Il n'est pas rare de tomber sur des joueurs ou joueuses qui sortent du lot. La Suédoise Sofia Lövgren fait partie de celles-ci, c'est pourquoi PokerListings l'a rencontrée lors de la Battle of Malta à laquelle elle aura participé comme chaque année.
Nous avons ainsi pu parler avec la native de Götebörg et joueuse sponsorisée par la salle 888poker de son pays la Suède, de la place des femmes dans le poker, et même de sa vie privée.
Sofia, tout d'abord vis-tu toujours à Malte ou es-tu juste ici pour jouer ?
J'ai vécu à Malte ces deux dernières années, mais je ne suis plus là si souvent. Je viens simplement de une fois par semaine à une fois par mois.
C'est ici où je réside officiellement, mais je me déplace souvent pour jouer au poker. J'étais récemment à Las Vegas, durant les World Series of Poker.
Maintenant qu'ils sont terminés Vegas me manque. C'est pourquoi j'ai déjà réservé un autre vol pour y retourner. Là-bas je saute sur toutes les opportunités de cash games.
En ce moment je me pose cependant la question si j'ai envie de bouger ailleurs. Bientôt je vais aller à Macao.
Quelle est ta relation avec la Suède maintenant ? Y retournes-tu souvent ?
J'y ai ma famille et quelques amis. Mais je n'y suis pas allée beaucoup récemment. J'ai beaucoup voyagé ces derniers temps.
Quelle a été la réaction de tes amis quand tu as décidé de te lancer dans le poker ?
Nombre de mes amis ont pensé que c'était bizarre qu'une fille se mette soudain à jouer au poker. Et puis d'autres pensaient que c'était génial. Ils ont été assez surpris que je puisse jouer au poker, voyager, et que j'ai été capable de subvenir à mes besoins juste grâce au poker.
Le poker est un univers où les hommes sont très majoritaires. On parle d'ailleurs souvent du sexisme dans les médias. Comment vois-tu les choses pour ta part ? Ressens-tu des regards différents parce que tu es une femme ?
Cela arrive que les femmes soient sous-estimées à la table de poker, d'autant qu'il y en a peu qui jouent. Les hommes ont tendance à penser qu'elles sont passives.
Pour ma part je vois ça comme un avantage que je peux mettre à profit pour mon jeu. J'ai l'opportunité de bluffer et de jouer d'une manière différente et que les hommes ne comprennent pas.
Mais c'est amusant. Imagine ce que cela ferait d'être un homme tout seul à une table où il n'y aurait que des filles.
Mais est-ce que cela arrive que tu reçoives des commentaires négatifs ou insultants de la part de ces hommes ?
Non, en fait c'est plutôt l'inverse. Je reçois de nombreux commentaires positifs. Et beaucoup d'hommes vont aussi me montrer leurs cartes quand le coup est fini. Ils jouent de manière plus gentille quand ils jouent avec des filles. Ils ne bluffent également pas autant.
Pourquoi y a t-il si peu de femmes au poker ?
Les hommes ont tendance à être plus intéressés dans les jeux et les sports que les filles. D'un autre côté le poker est un jeu d'esprit, que les filles peuvent d'ailleurs maîtriser.
Si plus avaient la chance d'essayer le poker, elles tomberaient sûrement amoureuses avec, comme je le suis.
Tu es l'une des rares joueuses sponsorisées. Comment as-tu décroché ton premier contrat ?
Tout a commencé quand je jouais beaucoup en ligne, particulièrement sur PKR qui était mon ancien sponsor. Je jouais des cash games et en deux ans j'étais parvenue à maintenir une belle courbe de résultats. Du coup ça a attiré l'attention de l'opérateur.
J'ai aussi commencé à participer à des tournois de poker live. L'un de mes préférés est la Battle of Malta. Il y a toujours beaucoup de joueurs et la possibilité de socialiser et faire la fête. Et c'est quelque chose à laquelle je ne dis jamais non !
As-tu d'autres talents et passions en dehors du poker ?
J'aime chanter. Pas toujours juste je dois avouer, mais c'est quelque chose que j'aime.
Qu'est-ce que tu nous chanterais là tout de suite alors ?
Peut-être du Bruno Mars ou une vieille chanson d'ABBA que tout le monde connaît.
Si nous parlons un peu de ta vie privée, comment envisages-tu le futur ? Tu souhaites avoir des enfants ?
Oui bien sûr. Je suis quelqu'un très famille. Mais cela n'arrivera pas avant 5 ou 10 ans.
Ton compagnon devra t-il être un joueur de poker ?
Non pas nécessairement. Mais il pourrait tout à fait être intéressé par le poker, ou au moins avoir les mêmes centres d'intérêts que moi.
Je n'ai pas de requis particulier. J'aime parler de poker, donc si lui aussi ça serait juste super.
Quelle est la prochaine étape dans ta carrière ?
Pour le moment je participe à de nombreuses parties d'argent en live. C'est amusant et ça se passe bien.
En novembre je vais à Miami pour jouer d'autres cash games, et en décembre j'irai à Prague.
Quand est-ce qu'on te verra dans un tournoi High Roller ?
Un de ces jours j'espère. Mais pour l'instant je veux jouer plus de cash games, c'est ma priorité.
Interview réalisée par Denni Balic et Anton Brandberg
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Sofia Lövgren : « Je n'aimerais pas me retrouver à côté de Luis Suárez »
(21/07/14 - par Denni Balic)
Comment décririez-vous Sofia Lövgren ? Créative, jeune, passionnée et talentueuse sans doute. Et vous n'auriez pas tort.
Elle qui a découvert le poker à 16 ans est devenue quatre ans plus tard la première femme à intégrer la team PKR.
La jeune Suédoise a depuis déjà largement fait ses preuves sur le circuit. En 2012, elle a notamment terminé 30è du Main Event de l’EPT San Remo, 83è du Main Event de l’Estrellas Poker Tour à Madrid, puis 16è de l’EPT High Roller en 2013 à Londres, le tout agrémenté de quelques places payées aux WSOP (deux cette année pour 6 au total).
L’année dernière, son petit ami Luca Moschitta et elle ont participé à la Battle of Malta 2013. Quelques mois avant le tournoi, PokerListings avait annoncé que les deux tourtereaux étaient nommés dans la catégorie “Meilleurs espoirs” pour les Trophées PokerListings, aux côtés du Finlandais Lauri Pesonen notamment . Difficile de désigner un vainqueur et même de départager les deux, mais c’est finalement Luca Moschitta qui s’est imposé.
Cette année, Sofia est à nouveau nommée dans la même catégorie, avec sept autres joueurs du monde entier.
Nous l’avons rencontrée pour évoquer avec elle cette seconde nomination, son avenir, mais aussi quelques questions plus triviales comme de savoir qui sont ses adversaires préférés (ou détestés).
Sofia, tu es très active ces derniers temps : passage de PKR à 888poker, déménagement à Malte… C’est quoi la prochaine étape ?
C’est de me donner à fond avec 888poker ! Je voudrais passer plus de temps à jouer au poker et à voyager dans le monde entier pour participer à des tournois, et notamment ici à Vegas pour les WSOP.
Atteindre la table finale du Main Event fait d’ailleurs partie de mes objectifs !
Ensuite, je serai à Barcelone pour l’European Poker Tour et à Melbourne pour les WSOP APAC. Ça sera génial de jouer en Australie, je n’y suis encore jamais allée !
L’année dernière, Luca et toi étiez tous les deux nominés dans la même catégorie pour les Trophées PokerListings. Vous vous êtes un peu bagarrés à ce sujet ?
Non, j’étais vraiment très heureuse pour Luca. 2013 a été une année extraordinaire pour lui, il a vraiment mérité ce trophée. Et puis il est Italien, et ils sont très mauvais perdants. Donc pour la tranquillité de notre couple, mieux vaut que ce soit lui qui ait gagné ! Il n’y a qu’à voir comment il a réagi quand l’Italie a perdu contre l’Uruguay à la Coupe du monde...
Tu es à nouveau nominée dans la même catégorie cette année. Comment as-tu réagi à cette nomination et que penses-tu des autres joueurs nommés ?
Promouvoir le poker auprès du grand public, ça demande d’être toujours innovant, passionné et de travailler dur. Mon objectif est de toujours montrer le côté positif du poker. Je suis très honorée d’être à nouveau nommée.
Il y a d’autres joueurs très intéressants en lice, comme Salter. Il est excellent, mais je suis la seule femme.
Comment envisages-tu la suite de ta carrière ? Il y a peu tu évoquais le fait de reprendre tes études.
Après le lycée, j’ai voulu faire une pause pour voyager et jouer au poker. L’idée, c’était de faire ça pendant un moment puis de reprendre mes études à l’université, mais les choses se sont tellement bien passées pour moi que j’ai eu la chance de devenir joueuse pro.
Pour l’instant, j’ai l’immense chance de pouvoir combiner le poker et mon autre passion, les voyages : je gagne de l’argent, je voyage et je rencontre énormément de gens. L’avantage, c’est que j’apprends aussi beaucoup de choses sur les Relations Publiques.
Donc si tu devais aller à l’université, quelle filière choisirais-tu ?
Probablement économie et commerce. C’est très intéressant et c’est une espèce de tradition dans ma famille. Et si je devais avoir une autre carrière que le poker, j’aimerais créer ma propre entreprise.
Combien de temps penses-tu continuer à jouer au poker ?
Au moins encore quelques années, tant que cela se passe bien. Ce qui est sûr, c’est que le poker restera toujours l’une de mes grandes passions, même si je passe à autre chose. Vous pouvez compter sur moi, je serai toujours là !
Tu as participé à la dernière édition de la Battle of Malta. Quels y sont tes objectifs cette année ?
J’ai beaucoup aimé la Battle of Malta 2013. J’ai bien joué le premier jour mais je suis sortie assez vite lors du Day 2. Cette année, il y aura plus de joueurs et le prizepool garanti sera plus important, ce qui rend la Battle of Malta encore plus excitante ! En plus j’habite à deux pas du casino, ça devrait me porter chance, non ?
Comment se fait-il que tu aies déménagé à Malte ?
On est venu à Malte plusieurs fois avant de se décider. J’aime beaucoup Malte et le climat ici est magnifique. C’est tellement différent de Göteborg, ma ville d’origine.
En tant que joueur de poker, bouger ne pose aucun problème. Tant que tu as une connexion Internet, tout va bien. Tu peux travailler n’importe où. Je pourrais bien être sur un voilier en Suède ou dans un hôtel à Barcelone, ça serait la même chose.
Nous allons souvent à Göteborg et à Catane, en Sicile. C’est assez facile d’y aller depuis Malte, c’est l’essentiel pour nous.
Et puis il y a beaucoup de tournois de poker organisés à Malte, même si Battle of Malta reste vraiment un moment à part.
Si tu pouvais choisir un compagnon de table, qui ce serait ?
Richard Nixon, l’ancien président américain.
Pourquoi ?
Il ne sait pas bluffer ! Je lui botterais les fesses.
Bon alors, qui voudrais-tu éviter à la table de poker ?
Si possible, je préférerais ne pas être assise à côté de Luis Suárez. Surtout si j’ai les épaules découvertes.
Que ce soit toi ou Luca, on vous voit comme la nouvelle génération de joueurs. A ton avis, comment les autres joueurs perçoivent votre succès ?
Je ne sais pas du tout ce que les gens pensent de moi, mais je sais que Luca est très apprécié.
A ton avis, à quoi ressemblera l’industrie du poker dans 10 ans ?
C’est très difficile à dire. Tout va dépendre de l’évolution des diverses législations dans le monde. Ceci dit, s’il légalisent le poker en ligne aux Etats-Unis, je pense qu’il pourrait y avoir un nouveau boum, comme en 2006.
Pour en revenir aux Trophées PokerListings, pourquoi les gens devraient-ils voter pour toi ?
Je ne veux pas être arrogante, il faudrait peut-être plutôt demander à ceux qui m’ont nominée.
Alors quelle est la différence entre les autres nominés de la liste et toi ?
Peut-être mon amour du poker. J’aime profondément le poker et tout ce qui s’y rattache. Et puis j’essaye toujours de partager mes expériences avec les autres. Je pense que c’est bien pour le poker de voir qu’une fille normale venue de Suède peut réussir à haut niveau.
Si tu arrives à atteindre la table finale ou à remporter la Battle of Malta 2014, comment comptes-tu fêter ça ?
J’inviterais tous les joueurs chez moi avant de sortir dîner dans un bon restaurant à Portomaso. Ensuite on ferait la fête. Qui sait, peut-être que quelques journalistes pourraient se joindre à nous.
Et en général, comment fêtes-tu tes victoires ?
Avec mes proches en général. On fait un bon repas en buvant du bon vin, évidemment.