avait commencé et il n’y avait pas moyen de retrouver un club. Du coup il ne me restait plus rien sauf le poker (rires).

Ça ne s’est pas super bien passé au début, je n’étais pas très bien et je n’avais pas forcément envie d’en vivre non plus. Je n’étais pas prêt dans ma tête à faire que ça.

C’est l’argent qui t’a finalement décidé ?

Non parce que j’ai toujours été conscient que le poker n’est pas de l’argent facile, et qu’il est aussi difficile de gérer son argent pour jouer et pour vivre.

Il y a des avantages : déjà cette liberté, ça n’a pas de prix. Rien que le fait de pouvoir aller où on veut quand on veut, c’est quelque chose que je ne pouvais pas faire quand j’avais un employeur. Mais il y a aussi beaucoup de contraintes, dont l’isolement.

Je ne voulais pas me prendre pour un super-héros si je n’en étais pas capable. Je ne joue que depuis 3 ou 4 ans et les quelques performances que j’avais faites depuis, je pouvais très bien juste être en good run.

Nicolas Proust
"Je ne pouvais pas abandonner comme ça."

Qu’est-ce qui t’a motivé à te dire « je persévère » au lieu de « je lâche tout » ?

Il y a deux mois j’étais prêt à tout lâcher justement, arrêter le poker et retrouver un boulot. J’avais fait des demandes ici d’ailleurs, pour travailler dans des boîtes de jeu.

Mais après il a fallu faire un choix. Je n’avais toujours pas trouvé de travail or j’avais passé beaucoup de temps sur l’ordinateur, à apprendre. Pour mon ego, je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner comme ça. J’avais déjà fait cette erreur au niveau du tennis indépendamment de la blessure…

A partir de ce moment-là c’est allé mieux, en live et sur Internet, et puis je gagne la Battle of Malta !

Comment as-tu découvert le poker ?

Avec des amis, pendant une tournée de tennis. On avait une mallette, c’était l’époque de Bruel et du World Poker Tour. Je me rappelle chacun avait ses propres règles, un peu comme à la contrée (rires).

Le poker en ligne c’est venu quelques années plus tard, un soir où je m’ennuyais (rires).

Mais j’ai eu un problème, c’est que j’ai monté rapidement de l’argent… en faisant n’importe quoi. Le niveau était faible. J’ai dû gérer des parties que je ne me permets même pas de jouer maintenant, comme la NL1000 en cash games. Evidemment j’ai fini par tout perdre.

J’ai commencé à m’y mettre sérieusement quand un collègue m’a montré ce qu’était Sharkscope. C’est là que j’ai vu que je perdais 2000 ou 3000€, ce qui pour moi était énorme. Il était hors de question pour moi de perdre une telle somme dans un jeu de cartes.

On imagine que tu t’es ensuite documenté.

J’ai acheté deux livres. D’abord un qui m’a rapporté beaucoup d’argent, le Kill ElkY 1. Vraiment génial pour les bases en tournois. Et puis j’ai acheté les deux autres volets, puis d’autres livres.

Quel est ton jeu de prédilection ?

Nicolas Proust et Henrik Jacobsen
"Mon truc c'est les tournois : un tas de joueurs et que le meilleur gagne."

Les tournois. Le cash game ça m’ennuie vite. Tu attends essentiellement les pigeons et tu les rackettes sur le long terme. Ce n’est pas trop mon état d’esprit, moi je suis plus dans la compétition : un tas de joueurs, et que le meilleur gagne. C’est plus fun, et je trouve ça plus sain d’esprit.

Après le cash game ça devient intéressant sur les plus hautes limites. Là les joueurs ne sont plus dans cette optique-là car il n’y a plus de fish.
Je serais le premier à vouloir me mesurer à des pointures pour le jeu, mais je n’ai pas l’argent pour.

L’esprit de compétition que tu as acquis au tennis t’aide beaucoup au poker on imagine ?

Complètement. Les tournois de poker comme de tennis se rapprochent énormément. Les points d’inflexion que l’on a dans un tournoi de poker ils existent pendant un match de tennis, à 4 partout ou 4-3 par exemple ou au tie-break. Il y a des moments dans le match où ton jeu doit changer, dans l’état d’esprit. Au poker à un moment donné c’est pareil. Il va falloir être un peu plus agressif, prendre des décisions un peu meilleures, prendre des risques. Pour montrer que tu es là.

Il y a plein de situations comme ça qu’on retrouve dans le poker, juste sous une autre forme.

Le mental aussi ?

Le mental y fait. Le poker est un sport solitaire, comme le tennis. Quand tu perds tu perds tout seul, même si tu as des amis pour t’encourager autour. Il faut donc toujours savoir se recadrer.

Qui sont tes modèles au poker et au tennis, qui t’inspirent plus particulièrement ?

Marat Safin était mon idole. Après ce n’est pas non plus le joueur parfait parce qu’il a un grain dans la tête, même s’il avait un tennis de rêve.

Marat Safin
Marat Safin : un modèle.

J’aime beaucoup aussi Gustavo Kuerten, pour ce qu’il dégageait en plus de son jeu.
Dans la combativité j’aimais bien Agassi, pas tant pour son jeu mais c’était un monstre de persévérance, de travail et d’envie comme Nadal aujourd’hui. C’est l’état d’esprit ultime que tu peux avoir dans le sport.

Au poker il y a des joueurs qui m’impressionnent. Je n’ai pas tant regardé de tables à la télé, mais sur Internet au niveau de la régularité, il y a des joueurs incroyables comme Romain « neuville25 » Baert ou Chris Moorman. Moorman c’est le genre de mec avec qui j’aimerais bien passer une heure juste pour qu’il me raconte comment il a pu en arriver là.

Quelle est ta plus grande force ?

L’esprit de compétition est obligatoire, après est-ce que c’est ma plus grande force je ne sais pas.

Je suis quelqu’un d’assez lucide et je pense que ça m’aide aussi. Si tu n’as pas cette lucidité quand tu gagnes quelque chose, tu as vite fait de te croire meilleur que les autres. Et quand ça arrive tu ne travailles plus et tu ne progresses plus. Et c’est là que ça commence à merder.

Pour en revenir au tournoi, ce qui m’a frappé c’est qu’on t’a senti très serein tout le long, même quand tu étais à une carte de l’élimination. Toujours très cool, aucun stress apparent.

Je l’ai senti et ça m’a fait bizarre. J’en ai parlé à mes amis d’ailleurs et ils n’avaient pas fait spécialement attention.

Quand je call avec A-5 et que Van Ravenswoud me montre les as, dans ma tête je sais très bien que c’est perdu, mais je me suis même pas levé.

Je n’avais que 2 backdoor possibles mais pas une seule fois je me suis dit que le tournoi était fini (rire). Peut-être que j’étais trop concentré, peut-être que là à ce moment-là c’était un manque de lucidité. Peut-être que j’étais trop sûr de moi…

Nicolas Proust en finale de la Battle of Malta
"Je savais que le tournoi était pour moi."

Déjà la veille dans ma tête le tournoi il était pour moi. Après ça reste très subjectif mais c’était mon état d’esprit, je revenais pour gagner.

Quelque chose qu’on m’a appris au tennis, c’est que quand tu as un objectif, de toujours te fixer un objectif plus haut, car il est très rare d’atteindre son objectif.
J’étais 9è/10 au démarrage de la table finale de toute façon donc je n’avais rien à perdre.

Mais tu n’as même pas explosé de joie non plus.

D’une part je ne voulais pas mettre mal à l’aise le joueur, à qui je craquais les as à 9 joueurs restants. Par respect pour lui. Et puis je voulais surtout rester dans mon tournoi.

C’est plus par respect ou tu es quelqu’un qui intériorise aussi ?

C’est un peu des deux. J’intériorise la plupart du temps. Et surtout ce n’était pas le moment de partir en éclats, un peu comme le chip leader Uri Gilboa qui a finalement tout perdu derrière, parce qu’il était dans l’émotion tout le temps. Tu ne peux pas jouer dans l’émotion.

C’est comme au tennis, à un moment donné il faut que l’émotion tu la gardes, et que tu te concentres sur ce que tu as à faire. Tu te canalises et tu te feras plaisir après.

C’est quelque chose que tu as appris au tennis justement ?

Ça je l’ai appris au tennis oui, dans le sport. J’ai fait du travail mental. C’est quelque chose qu’on t’apprend et qu’il faut absolument apprendre à gérer.

On le voit d’ailleurs dans tous les sports, avec tous les grands champions. Un mec comme Federer il ne bronche pas ! Ce n’est pas pour rien qu’il arrive à jouer à un niveau aussi élevé aussi longtemps. Pareil pour Djokovic. Sauf après le match.
Certains arrivent à lâcher de petites parcelles d’émotions quand même, puis à se re-concentrer rapidement. Moi je n’en suis pas forcément capable, c’est pourquoi je préfère garder ma concentration au maximum.

Nicolas Proust
"Au poker comme au tennis il faut savoir canaliser son émotion."

Tu n’as jamais douté dans tout ton tournoi ?

Pas forcément, hormis peut-être les 30 premières minutes je n’étais pas forcément très bien, pas très à l’aise. Le temps de se faire à la table, de se mettre dans le tournoi.

Là où je suis content de mon tournoi c’est que j’ai osé faire des choses que je n’aurais pas osé faire dans d’autres tournois live. Mon jeu s’est vraiment rapproché de mon A-game en ligne, et c’était vraiment positif. La Battle of Malta m’a permis de me prouver que j’étais capable de bien jouer même en live.

L’EPT Deauville (63è en février NDLR) avait pour moi été un gros regret, qui me reste toujours en travers de la gorge. C’était mon deuxième gros tournoi après le PCA. J’aurais pu y faire tellement mieux...  J’avais joué un coup énorme contre Benjamin Pollak, mais avec la pression des caméras et l’inexpérience, je n’étais pas allé au bout de mon raisonnement, et j’avais fini par faire un call aberrant.
A chaque fois que je joue un coup important je repense à ce coup-là.

Le gros soutien que tu as reçu a aussi beaucoup joué on s’en doute.

Carrément. J’ai reçu des tonnes de messages. Les amis, la famille, les potes grinders, ... Je les ai pas lus pendant le tournoi parce que je voulais vraiment rester concentré, et que ça sonnait tout le temps, mon téléphone, ma tablette toutes les 5 secondes (sourire)… Quand je suis rentré j’ai vu que j’avais des centaines d’appels, notifications, textos, c’était fou.

Je pense que le plus beau là-dedans, c’est tout ça. Tous ces messages, tout ce que tu as pu partager avec ceux qui étaient dans le rail notamment à la fin. C’est peut-être ce que je vais retenir le plus de ce tournoi.

Tu joues pour des choses comme ça. Dans le tennis je jouais pour ça aussi. Jouer des grands matchs, avoir des gens qui te soutiennent, qui vivent le match avec toi.

Nicolas Proust victorieux de la Battle of Malta
"Tu joues pour vivre des choses comme ça."

Si on arrive à avoir ça sur un tournoi de poker, ça veut dire que le poker peut transmettre des choses et marchera tout le temps, au même titre que n’importe quel autre sport.

On se prépare spécialement pour un tel tournoi à plus de 1000 joueurs ?

Je n’ai pas fait de préparation particulière, par contre dans l’état d’esprit je savais comment j’allais le jouer. Je savais qu’il fallait que je monte une tonne de jetons rapidement, pour marcher sur le plus de tables possible et aller le plus loin.

Après j’ai fait attention surtout à bien dormir, à me lever suffisamment tôt avant le tournoi pour être bien réveillé, et surtout pas me coucher trop tard. Je l’avais déjà fait avant et tu sens tout de suite la différence. Parce que quand tu es vraiment concentré toute la journée, à la fin de celle-ci tu es épuisé. Et si tu n’as pas bien dormi, que tu n’es pas bien préparé, une petite erreur est vite arrivée, et peut te coûter ton tapis.

On sent que tu es quelqu’un de perfectionniste.

C’est aussi ce qu’on m’a appris dans le tennis, dans la compétition : plus tu veux chercher à aller loin dans la compétition, plus les détails sont importants. C’est la seule chose qui te permet de différencier les joueurs entre eux, car tout le monde sait à peu près jouer. Des bons joueurs et des joueurs qui sont meilleurs que moi j’en croise partout. C’est inquiétant (rires). Donc à un moment donné si tu veux faire la différence, tu es obligé d’être bon sur des trucs où ils ne le sont pas forcément, parfois de toutes petites choses. Ça fait la différence sur le long terme.

Nicolas Proust et Maria Ho
Maria Ho remet le trophée au premier vainqueur français de la Battle of Malta !

Après ce n’est pas que pour ça que j’ai gagné. C’était mon « one time » et j’ai aussi eu de la chance. Même si ça ne doit pas occulter ce que tu fais avant.
Mais je pense que la chance en soit ça n’existe pas, ça se provoque. D’ailleurs les gens les plus chanceux sont souvent les plus « naïfs », ceux qui y croient de manière infantile.

L’état d’esprit joue, et pas qu’au poker d’ailleurs.

Sais-tu déjà ce que tu vas faire de l’argent que tu as gagné ?

En fait je ne vais pas en voir beaucoup la couleur. Je vais mettre beaucoup de côté déjà pour assurer mes arrières. Et après il y a les impôts, je vais devoir en lâcher une bonne petite partie.

Ce qui est sûr c’est que je ne compte pas le dépenser dans des choses inutiles. Ma vie ne va pas changer. A la rigueur investir dans un bien immobilier.
Je vais jouer un peu plus de tournois par contre, pas forcément de plus gros, notamment les live à 500 de buy-in ou des qualifications.

Combien de temps te vois-tu jouer au poker ?

Tant que j’arrive encore à progresser, que j’y trouve un intérêt je jouerai. Le jour où je sens que ça ne sera plus le cas, j’arrêterai, et je reprendrai ce que je sais faire de bien, le tennis, car c’est quand même ma passion numéro 1.
Mais pour l’instant on en est encore loin, j’ai énormément d’objectifs et je prends énormément de plaisir.

Nicolas Proust
Après quelques vacances, l'aventure ne fait que commencer.

Quels sont tes autres projets ?

Là tout de suite de m’installer à Malte, après un autre périple en début d’année, en Thaïlande pour fêter mes 30 ans avec un ami. Ça va être trois semaines de vraies vacances où je ne vais pas entendre parler de cartes. Après peut-être faire une excursion au Brésil pour aller voir ma meilleure amie.

Il va aussi y avoir le PCA, mais même si je peux me le permettre je ne sais pas si ça serait raisonnable. Ce qui est sûr c’est que je vais essayer de me qualifier.

Pourquoi Nicolas « Maverick » ? Par rapport au personnage joueur de poker du film du même nom, ou à Top Gun ?

Non ce n’est pas par rapport à ces films, que je n’ai même pas vus. On me le demandé parfois c’est vrai (sourire).

C’est un pseudo qui représente en fait mon état d’esprit. En anglais qui veut dire quelque chose comme « électron libre ».

Electron libre comme celui qui fait un peu sa vie comme il l’entend, un petit peu à part de la société.

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Nicolas Proust : « Faire le doublé pour marquer l'histoire ! »

Nicolas Proust BOM
Un champion qui va défendre chèrement son titre.

Vainqueur l'an dernier de la Battle of Malta, le Français Nicolas Proust revient défendre son titre en novembre, et compte bien tout faire pour essayer de le conserver !

(seconde interview publiée le 25 octobre 2016)

Toujours jovial, disponible, tout en restant lucide et bon esprit, Nicolas aura été un vainqueur parfaitement dans l'esprit de la BOM.

A deux semaines du début de la cinquième édition du tournoi, nous avons pu faire le point avec lui pour en savoir plus sur son année écoulée, et comment il aborde cette Battle of Malta 2016.


Première question Nicolas, comment s'est passée ton année depuis ta victoire ?

Ca ne s'est pas passé du tout comme je le pensais (rires). J'étais parti pour faire une année poker à fond et m'investir beaucoup plus dans le live. Au final malgré quand même pas mal de tournois je n'ai rien fait de ce que je voulais faire, notamment Vegas pour les WSOP où je ne suis pas allé, pour différentes raisons.

Déjà j'ai commencé à me lasser un peu du poker. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir gagné un gros tournoi et d'avoir gagné beaucoup d'argent pour pouvoir faire d'autres choses qu'on a envie en dehors du poker, comme voyager.

Nicolas Proust gros plan songeur
"J'en ai profité, mais j'ai ensuite eu du mal à me remettre dedans."

J'en ai profité à ce niveau d'ailleurs, j'ai passé une année excellente, je me suis pris une année sabbatique en gros (rires). Je suis allé en Thaïlande c'était magique.
Je n'ai pas fait tant de pays mais j'ai profité de cette liberté pour aller voir un peu tout le monde, la famille, les amis.

Mais après cette période, j'ai eu un peu de mal à m'y remettre vraiment. Le fait que les live se sont très mal passés avec aucune place payée dans tous les 1000 et 2000€ que j'ai joués (EPT, FPS, Eureka...) n'a pas aidé non plus à se remotiver.

Mais j'ai manqué aussi d'investissement personnel. Du coup ça a été une année un peu morte.

Je n'étais d'ailleurs pas sûr de rester à Malte. J'aime mon métier, le tennis, et je me voyais tout à fait reprendre un club, sans pour autant arrêter le poker.

Tu n'as pas reçu de propositions sinon, de salles ou sponsors ?

Non je n'en ai pas eu, mais je ne suis pas non plus quelqu'un qui m'expose énormément. J'ai peut-être les qualités pour mais je ne les mets pas en avant.

Je n'ai rien fait pour en tout cas. Et puis à part sur Internet où on me connaît un petit peu, en live à part à Malte ce n'est pas vraiment le cas.

Nicolas Proust pensif
Besoin de nouvelles motivations.

Et puis comme je le disais n'ai passé une année un peu inactive, et les sponsors ce n'est pas ce qu'ils cherchent forcément.

Comment expliques-tu ta mauvaise passe ?

Ça n'inclut pas que la chance. Il y a l'état d'esprit, l'investissement qui sont primordiaux.
Je n'ai pas non plus forcément la chance de parler et d'échanger avec des joueurs meilleurs que moi, ce qui me permettrait de me rendre mieux compte de mes faiblesses. Ce qui m'a démotivé aussi c'est peut-être l'impression de ne plus progresser.

Mais ce qui me manque aussi en ce moment c'est le fait de ne jouer que pour moi. Or c'est lassant car j'ai déjà rempli tous les objectifs que j'avais cette année.
Ils n'étaient pas énormes mais ça a été vite. J'ai fait un carnage sur Internet après ma victoire à la BOM car j'étais en confiance.

Mais ce ne sont pas des objectifs super excitants non plus, et la flamme s'est ensuite un peu éteinte. Je ne jouais plus que machinalement sans guère d'envie.
Je ne suis pas quelqu'un qui est vraiment motivé par l'argent même si j'aimerais en avoir beaucoup comme tout le monde. Ce qui me manque c'est de jouer pour autre chose.

Dans le tennis qui est un sport très individuel, ce que j'aimais c'était aussi les compétitions par équipes dans l'année. Ca permettait d'appartenir à quelque chose.

D'ailleurs j'ai quelques projets dont celui de monter une petite équipe de poker. Je pense qu'il y a moyen de créer et développer quelque chose pour ne plus jouer que pour soi-même.

Quels sont tes objectifs pour cette Battle of Malta 2016 ? Tu viens pour défendre ton titre ?

Ah mais clairement, cette année je compte faire un doublé et marquer l'histoire, il n'y a pas de doute possible. Si je n'ai pas fait d'ITM depuis un an c'est pour la regagner. (rires)

Nicolas Proust en face du Portomaso
"Allez-y, bustez-moi !"

Je passe d'ailleurs un message à ceux qui voudront se faire le vainqueur de l'an dernier et me buster : Les gars, n'hésitez pas, je compte bien à ce que vous mettiez des jetons partout. N'hésitez pas à bluffer et à faire des trucs farfelus. (rires) C'est peut-être ma seule chance de faire un deep run à nouveau. (rires)

J'aimerais vraiment aller loin encore. Les chances de faire un doublé sur un tournoi comme ça sont quasi nulles, mais rien que le fait de pouvoir vibrer pour espérer le faire justement est excitant. Là justement je jouerais pour autre chose, pour marquer un peu l'histoire.
Ça peut aussi être une façon de relancer la machine.

En plus avec cette Battle of Malta la motivation revient d'elle-même. On me connaît grâce à elle. Tout le monde en parle ici, toute l'année. Tout le monde te chauffe et veut que tu fasses un exploit. C'est quelque chose qui fait du bien.

« Des moments magiques »

Tu vas ressentir une pression particulière dans la peau du champion en titre ?

Non ce sont eux qui vont avoir la pression à la table je peux te le dire. (rires) Moi la pression je la bois. (rires)

Comme je le disais les chances de gagner deux fois sont quasi nulles, donc quand tu en es conscient il n'y aucune pression. La seule pression que tu as à te mettre c'est d'être capable de jouer ton meilleur jeu, de bien jouer et de prendre du plaisir à la table.

Nicolas Proust et Maria Ho
"La Battle of Malta est mon tournoi de cœur et le restera toute ma vie."

Mais la pression m'a toujours un peu aidé, notamment pour ne pas faire n'importe quoi.
L'an dernier j'étais sérieux, j'étais dedans. J'aimerais vraiment retrouver cet état d'esprit là. Quand on fait un tournoi ou du sport, je pense qu'il faut vraiment cette détermination de faire ton maximum, y compris dans la préparation.

Je n'avais jamais autant pris au sérieux un tournoi. Avant la Battle of Malta c'était un moment difficile pour moi parce que je n'avais plus trop d'argent, j'étais un peu en galère et j'arrivais à Malte après avoir passé la pire année de ma vie.

C'était un peu ma dernière chance au niveau du poker, et je m'étais dit de vraiment la saisir à fond. Le conditionnement est vraiment très important, même si évidemment il faut énormément de réussite aussi.

Mais j'espère vraiment faire un bon tournoi. Pour moi c'est mon tournoi de cœur, et je pense que ça le restera toute ma vie. C'est la première fois où j'ai vraiment vibré grâce au poker. Avoir autant d'émotions avec un simple jeu de cartes et des jetons ça paraît impensable. D'ailleurs les gens qui ne jouent pas au poker ne comprennent pas. (rires)
Tu ressens des choses qui sont tellement positives, aussi avec les gens autour de toi, ce sont des moments magiques qui restent gravés. Pour moi c'est la meilleure raison pour vouloir jouer.

Battle of Malta tournoi principal
"Un conseil ? Prenez du plaisir à la table !"

Mais je signe aussi pour être à mon tour supporter d'un collègue qui à son tour irait loin !

As-tu des conseils pour les joueurs qui vont disputer leur première Battle of Malta ?

Si je veux bluffer je peux dire : "Alors les gars, tous les soirs c'est important d'aller boire un coup et de vous mettre carpette !" (rires)

Plus sérieusement le meilleur conseil que j'ai à donner c'est de faire les choses en fonction de ce que vous avez envie. Si tu es là pour jouer le tournoi et le gagner, mets toutes les chances de ton côté.

Et de profiter. Le poker reste un jeu et on ne peut pas faire ça toute la vie. Donc prenez du plaisir à la table. Et c'est en prenant du plaisir que vous jouerez le mieux et que vous aurez envie de progresser.

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